Le premier message codé:
Téhéran a réservé son premier accueil à l'Allemagne, rival
économique de la France et chef de file de l'Union Européenne, en la
personne du vice chancelier allemand chargé de l'économie, Segmar
Gabriel;
Le second message codé:
Téhéran a réservé son second accueil à Staffan Di Mistura,
émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, déjà en possession du document
adopté par le Congrès fondateur de l'opposition démocratique syrienne,
au Caire (8-9 juin), en vue d'une transition politique en Syrie.
Bon nombre d'observateurs trépignent d'impatience à l'idée de sa
voir si Laurent Fabius osera répéter sa bravade faite devant un parterre
de ses supplétifs du temps de la splendeur de la diplomatie française
se croyant conquérante en Syrie, à savoir «Jabhat An Nosra fait du bon
travail en Syrie».
Interview de René Naba au journal espagnol La Vanguardia. Propos
recueillis par Rafael Poch De Féliu, correspondant de La Vanguardia à
Paris.
La France passe pour être la grande perdante de la redistribution
régionale, malgré les propos soporifiques de son ministre des affaires
étrangères, Laurent Fabius. Dans ses deux versions néo gaullistes et
socialistes, elle a assumé une fonction de mercenaires auprès des
pétromonarchies soutenant inconditionnellement leurs positions même les
plus dangereuses pour la sécurité de la France à long terme (Libye,
Syrie).L’accord sur le nucléaire iranien constitue un coup de semonce
indirect aux deux trublions de la zone, Israël et l’Arabie Saoudite, et
vise à réduire à néant leur capacité de chantage.Le fait que l’Iran ait
accédé au rang « de puissance du seuil nucléaire » brise, au niveau du
Monde musulman, le monopole de l’arme atomique jusque là détenu par les
sunnites (Pakistan).LV : Quel était l’intérêt des États-Unis de parvenir
à un accord avec l’Iran ?RN – 1er intérêt avancé comme prétexte
officiel : Prévenir une prolifération nucléaire et une course à
l’armement atomique dans la zone. L’argument ne tient pas la route car
les Occidentaux ont été les principaux pollueurs atomiques de la planète
tant par l’usage directe de la bombe atomique en zone de conflits au
Japon en 1945 (Hiroshima et Nagasaki) que du fait de leur expérience
atomique à ciel ouvert du désert de Mexique à Reggane en Algérie), que
par leur aide à l’équipement nucléaire d’Israël, de l’Afrique du sud du
temps de l’Apartheid, de l’Inde et du Pakistan.2ème intérêt qui
constitue un « véritable non dit de la stratégie internationale » :
Empêcher quiconque de se doter de l’arme atomique hors la caution
occidentale et sans la technologie occidentale, dont il devra rester
éternellement dépendant et donc sous contrôle. Cette position est
constante depuis l’effondrement du bloc soviétique.L’Iran, hors de la
sphère d’influence occidentale, et surtout rival de l’Arabie saoudite,
le principal partenaire arabe des États-Unis, en accédant à la bombe
atomique sans l’accord des Occidentaux et leur concours, aurait réduit à
néant la valeur dissuasive de la stratégie occidentale.3ème intérêt :
L’accord sur le nucléaire iranien revêt un double avantage :– Le fait
que l’Iran ait accédé au rang « de puissance du seuil nucléaire » brise,
au niveau du Monde musulman, le monopole de l’arme atomique jusque là
détenu par les sunnites (Pakistan). L’accord est valable dix ans. Au
delà, l’Iran pourrait servir de contrepoids tant à Israël qu’au Pakistan
happé par la tentation talibane. L’accord ouvre le jeu au niveau
régional qui se ne réduit plus à un binôme mais ouvre la possibilité à
d’autres combinaisons d’alliance, ponctuelles, sur des dossiers
précis.LV : Comment cet accord va affecter la consolidation régionale et
mondiale de l’Iran ?RN – Dans l’ordre subliminal, tout en les noyant
sous un flot d’assurances, l’accord constitue un coup de semonce
indirect aux deux trublions de la zone, Israël et l’Arabie saoudite, et
vise à réduire à néant leur capacité de chantage.Au delà des objectifs
annoncés, l’accord répond à deux objectifs :Premièrement, faire baisser
en intensité la capacité de nuisance d’Israël et de l’Arabie saoudite,
en réduisant leur marge de manœuvre. Le fait que les États-Unis soient
alliés des deux parmi les grands États voyous (Rogue state) de la zone,
l’Arabie saoudite et Israël, porte en lui les germes du dépérissement du
crédit moral de l’Amérique et partant de son leadership. Cette
extraordinaire tolérance de l’Amérique à l’égard de ces deux pays la
tirent vers le bas. Un arrangement entre les États-Unis et l’Iran, sur
le modèle de la réconciliation entre les États-Unis et le Vietnam,
constituerait un moyen de pression indirect sur les deux grandes
théocraties que sont l’Arabie saoudite et Israël pour les amener à se
conformer avantage aux normes internationales.Deuxièmement, une phase de
pré-détente entre l’Iran et le Bloc atlantiste pourrait favoriser une
convergence de fait dans le traitement des points brûlants de
l’actualité régionale notamment le combat contre le djihadisme
takfiriste (Da’ech), une éventuelle stabilisation de la situation en
Syrie prélude à un règlement négocié etc.LV : Quel regard portez vous
les négociateurs iraniens ? Comment jugez-vous la qualité de leur
prestation ? D´ou cela provient-il ?RN – L’équipe de négociateurs
iraniens a été formée dans les universités américaines, notamment Jawad
Zarif, ministre des Affaires étrangères, et surtout Ali Salehi, diplômé
en physique nucléaire de la prestigieuse université américaine
Massachusetts Institute of Technology (MIT), la plus importante
université scientifique au Monde.Leur expertise est doublée d’une
ardente obligation de servir leur pays et d’une farouche volonté
d’indépendance. L’équipe iranienne constitue dans les faits, la négation
du comportement des zombies médiatiques arabes qui sont succédé sur les
écrans de télévision à l’occasion du mal nommé « printemps arabe » de
Bourhane Ghalioune, premier président de l’opposition syrienne off
shore, et sa porte parole Basma Kodmani, qui faisaient office de
supplétifs syriens de l’administration française dont ils étaient les
salariés… pour diriger la révolution en Syrie… depuis la France.LV
: Pourquoi la France a-t-elle une attitude si belliqueuse envers la
Syrie et l’Iran ?RN – La France, dans ses deux versions néo gaullistes
et socialistes, assume une fonction de mercenaires auprès des
pétromonarchies soutenant inconditionnellement leurs positions même les
plus farfelues, même les plus dangereuses pour la sécurité de la France à
long terme (Libye, Syrie).De surcroît, co-belligérante de l’Irak dans
sa guerre contre l’Iran, dans la décennie (1979-1989), un des principaux
pollueurs atomiques de la planète, équipementier nucléaire du régime
d’apartheid d’Afrique du sud et d’Israël, de même que l’Iran impériale
via le consortium Eurodif, la France passe pour être la grande perdante
de la redistribution régionale, malgré les propos soporifiques de son
ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius.L’Iran vient de lui
adresser un message limpide à l’effet de calmer ses ardeurs, en recevant
dimanche 19 juillet, le vice chancelier allemand chargé des finances
pour la première visite d’une délégation occidentale en Iran, depuis
l’accord sur le nucléaire, soit cinq jours après sa conclusion. Le
ministre allemand est accompagné d’une importation délégation du
patronat et de scientifiques. Tout un programme qui se passe de
commentaires.LV : Que connaît-on de l’aide français à Jabhat an Nosra,
la franchise d’Al-Qaïda en Syrie, dénoncé par certains députés de la
droite a Paris ?RN – Laurent Fabius, le plus capé des hiérarques de
gauche, a été le seul chef de diplomatie d’une grande puissance
occidentale, à avoir donné un quitus favorable à Jabhat an Nosra en
Syrie.« La phrase, célèbre, est passée à la postérité : Jabhat An Nosra
fait du bon travail en Syrie ». Cela a pu être interprété comme un feu
vert au djihad de la part de ses compatriotes français et la France paie
le prix de cette légèreté.La phrase pèse lourd et demeurera longtemps
présente dans la mémoire des peuples, notamment en France parmi les
sympathisants de « Charlie hebdo » dont il a commandité le massacre de
son équipe rédactionnelle. En France, comme chacun sait, nous sommes «
responsables pas coupables ».LV : Le 14 Juillet, François Hollande a dit
que l’accord avec l’Iran est important « parce que si Téhéran aurait
l’accès à la bombe atomique Israël (et la Arabie Saoudite) voudrait
aussi l’accès.» Le Président peut ignorer la réalité qu’Israël dispose
d’un arsenal nucléaire depuis la décennie 1960 avec la collaboration de
la France ?RN – Visiblement François Hollande n’a pas fini de cuver le
vin qu’il a bu en compagnie de Benyamin Netanyahu dans la cuisine du
dirigeant le plus xénophobe de l’histoire d’Israël.En fait François
Hollande a associé Israël à l’Arabie Saoudite dans un artifice de
langage pour ne pas donner l’impression de se faire exclusivement
l’interprète des craintes de l’Arabie saoudite, l’incubateur absolu du
djihadisme planétaire et à ce titre indéfendable auprès de larges
segments de l’opinion publique française. L’enrober d’Israël, « l’unique
démocratie du Moyen Orient » et « sentinelle du Monde libre face à la
barbarie arabo-musulman » permet, dans son esprit, de faire mieux avaler
la couleuvre aux téléspectateurs.À proposRafael Poch De Féliu,
correspondant de La Vanguardia à Paris, est titulaire d’un double
diplôme d’histoire contemporaine de Barcelone et de Berlin Ouest. Natif
de Barcelone (1965), il a été en poste successivement à Moscou
(1988-2002), Pékin (2002-2008) et Berlin (2008-2014). Auparavant, il a
été correspondant tournant en Europe centrale pour l’agence de presse
allemande DPA, avec Hambourg pour base.La Vanguardia est un journal
édité à Barcelone, publié en deux éditions parallèles : espagnol et
catalan. Son premier exemplaire est sorti le 1er février 1881, ce qui en
fait l’un des plus vieux périodiques
d’Espagne.http://www.lavanguardia.com/pr/internacional/20150720/54433490666/rene-naba-francia-gran-perdedora-acuerdo-iran.htmlLe
texte complet de l’interview en version espagnole
: http://www.pressreader.com/spain/la-vanguardia/20150720/281672548631381/TextView
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