ELWATAN-ALHABIB
lundi 31 mars 2014
 


« L’Algérie, entre guerre civile et glaciation à la Brejnev », selon Hocine Malti

 

 

 

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le 31.03.14 
zoom | © Sofiane Chouiter

L’ancien vice-président de Sonatrach, Hocine Malti,  est revenu sur la genèse de la candidature du président Bouteflika  à un quatrième mandat, lors d’une table ronde organisée samedi dernier à Montréal par  l’Association des amis de l’Algérie plurielle et du Comité international de soutien au syndicalisme autonome algérien (CISA).

 
Faisant un long mais instructif retour sur les événements qui ont secoué la scène politique nationale les derniers mois, Hocine Malti trouve que les révélations d’Amar Saadani, le secrétaire général du FLN, contre le général Mohamed Médiène, patron du Département de renseignement et de sécurité (DRS), sont des secrets de Polichinelle.
La nouveauté, a-t-il affirmé,  est que « c’est la première fois qu’un apparatchik  dénonce d’une façon aussi violente les agissements du général Médiène alias Toufik. Encore qu’il n’a pas tout dit »  puisque soutient l’ancien vice-président de Sonatrach « nombre d’attentats et d’assassinats sont l’œuvre du DRS ».
Le pouvoir tentaculaire du DRS serait la résultante d’un réseau de 1 300 000 agents, loin derrière les 200 000 habituellement annoncés, explique Hocine Malti. Ces derniers encadrent  toutes les activités en Algérie (politique, économie, association, culture…. ). Un Etat dans l’Etat.
Pour l’auteur de Histoire secrète du pétrole algérien (La Découverte – 2010), « contrairement à ce qui a été rapporté, les attaques contre le général Mediène proviendrait non pas du clan présidentiel mais d’un autre clan de l’armée, à savoir l’état major ».  Mais le patron du DRS a fait endosser l’attaque au clan présidentiel  car « dans cette bataille de la communication,  tout son argumentaire était bâti sur la préservation de l’unité de l’armée. Il ne pouvait pas donner l’impression de casser cette unité», explique celui qui a été vice-président de Sonatrach de 1972 à 1975. 
Pourquoi, alors, toute cette pression sur le président Bouteflika et son frère Said ? Pour Hocine Malti, « le DRS et son patron ont fait comprendre aux membres du clan présidentiel que s’ils ne prenaient pas fait et cause pour le patron du DRS dans sa guerre contre l’état major, ils pouvaient faire leur deuil du quatrième mandat ».
Toutes les rumeurs sur le limogeage de Toufik et autres fuites concernant le DRS et qui présentaient son patron comme la victime d’une cabale, explique Hocine Malti, émanaient d’une presse aux ordres. D’ailleurs pour lui, «  toute la presse algérienne est aux ordres du DRS », puisqu’elle n’aurait rapporté que le point de vue de ce dernier après les attaques de Amar Saadani.
Les sorties médiatiques du général Hocine Benhadid, ex-chef de la 3ème région militaire, de Hicham Abboud ancien officier de la sécurité militaire et de Mohamed-Chafik Mesbah politologue et ancien agent des services, constituent la riposte du général Mediène et du DRS pour se présenter comme « le dernier rempart contre les menaces internes et externes qui guettent l’Algérie ».
 
Miracle à l’algérienne
Finalement, après des négociations entre le clan présidentiel et le DRS qui garantissaient à Bouteflika  le soutien des services secrets pour un 4ème mandat, le président sortant s’est porté à la défense du département de renseignement et de sécurité.
Bouteflika avait, à l’époque, réagi dans un communiqué, en affirmant  que  « les dépassements de certains milieux portaient atteinte à l’unité de l’armée, du pays et atteinte à son image. Et que nul n’avait le droit de s’en prendre à l’ANP et que le DRS avait toujours fait son travail correctement… ». Et tout s’est arrêté !
L’arrêt des hostilités entre les différents clans, relève de ce qu’appelle ironiquement Hocine Malti, le miracle à l’algérienne.
 « Bouteflika a mis une fin temporaire à l’affrontement des deux camps de l’armée, état-major et DRS. Il a assuré du même coup sa réélection et a mis toute sa tribu à l’abri de mesures de rétorsion. Mais cette trêve ne durera pas éternellement », selon le conférencier. 
« La fracture au sein de l’armée est profonde et le cessez-le feu n’est que temporaire », estime-t-il.  Les hostilités devraient reprendre après le 17 avril à l’occasion du choix du vice-président : « Abdelaziz Belkhadem ou Ahmed Ouyahia », croit Hocine Malti.
« Il faut espérer, seulement, que ce ne sera pas une nouvelle guerre civile. Car l’affrontement se ferait entre deux clans de l’armée. Ce qui constituerait une prémice d’une situation à la libyenne ou à la syrienne », a-t-il dit.
L’alternative tout aussi détestable, selon Hocine Malti, serait que « les deux clans s’entendent sur un partage du pouvoir et la rente pétrolière afin de faire perdurer encore le régime en place depuis 1962. Et l’Algérie sera pour quatre ou cinq ans dans une autre ère glacière à la Brejnev, dirigée par un homme incapable de parler, de se mouvoir, de voyager ou de participer à des forums internationaux. En un mot incapable d’accomplir toutes les tâches qui relèvent de la fonction d’un président de la République.».
 
Table ronde
La table ronde à laquelle participait Hocine Malti, a été aussi l’occasion pour Omar Aktouf professeur de management à HEC Montréal de revenir sur les raisons de l’échec algérien. Pour lui « la magouille a commencé à l’indépendance ».
Mouloud Idir, politologue, voit la sortie de crise en Algérie à travers « une solution politique négociée afin d’éviter la voie de la confrontation ». Il estime qu’il faut « rendre impossible l’utilisation de la violence ».Il a plaidé pour « une assemblée constituante et la reconnaissance de tamazight ainsi qu’une façon moins euro-centrée de voir le phénomène islamiste».
Lors du débat qui suivi,  Azedine Chikhi , membre fondateur de l’Association des amis de l’Algérie plurielle s’est dit confiant en la société civile algérienne. « C’est vrai qu’elle semble être en déclin. Mais elle se régénère et on le voit dans le mouvement Barakat », a  affirmé celui qui présente son association comme  « un cadre d’expression plurielle et diversifiée et qui tient compte de toute la réalité sociologique, politique et culturelle de l’Algérie ».
Enfin, Sid-Ahmed Soussi, professeur au département de sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQM) est intervenu avec une présentation sur les syndicats autonomes en Algérie.
 
Sur Internet :
Samir Ben
 
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