ELWATAN-ALHABIB
samedi 31 août 2013
 
Attaque chimique en Syrie : des rebelles de la Ghouta avouent l’avoir causée
L.Mazboudi
Des miliciens syriens dans la banlieue est de Damas dans la Ghouta orientale ont admis qu'ils étaient responsables de l'incident d'armes chimiques de la semaine dernière, imputé par les puissances occidentales aux forces de Bachar Al-Assad.
Dale GavlakCes aveux ont été faits pour la correspondante de l’agence américaine Associated Press au Moyen Orient, Dale Gavlak, dont la crédibilité est impressionnante. Elle a aussi travaillé pour National Public Radio (NPR) et écrit des articles pour la BBC News.
Elle assure que des miliciens syriens lui ont rapporté que l’accident a été causé en raison d’une mauvaise manipulation des armes chimiques qui leur avaient été  fournies par l'Arabie saoudite.
Les produits toxiques qui ont été retrouvés par l'armée syrienne dans un tunnel de Jobar dans la Ghouta orientale"Dans de nombreux entretiens avec des médecins, des résidents de la Ghouta, des combattants rebelles et leurs familles,... beaucoup affirment que certains rebelles ont reçu des armes chimiques par l'intermédiaire du chef du renseignement saoudien, le prince Bandar bin Sultan, et sont responsables de la perpétration de l'attentat au gaz (mortel)," ajoute  Gavlak.


Les rebelles dévoilent aussi pour Gavlak qu'ils n'ont pas été correctement formés sur la façon de manipuler les armes chimiques ou même informés de ce qu'ils étaient. Il semble que les armes étaient initialement censées être données au front al-Nosra, une émanation d’al-Qaïda.
«Nous étions très curieux au sujet de ces armes. Malheureusement, certains des combattants les ont manipulées de façon inappropriée déclenchant les explosions », assure un chef de milice nommé J., sous le couvert de l’anonymat. Il rapporte aussi que « les miliciens du front al-Nosra ne coopèrent pas avec les autres rebelles, sauf dans Les produits toxiques qui ont été retrouvés par l'armée syrienne dans un tunnel de Jobar dans la Ghouta orientaleles combats sur le terrain. Ils ne partagent pas les informations secrètes. Ils ont simplement utilisé des rebelles ordinaires pour transporter et utiliser ce matériel ».
Ces conclusions sont reprises par un autre combattant nommé «K», qui dit Gavlak : «Ils ne nous ont pas dit comment manier ces armes ou comment les utiliser. Nous ne savions pas que c’étaient des armes chimiques. Nous n'avions jamais imaginé qu'ils s’agissait d’armes chimiques ».
Abou Abdel-Moneim, le père d'un rebelle de l'opposition, a également dit à Gavlak : «Mon fils est venu me voir il y a deux semaines, demandant ce que je pensais des armes qu'il avait été invité à réaliser», les décrivant comme ayant une structure en forme de tube, tandis que d'autres se présentaient sous forme d’énormes bouteilles de gaz. 
Révélant que le milicien saoudien qui a fourni les armes est connu sous le sobriquet Abou Ayesha, Abdel- Moneim assure aussi que les armes ont explosé à l'intérieur d'un tunnel, tuaLes produits toxiques qui ont été retrouvés par l'armée syrienne dans un tunnel de Jobar dans la Ghouta orientalent 12 rebelles dont son fils.
Dans son article, Gavlak assure aussi que plus d'une douzaine de rebelles interrogés ont indiqué que leurs salaires proviennent du gouvernement saoudien.
Le site sur lequel l’histoire est apparue à l’origine est Mint Press , une organisation médiatique légitime fondée dans le Minnesota. Il est signalé sur ce site que l’article a été rédigé avec la collaboration de Yahya Ababneh, un freelancer journaliste jordanien qui écrit pour Amman net, Saraya news, Gerasa News et autre.
Le site rappelle que le rôle présumé de l'Arabie saoudite dans la fourniture d’armes chimiques aux rebelles n'a rien d’une surprise, étant donné les révélations faites plus tôt cette semaine que les Saoudiens ont menacé la Russie d’attaques terroristes aux Jeux Olympiques d'hiver à Sotchi l'an prochain, à moins qu'ils abandonnent soutien le président syrien .
" Je peux vous donner une garantie pour protéger les Jeux olympiques d'hiver de l'année prochaine. Les groupes tchétchènes qui menacent la sécurité des jeux sont contrôlés par nous, " aurait dit le prince Bandar au président russe Vladimir Poutine, rapporte The Telegraph.

Quant au site Infowar qui a repris l’article, il a indiqué que l’agence Associated Press l’a contacté pour confirmer que Dave Gavlak est correspondante chez elle mais que son histoire n'a pas été publié sous sa bannière.

Source: Divers
 
 

Des rebelles syriens ont admis qu'ils étaient responsables de l'attaque chimique du 21 août 

 

 

 

Tant que cette info ne sera pas diffusée massivement, une intervention militaire conduisant à une guerre mondiale sera toujours possible.



L'incident du 21 août dernier où des armes chimiques ont fait entre 355 et 1300 morts dans la banlieue Est de Damas aurait été produit par des rebelles syriens selon le très crédible journaliste Dale Gavlak, correspondant au Moyen-Orient pour l'Associated Press depuis deux décennies.

Les puissances occidentales ont blâmé les forces de Bachar al-Assad, mais selon les témoignages recueillis par Gavlak, cette attaque serait en fait le résultat d'une mauvaise manipulation d'armes chimiques fournies par l'Arabie Saoudite!



Selon le journaliste de l'Associated Press [probablement plus pour trés longtemps], de nombreux médecins, résidents de Ghouta, des combattants rebelles et leurs familles, prétendent que certains rebelles ont reçu des armes chimiques par l'intermédiaire du chef du renseignement saoudien, le prince Bandar bin Sultan, et que ce sont ces armes qui sont responsables de l'attentat chimique mortel.

Les rebelles ont dit à Gavlak qu'ils n'ont pas été correctement formés sur la façon de manipuler les armes chimiques, qu'ils ne savaient pas de quoi il s'agissait. Il semble que les armes devaient initialement être données à Al Qaïda et au groupe Front al-Nosra [un groupe djihadiste de rebelles armés].

Un militant de l'opposition a dit au journaliste qu'ils étaient très curieux au sujet de ces armes et que malheureusement certains d'entre eux ont manipulé les armes de façon inappropriée, ce qui a déclenché les explosions. Un autre combattant, une femme, a ajouté que le groupe de rebelles ne savaient pas de quel type d'armes il s'agissait ni comment les utiliser.

Abou Abdel-Moneim, le père d'un rebelle de l'opposition, a également dit à Gavlak: "Mon fils est venu me voir il y a deux semaines me demandant ce que je pensais du fait qu'on lui avait demandé de garder des armes." Le fils aurait décrit les armes comme une structure en forme de tube tandis que d'autres étaient comme une énorme bouteille de gaz. Le père a nommé le militant saoudien qui aurait fourni les armes comme étant Abou Ayesha. Selon le père, les armes ont explosé à l'intérieur d'un tunnel, tuant 12 rebelles.

Plus d'une douzaine de rebelles ont été interrogés et ont indiqué que leurs salaires proviennent du gouvernement saoudien, écrit Gavlak.

Si cette histoire est exacte, elle pourrait rendre complètement invalide l'attaque des États-Unis sur la Syrie.

http://conscience-du-peuple.blogspot.com/2013/08/des-rebelles-syriens-ont-admis-un.html


L'article de Dale Gavlak : http://www.mintpressnews.com/witnesses-of-gas-attack-say-saudis-supplied-rebels-with-chemical-weapons/168135/ 





 
vendredi 30 août 2013
 

Obama prépare la guerre sainte Tomahawk 

 

 

 Pepe Escobar

Missile tomahawk
Missile tomahawk


La doctrine " responsabilité de protéger" ("responsibility to protect" : R2P) invoquée pour légitimer la guerre en la Libye en 2011 vient de se métamorphoser en " responsabilité d’attaquer" ("responsibility to attack" : R2A) en Syrie. Tout simplement parce que l’administration Obama le dit.
Dimanche, la Maison Blanche a dit qu’il avait" très peu de doute" que le gouvernement Bachar al-Assad a utilisé des armes chimiques contre ses propres citoyens. Lundi, le secrétaire d’Etat John Kerry fait monter la barre à " indéniable" – et accuse Assad "d’obscénité morale".
Donc, quand les Etats-Unis ont bombardé Fallujah avec du phosphore blanc à la fin de 2004, ils ne faisaient que la morale. Et quand les Etats-Unis a aidé Saddam Hussein à gazer les iraniens en 1988, ils faisaient également la morale.
L’administration Obama a décrété que Assad a permis aux inspecteurs d’armes chimiques de l’ONU de venir en Syrie, et pour célébrer leur arrivée a déclenché une attaque avec des armes chimiques principalement contre des femmes et des enfants à seulement 15 kilomètres de l’hôtel des inspecteurs. Si vous ne le croyez pas, vous souscrivez à une théorie du complot.
La preuve? Qui se soucie de preuve? L’offre d’accès pour les inspecteurs d’Assad est venue " trop tard". De toute façon, l’équipe de l’ONU est seulement chargé de déterminer si des armes chimiques ont été déployés – mais pas par qui, selon le porte-parole du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
Pour ce qui concerne l’administration Obama et le Premier ministre britannique David "d’Arabie’’ Cameron – soutenu par le barrage de missiles des médias – cela n’a pas d’importance ; " la ligne rouge" d’Obama a été franchie par Assad, point. Washington et Londres sont en mode guerre-ouverte pour rejeter tout fait contredisant la décision. La Novlangue – du type R2A – est la règle. Si tout cela ressemble à Irak 2.0 c’est parce que c’est Irak 2.0. Le temps d’adapter les faits autour de la ligne d’action – le temps pour des armes de supercherie massive – et c’est reparti.
L’axe israélo-saoudien
La fenêtre d’opportunité pour la guerre c’est maintenant. Les forces d’Assad ont gagné de Qusayr à Homs ; elles ont rejeté les résidus " rebelles" hors de la périphérie de Damas ; elles se sont déployées autour de Der’ah pour contre-attaquer les " rebelles" entrainés par la CIA équipés d’armes de pointe qui traversent la frontière syro-jordanienne, et elles ont organisé une poussée pour expulser les " rebelles" et les djihadistes de la banlieue d’Alep.
Maintenant, Israël et l’Arabie Saoudite sont oh tellement excitée parce qu’ils obtiennent exactement ce dont ils rêvent juste par la bonne vieille méthode de la magouille. Tel Aviv a même télégraphié comment il voulait que ça se passe : ce lundi, le quotidien Yedioth Ahronoth a titré avec" Sur la manière d’attaquer" et a même imprimé l’ordre idéal de bataille. (Voir photo)
pepe270813
Il y a quelques mois, même AMAN, la Direction du renseignement des Forces de défense israéliennes (FDI) a conclu que Assad n’était pas assez fou pour traverser la" ligne rouge" d’Obama sur les armes chimiques. Du coup, ils en sont arrivés au concept de" deux lignes rouges imbriquées", la deuxième ligne étant la perte de contrôle par le gouvernement syrien "  de ses dépôts d’armes chimiques et des sites de production". AMAN a ensuite proposé différentes stratégies à Washington, de la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne à la saisie effective des armes (ce qui implique une attaque au sol).
Actuellement, on est revenu à l’option numéro un – frappes aériennes sur les dépôts d’armes chimiques. Comme si les Etats-Unis – et Israël – avaient à la minute près des renseignements sur l’endroit exact où elles se trouvent.
La Maison des Saoud avait également télégraphié ses désirs – après que le prince Bandar bin Sultan, alias Bandar Bush, ait été nommé par le roi Abdallah d’Arabie comme chef des renseignements généraux. La dureté d’Abdullah s’explique par sa mère et deux de ses épouses venant d’une tribu sunnite ultra-conservatrice et influente en Syrie. Quant à Bandar Bush, il a plus de longévité que Rambo ou Terminator ; il est de retour dans le même rôle qu’il avait joué dans le djihad afghan des années 1980, quand il était l’homme-de-la-situation pour aider la CIA à militariser les ‘’combattants de la liberté du président Ronald Reagan ".
La Jordanie – une fiction d’un pays totalement dépendant des Saoudiens – a facilement été manipulée pour devenir un centre d’opération de guerre " secrète". Et sous la responsabilité de qui ? Pas moins que le jeune demi-frère de Bandar, le vice-conseiller à la sécurité nationale, Salman bin Sultan, également connu sous le nom" mini-Bandar". On peut parler d’une version arabe de Dr Evil and Mini Me.
Pourtant, il y a plus d’hommes de la CIA que de Saoudiens dans le front jordanien.
L’importance de ce rapport ne peut pas être assez exagérée. Il a d’abord été divulgué par le journal libanais Al-Safir ( version en Français ) C’est toute la stratégie de Bandar, dévoilée lors de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, déjà signalé par Asia Times Online. Après avoir essayé – pendant quatre heures – de convaincre Poutine de laisser tomber la Syrie, Bandar est catégorique:" l’option militaire est inévitable".
Un mélange de Kosovo et de Libye et le tour est joué!
L’ancien président Bill Clinton a refait surface avec un timing parfait pour comparer les options d’Obama en Syrie au jihad de Reagan en Afghanistan. Bubba avait raison en termes de positionnement du rôle de Bandar. Mais il avait dû sniffé quelque chose s’il avait pensé en termes de conséquences – qui comprennent tout, depuis les talibans jusqu’à cette entité mythique," Al-Qaïda". Bon, au moins al-Qaida est déjà actif en Syrie, ils n’ont pas besoin de l’inventer.
Quant à cette bande d’amateurs qui entourent Obama – y compris les groupies du R2P comme Susan Rice, et le nouvel ambassadeur aux Nations Unies Samantha Power, tous des faucons libéraux, suceurs du Kosovo, et de la Libye en prime – préconise que c’est le modèle idéal pour la Syrie, le R2P par des frappes aériennes (illégale). Dans la foulée, le New York Times tel un perroquet répercute déjà frénétiquement l’idée.
Les faits sont, bien sûr, absent du narratif – y compris l’explosion de l’ambassade chinoise à Belgrade (un remix en Syrie avec l’ambassade de Russie, et être à la veille d’une guerre avec la Russie ?).
La Syrie n’a rien à voir avec les Balkans. Il s’agit d’une guerre civile. On peut dire que la majeure partie de la population urbaine syrienne, pas le campagnard, soutient Damas – à cause du méprisable comportement des " rebelles" dans les lieux qu’ils contrôlent, et la majorité absolue veut une solution politique, comme dans la conférence de Genève 2 maintenant presque totalement torpillée.
Le régime jordanien – inondant le sud de la Syrie avec des mercenaires lourdement militarisés – est un remix de ce que la CIA et les Saoudiens ont fait pour AfPak (Afghanistan-Pakistan), et les seuls gagnants seront les djihadistes de Jabhat al-Nusra. Quant à la solution israélienne pour Obama – bombardements aveugles des dépôts d’armes chimiques -elle va certainement entraîner des dommages collatéraux terribles, parce que le R2A tue encore plus de civils.
Les perspectives restent sombres. Putain, une autre coalition des bonnes volontés ; Washington a déjà les caniches britanniques et français dans le sac, et le plein soutien – en toute sécurité douillette – des démocratiques pétromonarchies du Conseil de coopération du Golfe, du laquais jordanien et de la puissance nucléaire israélienne. C’est ce qui passe pour être la " communauté internationale" à l’âge de la novlangue.
Les Britanniques ont déjà lourdement insisté sur le fait qu’aucune résolution du Conseil de sécurité de l’ONU n’est nécessaire ; qui se soucie que nous fassions un Irak 2.0 ? Pour le Parti de la guerre, le fait que le chef de la Joint Chiefs of Staff le général Martin Dempsey ait déclaré que les " rebelles" syriens pourraient ne pas promouvoir les intérêts des États-Unis semble être hors de propos.
Washington a déjà ce qu’il faut pour que les Saints Tomahawks commencent à voler; 384 d’entre eux sont déjà positionnés dans la Méditerranée orientale. Des bombardiers B-1 peuvent être déployées à partir de de la base aérienne Al Udeid au Qatar. Et les bombes anti-bunker feront certainement partie du film.
Ce qui se passera ensuite exige des boules de cristal concentriques – des tirs de Tomahawks aux tirs de barrage par frappes aériennes, en passant par des opérations spéciales de commandos au sol, ou une campagne soutenue par l’aviation et qui dure des mois. Dans sa longue interview à Izvestia (version française), Assad donne l’impression qu’il pense que Obama  bluffe.
Ce qui est certain, c’est que la Syrie ne sera pas " du gâteau" comme la Libye ; même affaibli sur tous les fronts, le colonel Kadhafi a résisté pendant huit longs mois après que l’OTAN ait commencé ses bombardements humanitaires. La Syrie a une armée fatiguée mais toujours forte de 200.000; des tas d’armes soviétiques et russes ; de très bons systèmes antiaériens, et le plein soutien des experts de la guerre asymétrique que sont l’Iran et le Hezbollah. Sans parler de la Russie, qui a juste besoin de transmettre quelques batteries de défense anti-aérienne S-300 et de relayer les renseignements.
Donc habituez-vous à la façon dont fonctionnent les relations internationales à l’ère de la novlangue. L’armée du général Abdel Fattah al-Sisi en Egypte peut tuer des centaines de ses propres citoyens qui protestaient contre un coup d’Etat militaire. Washington s’en fout – puisque le coup d’Etat n’est pas un coup d’État et le bain de sang n’est pas un bain de sang.
Personne ne sait avec certitude ce qui s’est exactement passé dans la saga des armes chimiques près de Damas. Mais c’est le prétexte à une nouvelle guerre américaine – quelques jours seulement avant un sommet du G20 organisé par Poutine à Saint-Pétersbourg. Saint Tomahawk ! R2A, c’est parti !
Pepe Escobar
Traduction : Avic
http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/MID-01-270813.html
 
 

Les Tomahawk ne résoudront pas le problème syrien 

 

 

 

Les Tomahawk ne résoudront pas le problème syrien

Par La Voix de la Russie | En Syrie, on est en présence d'intérêts contradictoires des principaux acteurs géopolitiques régionaux et mondiaux. Tenter de trancher la question à l'aide de missiles de croisière Tomahawk ne permettra pas l'Occident d'atteindre ses buts.

Washington assisté par Londres et Paris poursuit ses efforts visant à former une coalition en faveur d'une intervention militaire. Les Etats-Unis et leurs alliés en Occident et au Proche-Orient sont prêts, à la rigueur, à se passer de l'approbation du Conseil de sécurité. En outre, la Ligue arabe se dresse également contre al-Assad. Elle a fait endosser à Damas la responsabilité pour l'utilisation de l'arme chimique et a appelé les membres du Conseil de sécurité de l'ONU à surmonter leurs contradictions et à prendre des mesures afin d'arrêter les meurtres en Syrie.
Outre l'Iran tous les pays du BRICS (Russie, Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud) et certains pays latino-américains s'opposent au changement du régime par les armes et se prononcent pour le règlement en Syrie uniquement par le biais des négociations entre les autorités et l'opposition. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré : « Penser qu'une fois l'infrastructure militaire syrienne bombardée et le champ de bataille dégagé pour que les adversaires du régime remportent la victoire, tout sera terminé, signifie se faire des illusions. Même si une telle victoire est remportée, la guerre civile continuera. A la seule différence que ceux qui représentaient la partie gouvernementale seraient dans l'opposition. Nous constatons déjà des lourdes conséquences des ingérences précédentes dans des conflits dans cette région ».
Il convient de noter qu'en réalité les intérêts des membres de la coalition anti-Assad sont assez variés bien que la coalition semble être cohérente. Commençons par les doutes du président américain Obama. Il est évident qu'il est désorienté et qu'il ne sait pas que faire. En tout état de cause, les Etats-Unis ne sont pas disposés à s'enliser dans des opérations militaires sans fin. Par contre, ils se rendent compte qu'une réaction est nécessaire, au moins pour sauvegarder l'influence américaine au Proche-Orient.
Guéorgui Mirski de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie des sciences de Russie note à ce propos :
« La raison de la politique anti-Assad de Washington n'est pas un mal que le dirigeant syrien a causé aux Américains et à l'Occident, en général. D'autant plus, ce n'est pas sa politique répressive intérieure. En vertu d' un tel critère, les Etats-Unis devraient commencer par demander au gouvernement de l'Arabie saoudite de modifier son comportement. Pour l'administration américaine, l'unique faute véritable d'al-Assad est son alliance et sa coopération avec l'Iran. Assad doit être éliminé pour affaiblir cardinalement les positions de Téhéran dans la région et de le mettre dans un plus grand isolement ».
Après la Libye, les Américains comprennent qu'on ne saurait se passer d'une opération au sol pour réaliser un assaut final. Conscient de cette nécessité, Barack Obama va atermoyer jusqu'à ce que son inaction soit trop provocante pour la France et la Grande-Bretagne dont les positions sont plus intransigeantes par rapport à celles de la Maison Blanche. Ce sont ces deux pays qui poussent les Etats-Unis à un conflit. Selon le directeur du Centre de partenariat des civilisations de l'Institut MGIMO Veniamine Popov :
« L'essence du problème est dans le fait que l'Occident a peur de la renaissance du monde islamique. Trop de ressources sont concentrées au Proche- et au Moyen-Orient. Il ne s'agit pas seulement du pétrole et du gaz, mais aussi des possibilités financières immenses. Les Américains ont compris depuis longtemps que le calme dans la région n'est pas dans leur intérêt. Ils n'ont pas besoin d'un concurrent capable de créer de nombreux problèmes dans l'avenir. Un Orient jeune et passionné représente une menace sur fond d'un Occident vieillissant et dépérissant.
Le directeur adjoint de l'Institut d'orientalisme de l'Académie des sciences de Russie Vladimir Issaïev fait remarquer que les Américains doivent tenir compte des mobiles anti-Assad de l'Arabie saoudite basés sur le facteur religieux :
«Les Saoudites se prenaient toujours pour leaders du monde arabe, au premier chef, pour leaders religieux. Leur roi porte le nom de « gardien de deux reliques » (les mosquées de La Mecque et de Médine). L'aspect religieux pousse l'Arabie saoudite à des actes qui ne sont pas toujours justifiés. Ses dirigeants craignent que les habitants du pays s'inspirent du mécontentement syrien et destabilislent la situation. Cela est également dangeureux du fait que les principaux champs pétrolifères se trouvent dans la province orientale. Aussi en finir avec le pouvoir des alaouites en Syrie est-il un objectif de l'Arabie saoudite ».
De l'avis de Veniamine Popov, l'ensemble du rapport des forces politiques au Proche-Orient subit de profonds changements :
« L'Orient arabe est confronté à un regroupement de force. L'Occident ne cesse d'attiser les différends entre les sunnites et les chiites. Ces différends ont toujours existé, mais jamais ils ne prenaient des formes aussi violentes. De nouvelles scissions se sont produites. Ainsi la Turquie soutient les Frères musulmans parce qu'elle a peur que l'exemple des Egyptiens soit contagieux pour sa propre armée. Les Frères musulmans sont également financés par la Tunisie et le Qatar. Selon les analystes occidentaux, une frappe contre la Syrie serait très à propos pour détourner l'attention ».
Selon Vladimir Issaïev la position anti-Assad de la Turquie s'explique très simplement :
« Pour ce qui est de la Turquie, celle-ci a plusieurs raisons de s'ingérer dans le conflit. Tout d'abord, je ne crois pas que la Turquie souhaite en effet un développement démocratique pour la Syrie. Parce que la Turquie elle-même peut être rangée parmi les démocraties avec beaucoup de réserves. Mais la Turquie est effrayée par l'exemple de l'Irak (plutôt du Kurdistan). Par le fait que Damas accordait aux Kurdes une plus grande autonomie. Oeuvrant contre les autorités syriennes en place, la Turquie résoud ses propres problèmes relatifs à la question kurde ».
Dans ce contexte Israël occupe une place à part. Il n'a pas l'intention de s'ingérer dans le conflit syrien mais il ne laissera pas sans réponse toute action agressive de la part de Damas. Aussi les Israéliens tentent-ils de ne pas être impliqués directement dans la situation. Mais étant donné leurs relations de partenaires avec les Etats-Unis, leurs services secrets partagent, à coup sûr, des données dont ils disposent avec leurs collègues américains. Néanmoins, il est peu probable qu'Israël porte lui-même des frappes.
L'Iran envisage une agression extérieure contre al-Assad comme un défi à lui-même avec toutes les conséquences qui s'ensuivent. Cette position n'a pas changé même après l'arrivée d'un nouveau président. L'Iran est un des Etats peu nombreux à majorité chiite. Il brigue une arme nucléaire et s'oppose fermement à Israël et aux Etats-Unis. Il prétend au rôle de leader subrégional s'opposant au centre sunnite en Arabie saoudite.
La plupart des experts convergent que l'Occident simplifie la situation au Proche-Orient. Il ne voit pas ou ne veut pas voir quels changements s'opèrent dans cette région et dans le reste du monde. D'où ses erreurs d'estimation et de planification stratégique. Vladimir Issaïev est convaincu :
« La force nommée islamistes a vu le jour. L'Occident a décidé pour une raison inconnue qu'il s'agit de l'apparition d'islamistes modérés. Pouvez-vous imaginer un catholique modéré ou un chrétien modéré ? De la même façon il n'y a pas d'islamistes modérés. Grossièrement, l'islamiste est un radical musulman. A mon avis, approvisionner ces hommes en armes est une folie ».
Chercher à punir al-Assad en frappant contre ses états-majors et bases militaires avec des missiles de croisière est une folie même plus grande. L'analyste militaire américain Chris Harmer a écrit sur le blog de la revue Foreign Policy que « les actions tactiques en absence de tâches stratégiques sont, d'habitude, insensées et souvent contre-productives ». Selon lui, il est facile de tirer 30 ou 40 missiles Tomahawk, mais « il est difficile d'expliquer aux stratèges comment cela peut aider les intérêts des Etats-Unis ».
Voilà pourquoi l'ingérence étrangère dans le conflit syrien en tant que moyen d'éliminer des concurrents idéologiques non seulement aura des conséquences catastrophiques pour le monde arabe et causera un immense préjudice à la réputation des pays se trouvant à l'origine de cette ingérence, mais aussi torpillera les efforts de la communauté mondiale visant à créer un système de sécurité internationale.

 
jeudi 29 août 2013
 

Entre Syrie & Palestine… le prix Nobel de la Paix pose ses choix.

 



Par Daniel  Vanhove
syria-obama
Une fois de plus, nous voici conviés par l’ainsi nommée « Communauté internationale »  à un nouvel épisode d’un scénario dont elle aime nous gaver et semble prendre plaisir : jouer à se (nous) faire peur. Chaque soir, les journalistes attitrés nous abreuvent de commentaires usés jusqu’à la corde et les habituels « experts » se pressent sur les plateaux, trop heureux de faire la « une » pour étaler leurs théories funestes. Les uns élaborent des plans et nous expliquent déjà leur vision tactique des choses, les autres s’interrogent chiffres à l’appui, pour savoir si le pouvoir syrien aura les moyens de se défendre. D’aucuns parlent même d’une 3è guerre mondiale possible… Ces irresponsables, confortablement installés, s’excitent tous seuls comme de grands enfants jouant sur internet…
Aujourd’hui, les habituels va-t-en-guerre occidentaux, regard sévère et mâchoires serrées, déclarent vouloir « punir » le régime syrien pour l’usage d’armes chimiques dont personne ne sait encore si elles sont le fait du régime ou de quelque faction rebelle… Le devoir de réserve devrait donc dicter à ces « démocrates » un minimum de retenue, et attendre les conclusions des inspecteurs de l’ONU… en espérant que celles-ci soient neutres et objectives. Et dans le cas contraire, celui où l’opposition serait reconnue coupable d’utilisation d’armes chimiques, que fera la « Communauté internationale » ? Qui « punira »-t-elle et comment ?…
Face à ces gesticulations de mauvais gout, où certains semblent confondre virtuel et réalité, et avant toute précipitation, ne faudrait-il pas tirer les leçons de nos terribles erreurs passées et des sinistres conséquences de manipulations médiatiques qui nous ont trompés ?
Il y a quelques années, tournaient en boucle des images du (faux) vol des couveuses à Koweït-city. Ensuite, celles de Colin Powell agitant devant le monde entier sa petite fiole censée contenir une arme de destruction massive jamais trouvée en Irak. Après, il fallait éradiquer les Talibans en Afghanistan, de mèche dans les attentats du 11 septembre. Et dernièrement, les effets de manches de BHL en Libye, avec les suites que l’on sait… Résultats de nos dernières interventions directes : l’Irak est dévasté par des attentats quotidiens et devenu quasi incontrôlable; l’Afghanistan est à nouveau aux mains des Talibans et le gouvernement du fantoche H. KarzaÏ doit composer avec eux ; la Lybie est plus divisée que jamais… Sans parler de la Syrie dont les rebelles de la première heure sont dépassés par des milices extrémistes et des djihadistes – que nous armons dans le cas présent mais combattons en d’autres lieux (comprenne qui pourra !) – venus de toutes parts dans un pays en ruines, où l’on dénombre plus de cent mille morts…
Faut-il encore y ajouter nos bombardements et missiles sophistiqués, alors qu’on ne compte déjà plus les populations réfugiées, ayant tout perdu… Quand donc aurons-nous compris et intégré dans nos esprits belliqueux que la guerre n’est pas une solution à la guerre, et qu’ajouter des destructions aux destructions ne mène qu’à plus de chaos !? Et comme l’osent quelques voix discordantes : une nouvelle guerre, pour quoi faire !? Voilà des années que l’on nous répète que les caisses de nos Etats sont vides, qu’il faut se serrer la ceinture, que les allocations sociales sont revues à la baisse, que nos dettes sont devenues une charge impayable au risque d’hypothéquer l’avenir de nos enfants… Mais étrangement, et malgré le coût exorbitant que cela représente, il y a toujours assez d’argent pour aller guerroyer sous de fallacieux prétextes ! De qui se moque-t-on !?
Pour mémoire, faut-il rappeler que les USA ont déversé des millions de litres de l’agent orange sur le Vietnam produisant toujours leurs effets dévastateurs sur les populations locales, sans que l’on entende personne s’en indigner !?… Sont-ils vraiment les mieux placés pour donner des leçons de moralité aux autres gouvernements ?…
Et si dans la foulée, l’on voulait bien se souvenir de l’utilisation d’armes à l’uranium appauvri par Israël lors de son opération « Plomb durci » à Gaza contre la population palestinienne en 2009. Ayant fait plus de 1.400 victimes dont de nombreux enfants, soit plus que ce dont il est question dans l’attaque chimique en Syrie… Cela a-t-il mené à une intervention punitive même « ciblée » de nos pays contre l’Etat sioniste ? Or, selon le Droit international sur le contrôle des armements, les armes à l’uranium appauvri sont elles aussi illégales (conventions de La Hague de 1899 et 1907, de Genève de 1925 et 1949, Charte de Nuremberg de 1945, convention des Nations-Unies du 10 octobre 1980, dite « Convention des armes inhumaines »). A moins d’amnésie, il faut donc constater qu’une nouvelle fois nos « exemplaires démocraties » occidentales à géométrie variable exercent encore et toujours leur détestable deux poids, deux mesures et bafouent allègrement tout principe d’une vraie justice, s’appliquant à tout le monde et de manière équitable.
Si nous étions de vrais démocrates, notre principale préoccupation devrait porter sur les populations systématiquement victimes de ces manœuvres cyniques. Car il en est toujours de même, des gens perdent tout : habitation, boulot, famille et proches, santé, et sont jetés à la rue où tant bien que mal, ils fuient ces zones mortifères pour aboutir au mieux dans des camps de réfugiés souvent insalubres et dont on sait que pour certains, ils seront pérennes…
Si nous étions de vrais démocrates, nous ne mettrions pas tant d’intelligence, de recherche scientifique et d’argent à sophistiquer des armes toujours plus létales au seul profit du lobby de l’armement qui pousse à la moindre occasion pour tester ses abjectes nouveautés « sur le terrain », mais dépenserions toute cette énergie pour préserver la vie et l’environnement qui l’abrite !
Si nous étions de vrais démocrates, nous nous interdirions de « punir » des gouvernements par des interventions armées qui toujours massacrent des civils, mais suivrions les procédures du Droit international pour traduire les responsables devant les tribunaux et les cours de justice prévues pour cela.
Enfin, devant tant d’inconséquences de nos gouvernements, il est une question dérangeante sans doute mais inévitable : n’y a-t-il pas derrière tout cela, une détestation profonde de nos pays occidentaux pour tout ce qui est de peau basanée et de culture musulmane ? Tant d’iniquités dans le traitement des affaires du monde ne révèle-t-il pas une haine profonde de la culture arabe ?… Et avec la carte de la région sous les yeux, comment ne pas voir que l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie, le Liban, la Libye, l’Egypte, la Tunisie… tous pays situés à proximité d’Israël , sont considérablement saccagés, meurtris, affaiblis et dès lors plus divisés que jamais ?… au plus grand profit de l’Etat israélien renforcé par ces effondrements successifs, et poursuivant ainsi sa politique d’apartheid et de colonisation rampante de la Palestine, sans que personne ne songe à « punir » cet Etat voyou !
Divide et impera (Diviser pour mieux régner) disaient déjà les Romains… Le président Obama, « Prix Nobel de la Paix » va-t-il y ajouter son imprimatur en Syrie ?
« Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille la peine d’être mené, ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison ». Albert Camus

Daniel Vanhove 
Observateur civil et auteur
 
mercredi 28 août 2013
 

Comparons Egypte et Syrie...

 

  Badia Benjelloun


28 août 2013

L’armée régulière syrienne aurait tué 1300 Syriens la nuit du 20 au 21 août en utilisant des gaz neurotoxiques. Les corps de plusieurs dizaines d’enfants enveloppés dans leur linceul sont montrés dans la presse, allongés dans un local dont se devine un mur en parpaing et qui ne semble être ni une mosquée, ni un hôpital ni une morgue, ni une colonie de vacances, ni une école. La photographie est titrée le plus souvent, ‘massacre d’innocents’, ‘carnage’. Elle suscite tout naturellement une grande émotion faite de compassion et de colère.


Elle semble bien avoir été composée et scénarisée pour obtenir cet effet puisque les corps de ces petites victimes n’ont pas d’autre raison d’être ainsi regroupés. * 
 
MESURER AVEC ÉQUITÉ - NE PAS TRANSGRESSER AVEC LA PESÉE ** 
Les Us(a) renforcent leur présence en Méditerranée, David Cameron et Laurent Fabius espèrent passer outre l’ONU pour déclencher la « riposte militaire » ‘contre’ le régime de Bashar El Assad. Laquelle frappe ne l’atteindra très probablement pas, ni sa famille et pas non plus les dignitaires du régime. En cas d’engagement du bloc occidental plus direct qu’il ne l’est aujourd’hui en Syrie, le nombre des morts atteindra très vite des centaines de milliers comme l’a prouvé l’exploit de L’OTAN en Libye. Les obus et les missiles n’épargneront pas des milliers d’enfants qui seront peut-être à peine évoqués comme victimes collatérales nécessaires.
En quoi mourir d’asphyxie rapide rendrait le crime plus inacceptable que de périr d’hémorragie par balles provenant d’une arme automatique d’un sniper posté à une terrasse d’immeuble ? Ou même de perdre la vie sous des missiles tirés depuis un drone commandé par un soldat distrait dans son poste de commande au Texas ?
Dans tous ces cas, la victime est incapable de riposter ou de se défendre d’un ennemi invisible.
L’armée égyptienne a réprimé dans le sang des manifestants cette semaine dernière, le nombre de victimes a été estimé à plus de mille morts dans le plus pur style des dictatures militaires que l’on croyait révolues appartenant au siècle dernier et passées de mode. Ces morts-là n’ont provoqué qu’une protestation molle du bloc occidental par la voix de l’Union européenne. Barak H Obama a été plongé dans une indécision grave, incapable de définir sémantiquement les évènements en Égypte, coup d’État ou révolution populaire légitime, bain de sang ou bain de sang.
Pour sortir de la torpeur induite par une confusion liée aux difficultés d’interpréter le réel, voici exhibés quelques symptômes, susceptibles d’éclairer le jugement des démocrates et ‘personnalités engagées à gauche’ qui apprécient Sissi comme un libérateur. (0) 
 
BRISER DES GRÈVES AVEC DES CHARS
Le 12 août, des troupes de soldats dans des véhicules blindés ont interrompu un sit-in de travailleurs qui protestaient devant l’usine Suez Steel. Deux ouvriers ont été arrêtés puis relâchés. Quelques jours après, des officiers de police en ont arrêté quatre autres. Une véritable chasse à l’homme des leaders de la grève a été entreprise sur ordre du propriétaire de l’usine, un homme d’affaire libanais du nom de Rafik Daou.
Parmi les 34 ministres qui composent le gouvernement post-Morsi, installé par les militaires, seuls onze n’appartiennent pas à l’ère Moubarak.
Il est peu probable qu’ils s’engagent en faveur des doits des travailleurs, en particulier que soit autorisée leur libre association au sein de syndicats indépendants de l’ETUF, « Egyptian Trade Union Federation », contrôlé par l’État. La présence dans le gouvernement de Kamal Abou Aita qui a dirigé jusqu’à sa nomination en juillet une fédération dissidente de syndicats née dans la vague révolutionnaire de janvier 2011 n’est pas une garantie d’une politique en faveur des défavorisés.
Outre la liberté syndicale, elle devrait instituer un salaire minimum garanti, des prestations sociales en particulier en matière de santé, la sécurité au travail et une stabilité des temps travaillés.
Briser une grève en faisant appel aux blindés rappelle plutôt les régimes qui criminalisent toute revendication ouvrière, taxée d’anti-patriotique voire bientôt de terroriste. 
 
RÉVISION CONSTITUTIONNELLE 
Un comité technique de dix membres a été désigné depuis un mois pour réviser la Constitution adoptée par referendum en 2012. Le prochain texte sera livré au public dans quelques jours.
Il modifie l’article 6 pour interdire l’existence de partis politiques qui se déclareraient fondés sur la religion.
Il maintient son article 2 institué en 1980 par Anouar Sadate qui stipule que la Shariaa reste une source d’inspiration législative, assurant la nature musulmane de l’État, de quoi satisfaire le parti Al Nour d’obédience séoudienne. Il abolit l’article 219 qui précisait que les principes de la Shariaa incluaient ses interprétations habituelles communément admises, ses règles jurisprudentielles et ses sources des écoles sunnites.
Le projet annule la disposition inscrite sous l’article 232 de 2012 qui bannissaient de toute représentation les membres dirigeants du Parti National Démocratique de Moubarak.
Le rôle de la Chambre Haute avec ses 270 membres sera minoré. Son Président est accusé d’avoir perçu de l’argent de la Libye, du Qatar, de la Tunisie et de la Turquie pour faciliter l’adoption de lois complaisantes favorables aux Frères Musulmans.
Tous les articles relatifs aux autorités militaires grâce auxquels elles connaissent une parfaite immunité fiscale et judiciaire présents dans la Constitution de 2012 sont maintenus.
Les règles électorales vont être modifiées dans le sens d’une plus grande représentation des candidats individuels, plus de 50% de la Chambre des Représentants, au détriment des listes des partis, ce qui rendra le Parlement impuissant en raison de plus importantes difficultés pour dégager une majorité. 
 
DES MILITAIRES POUR GOUVERNER LES PROVINCES
Le 13 août, 25 gouverneurs ont prêté serment devant le Président de la République par intérim. Six seulement parmi eux avaient été nommés sous Morsi et n’ont pas été remerciés.
Sur les six, cinq sont des généraux. 9 généraux de l’armée viennent d’être promus. 3 officiers de police avec rang de généraux vont contrôler les provinces d’Assuit, de Minya et de Sohag.
Le nouveau gouverneur du Caire, un certain Galal Said, a été ministre du Transport au sein du gouvernement Gandouzy en 2011, il est membre du Parti National Démocratique de Moubarak et ami intime de son fils, Gamal Moubarak. Au total quatorze généraux dont deux officiers du renseignement contre seulement sept pour le gouvernement remanié de Morsi de juin 2013. Nul doute que ces hauts gradés, passés par une formation étasunienne, ont pour fonction de lutter contre le terrorisme, le credo universel institué par les néo-conservateurs qui ont théorisé et appliqué la guerre perpétuelle, sans fin, contre un ennemi qui n’est même pas une doctrine ni une idéologie mais un artefact créé pour écouler une surproduction d’armement.
 
L'ÉQUATION MAGIQUE : ISLAM=TERRORISME
En dehors du cas unique de la Révolution russe, 1905 puis 1917, la répétition d’une révolution n’a jamais abouti à l’amélioration de la situation de ceux qui se sont rebellés.
En Égypte, les militaires qui n’ont jamais été éloignés du pouvoir disposent actuellement de l’arme fatale de la lutte contre le terrorisme.
Sous ce chef d’inculpation, ils étêtent le parti des Frères Musulmans et le démembrent. Cette organisation qui a une très sérieuse implantation populaire a permis la sécurisation des semaines durant la révolte de la place Tahrir, au début de ce que l’on a appelé à tort la Révolution. Elle n’a pas été à l’origine de la révolte populaire mais sans son aide très structurée, l’occupation permanente de Tahrir (filmée et transmise au monde entier) aurait été compromise ne serait-ce que par l’introduction de provocateurs. Qu’ils n’aient pas marqué leur rupture avec la politique économique libérale et leur indépendance vis-à-vis du pouvoir militaire a été le carburant de la manifestation du 30 juin. Les accuser de terrorisme et d’intelligence avec l’ennemi appartient davantage au registre de la propagande éculée.
Une intense campagne de déshumanisation est menée contre les Frères Musulmans par les libéraux et les militaires et par beaucoup de partis de gauche mais pas tous. L’ambassadeur de l’Égypte à Londres n’a pas hésité à qualifier l’emploi de la force armée contre une foule de protestataires majoritairement sans armes comme une nécessité analogue à la lutte des Britanniques contre le régime nazi lors de la deuxième guerre mondialisée de l’occident. (1)
Sissi assez fraîchement émoulu du US Army War College, promotion de 2006, applique les enseignements stratégiques qui lui ont été inculqués par des officiers étasuniens qui veulent confondre Islam et terrorisme. Pour parfaire la fermeture opérée par le système militaire sur la société civile, deux jeunes femmes activistes du Mouvement de la Jeunesse du 6 avril se voient accusées par le Procureur de la République d’espionnage au profit de puissances étrangères. La Constitution en cours d’amendement prévoit d’interdire la destitution d’un Président de la République par des manifestations de rue, invalidant a posteriori les chutes de Moubarak et de Morsi !  
 
UN GAZ EN VAUT-IL UN AUTRE ? 
Les scénaristes des films de masses syriennes intoxiquées par des gaz prohibés devraient savoir que le sarin et tous les organophosphorés ont une très grande pénétration cutanée et sont mortels par cette voie. Une simple consultation sur Wikipedia les aurait renseignés. Pour faire ‘vrai’ si toutefois la vraisemblance était incluse dans leur cahier de charges, les sauveteurs devraient être revêtus convenablement selon les normes usuelles sans quoi ils s’exposent aux mêmes risques que les victimes.
Les déclarations contradictoires du Ministre de l’Intérieur intérimaire mis en place par Sissi à propos de la tuerie des 56 prisonniers ‘islamistes’ le dimanche 18 août accusent les militaires. Ils seraient morts au cours d’une tentative d’évasion dans leur prison ou dans les camions qui les y transportaient.
Ils ont en réalité succombé, asphyxiés par des gaz irritants jetés par des soldats à l’intérieur du fourgon militaire. Devant quelle cour les criminels répondront-ils de leurs actes ? Celle de la Ligue Arabe ou celle de l’OTAN ?
Le racisme anti-musulman à force de propagande a fait quelques conquêtes faciles, peu vont s’émouvoir de ce que des musulmans qui méprisent les femmes au point de les recouvrir au lieu de les dénuder se fassent lâchement assassiner alors qu’ils sont en état d’arrestation. 
 
L’ORIENT ARABE ENSEVELI SOUS UNE MONTAGNE DE DOLLARS
On l ‘avait cru mort, occis par quelque dague sortie de derrière une lourde tenture ou enivré à mort par quelque subtil poison. Il est revenu, en négociateur de la maison des Séoud avec le défenseur des marches orientales. Le prince Bandar a été poliment mais fermement repoussé par Poutine qui se pose en défenseur des souverainetés nationales et n’a jamais ignoré l’origine du financement des autonomistes tchétchènes.
Les mercenaires ou simples volontaires recrutés dans les mosquées du Machrek au Maghreb en passant par le Turkestan oriental des Ouighours dirigées par des imams payés en rials séoudiens ont activé le plan ‘fil rouge’ en Syrie sur instruction directe des organismes payeurs. Le réveil de l’ancien ambassadeur à Washington correspond à une fièvre d’investissement pour les fonds des Séoud qui se découvrent un appétit de géant pour l’Égypte. Par exemple, dès le mois de juin, le Fonds Arabe pour le Développement Économique et Social offre sa participation dans un projet de production électrique de 1,6 milliards de dollars, rendant inutiles les offres de prêt de la Turquie et de la Banque Mondiale.
C’est que le temps presse pour écouler les dollars étasuniens. Parmi les facteurs directs qui expliquent l’embrasement de l’Orient arabe, on peut noter la volonté délibérée des pays du Golfe, incluant le Qatar et l’Arabie des Séoud de libeller les échanges énergétiques dans une autre monnaie que le dollar étasunien. (3) Il s’agit d’une simple prise en compte de ce que la Federal Reserve imprime près de 80 milliards de dollars par mois sans aucune contrepartie dans la production d’une quelconque richesse. La Syrie comme l’Égypte doivent donc devenir le terrain de jeux exclusif de la bande à Bandar.
En vérité, vouloir continuer d’imposer une monnaie de singe comme l’étalon indépassable de mesure de la richesse, de sa réserve et comme outil indispensable du commerce alors qu’elle ne vaut rien, là réside la transgression dans la pesée.   
Le césarisme de Moubarak a été rejeté car il n’apportait aux Égyptiens ni bien-être économique ni fierté nationale. Il les a appauvris et profondément humiliés. Les prémisses des orientations du futur empereur Sissi n’indiquent aucun fléchissement objectif dans le sens voulu par eux.
Ils sont trop nombreux à n’avoir rien à perdre pour ne pas envisager une troisième étape dans la prise en main de leur histoire. Il ne suffira pas alors de crier « dégage », il faudra venir avec un programme économique et social précis qui exclut la prédation capitaliste. 

*à comparer avec les photos prises lors du massacre des manifestants égyptiens contre le coup d’État militaire http://www.spiegel.de/fotostrecke/photo-gallery-a-people-divided-fotostrecke -100360-17.html 

**dans la sourate 35 ‘Le Miséricordieux’, traduction approximative des versets 7 et 8

(0) http://www.michelcollon.info/Samir-Amin-Oui-Morsi-et-les-Freres.html?lang=fr  

(1) http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/africaandindianocean/egypt/1025239 9/Muslim-Brotherhood-must-be-removed-like-Nazis-Egypts-ambassador-to-Britain -says.html
  
Source : Investig'Action - michelcollon.info
 
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