Une machine électorale qui a perdu son efficacité
par Kharroubi Habib
Sur le papier, le camp pro-quatrième mandat paraissait en mesure
de concrétiser son ambition avouée d'assommer dans la campagne électorale
d'entrée de jeu les camps adverses, tant ceux des candidats en lice contre
Bouteflika que celui des boycotteurs de l'élection présidentielle. Le
conglomérat de partis, organisations sociales et associations présumées
représentatives de la société civile ainsi que d'autres groupes d'influence
qu'il réunit semblaient effectivement en capacité de réaliser cette ambition.
Après une semaine de campagne électorale, l'on constate que
la machine électorale qui s'est mise au service du quatrième mandat n'a pas
l'efficacité qui en était attendue. Ce qui s'est vérifié dans les ratages qu'a
connus la campagne électorale en faveur du président candidat depuis son
démarrage. Au lieu de triomphale et d'étouffante pour les camps adverses,
celle-ci est apparue comme une opération ratée au vu que le conglomérat n'est
pas encore parvenu à réunir un meeting qui aurait pu écraser par son ampleur
aussi bien les manifestations électorales des autres compétiteurs que celles
des boycotteurs. De rouleau compresseur que l'on promettait qu'elle sera, la
machine électorale pro-quatrième mandat s'avère être un « pétard mouillé » qui
n'impressionne personne.
La raison principale qui fait que cette machine qui en
théorie devait du fait de sa force emballer en faveur du quatrième mandat la
campagne électorale comme promis par ceux qui l'ont constituée n'a pas atteint
cet objectif, est que contrairement à ce qu'ils ont prétendu la candidature de
Bouteflika a suscité des réticences et des oppositions qui vont au-delà de
celles que manifestent les partisans de ses compétiteurs ou des boycotteurs,
car indubitablement partagées par une majorité de citoyens qui ne sont pourtant
favorables ni aux premiers ni aux seconds, mais simplement convaincus que le
président sortant briguant sa reconduction n'est plus en capacité physique de
continuer à présider aux destinées de la nation.
A cela s'ajoute que le conglomérat composant le camp
pro-quatrième mandat est sous son apparence de force une coquille qui s'avère
vide. A commencer par les quatre partis censés être les fers de lance de sa
campagne : le FLN, le RND, le MPA et le TAJ. Les deux premiers payent d'avoir à
l'orée de l'échéance électorale été déstabilisés par des dissensions et
différends internes qui ont poussé une partie de leurs encadrements et bases
militantes à les déserter au profit de leurs adversaires. Le grand bénéficiaire
de ces saignées est incontestablement le camp Benflis.
Le MPA et le TAJ se révèlent quant à eux en cette période
cruciale pour le camp des pro-quatrième mandat n'être qu'une supercherie
politicienne tant apparaît évidente leur incapacité à mobiliser. Ces quatre
partis dont on prétend qu'ils sont les plus grands du pays et donc
véritablement en ancrage dans la population et la société n'arrivent pas à
réaliser solidairement ce que parvenait à faire une simple kasma du temps du
parti unique : à savoir réunir un auditoire impressionnant en faveur de
l'option défendue.
Que dire alors de cette foultitude d'autres partis qui sont
censés leur avoir apporté leur « force de frappe » sinon qu'ils n'ont en fait
de preuve d'existence que leurs sigles. Ajoutons encore que la déconfiture du
camp du quatrième mandat est alourdie par le flop que font les personnalités
auxquelles Bouteflika a confié le soin d'animer sa campagne électorale. Toutes
sont lestées de « casseroles » et d'une réputation rebutante qui fait se
détourner les citoyens des manifestations qu'ils président. La voie royale que
le camp des pro-quatrième mandat prévoyait pour sa campagne électorale tourne
incontestablement à la débâcle dont les effets se traduiront dans le scrutin.
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