Obama, un faucon sous les plumes d'une colombe
par Moncef Wafi
Lorsqu'il a pris les clés de la Maison Blanche en 2008, le
monde, surtout son tiers, a commencé à rêver à une existence plus clémente. A
voir le ciel un peu plus bleu et à espérer en des lendemains moins pénibles.
Avec son prix Nobel de la paix, le monde découvrait enfin une colombe à
Washington, un chantre de l'égalité et de la justice. Il avait promis mille
choses qui ne nous regardent pas et quelques phrases qui nous étaient
réservées. Il avait frémi à l'idée même de voir des innocents croupir à
Guantanamo, jouant les escalopes vivantes à la Abou Ghraïb. Il avait dénoncé la
torture et la guerre. On voyait en lui le dépositaire de la cool attitude, le
défenseur zélé de la veuve et de l'orphelin, l'ami des Musulmans et des Arabes.
En devenant le 44ème président de l'Empire, Barack Obama
s'est délesté de son troisième prénom, a oublié de fermer Guantanamo et ses
deux mandats sont devenus ceux des drones. Obama s'est blanchi au contact des
murs de la Maison Blanche, a remisé ses plumes de colombe de la paix pour
revêtir l'uniforme qu'on lui a confectionné. Le faucon est apparu dans toute sa
splendeur carnassière, militariste à souhait, ami des constructeurs d'armes et
allié des lobbies pétroliers. Sous son premier mandat, et le deuxième aussi,
des centaines de civils arabes et musulmans seront assassinés, sous couvert de
la lutte antiterroriste, dans les quatre coins du monde. En Afghanistan, au
Pakistan et au Yémen, il envoie ses drones tirer des missiles sur des femmes et
des enfants, victimes collatérales d'une sale guerre où le seul mort est à
enterrer dans l'autre camp. Celui de l'ennemi qui n'aime pas l'Amérique
d'Obama. Le président américain a fait de ses escadrons de drones la nouvelle arme
de dissuasion massive pouvant atteindre n'importe qui n'importe où, quitte à
tout détruire dans un rayon de cinq kilomètres. La colombe est devenue
inquisitrice et le seul soupçon de respirer l'air des «bad guys» peut signer
votre acte de décès paraphé par un missile dronique made in Obama.
Pourquoi évoquer Obama aujourd'hui et maintenant alors que
l'Algérie scrute son horizon post 17 avril comme on cherche le croissant
lunaire annonçant la fin du ramadhan ? Because. Obama est actuellement en
Arabie Saoudite, notre plus grand ami qui ne nous veut que du bien, tellement
du bien que les wahhabites nous ont exporté et leur doctrine rigoriste de
l'islam et leur conception du djihad qui consiste à égorger son frère musulman
du moment que c'est en dehors de leur désert. John Kerry, lui, est dans nos
murs pour nous chuchoter à l'oreille que celui qui veut devenir président du
pays ou le rester n'a qu'à obéir ou mal lui en prendra puisque de l'aéroport de
Houari Boumediene, il s'embarquera vers le Maroc, un autre de nos plus fidèles
amis. Et qu'avant ça, Obama, le visionnaire en location, a parlé de nous. Oui,
de l'Algérie, plutôt de son gaz, vu que selon la nouvelle géostratégie, ce sont
deux concepts distincts. Le pays et les ressources énergétiques. En évoquant l'Ukraine
et partant le reste de l'Europe qui dépend du gaz de Poutine, Obama a fait
allusion à deux solutions: son propre gaz de schiste, mais le prix pose
problème sinon se tourner vers la Norvège et l'Algérie. Brrr, le maître du
monde s'est souvenu de notre existence et ce n'est pas bon du tout, mais
vraiment pas. Demandez à l'Irak, la Syrie, la Libye
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