Pour les pays très dépendants des recettes
pétrolières comme l'Algérie, le Venezuela, l'Iran ou la Russie, les
mauvaises nouvelles ne font que s'accumuler. Les prix du baril tournent
depuis jeudi, et pour la première fois depuis 2009, en dessous de la
barre des 60 dollars.
La chute est vertigineuse : le baril de pétrole
a chuté de 44% depuis la mi-juin, où il était de 106 dollars. Le
scénario d'un baril à 50 dollars, qui semblait improbable il y a deux
ans, est désormais considéré comme une forte possibilité.
Comme l'ont indiqué des experts algériens et
notamment M. Abdelmadjid Attar, ancien PDG de Sonatrach, la décision aux
motivations politiques de l'Arabie Saoudite de refuser une baisse de
production lors de la dernière réunion de l'Opep a des effets
désastreux.
M. Attar et d'autres experts internationaux
estimaient que la défense des prix nécessitait que l'Opep retire du
marché au moins 2 millions de barils/jour. La Russie était sur le point
de suivre une telle décision de l'Opep en retirant à son tour 500.000
baril/jour, ce qui aurait permis de réduire le trop d'offre par rapport à
la demande.
L'AIE enfonce le clou
La décision de l'Arabie Saoudite de "laisser
faire le marché" coûte très cher aux pays pétroliers qui ne disposent
pas d'importantes réserves de change. Les prix n'ont cessé de plonger et
les experts estiment qu'ils n'ont pas encore atteint le plancher,
d'autant que la bonne vigueur du dollar a pour effet d'accentuer la
baisse, selon des experts.
Le pessimisme est d'autant plus de rigueur que
la baisse des prix n'a pas pour effet de stimuler la demande. L'Agence
internationale de l'énergie a indiqué que la demande en pétrole restera
limitée en raison de la faiblesse de la croissance économique.
"La croissance de la demande devrait se
raffermir en 2015 par rapport à 2014 mais cette accélération semble
désormais plus modeste qu'anticipé précédemment, au vu du rythme de plus
en plus hésitant de la reprise économique mondiale" indique l'AIE.
L'AIE a réduit de 230.000 barils par jour (bpj)
sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2015, à
0,9 million bpj. La révision de demande adressée en 2015 à l'Opep est
réduite de 300.000 bpj, à 28,9 millions de bpj, ce qui est déjà
inférieur de plus d'un million de bpj à la production Opep.
A la Bourse de New York, où le Dow Jones a
chuté vendredi de 1,79% et le Nasdaq 1,16%., les investisseurs
s'inquiètent d'un choc brutal sur les secteurs énergétique et financier.
Le baril était coté à 58 dollars à New York, le plus bas niveau depuis
2009, et la rapidité du déclin des prix crée un sentiment de panique.
La cote des grandes entreprises pétrolières est
en baisse alors que l'indice VI, qui mesure la volatilité, "indice de
la peur", est en hausse de 4,98% et s'établit à des niveaux élevés
(21,08). Des projets d'investissements pourraient être annulés.
Halliburton a annoncé des licenciements touchant 1,25% des effectifs.
Pour Abdelmadjid Attar, ancien PDG de Sonatrach
et consultant international, la tendance à la baisse des prix du
pétrole va durer "au moins six mois". L'Arabie Saoudite, qui a les
moyens financiers d'être le régulateur du marché, a choisi, pour des
raisons politiques, d'empêcher l'Opep de réduire la production.
M. Attar ne croit pas à la thèse d'une volonté
saoudienne de faire sortir du marché le pétrole de schiste américain.
Une baisse continue des prix a un impact sur les investissements futurs
aux Etats-Unis. Mais, relève-t-il, la capacité de production d'huile et
de gaz non conventionnels américaine, est importante avec 200.000 puits
qui produisent quelques 2,6 millions barils par jour. Pour lui, ce sont
des objectifs politiques stratégiques comme l'affaiblissement de l'Iran
et de la Russie qui motivent ce choix de l'Arabie Saoudite et des pays
du Golfe.
(*) Cet article a été initialement publié sur le Huffington Post Algérie.
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