ceci étant, la position des forces en présence ne prête pas non plus
à l'optimisme. Ahmad Jarba , président de la coalition des opposants
syriens a subordonné sa présence à ce que la conférence accouche d'une
période de transition avec un président doté de toutes les prérogatives
militaires, sécuritaires . Jarba accuse Assad d'avoir les mains tachées
de sang, ce qui l'écarte de jure du processus de transition.
Plusieurs heures après ces propos, Fayçal Miqdad , vice ministre
syrien des AE a dénoncé " des opposants syriens " comme des éléments "
sortis du Moyen âge" qui" rejettent à la fois la démocratie et les
revendications du peuple"
Ces prises de position ne sont chose nouvelle. La nouveauté vient de
la déclaration finale du conseil des ministres des AE du Golfe persique
au Koweït. Les ministres des AE du CCGP ont demandé à ce qu'un
calendrier soit fixé pour la formation du gouvernement de transition
auquel selon les ministres ne devraient participer aucun autre groupe
que la coalition des opposants syriens.
Avant le séisme que représente l'accord nucléaire Iran/5+1 , cette
déclaration finale n'aurait pas étonné . mais comment comprendre cette
déclaration après l'accord et les "coups d'état" que ce texte a provoqué
dans la région avec à la clés le bouleversement des équations
politiques, sécuritaires et économiques et la mise à l'écart des pays
arabes par l'Europe et les Etats Unis et les révélations faites autour
des pourparlers secrets entre l'Iran et les EU ? et dire en plus que la
déclaration finale a été publiée à Mascate, capitale omanaise. Tout ceci
montre que le syrien Miqdad dit vrai et que outre les terroristes, les
MAE du CCG sortent du fond des âges.
Que ces ministres nous permettent de dire une chose : les membres de
la coalition des opposants syriens que messieurs les ministres veulent
planter à Damas comme futurs responsables disposent d'une minimum de
représentativité au sein des groupes armés opposant à Assad . Si Riyad
cesse son aide à la coalition , il ne restera plus personne dans ses
rangs et elle sera alors une "coalition nationale" bis qui s'est
effondrée avec le départ du Qatar.
La carte de la région change très rapidement dans le sillage de
l'accord signé entre l'Iran et les Etats Unis et ce changement
s'applique aussi au conflit syrien. La priorité n'est plus la chute de
Bachar Assad et j'ai des problèmes avec tout dirigeant arabe qui ose
affirmer que les jours de Assad sont comptés, que son effondrement est
inévitable et qu'il doit quitter à tout prix Damas. Dans le temps, ces
mêmes dirigeants se rivalisaient de zèle pour pérorer ce genre de
formules.
… Hier, le ministre turc des AE, l'un des architectes de la crise
syrienne , celui qui formulait le plus grand nombre de phrases pour
réclamer le départ d'Assad , se trouvait à téhéran où il s'entretenait
avec Zarif . pas un mot n'a été prononcé par lui contre le gouvernement
Assad. Au contraire, les deux parties ont souligné leur entente sur la
nécessité d'une solution politique de la crise en Syrie. Un virage de
180 degrés qui s'explique par les intérêts et les inquiétudes nouvelles
de la Turquie ainsi que par l' extrême pragmatisme turc.
Depuis que Moscou et non plus Washington s'est transformé en la
Mecque des ex alliés des USA, désormais délaissés et abandonnés , et en
colère et confus , cela est le signe de sérieux changements sont en
cours dans la région dans le sens des intérêts de la Russie et de ses
alliés iraniens, syriens et du Hezbollah qui tentent tous à limiter les
dégâts et à tirer du mieux qu'ils peuvent leur épingle du jeu.
La coalition des opposants syriens ne peut et ne doit être l'unique
appuie des opposants syriens à Genève. Une délégation chargée de
coordonner les opposants internes et Ghadri Jamil, ministre
démissionnaire et son équipe accompagnée de kurdes syriens a rencontré
l'ambassadeur US Robert Ford . cette même délégation avait déjà
rencontré les responsables russes pour disons obtenir ses cartons
d'invitation à Genève II. Les temps ont changé : dans le temps c'était
les opposants armés qui imposaient leurs conditions au gouvernement
syrien qui gardait le silence. Dorénavant, c'est Damas qui pose ses
conditions car il a retrouvé sa légitimité auprès des chancelleries
occidentales . Assad s'en fiche ainsi de ce que les gouvernements arabes
lui accordent de la légitimité ou pas . idem pour l'Iran qui en signant
une entente avec les Etats Unis a renforcé sa propre légitimité. Si
Assad n'était pas légitime comme le prétend le CCG, il n'aurait jamais
reçu en premier son carton d'invitation pour Genève II . d'ailleurs ,
c'est Assad qui a été consulté pour la date et le lieu des pourparlers
de Genève II avant que la Ligue arabe et les pays arabes en prennent
conscience via les médias.
Nous espérons que de nouveaux chocs ou de mauvaises surprises ne
s’abattent pas à nouveau sur l'axe de la modération arabe et ses
ministres des AE , comme la réunion de Mascate . car il se peut que
Genève II ne soit après tout que la manifestation des tractations en
coulisse qui auront déjà donné lieu à une entente Assad/Occident , quand
se déroulera Genève II devant les caméras du monde
Le très futé ministre russe des AE Lavrov a d'ailleurs brossé le
tableau syrien pour les semaines à venir / il a dit que l'effondrement
du régime Assad n'est plus au menu et que la seule priorité est la lutte
contre les terroristes. Ce qui revient à dire que l'opposition anti
Assad se divise en deux camps; l'un qui se tient aux côtés d'Assad et
qui lutte avec lui contre les jihadistes. C'est cette opposition qui
participera à Genève II . puis des élections auront lieu sous l'auspice
des observateurs internationaux conduits par Carter et Assad en sera le
vainqueur! Est-ce surréaliste? Difficile à croire? Mais la réalité
est-elle différente? vous avez raison , la réalité était plus complexe
avant la signature de l'accord Iran/USA!!!