Le roi Mohammed VI en visite hier en Tunisie
Les Marocains cherchent-ils à «marquer» Alger ?
Le roi Mohammed VI cherche à placer de nouvelles entreprises...
Rabat craint que le nouveau rapprochement tuniso-algérien ne se fasse à
ses dépens et le monarque vole, lui aussi, au secours de l'économie
tunisienne.
Le monarque marocain, Mohammed VI, est arrivé hier à Tunis pour la 1re
fois depuis l'avènement des rvoltes arabes. Au-delà de la signature
d'accords bilatéraux dans les secteurs public et privé, que vient
chercher Mohammed VI derrière sa visite en Tunisie ? Le roi du Maroc est
accompagné lors de sa visite en Tunisie dune délégation comprenant une
centaine d'hommes d'affaires qui ont déjà participé, jeudi, au Forum
économique tuniso-marocain, tenu sur le thème «Des synergies à bâtir au
service de la croissance et l’emploi». Le volet du renforcement de la
coopération bilatérale est par ailleurs le principal point apparent à
l'ordre du jour de la visite du monarque marocain.
En effet, Hichem Loumi, le vice-président de l'Union tunisienne de
l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) parle de trois
thèmes, à savoir «l’évaluation des économies des deux pays, les
opportunités d’investissement et surtout la complémentarité en matière
de croissance et d’emploi». «On vise à faire de la Tunisie un hub
régional, une plate-forme de correspondance, dans le but d’optimiser les
marchés voisins», a-t-il précisé, en affirmant que l’objectif est de
faire de «Tunisie-Maroc une plateforme compétitive pour
l’internationalisation des entreprises du Maghreb».
«Se partager le gâteau»
Tout ceci est beau, mais ce n’est sûrement pas l'unique objectif du
Maroc derrière ce premier déplacement de Mohammed VI dans un pays sur
lequel a soufflé le «printemps arabe ». De l'avis de tous les
observateurs, Rabat suit avec prudence le réchauffement de l'axe
Tunis-Alger, suite à la venue de Mehdi Jomaâ au pouvoir en Tunisie,
surtout après le récent soutien financier apporté par le gouvernement
algérien à son voisin de l'Est. Les relations tuniso-algériennes étaient
plutôt au frigo pendant la gouvernance de la «troïka», dirigée par les
islamistes d'Ennahdha. Plus encore, le président tunisien, Moncef
Marzouki, se reconnaît une descendance marocaine dans la mesure où il a
de la famille installée au Maroc et que son père y soit décédé et
enterré. Donc, Rabat craint que ce nouveau rapprochement tuniso-algérien
ne se fasse à ses dépens et le monarque vole, lui aussi, au secours de
l'économie tunisienne.
Faute de financements, comme l'avait fait Alger, Rabat offre d'aider à
faire de Tunis un hub régional et une plate-forme de correspondance vers
les pays voisins, notamment l'Afrique occidentale, soit le même
objectif préconisé par les Marocains. «Le Maroc propose de nous allier
pour se partager le gâteau et damer le pion aux Européens, au lieu de se
casser la figure l'un de l'autre», ironise un homme d'affaires
tunisien, qui veut garder l'anonymat.
En contrepartie, Rabat souhaiterait des facilités pour ses financements
en Tunisie, notamment via Attijariwafa Bank et sa filiale tunisienne
Attijari Bank. On parle des désirs marocains de s'octroyer certaines
entreprises saisies aux barons du régime de Ben Ali. Il est à souligner
qu'actuellement, 100 sociétés tunisiennes sont implantées au Maroc,
contre 30 sociétés marocaines installées en Tunisie. Les échanges
commerciaux sont encore très faibles. Le total ne dépasse pas les 250
millions d’euros dans les deux sens, malgré l’affiliation des deux pays à
l’accord d’Agadir d’échanges commerciaux.
Mourad Sellami
Commentaire:
A.Dehbi
le 31.05.14
Un glacis criminel de 40 ans !
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