Syrie : assiste-on à un virage à 180 degrés ?
Nous ne sommes pas encore au printemps,
mais il semble que le grand nettoyage soit déjà commencé. Quelle en est
la raison ; là est la question. Nous avons vu récemment un reportage sur BFM TV nous montrant des djihadistes français
dans leurs œuvres en Syrie. Ce reportage a une intention plus que
transparente (ils ne savent plus faire…) : noircir au maximum les
takfiristes et blanchir d’une blancheur OMO, l’armée syrienne libre,
après que le Quai d’Orsay ait donné le ton. Parallèlement à cette
volte-face officielle de la France (BFM TV est aussi officiel pour la France que l’est New York Time pour la Maison Blanche), c’est le sauve-qui-peut général dans les pays du Golfe.
Ce fut d’abord l’Arabie Saoudite qui décida de considérer les takfiristes, ses propres employés, comme terroristes. La nouvelle fut très peu relayée. Ensuite ce fut, hier, au tour du Bahreïn
(province Saoudienne) de donner un ultimatum (carrément !) à ses
ressortissants qui se battent en Syrie, leur promettant bien des
déboires s’ils ne rentraient pas à la maison sous deux semaines. Avec un
peu plus de finesse et de filouterie aussi, il semble qu’Erdogan aussi
est en train de manœuvrer dans ce sens. On a constaté qu’il fermait la
frontière turque aux djihadistes qui voulaient refluer vers la Turquie
avec les soldats syriens à leurs trousses. Et maintenant c’est la France
qui annonce clairement qu’elle lâchait les takfiristes, se servant
pour cela de ses propres takfiristes (à moins que ce ne soit des
acteurs ?).
Il y a anguille sous roche, c’est le
moins que l’on puisse dire. Deux voies seraient alors à suivre. Mais
avant cela, signalons que Moscou a introduit une résolution à l’ONU au
sujet de « l’Intégrité du système judiciaire » et qui a été adoptée par
la plupart des voix (dont ne fait évidemment pas partie celle des
Etats-Unis). Cette résolution appelle les pays à assurer que les
tribunaux et les cours nationales adoptent les principes de procédures
judiciaires basés sur le droit international.
Pour en revenir à nos anguilles, la
première serait que le bloc atlantiste veut armer massivement ceux
qu’ils veulent présenter comme modérés, c’est-à-dire la soi-disant armée
syrienne libre, et partir dans une offensive un peu plus clean. Mais
qui peut croire, une seule seconde, que le bloc atlantiste soit gêné, de
quelque manière que ce soit, de fricoter avec les takfiristes ? Ils
l’ont toujours fait et le font encore et pour cause, ce sont leur
soldats, qu’ils ont recrutés, formés et entrainés avant de les envoyer
au charbon, bien encadrés par de faux djihadistes encagoulés.
La deuxième anguille, vers laquelle je
penche volontiers, c’est que dans cette guerre visible, il y en a une
autre sous-terraine, dans laquelle la Russie
joue un grand rôle. Quoi que nous fassions, nous ne verrons que la
partie émergée de l’iceberg et n’en observerons que les conséquences. Poutine et Obama
(non pas Moscou et Washington) ont-ils décidé d’accélérer les
évènements syriens, à la lumière des derniers développements
ukrainiens ? Ou bien Moscou dispose-t-il d’éléments qui peuvent faire
pression sur les uns ou les autres, à la manière des Etats-Unis au temps
de leur splendeurs ? Notons que pendant les trois années de guerre où
la Russie
fut un allié indéfectible de la Syrie, elle en a avalé des couleuvres.
Et cependant, jamais un mot plus haut que l’autre, jamais aucune menace,
ni même de propos hostiles même devant l’insulte. Elle n’a agi qu’une,
et une seule fois, dans un moment où il fallait absolument agir, et
cette seule action, effectuée en silence et dans le calme, fut décisive.
Qui peut donc croire que ce pays, qui a su s’éviter deux catastrophes,
une en Syrie et l’autre en Ukraine,
sans avoir l’air d’avoir levé le petit doigt, ait pu rester passif
pendant trois ans de guerre dont, au bout du compte, il était la cible
finale ?
Dans un cas comme dans l’autre, cela ne
peut être que positif pour la Syrie et les syriens. Sans takfiristes BFM
ou saoudo-bahreïni, les militaires syriens y verront un peu plus clair.
Et si la deuxième hypothèse est vraie, cela veut dire que chacun est
tenu de se désengager pour sauver la face avant l’arrêt des hostilités,
et la vie reprendrait alors son cours.
Les prochains évènements en Syrie et dans les capitales atlantistes nous donneront des indications.
Avic
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