Israël a fait pire que le scénario d'un enlèvement
par Kharroubi Habib
Qui
a offert à Israël l'occasion d'entreprendre en Cisjordanie la plus grande
opération militaro-policière menée par lui dans ce territoire depuis la seconde
intifada, par laquelle il est en train de démanteler l'organisation
politico-militaire et les infrastructures du Hamas tout en infligeant
humiliation et punition collectives à la population palestinienne ?
Plus
d'une semaine après la disparition des trois adolescents demeure un mystère car
n'ayant été revendiquée de nulle part et les autorités israéliennes dont le
Premier ministre l'a imputée au mouvement islamiste n'ont exhibé aucune preuve
confortant son accusation. Mystère qui fait que si la communauté internationale
exprime sa réprobation et sa condamnation de l'enlèvement, elle se garde de
faire sienne la thèse israélienne de la responsabilité du Hamas et d'en tirer
comme le lui demande Netanyahu la conclusion que cette organisation ne peut
être considérée comme un interlocuteur acceptable pour la résolution du
problème palestinien.
L'on
peut penser ce que l'on veut du Hamas mais pas qu'il soit suicidaire au point
d'offrir à Israël le prétexte d'engager contre lui une opération d'éradication
en Cisjordanie et cela peu après qu'il ait normalisé ses relations avec le
Fatah qui contrôle ce territoire et que pointent des élections palestiniennes
qu'il ambitionne de remporter. L'accusation de Benyamin Netanyahu ne tient pas
la route. Lui-même n'y croit certainement pas et ne l'a formulée que pour
justifier l'opération militaro-policière en cours destinée à « briser l'échine
» de ce mouvement islamiste qui en se réconciliant avec le Fatah et l'OLP a
produit un signe favorablement accueilli internationalement qui a pour conséquence
de mettre un terme au boycott politique et diplomatique qui a été le sien
depuis qu'il avait rompu avec l'Autorité palestinienne et son président Mahmoud
Abbas.
C'est
cet acquis du Hamas et la réunification des rangs palestiniens que vise à
annihiler l'opération israélienne en Cisjordanie. L'enlèvement des trois
adolescents n'en a été que l'élément déclencheur et son « heureuse »
justification au plan « moral et humanitaire ». L'Etat sioniste aurait de toute
façon agi tout aussi brutalement contre les Palestiniens, enlèvement de ses
citoyens ou pas, car une telle action a été inscrite par lui dans son agenda
anti-palestiniens. Le Hamas n'est pas politiquement aussi « abruti » pour ne
pas comprendre qu'une action anti-israélienne de sa part entraînant l'émotion
condamnatrice de l'opinion internationale ferait le jeu d'Israël et ruinerait
le rapprochement qui s'est esquissé entre lui et les puissances occidentales
qui se refusaient jusqu'alors à parler avec lui sur le problème palestinien.
Mahmoud
Abbas ne peut souscrire à la thèse israélienne et encore moins s'en prévaloir
pour revenir sur l'accord de réconciliation qu'il a signé avec le Hamas comme
l'exige de lui Benyamin Netanyahu. Il a eu raison de condamner fermement
l'enlèvement des trois adolescents israéliens et de dénoncer ses auteurs comme
voulant « tuer le peuple palestinien ». Mais plutôt que d'accepter le rôle de
supplétif dans une opération dont la finalité est de conforter l'occupation
israélienne se permettant un degré de répression et de violence terrorisante à
l'ampleur de crime contre l'humanité, le président palestinien devrait agir
pour faire s'interroger la communauté et l'opinion internationales sur le fait
de savoir à qui profite l'acte ayant consisté à enlever en Cisjordanie trois
adolescents israéliens. A l'Etat sioniste ou aux Palestiniens y compris les
sympathisants du Hamas ?
S'agissant
d'Israël, il se trouvera des défenseurs pour pourfendre ceux qui en
l'occurrence le soupçonnent d'avoir monté de toutes pièces avec peut-être
complicité de Palestiniens stipendiés le scénario de l'enlèvement qui sert
opportunément ses desseins anti-palestiniens. Cet Etat a pourtant fait pire
depuis plus de soixante ans.
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