ELWATAN-ALHABIB
dimanche 30 juin 2013
 

Omar Aktouf. Expert international en management, HEC Montréal (Canada)

«La finance, c’est la destruction de l’économie»

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La crise économique de 2008, qui a secoué le capitalisme européen et nord-américain, a amené l’universitaire algérien Omar Aktouf à écrire un essai qui ressemble à un manifeste : Halte au gâchis, en finir avec l’économie-management à l’américaine.

Publié la même année aux éditions Liber au Canada, le livre vient d’être édité en Algérie par Arak éditions. «Une fois arrivé au Canada, commencé à enseigner le management et entré dans l’entreprise nord-américaine, je me suis rendu compte que derrière la réussite matérielle, il y a un gâchis incommensurable. Le premier de ce gâchis est le génocide amérindien. Les Indiens vivent aujourd’hui dans des réserves comme des animaux. Il y a aussi la pollution. Ces dix dernières années, les cas d’asthme à la naissance ont augmenté de 400% dans une ville comme Montréal à cause de la qualité de l’air. Le gâchis est aussi lié à la façon de penser la société, l’économie, la nature, le monde. Détruire pour faire de l’argent ! Economie et management vont ensemble. Ce type d’économie-management ne peut aboutir qu’à du gâchis qu’il est temps d’arrêter. Nous sommes déjà à la énième crise.
Et ce système ne peut continuer d’exister qu’à travers les crises», a estimé Omar Aktouf, invité des Rencontres d’El Watan. Selon lui, les business schools et les écoles de commerce américaines et canadiennes enseignent plutôt l’économie industrielle, pas l’économie politique. «On tourne en rond. On ne fabrique pas de connaissances et on ne les fait pas avancer. On répète les techniques de marketing, de comptabilité, de stratégie... et on fait comme si ces techniques étaient des connaissances. Il n’y a plus d’esprit critique. Cet esprit vous pouvez le trouver dans certaines facultés de philosophie ou de sociologie. Ceux qui ont les micros, les plateaux de télévision ou les pages de journaux sont ceux de la Right Wing, la droite», a-t-il estimé.

Remise en cause rituelle

Pour lui, les techniques sont appliquées sans conscience. Il est question de formatage. «Noam Chomsky l’a bien résumé en parlant de fabrication du consentement. Dans une conférence, Bill Clinton a déclaré que le peuple le moins cultivé des pays développés est le peuple américain ! Les médias et les universités appartiennent aux mêmes intérêts, les lobbies du pétrole, des produits pharmaceutiques et des armes. Le discours est le même. Les Américains et les Canadiens moyens pensent que les Etats-Unis passent leur temps à libérer le monde des dictatures, sauver les Afghans, les Irakiens, nourrir le monde !», a-t-il relevé. Le système est, d’après lui, remis en cause d’une manière rituelle par l’intervention d’intellectuels critiques à l’égard du néolibéralisme. «Les voix qui disent autre chose servent d’alibi. Ils disent : ‘Voilà nous sommes démocratiques’ (...). Le mouvement des Indignés a été bien muselé. Pour certains, tout ce qui existe sur terre et même dans l’univers n’a de sens que s’il est transformé en argent.

C’est de la bêtise !», a informé l’universitaire. Il a rappelé que la plupart des chefs d’Etat occidentaux avaient critiqué «le système financier» mondial à l’éclatement de la crise en 2008 en appelant à moraliser le capitalisme.
«La finance a remplacé l’économie. La finance, c’est la destruction de l’économie. La fabrication de l’argent par l’argent ne peut générer que l’inflation et de la surchauffe puisqu’il n’y a pas de services et de produits qui suivent. Les spéculateurs et les faiseurs d’argent dans les Bourses sont dangereux. Il n’y a pas de consensus pour changer ce système. Aux Etats-Unis, le véritable pouvoir se trouve à Wall Street, pas à Washington. On ne peut pas moraliser un système basé sur l’immoral. Le système capitaliste est bâti sur l’appât du gain et la cupidité. Et la cupidité rend stupide. L’esprit est figé, n’avance plus, n’est plus capable de lire la réalité telle qu’elle est. Le discours est fabriqué autour d’une réalité qui arrange la cupidité», a analysé Omar Aktouf.


La religion du management

La cupidité conduit, selon lui, vers la destruction, l’esclavagisme et la violence. «On va justifier tout cela avec un discours sur le leadership, la motivation, self achievement, self made man… trop de gens ont intérêt à maintenir ce système. Le management n’est-il pas devenu une religion fanatique ? Je défends les religieux qui ont une foi et une sincérité. Ils ont une autre dimension que celle d’accumuler les dollars. La production est devenue un acte de vol. On vole la nature, on vole le salarié. La comptabilité, c’est l’avarice, le marketing, c’est l’envie, le leadership, c’est l’orgueil, les ressources humaines, c’est la luxure... C’est ce qu’on enseigne dans les écoles de management. On enseigne les péchés mortels et puis on donne des cours d’éthique ! Il y a de quoi devenir fou», a-t-il noté.

Le modèle américain, pour lui, n’est pas une fatalité. «Si vous me dites que les Etats-Unis sont un pays développé, je m’allonge et je pleure. Les Etats-Unis sont un pays où il y a des gens riches. Il ne faut pas confondre. Pour moi, les pays développés sont la Suède, la Norvège, l’Allemagne, la Finlande, le Japon. Les Etats-Unis sont un pays riche, pas développé. Le développement signifie que le taux d’instruction et de culture des citoyens est élevé, que le taux de participation des citoyens à la politique quotidienne est important... Vous allez à Harlem ou au Bronx, à New York, les gens vivent dans des bidonvilles. Idem à Montréal. Les retraités américains ou canadiens n’ont pas accès aux soins. Cela concerne plus de 40% d’entre eux. Si vous êtes chômeurs aux Etats-Unis, vous êtes livrés à la rue», a souligné Omar Aktouf.


Propos choisis

> En Algérie, il faut défendre un Etat à l’allemande, à la scandinave ou à la japonaise.
> Aux Etats Unis, le système est bâti sur les lobbies. Et les lobbies, c’est la corruption officielle et légale qu’on appelle démocratie.

> En Allemagne, le lobbyisme existe mais pour défendre les intérêts de la société civile.

> Le modèle américain est extrêmement séduisant pour les classes dirigeantes. Je dis classes dirigeantes, pas élites.

Fayçal Métaoui
 
 


 

OMC, franc-maçonnerie et projet du Grand Moyen-Orient

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L’Algérie ne doit pas adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC)», a estimé Omar Aktouf, lors de son passage aux Rencontres d’El Watan.

Pour lui, «l’OMC ne travaille pas pour équilibrer le commerce mondial». Pour appuyer son raisonnement, il ajoute qu’«il n’y a aucun intérêt à adhérer à cet organisme». «Pour la Chine, il n’y a pas de problème, pour le Brésil un peu moins. Mais si l’Algérie adhère à l’OMC, elle sera immédiatement sous le coup du chapitre 11. C’est-à-dire que tout sera privatisé», avertit Aktouf. A titre d’exemple, il indique que «si vous refusez de vendre un barrage d’eau à une entreprise, l’OMC vous condamnera pour entrave au commerce international. Pendant toute la durée de la procédure judiciaire, l’entreprise, qui en même temps ne fait pas de profits, non seulement gagnera le procès, mais vous serez obligé de l’indemniser», explique-t-il. L’invité d’El Watan rappelle que «l’OMC interdit les subventions». Paradoxal dit Omar Aktouf, notamment lorsqu’on sait que «chaque vache américaine reçoit du gouvernement fédéral 3 dollars par jour. L’argent est perçu par des fermiers qui sont déjà riches». Il dénonce dans le même sillage ce qu’appelle l’OMC le consensus négatif. Des décisions prises sans prendre en considération l’avis des pays membres. «Le représentant algérien, même s’il n’ pas participé à des discussions, est obligé de se conformer aux décisions», précise-t-il.  

Le projet du Grand Moyen-Orient pour contrôler les hydrocarbures

«80% des énergies fossiles se trouvent dans les pays de ce que dénomment les Américains le Grand Moyen-Orient, soit du Maroc au Pakistan. Le capitalisme financier veut contrôler toutes ces ressources par la création de conflits», fait observer Omar Aktouf. Il explique que «le capitalisme financier, dominant et mondialisé, veut accaparer les richesses. Il a inventé le colonialisme. Ce capitalisme sauvage veut se propager en contrôlant les matières premières, la main-d’œuvre, l’argent et l’énergie».
Les sociétés secrètes comme la franc-maçonnerie sont intimEment liées aux lobbys
«Les affaires économiques sont trop importantes pour être laissées aux Etats, tel est le slogan de la Trilatérale créée, entre autres, par David Rockefeller», indique M. Aktouf.

Et de poursuivre : «Sous la Trilatérale, il y a le groupe de Bilderberg, Davos ainsi que d’autres organisations secrètes. Les communiqués du G8 et du G20 ne sont publiés que s’ils sont lus, modifiés et approuvés par la franc-maçonnerie.»

Lagarde passible de crime contre l’humanité

Oma Aktouf estime que «le FMI et sa présidente, Christine Lagarde, sont passibles de crimes contre l’humanité. Les mesures d’austérité décidées dans des pays surendettés, comme la Grèce et l’Espagne, ont conduit des gens au suicide et au déchirement de familles entières». «Un dollar d’austérité équivaut à trois dollars de croissance», analyse-t-il.
Il terminera en lisant la résolution adoptée par l’Association des économistes américains. Ces derniers ne veulent plus que l’économie soit considérée comme une science. Ils ont appelé les experts et les spécialistes à ne plus produire des rapports et des analyses pour plaire aux politiciens.         
 

Mehdi Bsikri
 
 

L’aventure syrienne du président Morsi 

 

 




Les égyptologues nous racontent que le pharaon Aménophis II, fils du grand Thoutmôsis III, a été contraint de mater une rébellion aux confins de la Syrie actuelle. La révolte écrasée, il rentra triomphalement chez lui avec des milliers de prisonniers, dont sept princes syriens, qu’il avait personnellement exécutés avec sa propre massue. Il accrocha leurs corps sur la proue de son vaisseau et les ramena jusqu’à Thèbes (aujourd’hui Louxor) où six d’entre eux furent exposés sur les murs du temple de Karnak. Le corps du septième malheureux fut traîné jusqu’en Nubie et subit le même sort atroce que celui de ses compatriotes « pour servir d’exemple aux princes éthiopiens et pour leur apprendre à respecter l’autorité du maître » [1].


Ahmed Bensaada
Vendredi 28 Juin 2013


L’aventure syrienne du président Morsi
Bien des siècles plus tard, le président Morsi se retrouve dans une situation analogue. Il aurait bien aimé mener une campagne punitive contre le président Bachar, ramener sa dépouille ainsi que celles de quelques-uns de ses proches pour les exhiber comme trophée de guerre sur la place Tahrir. Suivant les courbes de son fleuve mythique, il aurait ensuite sillonné le pays vers le sud, traînant avec lui les restes du président syrien, traversé les frontières et atteint les rives lointaines du lac Tana où nait le Nil bleu pour montrer aux Éthiopiens qui est le vrai maître des eaux du Nil. Mais, n’est pas Aménophis qui veut. Le président Morsi excelle plus dans le chapitre de la gesticulation que dans celui de la témérité. En effet, depuis son élection, il s’est évertué à appuyer sans réserve les insurgés syriens espérant avoir rapidement « la tête » du président Bachar qu’il aurait tant aimé « épingler » sur son piètre bilan présidentiel et, du coup, faire plaisir à ses bailleurs de fonds, à la confrérie des Frères musulmans dont il est issu et aux islamistes égyptiens de diverses sensibilités. D’un autre côté, il essaie de montrer ses « griffes » à la « méchante » Ethiopie qui veut sa part des eaux du Nil, faisant fi de vieux traités qu’elle juge obsolètes. A cet égard, le discours explicitement va-t-en-guerre du président égyptien et de ses partisans islamistes est non seulement étonnant de la part de responsables d’un pays de l’envergure de l’Egypte, mais ne sied guère aux règles élémentaires d’une diplomatie responsable et efficace.

A vrai dire, Morsi n’a rien à voir avec Aménophis, si on en juge par le grand nombre de bourdes politiques qu’il a commises durant sa première année de magistrature, si bien que certains journalistes se sont questionnés sur « ses capacités d’homme d’Etat » [2]. Et cela sans compter ses agissements aux antipodes de la bienséance en visite officielle [3], ou d’autres aspects personnels, encore plus gênants pour l’étiquette et l’aura présidentielles, fussent-elles d’un pays comme l’Egypte [4].
Il est important de noter, d’autre part, que parmi les pays de la région qui aident activement la rébellion syrienne et qui n’ont comme unique option politique que celle de l’anéantissement du président Bachar, la presse internationale a coutume de mentionner le Qatar, l’Arabie saoudite ou la
Turquie. Très rarement le nom de l’Egypte n’est cité, alors que les positions de ses dirigeants islamistes « post-printaniers » sont aussi intransigeantes que celles des pays évoqués, voire plus.

Tels les « Onze d’Athènes » qui faisaient en même temps office de policiers et de magistrats dans l’antique cité grecque, onze pays se sont rencontrés à Doha le 21 juin 2013 pour « coordonner l’aide aux rebelles syriens » [5]. A côté des cinq pays occidentaux membres du G8 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie), étaient présents : le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie, la Jordanie, les Emirats arabes unis et, bien sûr, l’Egypte. Selon certaines sources, seules l’Allemagne et l’Italie n’ont pas été d’accord sur l’apport d’aide militaire aux insurgés syriens [6].
Quelques jours avant cette réunion des « vrais » amis de la Syrie (les amis « tout court » étaient bien plus nombreux lors des rencontres précédentes), le président Morsi avait annoncé la rupture « définitive » des relations diplomatiques de son pays avec la Syrie et a « exhorté la communauté internationale à instaurer une zone d’exclusion aérienne en Syrie afin de favoriser les rebelles contre les forces gouvernementales » [7]. Rappelons à ce titre que même l’administration Obama avait rejeté cette idée, la jugeant inadaptée à la situation syrienne [8].
Cette décision, prise le 15 juin 2013 par Morsi, dans un stade du Caire, devant un parterre d’islamistes acquis à sa cause, n’est en fait qu’un jalon de plus dans sa politique de soutien sans réserve aux opposants syriens.
Le président égyptien n’a jamais changé de cap depuis son accession à la magistrature suprême. Et cela a commencé dès son discours d’investiture du 30 juin 2012 à l’université du Caire, tout juste après avoir prêté serment comme premier président égyptien élu. Il avait alors déclaré : « Nous soutenons le peuple syrien. Nous voulons que l’effusion de sang cesse » [9].
Par « peuple syrien », il entendait « rébellion syrienne » et l’histoire nous a montré que, depuis, le sang syrien n’a malheureusement jamais autant coulé.

Et les chiffres sont éloquents à ce sujet : d’août 2012 (soit quelques semaines après le discours d’investiture de Morsi) à aujourd’hui, le nombre de victimes syriennes est passé de 25 000 [10] à 93 000 et celui des réfugiés de 200 000 à plus de 1,6 million [11]. Comme dans ce genre de conflit, ce sont les populations civiles qui sont les plus touchées, il va sans dire que la politique étrangère du président « frériste » est au moins aussi catastrophique que celle qu’il prône à l’intérieur de son pays. En une année, Morsi a réussi à créer un climat d’insatisfaction populaire généralisée comme en témoignent les millions de signatures recueillies par une pétition appelant à son départ [12].
Désirant prendre le leadership dans le contrôle de la rébellion syrienne, Morsi et son administration ont favorisé la création, au Caire, du Conseil pour la révolution syrienne (CRS), un nouveau groupe d’opposition constitué de dissidents syriens. Créé à peine un mois après l’investiture du président égyptien, le CRS était censé proposer une alternative au Conseil national syrien (CNS) qui faisait face, à l’époque, aux dissensions intestines de l’opposition syrienne [13] et former un gouvernement en exil basé au Caire [14]. Vivement critiquée par l’Armée syrienne libre (ASL), cette initiative n’a pas eu l’effet escompté et les desseins secrets de Morsi n’ont pas dépassé le stade embryonnaire.
Morsi a aussi utilisé des tribunes internationales pour exposer sa « politique syrienne ». Ainsi, au 16e Sommet des pays non alignés qui s’est déroulé à Téhéran fin août 2012, il a créé un incident diplomatique en dénonçant le « régime oppressif » syrien devant les représentants des 110 délégations présentes à cet évènement. Mécontente de la teneur des propos de Morsi, la délégation syrienne avait quitté l’assemblée [15].
Juste quelques jours après cet incident, l’administration de l’opérateur de satellites de télécommunications égyptien semi-public Nilesat a décidé d’arrêter la diffusion des chaînes étatiques syriennes, officiellement à la suite d’une requête de la
Ligue arabe [16]. Néanmoins, cette rapide et sévère sanction n’a pas dû se faire sans l’approbation et la jubilation du gouvernement égyptien.
A ce sujet, il faut reconnaître que les islamistes égyptiens en général et les Frères musulmans en particulier ont la mémoire courte. En 2008, sous le « règne » de Moubarak, la chaîne de télévision satellitaire Al-Hiwar (très) proche de la confrérie avait aussi été bannie par Nilesat [17]. Cette mesure avait été prise par les plus hautes instances du gouvernement de l’époque, car la chaîne était jugée très critique à leur égard. Cette mesure avait d’ailleurs coïncidé avec la déclaration de Jamal Moubarak (fils de l’ex-président) dans laquelle il qualifiait certaines chaînes de « partisanes cherchant à porter atteinte à l’Egypte » [18].

Et quelle avait été la réaction des Frères musulmans ? Sur leur site, on peut encore lire : « Le bannissement de la chaîne Al-Hiwar de Nilesat contredit toutes les valeurs et les critères professionnels » [19]. Ne pourrait-on pas reprendre la même phrase pour les chaînes syriennes ? Surtout si l’on tient compte de l’omniprésence des dissidents syriens sur les plateaux de télévisions égyptiennes et du black-out total sur les informations provenant du gouvernement syrien.
Après sa démarche quelque peu hasardeuse avec la création du CRS, l’Egypte s’est reprise lors de la conférence de Doha de novembre 2012. Cette rencontre avait accouché sous forceps d’une « Coalition nationale de l’opposition syrienne » censée regrouper les différentes factions de l’opposition syrienne dans un organisme beaucoup plus fédérateur que le CNS. Bien que très réservée à l’égard de cette nouvelle entité [20], l’Egypte s’est engagée à lui offrir son hospitalité et abriter ses quartiers généraux au Caire [21]. De quoi toujours rester sur le devant de la scène dans le dossier syrien.
Interviewé par la chaîne américaine CNN en janvier 2013, Morsi a accusé Bachar de crimes de guerre contre sa population [22]. Faut-il rappeler que c’est ce même président égyptien qui, quelques mois auparavant, envoyait des lettres très chaleureuses au président israélien Shimon Peres, le qualifiant de « cher et grand ami » et d’« ami fidèle » [23] après tous les massacres perpétrés par l’Etat hébreu contre les Palestiniens ? Et que c’est ce même Morsi qui disait que « les juifs sont des suceurs de sang, des descendants des porcs et des singes » en 2010, alors qu’il n’était pas encore aux commandes du pays [24] ?
Malgré l’inexorable dégradation de la situation économique et financière de l’Egypte [25], Morsi et son gouvernement se sont engagés à aider financièrement la rébellion syrienne [26] lors de la récente rencontre des « Onze ».

Cette stratégie a été vivement critiquée en Egypte. Certains sont convaincus que Morsi utilise
le drame syrien pour détourner l’attention des problèmes économiques complexes, alors que d’autres pensent qu’il s’agit d’une vraie déclaration de guerre [27]. Dans une charge contre la politique syrienne de Morsi, le journaliste égyptien Moustafa Bakri a déclaré que « cette position, qui reflète la position de la présidence, est un aveu explicite que les dirigeants égyptiens au pouvoir sont impliqués dans la guerre contre la Syrie et qu’ils soutiennent officiellement l’envoi et la prise en charge de combattants tout en leur fournissant les garanties de ne poursuivre aucun d’entre eux après leur retour au pays » [28].
De son côté, le Mouvement du 6 avril, fer de lance de la contestation anti-Moubarak, a jugé que la rupture des relations avec la Syrie est un signe du manque de vision politique du président « alors que la situation en Syrie est compliquée et requiert avant tout une décision qui mettrait un terme au bain de sang » [29].
Il faut reconnaître que la politique suivie par Morsi et son gouvernement n’est nullement guidée par l’intérêt de l’Egypte, mais plutôt par celui de la Confrérie des Frères musulmans. Leurs accointances idéologiques avec les rebelles syriens sunnites, leur soif de vengeance pour les exactions commises par Assad père contre les Frères musulmans syriens, leurs relations privilégiées avec le Qatar, grand « argentier » des mouvements islamistes, leur lien « fraternel » avec le Cheikh Youssef
Al-Qardaoui, rédacteur en chef des fetwas pour le djihad en Syrie et prédicateur vedette de l’émirat du Qatar et, finalement, leur désir de plaire à tout prix à l’administration américaine afin de se maintenir au pouvoir sont les grandes lignes qui expliquent leur stratégie dans le dossier syrien.
Mais où est-elle donc alors cette volonté de travailler pour que cesse l’effusion de sang syrien ? Et qui se rappelle que du temps du président Nasser, considéré par les Frères musulmans comme un de leurs pires ennemis, l’Egypte et la Syrie ne formaient qu’un seul pays ? Dans le domaine de la politique intérieure, c’est du pareil au même.

Morsi et son gouvernement mettent au premier plan leur appartenance à la confrérie et leur désir de « frériser » la vie politique du pays les a amenés à procéder à des nominations controversées. Sur les 27 gouvernorats égyptiens, dix sont actuellement dirigés par des Frères musulmans [30]. A Louxor, la mythique Thèbes, joyau du tourisme égyptien, c’est Adel Mohamed Al-Khayat, un ancien chef du groupe islamiste radical Jamaa el-Islamiya, qui a été nommé gouverneur. En 1997, cette organisation terroriste avait revendiqué un attentat perpétré à Louxor. Bilan : 62 morts (58 touristes et 4 Egyptiens), dont certains ont été sauvagement achevés à l’arme blanche. L’immense tollé provoqué par cette nomination vient de contraindre le gouverneur fraîchement désigné (et ex-terroriste) à la démission [31]. Actuellement, l’opposition égyptienne semble galvanisée autour de la gigantesque manifestation qu’elle veut organiser le 30 juin 2013 pour demander le départ du président Morsi et l’organisation d’élections anticipées. Initialement pris à la légère par la confrérie, cet évènement, prévu après exactement un an de présidence de Morsi, commence à sérieusement l’inquiéter. Pourra-t-elle résister à cet ultime coup de boutoir ?
Produit du légendaire sens de l’humour égyptien, une blague de l’opposition a circulé sur la toile après la décision controversée du président Morsi : « Félicitations au peuple syrien ! Morsi a rompu ses relations diplomatiques avec vous. Nous espérons que le 30 juin, il les rompra aussi avec nous ! »
Dans ce cas de figure, et à défaut de ressembler à Aménophis II, Morsi suivra les pas de Mentouhotep VII dont le règne ne dura qu’un an. Malgré cela, on peut lire sur sa stèle érigée au temple de Karnak : « Je suis le roi au sein de Thèbes » [32].

Références

Gaston Maspero, « Histoire ancienne des peuples de l’Orient », Hachette, Paris, (1876), http://remacle.org/bloodwolf/livres/maspero/invasions.htm#_ftnref250
Aliaa Al-Korachi, « Crise politique: Les agissements problématiques de Morsi », Al-Ahram Hebdo, 12 décembre 2012, http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/952/10/124/1045/Crise-politique-Les-agissements-probl%C3%A9matiques-de-.aspx
Blottr, « Egyptian President filmed rearranging himself on live TV [VIDEO] »,27 septembre 2012, http://www.blottr.com/breaking-news/egyptian-president-filmed-rearranging-himself-live-tv-video
Rania Massoud, « Morsi, la charia et le savon », L’Orient le jour, 24 avril 2013, http://www.lorientlejour.com/article/811556/morsi-la-charia-et-le-savon.html
AFP, « Syrie: 11 pays samedi à Doha pour coordonner l'aide aux rebelles », Le Nouvel Observateur, 21 juin 2013, http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20130621.AFP7138/syrie-11-pays-samedi-a-doha-pour-coordonner-l-aide-aux-rebelles.html
AFP, « Les «Amis de la Syrie » vont renforcer l’aide à l’opposition », Libération, 22 juin 2013, http://www.liberation.fr/monde/2013/06/22/les-amis-de-la-syrie-vont-renforcer-l-aide-a-l-opposition_912999
Alexandre Buccianti, « Morsi rompt les liens diplomatiques entre l'Égypte et la Syrie », RFI, 16 juin 2013, http://www.rfi.fr/afrique/20130616-le-president-morsi-rompt-liens-diplomatiques-entre-egypte-syrie
AFP et Reuters, « Washington rejette l'idée d'une zone d'exclusion aérienne en Syrie », Le Monde, 15 juin 2013, http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/06/15/washington-rejette-l-idee-d-une-zone-d-exclusion-aerienne-en-syrie_3430667_3218.html
AFP, « L'Égypte soutient le peuple syrien, veut que l'effusion de sang cesse (Morsi) », L’Orient le jour, 30 juin 2012, http://www.lorientlejour.com/category/Derni%C3%A8res+Infos/article/766269/LEgypte_soutient_le_peuple_syrien%2C_veut_que_leffusion_de_sang_cesse_%28Morsi%29.html
AFP, « L'opposition syrienne crie au massacre à Daraya », La Presse, 26 août 2012, http://www.lapresse.ca/international/dossiers/crise-dans-le-monde-arabe/syrie/201208/26/01-4568225-lopposition-syrienne-crie-au-massacre-a-daraya.php
AFP, « Angelina Jolie réclame de l'aide pour les réfugiés syriens », La Presse, 19 juin 2013, http://www.lapresse.ca/cinema/nouvelles/celebrites/201306/19/01-4662839-angelina-jolie-reclame-de-laide-pour-les-refugies-syriens.php
AFP, « EGYPTE. Morsi appelle au dialogue », Le Nouvel Observateur, 22 juin 2013, http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20130622.OBS4236/egypte-morsi-appelle-au-dialogue.html
Reuters, « Égypte: Un nouveau groupe d'opposition syrien créé au Caire », 20 Minutes, 31 juillet 2012, http://www.20minutes.fr/ledirect/979735/egypte-nouveau-groupe-opposition-syrien-cree-caire
RTBF, « Syrie: un gouvernement en exil au Caire va être formé », 31 juillet 2012, http://www.rtbf.be/info/monde/detail_syrie-combats-pres-du-siege-des-renseignements-aeriens-a-alep?id=7813539
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Reporters sans frontières, « La diffusion de la chaîne de télévision Al-Hiwar interrompue sur le satellite Nilesat », 3 avril 2008, http://archives.rsf.org/imprimer.php3?id_article=26445
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Dedefensa, « Les dessous coquins de l’accord de Doha », 14 novembre 2012, http://www.dedefensa.org/article-les_dessous_coquins_de_l_accord_de_doha_14_11_2012.html
Reuters, « L'opposition syrienne basée au Caire », 19 novembre 2012, http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/11/19/97001-20121119FILWWW00548-opposition-syrienne-basee-au-caire.php
CNN, « Morsy backs Syrian calls for al-Assad to face war crimes trial », 7 janvier 2013, http://www.cnn.com/2013/01/06/world/meast/egypt-morsy-interview
May Al-Maghrabi et Noha Ayman, « Morsi joue la realpolitik », Al Ahram Hebdo, 24 octobre 2012, http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/1/130/532/Morsi-joue-la--realpolitik.aspx
Roger Astier, « Vidéo: Morsi: "Les juifs sont des suceurs de sang, les descendants des porcs et des singes!" », JSSNews, 5 janvier 2013, http://jssnews.com/2013/01/05/video-morsi-les-juifs-sont-des-suceurs-de-sang-les-descendants-des-porcs-et-des-singes/
Direction générale du Trésor français, « Situation économique et financière de l'Égypte », 4 juin 2013, http://www.tresor.economie.gouv.fr/7458_situation-economique-et-financiere-de-legypte-avril2013
Manar Mohsen, « Egypt to aid Syrian rebels », Daily News Egypt, 15 juin 2013, http://www.dailynewsegypt.com/2013/06/15/egypt-to-aid-syrian-rebels/
La voix de la Russie, « Égypte-Syrie : rupture des relations », 16 juin 2013, http://french.ruvr.ru/2013_06_16/L-Egypte-la-rupture-avec-la-Syrie-6373/
Karim Chaabane, « Mostafa Bakri: Morsi appuie les opérations terroristes en Syrie », El Fagr, 14 juin 2013, http://new.elfagr.org/Detail.aspx?nwsId=361442&secid=1&vid=2#
Sybille De Larocque, « La stratégie syrienne du président Morsi vivement critiquée en Égypte », JOL Press, 18 juin 2013, http://www.jolpress.com/egypte-diplomatie-syrie-strategie-syrienne-president-mohamed-morsi-vivement-critiquee-article-820206.html
The Big Story, « Egypt appoints 17 governors, including 8 islamists », 16 juin 2013, http://bigstory.ap.org/article/egypt-appoints-17-governors-including-8-islamists
AFP, « Égypte : le nouveau gouverneur controversé de Louxor démissionne », Le Monde, 23 juin 2013, http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/06/23/egypte-le-nouveau-gouverneur-controverse-de-louxor-demissionne_3435051_3212.html#xtor=RSS-3208
Kim Ryholt, « The Political Situation in Egypt during the Second Intermediate Period c.1800-1550 B.C. », Museum Tusculanum Press, (1997), p.160
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samedi 29 juin 2013
 

GUERRE EN SYRIE. Pourparlers de paix de Genève II: Est-ce pour préparer la paix ? 

 

 



Par DJERRAD Amar
Chaque jour qui passe sur le terrain des combats, en Syrie, révèle que la guerre contre ce pays n’est pas ce que l’on rabâche depuis plus de 2 années, à savoir «un soulèvement populaire spontané » contre ses dirigeants pour recouvrer sa dignité et sa liberté, mais bien d’un complot pour déstabiliser cet État, considéré gênant les objectifs et les visées impérialistes dans la région.
Pour ce faire, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, le Qatar, la Turquie, l’Arabie Saoudites et Israël ont engagé tous les moyens pour permettre aux groupes armés affublés «thouar» (révolutionnaires) – la plupart mercenaires islamistes – pour mener une guerre, sans merci, contre l’État syrien et renverser son gouvernement, dans le but d’affaiblir l’axe de résistance, en admettant pour cela les pires atrocités.
Par l’origine diverse des groupes armés islamistes, hier «terroristes», métamorphosés , aujourd’hui, momentanément «révolutionnaires» rétribués sous la fausse bannière «djihadistes» ; par la provenance de l’armement en leur possession ; par les objectifs visés ; par les agissements et les réactions des pays manipulateurs engagés, il est indéniable que cela obéit à un plan réfléchi, destiné à instaurer le chaos sur une géographie déterminée, pour ensuite recomposer selon les désidératas et objectifs prévus. Ce projet américain est consacré dans ce qui est appelé le «Grand Moyen-Orient» auquel est intégré le projet israélien dit «Yinon» destiné à assurer la supériorité d’Israël.
Deux années de guerre, de destructions de toutes natures, de sanctions et de pressions – contre un État souverain où tous les moyens illégaux, même les plus immoraux et abjects, ont été utilisés – n’ont pas permis de venir à bout d’un peuple résistant, d’une armée forte et unie. Deux années sans voir l’effondrement prévu malgré les sommes colossales engagées par les bailleurs arabes vassaux ainsi que la formidable guerre médiatique soutenues par d’éminents hommes de cultes, corrompus, chargés de l’endoctrinement des masses musulmanes par la religion. L’échec de l’aventure semble bien consommé et les cartes jouées.
Depuis les derniers développements avec la récupération d’Al Quseir et de sa banlieue – localité hautement stratégique pour les planificateurs américano-sionistes qui devait aboutir à la prise de Damas – par l’armée syrienne des mains des «insurgés», tous les calculs ont été bouleversés et les objectifs compromis. Avec cette récupération surprise, suite à une offensive ‘éclair’ et décisive, de cette petite ville où se sont solidement concentrées les forces "wahabo-takfiristes", on annonce déjà des échecs sur d’autres fronts. Cette bataille d’Al Quseir a été particulièrement déterminante par l’appui, à la frontière libanaise, des éléments du Hezbollah qui n’ont laissé, aux groupes armés, aucune possibilité d’infiltration, d’exfiltration ou d’approvisionnement. Une assistance inattendue qui a été condamnée par la…Ligue arabe. L’autre élément est que l’armée syrienne a su se convertir, en la circonstance, en une redoutable force contre-guérilla.
Les résultats d’Al Quseir sur le plan militaire et tactique, avec ses effets ravageurs sur les autres groupes, ont créé un climat de défaite, une situation d’impasse mettant les groupes armés dans un état de déroute et les commanditaires dans une profonde confusion. C’est donc bien les résultats sur le terrain des combats qui dictent ou imposent la nature des changements.
Il ne restait que l’annonce par les deux «Grands», les USA et la Russie, d’une conférence «internationale» sur la Syrie, prévue à Genève, qui se veut l’ultime round pour sceller cet encombrant et dangereux dossier par la voie politique, malgré l’agitation et les élucubrations des autres protagonistes qui soutiennent une solution militaire.
Tant que l’on pouvait encore financer et remplacer les groupes anéantis,  tant que l’on disposait encore de ‘cartes’ de pressions politiques et économiques, tant que les étapes du Plan tracé avançaient, il n’était pas envisageable de négocier quoi que ce soit. Avec la bataille d’Al Quseir, qui avait bouleversé, les données les commanditaires étaient contraints, dans la précipitation, d’adopter une série de manœuvres aussi insensées que dangereuses. Dès que les principaux groupes armés, que domine Al Nosra, ont été laminés ou réduits, il ne restait aux stratèges américano-sionistes et leurs suppôts arabo-monarchiques que de présenter du «réchauffé» en rabâchant les mensonges éculés, sans preuve voire sans conviction, ou tenter d’autres diversions et agissements dans l’espoir de disposer d’arguments et de moyens de pression consistants lors cette Conférence dite de «Genève II». Mais le reste du monde connait ces manœuvres, s’en méfie, les réprouve.
Voyant leurs plans foirer, on réitère la fallacieuse histoire de l’utilisation, par l’armée syrienne, des armes chimiques que réfute Carla del Ponté en affirmant que ce sont les groupes armés qui les ont utilisés contre l’armée syrienne et les civils. Même la demande syrienne d’une enquête, in- situ, de l’ONU a été capotée par les EU qui voulaient l’étendre à tous les endroits de stockage éventuels de ce genre d’armes. En dépit de toutes les preuves filmées montrant des scènes de préparation de ces armes par les groupes armés, rien n’y fait, les EU accusent l’armée syrienne en concoctant un autre plan de communication sur les armes chimiques depuis la Jordanie en le faisant coïncider avec les exercices militaires en préparation dans ce pays. La France a été chargée par le biais du journal «Le Monde» de lancer la propagande, d’en fournir les éléments de preuves, même inconsistantes, pour en faire un motif d’intervention militaire extérieure. La Russie rejette ces accusations d’utilisation d’armes chimiques par les troupes gouvernementales syriennes, mais annonce par Poutine, en conférence de presse, lors du sommet du G8 à Lough Erne (Irlande du Nord), que son pays était prêt à participer à la vérification des cas d’utilisation de ces armes en Syrie et à soumettre les résultats au Conseil de Sécurité.
On tente aussi de relancer le projet illégal et dangereux d’une zone d’exclusion aérienne depuis la frontière jordanienne cette fois, qui serait de 40 km, pour permettre, en fait, de recomposer les groupes anéantis, faciliter l’acheminement des armes et des ravitaillements. Ce ‘no-fly zone’, qui coûterait 50 millions de dollars/jour, sera non seulement une violation d’un pays souverain, s’il ne passe pas par le Conseil de sécurité, mais est de nature à enflammer la région, car la Syrie sera en droit de riposter à toute violation de son territoire et son espace aérien sera très risqué aux pilotes qui s’y aventureront surtout si elle dispose des redoutables missiles S300, en plus de son arsenal offensif.
On relance, tambour battant, le désir d’armer les groupes avec des armes modernes comme si les armes utilisées, jusque-là, venaient du néant ! La question qui les effraye est le risque de voir ces armes se retournent contre eux une fois le problème de la Syrie réglé dans les deux cas de figure. De ce fait, classer ‘Al Nosra’ organisation terroriste était le seul moyen de faire éliminer cet encombrant groupe. L’autre crainte est de voir aussi ces armes récupérées par l’armée syrienne comme toutes celles laissées par les groupes éliminés.

Au même moment, au vu des difficultés à recruter, on fait organiser, en Égypte, une conférence des oulémas musulmans à leur tête Al Qaradhaoui pour, essentiellement, lancer un appel demandant aux musulmans du monde de venir faire le Djihad en Syrie contre le «régime de Bachar» ; chose qui n’a jamais été faite contre le régime sioniste d’Israël qui ne cesse depuis plus de 60 ans de spolier et d’assassiner les palestiniens. Ce projet d’armer et condamné par la Russie qui y voit une volonté de poursuivre les tueries et donc contraire au but de la Conférence qui veut instaurer la paix. La Russie réfute le pendant fait avec sa livraison d’armes défensives qui obéissent, selon elle, à des contrats légaux avec un gouvernement légitime, telles les batteries antimissiles russes S-300 qui ne peuvent pas servir à réprimer l’opposition armée.

Toutes ces agitations et gesticulations ne seraient pas apparues s’il n’y avait pas domination par l’armée syrienne du terrain des combats. Lorsque les groupes armés occupaient des pans entiers de territoire, imposant leurs lois en martyrisant les populations, détruisant les infrastructures économiques, sociales et culturelles, foulaient des pieds les lois internationales et la morale, l’Occident encourageait en espérant la généralisation du chaos sur toute la Syrie pour le projeter à tous les États de l’axe de la résistance avec en ligne de mire l’Iran, mais lorsque la situation s’est renversée par la reprise en main des choses par l’armée syrienne avec risque d’anéantissement de toute la stratégie tracée pour ce Moyen-Orient, le voilà exhiber les «lois internationales» pour faire condamner la Syrie de crimes de guerre non avérés ou commis par leurs hommes pour en accuser l’adversaire.
La Conférence dite de "Genève II" a pour but de trouver une solution politique à la crise syrienne que soutiennent de nombreux pays. S’y présenter sans éléments de pression serait absurde. D’où l’activisme de l’Occident à vouloir s’y présenter forts d’arguments leurs permettant de soutirer un maximum de dividendes. Ce qui explique qu’en même temps les Américains s’activent, parallèlement, à vouloir armer plus et mieux les «rebelles» et à instaurer une zone d’exclusion aérienne. Ce contraste ne peut que viser à éloigner l’échéance de la Conférence dans l’espoir, sans aucun doute, de gagner du temps afin de glaner des cartes de pression politique plus avantageuses, via leurs troupes. Un certain Driss Salim, du commandement de l’ASL, aurait promis de défaire les forces armées syriennes en… six mois si l’Occident lui fournit les armes nécessaires. Les Américains n’étant pas dupes, il est fort probable que leur Plan prévoit une option plus handicapante visant à éterniser la présence des terroristes à l’intérieur et autour de la Syrie en créant un foyer permanent prêt à en faire usage à tout moment et ce, à défaut de la victoire immédiate souhaitée.
Nous avons donc, après plus de deux ans :
-  Une Syrie engagée dans une guerre sanglante contre une «rébellion» hétéroclite composée de milliers d’éléments étrangers soutenus militairement et financièrement par une coalition de pays impérialistes pro-sionistes, la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite appuyés par des ONG affidées et des milieux religieux musulmans sectaires.
-  Une domination de l’armée syrienne sur le terrain des combats et des groupes armés, composés de plusieurs nationalités, en débandade.
- Un camp agresseur dans une grande confusion et indécis qui veut armer, pour «équilibrer les forces» dit-il, des groupes dont il craint qu’ils se retournent contre lui tout en spéculant sur une intervention militaire directe hasardeuse.
- Une Turquie d’Erdogan qui se retrouve dans la situation de «l’arroseur-arrosé» qui n’arrive plus à finir sa mission de déstabilisation de la Syrie.
- Une Égypte de Morsi – empêtrée dans des problèmes économiques, sociaux et institutionnels – qui se permet de suggérer sa disposition à assumer le rôle de la Turquie par des signaux en coupant toute relation avec la Syrie et en affichant son intention d’impliquer son armée. Chose que les hautes instances militaires jugent irréalisables contre tout pays «frère».
 - Deux puissants ‘blocs’ qui s’affrontent pour un partage d’influence et d’intérêts. L’un croyant à la force militaire pour pouvoir étendre son hégémonie et l’autre qui veut montrer que le monde n’est plus unilatéraliste et qu’il est vain d’en nier l’évidence au risque d’un conflit généralisé.
Il faut être aveugle pour ne pas voir, à travers la guerre imposée à la Syrie de l’extérieur, une volonté de tailler à la hache toutes les  nations de la région pour les affaiblir, les piller, les assujettir pour des siècles de « transition démocratique ».
 
vendredi 28 juin 2013
 

Terrorisme En Syrie : Les Vrais Commanditaires

"... Le soutien et l'armement à la soit disante opposition syrienne détourne l'attention de la menace posée par Israël et son agenda expansioniste en faisant de l'ennemi un ennemi interne afin d'affaiblir l'état... Le chaos dont nous sommes témoins en Syrie actuellement était en préparation depuis des années avec l'aide et le soutien des agents d'influence israéliens pour appliquer l'agenda d'Israël - l'expansion et le contrôle des ressources régionales en eau tout en affaiblissant ses adversaires..."



Terrorisme En Syrie : Les Vrais Commanditaires

Dans son discours extrêmement rude et direct devant le parlement irlandais, Clare Daly (député Dublin Nord) a qualifié Obama de "criminel de guerre" et "d'hypocrite du siècle".

Bien que Daly ait certainement raison de reprocher à Obama sa politique criminelle dont l'aide aux terroristes en Syrie cela vaut la peine de faire remarquer qu'Obama n'est qu'un simple instrument consentent ( dans le conflit syrien) ses commanditaires leurs motivations et les politiques menées méritent qu'on les scrute plus amplement et qu'on les expose.

Le soutien et l'armement à la soit disante opposition syrienne détourne l'attention de la menace posée par Israël et son agenda expansionniste en faisant de l'ennemi un ennemi interne afin d'affaiblir l'état. Comme l'a dit l'ancien chef des renseignements israéliens, Amos Yadlin, devant le public du Forum sur la Politique d'Israël en Février 2013 : " et cette armée ( l'armée syrienne ) qui est un énorme menace pour Israël est actuellement aussi entrain de s'affaiblir et d'une certaine façon de se désintégrer ( discours avant la victoire de Qusayr et + ndlt). Nous courons néanmoins le risque de la part de la Syrie - un risque d'être un pays d'Al Qaeda, un pays du type Somalie- mais du point de vue militaire ces deux possibilités sont moins dangereuses que l'armée régulière syrienne."

Entretenir des adversaires pour qu'ils se tuent entre eux est une tactique qui a fait ses preuves dans le temps - celle qui a été utilisée pendant la guerre sanglante Irak Iran de 8 ans, une guerre qui selon Leon Wieseltier était faite pour détourner l'attention alors que les bottes israéliennes étaient au Sud Liban. Dans cette guerre, les US ont fourni des armes et des renseignements aux deux adversaires. Quand on a demandé quelle était la logique d'aide aux deux camps dans cette guerre sanglante, un ancien responsable a répondu "Vous auriez du être là bas".

Mais pourquoi la Syrie ?

Le besoin d'eau

Le premier objectif de la direction sioniste c'était de contrôler et sécuriser les ressources en eau de la région. Lors de la Conférence de Paris de 1919, Haim Weizmann a déclaré que "c'est d'une importance vitale non seulement de sécuriser toutes les ressources en eau alimentant le pays mais aussi de les contrôler à leurs sources"- et le développement de ces ressources en eau est devenu l'objectif premier du "Yishuv" - colonisation - dans son ensemble. Cette politique est restée en place. Comme l'a dit le premier ministre israélien Levi Eshkol, l'eau est "le sang circulant dans les artères de la nation".

Comme déclaré auparavant, le chaos dont nous sommes témoins en Syrie actuellement était en préparation depuis des années avec l'aide et le soutien des agents d'influence israéliens pour appliquer l'agenda d'Israël - l'expansion et le contrôle des ressources régionales en eau tout en affaiblissant ses adversaires.

Israël a affronté l'une de ses pires sécheresses en 1990-1991. Une deuxième sécheresse sévère l'a obligé à se tourner vers la Turquie riche en eau. La Turquie et Israël ont engagé des négociations sérieuses dés le début de Mai 2000 pour importer 50 milliards de M3 d'eau potable de Turquie utilisant des navires tankers mais l'utilisation de ces derniers n'était pas rentable pour le transport de l'eau. Des plans alternatifs ont été envisagés.

En Septembre 2000 la même année ou le jeune Bashar al Assad a succédé à son père comme président de la Syrie, un document de stratégie intitulé " The Geopolitics of Water " présenté par l'IASOS ( Institute for Advanced Strategic and Political Studies ) a émis l'avis que " comme les propositions étendues de planification d'eau nécessiteront d'établir des aqueducs et des terminaux traversant les frontières une structure politique et militaire qui peut assurer la sécurité des moyens de transport sera une pré requis pour le partage efficace de l'eau... Mais un système régional efficace exigerait une coopération politico militaire contre la Syrie"

Mais cela peut-il se faire ?

Les agents d'influence israéliens à la rescousse

Le magnat des médias Haim Saban s'est impliqué dans la politique au milieu des années 90 avec pour objectif le soutien Israël. Lors d'une conférence en Israël Saban a décrit sa méthode pour influencer la politique américaine :

" faites des dons aux partis politiques créer des thinks tanks et contrôler les médias"

(Saban a écrit un article d'opinion dans le New York times en soutien à la candidature du président sortant Obama en 2012)

Pas surprenant donc qu'en 2003 Saban se soit engagé à verser 13 millions de $ pour créer une organisation au sein de la Brookings Institution appelé le Saban Center for Middle East Policy (Centre Saban sur la Politique au Moyen Orient). Le Centre Saban a joué un rôle important pour faire émerger l'opposition syrienne ( comme il l'a fait en en alimentant l'agitation post électorale en Iran en 2009 par la publication de son document intitulé "Which Path to Persia ? Options for a New American Strategy Towards Iran " (Quelle voix pour la Perse ? Options pour une Nouvelle Strategie Américaine à l'égard de l'Iran).

En 2006 le Time Magazine a révélé que les US avaient activé, financé et soutenu l'"opposition" en Syrie. Selon ce Magazine les US soutenaient des réunions régulières d'activistes de la diaspora et de l'intérieur en Europe. L'article exprimait sans détour l'espoir que "ces réunions faciliteront une stratégie plus cohérente et un plan d'actions pour tous les activistes anti Assad".

C'est important de mentionner ici que le soutien de l'Amerique pour la soit disante "opposition" qui inclue des criminels, des terroristes, et des combattants étrangers pour effectuer un changement de régime corrobore l'hypocrisie totale de l'Amerique.Selon le chapitre 18 paragraphe 2385 de l'USC (Constitution des US) encourager le renversement du gouvernement ( Loi Cornell) " organiser ou aider ou tenter d'organiser toute société tout groupe ou assemblée de personnes qui professe ou encourage le renversement ou la destruction du gouvernement des US ou le gouvernement d'une quelconque subdivision par la force et la violence " encourt des conséquences sérieuses dont des amendes et des peines de prison pouvant aller jusqu'à 20 ans.

Ce qui est le plus révélateur sur l'article mentionné ci dessus du Time Magazine de 2006 c'est que les efforts de l'Amérique pour aider l'opposition et affaiblir Assad ont été menés via une Fondation dirigée par Ahmad Abdulhamid un membre d'un groupe de l'opposition syrienne basé à Washington connue sous le nom de NSF (National Salvation Front). Abdulhamid a été (2004-2006) invité du Centre Saban avant d'intégrer l'organisation néo con National Defense of Democraties. (NDD).

Quand en 2008 l'agent d'influence d'Israël, Dennis Ross, a rencontré l"opposition" pour discuter de '" la transition en Syrie", l'invité du Saban, Abdulhamid était présent. En Février 2009 Dennis Ross a rejoint l'équipe de l'Administration Obama. En Avril 2009 la TV Baraada à Londres financée par les US a commencé sa propagande anti Assad en Syrie (l'épicentre du soulèvement a été une émission de Barraada sur la distribution de l'eau). Le responsable des programmes de Baraada TV, Malik al-Abdeh, est cofondateur du groupe syrien en exil le Mouvement for Justice and Development dirigé par Anas al-Abdah qui a participé à la réunion de Dennis Ross en 2008.

Ce n'est pas une surprise que John Mc Cain qui a été membre du CLI (Committee for the Liberation of Irak - Comité pour la Liberation de l'Irak) formé pour provoquer la chute de Saddam Hussein en Irak, et un fervent partisan de l'intervention en Libye , de l'opposition à Moubarak, du bombardement de l'Iran, ect... a rendu visite (via la Turquie) à l'"opposition" syrienne pour encourager encore plus de bain de sang. Et comme prévu, il a fait son rapport -non pas à la Maison Blanche - mais au Centre Saban.

Peut après ce rapport au Centre Saban la Maison Blanche a mis en doute le rapport de l'ONU ( sur les armes chimiques ndlt) et a affirmé que la Syrie avait "franchi la ligne rouge" et utilisé des armes chimiques.

Ce n'est pas le but de cet article d'énumérer la pléthore d'autres individus, de thinks tanks, de forums, et magnats des medias qui ont institutionnalisé les politiques d'Israël et l'ont promu comme "intérêts de l'Amérique" ; ils sont trop nombreux pour les mentionner ici. Cependant un autre supporter d'Israël connu doit être nommé.

Le facteur évangéliste

Tandis que différents groupes à Washington perpétuent et soutiennent les politiques expansionnistes et agressives d'Israël - au détriment des intérêts américains - aucun n'a le zèle du groupe des Evangélistes qui soutient Israël à mort. Selon leur vision une période de tumulte s'approche mais les croyants seront "raptured" ( emportés ) avant que cela ne commence. La période de tribulation culminera par la bataille d'Armaggedon dans une vallée au Nord Ouest de Jerusalem.

La proche collaboration entre les Evangelistes américains et Israël a été un objectif clair des politiciens israéliens spécialement ceux du parti Likud. Selon Rabbi Marc Tanenbaum,d'AJC "la communauté évangeliste est le bloc pro juif dans ce pays le plus important et qui se développe le plus vite" Israël et les organisations juives continuent de dépendre du soutien des Evangélistes pour justifier l'occupation de la terre arabe par Israël même si le zéle des Chrétiens sionistes pour évangéliser les Juifs restent un point de friction.

Par exemple dés les premiers jours de l'invasion du Liban en Juin 1982 ( avec le feu vert de Reagan) des pages entières d'encarts publicitaires ont été publiés dans les principaux journaux réclamant le soutien des Evangelistes pour l'invasion. en 1998 alors que Benjamin Netayahou était en visite à Washington il a rencontré Jerry Falwell et un grand nombre de Chrétiens fondamentalistes avant de rencontrer le président Clinton. De même tout récemment en Avril 2013 Pat Robertson a mis en garde contre un accord de paix entre Israël et la Palestine disant qu'il provoquerait une punition pour l'Amerique.

On a dit que des fonds récoltés en Amérique par des Chrétiens d'extrême droite financent des colonies en Cisjordanie. Le maire d'Ariel en Cisjordanie a estimé que 2/3 de toutes les colonies étaient financées par des Chrétiens sionistes.

Préparer Armaggedon ?

Alors même que les Evangélistes ( pas tous) sont prêts pour l'"enlèvement" et encouragent l'agenda expansionniste d' Israël les politiciens israéliens ne sont prêts pour Armaggedon, enfin pas encore.

En Mars 2013 Business Inside a révélé que les US dépensaient des centaines de millions de $ pour construire des bunkers en Israël devant être achevés 900 jours après le 13 Février 2013. Le projet appelé Site 911 " aura cinq niveaux sous terre et 6 autres niveaux en surface dans la zone. Les 3 premiers niveaux abriteront des classes, un auditorium et un laboratoire - tous protégés par des portes blindées résistantes aux radiations et hypersécurisées. Une seule entrée permettra aux employés de rentrer et sortir pendant la réalisation du projet et elle sera gardée que par des Juifs"

Chaque porte de l'installation aura une description détaillée des mezouzahs écrite à "l'encre indélébile".

Cela devrait faire plaisir aux Américains dont les impôts sont dépensés pour de tels projets tandis qu'ici à la maison les ponts menacent de s'écrouler.

Le futur

La liste des conflits en attente est longue et sanglante. La Syrie ne sera pas le dernier conflit. Nous continuons à enfouir notre tête dans le sable et espérons la venue d'un hero - pour que quelque chose se passe. Il n'y a qu'un espoir pour le futur et un seul pouvoir capable de changer cette voie menant à la destruction :

"Nous Le ¨Peuple".

SS/NN

Soraya Sepahour-Ulrich 25/06/2013 Press TV

Soraya Sepahour -Ulrich est diplômé en diplomatie publique. Chercheur indépendant et écrivain il s'est spécialisé sur la politique étrangère US et le rôle des lobbies.

Article en Anglais


Jeudi 27 Juin 2013
Mireille Delamarre

 
mercredi 26 juin 2013
 

Hicham Aboud écrit à Sellal : «Pourquoi humilier l’Algérie ?»

 

 

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Quelques heures après son refoulement par la PAF à l'aéroport international d'Alger alors qu'il devait se rendre en Tunisie pour participer à une émission télé, le premier responsable des deux quotidiens Jaridati et Mon journal, Hicham Aboud, adresse une lettre ouverte au Premier ministre dans laquelle il s'interroge sur "l"acharnement administratif, judiciaire et policier" pour lequel il fait l'objet. 

Lettre ouverte à Monsieur le premier ministre
Pourquoi humilier l’Algérie ?
Monsieur,
Je viens de faire l’objet, aujourd’hui 26 juin, d’une interdiction de sortie du territoire national sans que ne me soit indiqué le motif de cette décision illégale et arbitraire. Une décision qui vient dans la suite de l’interdiction des deux quotidiens nationaux que je dirige, «Jaridati » et « Mon journal » de la publicité institutionnelle depuis le 6 juin et de l’annonce d’une série d’accusations qui réduisent l’Algérie à une taille qui n’est guère la sienne. Est-ce que l’Algérie qui a combattu et vaincu l’une des plus grandes puissances militaires et ses alliés est-elle devenue si faible pour qu’une déclaration de presse d’un simple journaliste puisse constituer une menace à sa sécurité et à son intégrité territoriale ? Pour ma part, je n’oserai jamais me sentir au niveau d’un Etat de la grandeur de l’Algérie pour prétendre à menacer sa sécurité et son intégrité territoriale.

Monsieur le premier ministre,
Malgré un exil forcé de 15 ans, je n’ai jamais pensé un seul instant à me naturaliser ni même mon épouse et mes enfants n’ont pensé le faire pour la simple raison que je me suis, toujours, senti fier d’appartenir à la Grande Algérie. Et dire qu’ils sont nombreux ces hauts responsables de l’Etat qui ont la double nationalité et certains d’entre eux siègent au gouvernement. Cette même fierté d’appartenance à l’Algérie a fait que lors de ma participation à la 23ème session de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU qui s’est déroulée à Genève du 27 mai au 14 juin, je me sentais dans une gêne profonde en voyant des participants évoquer les accusations dont on m’accable dans mon pays. J’ai tout fait pour minimiser ces accusations tellement j’avais honte pour mon pays Aujourd’hui, je suis victime d’un acharnement qui n’honore guère l’Etat algérien. Et je me demande quel est l’intérêt de l’Algérie à ce que soit entravée ma liberté de circulation ? Cela ne fera que ternir l’image de mon pays.

Au moment où ceux qui ont dilapidé les deniers publics et dont leur implication dans de scandaleuses affaires de corruption ne sont nullement inquiétés et circulent en toute liberté, un journaliste fait l’objet d’un acharnement administratif, judiciaire et policier dont
les auteurs doivent, au moins, expliquer leurs motivations. C’est en votre qualité de premier ministre chargé des plus hautes fonctions en l’absence du chef de l’Etat, que je vous prie de bien vouloir éclairer ma lanterne et celle de l’opinion publique sur les raisons de ce harcèlement et sur ses auteurs, afin que les responsabilités soient situées. Et que cesse l’humiliation de l’Algérie à travers des mesures illégales en contradiction avec les principes d’un Etat de droit.

 

Elwatan.com
 
mardi 25 juin 2013
 

La fin sans gloire de l'émir du Qatar

 

 

 

Ce dégagement sans ménagement constitue une claire démonstration du statut mineur des souverains du Golfe par rapport à leur tuteur américain.


Le dégagement politique de l’émir du Qatar, par voie de l’évacuation sanitaire, a été programmé, contraignant le souverain à céder son trône, en pleine gloire, en pleine force de l’âge, à son fils cadet, le prince Tamim, une transmission de pouvoir inédite dans les annales des pétromonarchies gérontocratiques du Golfe.
 L’émir, né en 1952, a réuni lundi 24 juin 2013 la famille régnante au lendemain de la «conférence des amis de la Syrie», en compagnie des «sages» de la principauté, pour une mise au point final du dispositif d’abdication. Présentée par ses nombreux communicants comme répondant au souci du souverain de procéder à un rajeunissement du pouvoir dans les gérontocraties du Golfe, cette transition inhabituelle du pouvoir au Qatar, dans un pays théâtre de deux coups d’états dynastiques au cours de ses 40 ans d’indépendance, devrait, dans la foulée du «printemps arabe», servir d’exemple pour les générations futures en matière de transfert de pouvoir dans les monarchies arabes.
 Une destitution comparable à celle décrétée par les Anglais dans la décennie 1950 à l’encontre du Roi Talal de Jordanie, en faveur de son fils Hussein, plus sensible aux intérêts de la couronne britannique; comparable à celle décrétée par les Anglais en 1970 à l’encontre du Sultan Saïd d’Oman oncle du Sultan Qabous. Une opération d’exfiltration perçue dans de larges couches de l’opinion internationale, quoiqu’on en dise, comme un dommage collatéral majeur du conflit de Syrie. Plus précisément, la sanction de l’échec d’un trublion qui aura plus que quiconque assuré la promotion du djihadisme erratique, exacerbé l’antagonisme religieux inter- musulman (sunnite-chiite), accentué la défragmentation du monde arabe et sa soumission à l’impérium atlantiste, tout en plaçant le monde au bord d‘une conflagration régionale. Au même titre que l’Arabie saoudite, sauf que la dynastie wahhabite dispose d’un coupe-feu absolu, la Mecque et Médine, à valeur dissuasive absolue qui explique le fait que l’Irak, -et non le royaume saoudien-, a payé le prix de la participation de quinze saoudiens au raid contre l’hyperpuissance américaine, le 11 septembre 2011.
 Selon les indiscrétions de la presse arabe, l’éviction de l’émir constituerait la sanction de ses trop graves dérives tant en ce qui concerne son ferme soutien au djihadisme que sa boulimie affairiste dans ses investissements occidentaux. Le souverain se serait en effet vu notifier son ordre d’évacuation du pouvoir par un haut responsable de la CIA, dépêché spécialement par Barack Obama pour lui signifier l’ordre présidentiel américain après la découverte dans la cache d’Oussama Ben Laden de documents attestant que le financier du chef d’Al Qaida serait un citoyen du Qatar, cousin du ministre de la culture, Hamad Al Kawari (1).
Sous la plume de son directeur Oussama Fawzi, ancien haut fonctionnaire du ministère de l’information du Qatar, Arab Times en date du 24 juin, précise que «la cellule qataritote proche de Ben Laden était composée de Salim Hassan Khalifa Rached al Kawari, qui a déjà été livré aux Américains, ainsi que du koweitien Hasan Ali Ajami, un djihadiste combattant en Syrie, du syrien Ezzdine Abdel Aziz Khalil ainsi que d’Omid Mohamad Abdallah. Les transferts d’argent se faisaient via des institutions financières qatariotes. Les soupçons sur le Qatar pesaient depuis l’invasion de l’Irak au point que le président Georges Bush jr n’a pas hésité à bombarder le siège d’Al Jazira à Bagdad et s’apprêtait à en faire de même sur le siège central de la chaîne transfrontière arabe à Doha».
 L’oukaze américain, «non négociable», aurait prescrit un dégagement simultané de l’émir et de son Premier ministre, Hamad Ben Jassem. Le processus de transition devrait commencer l’été 2013 de manière à coïncider avec le début de la période du jeûne du mois de Ramadan et s’achever fin août, date de la reprise des activités du calendrier diplomatique international. Selon la version de la presse arabe, le délégué de la CIA aurait offert le choix suivant à l‘émir, soit le gel des avoirs financiers de l’émirat dans le monde, soit sa destitution. Autrement dit, la mort financière de l’émirat ou la mort politique de l’émir, motivant cette sanction par le fait que le tandem avait «outrepassé son rôle en Syrie et dans son soutien au djihadisme», de même que son soutien tonitruant aux néo-islamistes au pouvoir en Tunisie et en Egypte.
 Sans surprise, la manœuvre d’étranglement de l’émir avait été engagée, dès l’été 2012, avec les indiscrétions fuitées dans la presse française sur le rôle déstabilisateur du Qatar dans le pré carré africain de la France, particulièrement le Mali, via la filière caritative du djihadisme qatariote «Ansar Eddine», contraignant Paris, en pleine tourmente financière, à engager une coûteuse opération de reconquête du septentrion malien en janvier 2013. Qui explique l’absence de visite officielle de François Hollande au Qatar, pendant la première année de sa mandature, en dépit du volumineux portefeuille financier qatariote en France.
Le président français a programmé sa visite pour coïncider avec la conférence des «amis de la Syrie», en un pâle remake de la cérémonie d’adieu de Fontainebleau, sauf que le «Field and Air Marshall» du Qatar ne dispose pas, loin s’en faut, du génie militaire du vainqueur d’Austerlitz et de son prestige. Un enterrement en grande pompe, un égard que l’Otan réserve généralement à ses plus fidèles serviteurs (2). Groupant onze membres, dont les trois membres permanents occidentaux du conseil de sécurité (Etats-Unis, Royaume Uni, France) et l’Allemagne, les six pétromonarchies du golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Koweït, Qatar et Oman) ainsi que les puissances régionales sunnites, la conférence a annoncé avoir décidé « une aide urgente en matériel et en équipements » à la rébellion afin de lui permettre de faire face aux « attaques brutales du régime, indiquant que « toute aide militaire sera canalisée » par le Haut Conseil militaire syrien relevant de l’Armée syrienne libre (ASL), principale faction de l’opposition armée. Selon l’AFP, le chef de la diplomatie du Qatar, Cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, soutenant activement l’opposition, a en outre affirmé que les participants avaient pris « des décisions secrètes » pour renverser l’équilibre sur le terrain.
 En d’autres termes, remettre en selle l’opposition syrienne après ses revers militaires et la propulser à une posture crédible en prévision d’éventuelles négociations de paix. Quoi qu’il en soit, selon toute vraisemblance, le chef de la diplomatie qatariote ne serait plus en poste «le jour de gloire arrivé». Par sa présence au Qatar, le 22 juin 2013, François Hollande aura ainsi scellé, dans l’ordre symbolique, un discret passage de témoin entre l’émir et son fils, au cours d’un dîner privé dont il espère, à terme, des retombées en matière commerciale à l’effet de compenser les coûts de l’opération Serval au Mali.
Le coup de semonce contre le duo du Qatar avait précédé ces péripéties protocolaires destinées à sauver la face. Intervenu très exactement, en avril 2013, en plein débat de l’opposition syrienne atlantiste en Turquie, visant à la constitution d’une délégation commune de l’opposition à la conférence de Genève II. Ulcérée par la cacophonie qui régnait au sein des diverses factions de l’opposition, l’Arabie Saoudite, chef de file de la confédération des pétromonarchies arabes, se serait livrée à une action d’éclat contre les opposants islamistes émargeant sur le budget du Qatar, en les plaçant sous la coupe du grand wahhabite.
 Un acte d’autorité qui est apparu comme un geste d’exaspération à l’égard des turbulences qatariotes et de l’impuissance de l’opposition pro- atlantiste. Il s’est accompagné d’une surprenante déclaration du prédicateur de l’Otan, le milliardaire égypto-qatariote, Youssef al Qaradawi, sur la chaîne saoudienne «Al Arabyia» reconnaissant la prééminence de la hiérarchie cléricale saoudienne, dans une démarche qui a retenti comme une forme d’allégeance déguisée. Une reprise en main accompagnée de l’annonce de la fourniture par l’Arabie Saoudite de missiles anti-aériens à l’opposition islamiste syrienne; une annonce faite le 18 juin en plein sommet des G8 en Irlande consacré à la possibilité d’instaurer une zone d’exclusion aérienne à la Syrie.
Le coup de grâce a été porté en juin avec la succession des fuites dans la presse occidentale et arabe. Arab Times, le plus important site arabophone d’Amérique du Nord, de même que le journal libanais As Safir, le 11 juin 2013, révélaient dans les détails la démarche américaine.
 Son successeur, Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, né en 1980, prince héritier depuis 2003, soit depuis dix ans, est diplômé de Sandhurst (1997-1998), la célèbre académie militaire britannique qui compte parmi ses prestigieux pensionnaires le roi Abdallah II de Jordanie, le prince William, 2ème dans l’ordre de succession au trône britannique, et son frère le prince Harry ou encore le chanteur James Blunt. Le prince de 33 ans est crédité d’une maitrise parfaite de l’anglais, de l’allemand et du français. Tennisman à ses heures perdues, commandant en chef des forces armées du Qatar, président du Fonds d’investissement du Qatar et président du Comité Olympique, Tamim passe pour être proche des Frères musulmans.
Son frère puiné, Jouhane, qui signifie l’affamé en arabe, est, quant à lui, diplômé de l’école militaire française de Saint- Cyr, avec comme interface l’islamologue Mathieu Guidère. Jouhane s’est signalé à l’attention de l’opinion mondiale dans la rubrique des gazettes mondaines en s’offrant une luxueuse voiture d’une valeur de 3,4 millions de dollars avec des diamants sertis sur les phares et de l’or dans l’habitacle.
Evacuation sanitaire ou purge politique?
 Certes, une lourde pathologie peut entraver le libre exercice du pouvoir. Diabétique, l’émir l’est depuis longtemps, ce  qui explique partiellement son embonpoint. Son désir de départ pourrait se justifier dans ce contexte. Mais pourquoi alors avoir demandé le dégagement du tandem responsable des campagnes atlantistes de Libye et de Syrie? Pourquoi ne pas avoir maintenu en poste le Premier ministre durant une période intermédiaire, permettant la transition en douceur du pouvoir? L’évacuation sanitaire masque-t-elle une purge politique?
 Le premier ministre HBJ qui siège au sein de la Brookings Institution, aux côtés de Tzipi Livni, ancien agent du Mossad et ministre des Affaires étrangères au moment de l’offensive israélienne contre Gaza (décembre 2008), a tenté de faire de la résistance arguant de ses sympathies pro-israéliennes. Mais l’homme le plus riche du Qatar, le célèbre HBJ de sinistre mémoire, qui en pleine crise de mégalocéphalite aiguë, avait menacé l’Algérie de connaitre le même sort que la Syrie pour son opposition à l’exclusion de la Ligue arabe de cet ultime pays du champ de la bataille face à Israël, ne paraït pas avoir trouvé grâce auprès de son maître américain. Sa destination finale devrait être Londres, l’ancien tuteur de son pays du temps où le Qatar relevait de la côté des pirates.
Ce dégagement sans ménagement constitue une claire démonstration du statut mineur des souverains du Golfe par rapport à leur tuteur américain. Par ricochet, il parait devoir constituer un signal adressé à la dynastie wahhabite lui enjoignant implicitement d’emprunter le chemin de son cadet du Qatar et d’opter pour un saut générationnel dans la transition du pouvoir aux petits fils du fondateur du Royaume.
 L’élection d’un modéré à la tête de l’Iran, Hassan Rohani, le 15 juin, tranchant avec l’hermétisme des pétro- monarchies, a constitué un camouflet majeur au camp atlantiste en ce que la désignation d’un dirigeant par voie électorale dans un pays théocratique, a frappé d’obsolescence le discours occidental sur son combat pour l’avènement de la démocratie dans le monde arabe, le contraignant à reconsidérer ses positions. Une modulation sur fond de contestation populaire place Taqsim du premier ministre turc Reccep Tayyeb Erdogan, des dérives mortifères du djihadisme en Syrie à coups de cannibalisme et de prédation sexuelle des pubères syriennes, enfin des incertitudes politiques au Maghreb avec la convalescence prolongée de l’algérien Abdel Aziz Bouteflika et du roi du Maroc.
 Bête noire d’une bonne fraction de la communauté diplomatique internationale pour sa morgue et sa suffisance, le leadership du Qatar a pu servir de fusible en guise de solde de tout compte pour un épisode peu glorieux de la diplomatie occidentale en ce que son alliance avec la frange la plus obscurantiste de l’Islam contre des Républiques à régime séculier a révélé au grand jour, aux yeux de l’opinion internationale, sa duplicité en même temps que son opportunisme.
Le fusible Qatar pourrait ainsi apparaitre rétrospectivement comme un geste de bonne volonté à l’égard des autres protagonistes du conflit syrien, particulièrement le groupe BRICS, avec lequel le camp atlantiste se doit impérativement de procéder à une redistribution des cartes sur la scène internationale en vue de sa stabilisation, alors que les Etats-Unis opèrent un redéploiement vers le Pacifique, leur terrain de compétition majeur du XXI ème siècle, avec leur grand rival chinois. Avec l’espoir de demander à la Russie un geste équivalent concernant le président syrien. Un renvoi dos à dos Khalifa-Bachar, un jeu à somme nulle… en somme, sauf pour ses victimes de ce jeu de massacre transrégional.
 Quoiqu’il en soit, force est de constater qu’un claquement de doigt américain a mis un terme à la lévitation du «Air and Field Marshall du monde arabe», l’incubateur des prédicateurs islamistes, l’égyptien Youssef Al Qaradawi et le tunisien Rached Ghanouchi, le prescripteur d’Al Jazira. Renvoyé dans ses pénates, le «Deus ex Machina» de la révolution arabe est désormais réduit au rôle de Pater familias d’une Smalla de trois épouses et de vingt-quatre enfants, dont 11 garçons et 13 filles (4), premier Haroun Poussah du monde arabe à bénéficier des joies de la RTT (réduction du temps de travail) et de la civilisation des loisirs, subissant à son tour les effets corrosifs du mot d’ordre du soulèvement populaire arabe «Erhal, dégage», qu’il a détourné des rives inflammables du Golfe (Bahreïn, Yémen) vers le versant républicain et séculier de la Méditerranée (Libye, Syrie).
 So long Hamad et ses qatarologues de circonstance, ses intellectuels médiatiques et ses universitaires cathodiques, toute cette cohorte d’orientalistes de pacotille et de ses arabes de service, orphelins d’une courte euphorie, orphelins de sa manne financière, en ce que la destitution de l’émir du Qatar devrait sonner le glas des expéditions post- coloniales occidentales en terre arabe, dont la bataille de Syrie aura marqué la fin de l’unilatéralisme atlantiste dans la détermination de la politique internationale. Particulièrement la France, dont les contre-performances en Libye avec la talibanisation du Nord Mali et en Syrie, avec sa mise sur pied d‘un attelage claudicant de bi-nationaux franco- syriens à la tête d’une opposition off-shore, auront marqué le début du compte à rebours de son déclassement dans l’ordre des puissances planétaires.
Sur l’échec de la diplomatie française en Syrie liens ci-dessous:
http://www.liberation.fr/monde/2013/05/29/syrie-donner-une-chance-a-gene...
http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/2013/05/le-spectaculaire-revirement-fr...

 La Syrie a été la première révolution au monde déclenchée en talon aiguille et costumes cravates à coups de cartes de crédits, depuis les salons feutrés des cénacles diplomatiques occidentaux sans le moindre coût pour Israël, l’ennemi officiel du monde arabe, ou pour les Etats-Unis, son protecteur. Et le printemps arabe, amorcé en 2011 avec la chute du Tunisien Ben Ali et de l’Egyptien Moubarak, figurera dans les annales de l’histoire, comme la première révolution arabe à jouir du plein appui des pétromonarchies du Golfe, parmi les plus répressives et les plus régressives au monde. Une impulsion à relent post- colonial qui a considérablement contrarié le déclenchement d’un véritable soulèvement populaire matérialisé par un mouvement généralisé de désobéissance civile jusqu’à la chute du régime syrien.

 Initiatrice du feu initial, la France atlantiste dans ses deux versions sarkozyste et hollandiste, dans ses deux variantes les plus capées, Alain Jupé et Laurent Fabius, de même que le Qatar et la Turquie auront sans doute à répondre de ce gâchis devant l’histoire. Pour qu’une stabilisation intervienne au Moyen-Orient, il importe de bannir le double standard: Armer les rebelles syriens, soit, mais symétriquement à l’armement des Palestiniens en vue d’améliorer leurs conditions de négociations face à Israël. Exiger le retour des émigrés syriens dans leurs foyers, soit, mais symétriquement au retour des réfugiés palestiniens expulsés, eux, de leur patrie depuis un demi-siècle.
 Depuis le début du conflit de Syrie, le 16 mars 2011, une trentaine de personnalités de premier plan sont passés à la trappe de l’Histoire, l’émir du Qatar et son Premier ministre, pour leur piteuse prestation politique, de même que le noyau originel français, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ainsi que leur faux nez au sein de l’opposition off-shore, les franco syriens Bourhane Ghalioune et Basma Kodmani, enfin le clan Tlass, particulièrement Manaf, l’héritier, pour la pitoyable prestation de la Brigade Al Farouk dans la bataille de Bab Amro, février 2012 et de ses dérives successives jusqu’au cannibalisme. L’officier libanais Wissam Al Hassan, la dague sécuritaire absolue du clan islamo- atlantiste au Moyen- Orient, a, quant à  lui, été expédié ad patres, en représailles à la décapitation de la hiérarchie militaire syrienne, notamment Assef Chawkat, le beau-frère du président syrien Bachar Al-Assad.
 Un chiffre auquel il convient d’ajouter une vingtaine de journalistes, témoins de ce jeu de massacre qui aura généré 93.000 morts en trente mois de conflit, un million de réfugiés, autant de déplacés ainsi que des destructions de l’ordre de cent milliards de dollars, sur fond d’un double veto russo-chinois au Conseil de sécurité, signant par là- même, un nouveau rapport de forces régional.
Dix ans après l’installation de la base du Centcom à Doha, deux ans après le début du printemps arabe, auquel il aura grandement contribué en le détournant de son cours initial, le Bibendum du Qatar emprunte le chemin de la sortie à lui indiqué par son cerbère américain. En signe de remerciements pour services rendus. Fin de clap. Sic Transit Gloria Mundi. Ainsi passe la gloire de ce monde.
 Référence:
 1-Le journal libanais As-Safir en date du 11 juin 2013 et du site en ligne Arab Times en date du 15 et du 24 Juin 2013 http://www.arabtimes.com, le plus important site arabophone d’Amérique du Nord. Le directeur du site Arab times, Oussama Fawzi, ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Information du Qatar, est de nationalité syrienne. Réfugié aux Etats Unis, il plaide pour l’union entre la Syrie et l’Irak afin de muscler le ventre mou du monde arabe face à Israël, la Turquie et les pétromonarchies atlantistes.
 2-Tamim, l’héritier. Né le 3 juin 1980, il a été marié à deux reprises, notamment  avec une de ses cousines. Il est père de trois filles et d’un garçon: Nayla, Aisha et Almayasa. Son fils, Hamad Bin Tamim Al Thani est appelé à lui succéder en tant que futur émir du Qatar.
3-Les Adieux de Fontainebleau: Le texte de la proclamation, le 20 avril 1814
 "Soldats de ma vieille garde, dit Napoléon, dont les paroles retentissent dans un silence religieux, je vous fais mes adieux !Depuis vingt ans je vous ai trouvés constamment sur le chemin de l’honneur et de la gloire.
 Dans ces derniers temps, comme dans ceux de ma prospérité, vous n’avez cessé d’être des modèles de bravoure et de fidélité.Toutes les puissances de l’Europe se sont armées contre moi, quelques-uns de mes généraux ont trahi leur devoir, et la France elle-même a voulu d’autres destinées.Avec des hommes tels que vous, notre cause n’était pas perdue; mais la guerre eût été interminable. C’eût été la guerre civile, et la France eût été malheureuse; j’ai donc sacrifié tous nos intérêts à ceux de notre chère patrie: je pars. Vous, mes amis, continuez de servir la France. Son bonheur était mon unique pensée, il sera toujours l’objet de mes vœux! Ne plaignez pas mon sort. Si j’ai consenti à me survivre, c’est pour servir encore à votre gloire; je veux écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble. Adieu, mes enfants; je voudrais vous presser tous sur mon cœur, que j’embrasse au moins votre drapeau!"

Le général Petit s’approche alors, Napoléon le serre dans ses bras; puis, saisissant l’immortel étendard de la garde, il baise avec émotion le drapeau tricolore, déjà proscrit en France. Enfin Napoléon surmonte son émotion: "Ha, chère aigle! Puisse le baiser que je te donne retentir dans la postérité! Adieu encore une fois, mes vieux compagnons! Que ce dernier baiser passe dans vos cœurs."
De ses trois épouses, Cheikh Hamad a vingt-quatre enfants, dont 11 garçons et 13 filles.
C’est la princesse Moza qui l’accompagne le plus souvent dans les actes officiels, faisant ainsi figure de princesse consort. Moza qui signifie en arabe banane est désignée par dérision de «Banana Princess ».
Avec sa première épouse Mariam Bient Mohammed Al-Tahni, il a deux fils et six filles
Mishaal Ben Hamad Al Thani
Fahd Ben Hamad Al Thani
Hussah Bint Hamad Al Thani
Sara Bint Hamad Al Thani
Rawdah Bint Hamad Al Thani
Fatima Bint Hamad Al Thani
Mashael Bint Hamad Al Thani

 Avec sa deuxième épouse Mozah bint Nasser al-Missned, il a 5 fils et 2 filles :
Jassim Ben Hamad Al Thani (prince héritier de 1996 à 2003)
Tamim Ben Hamad Al Thani (prince héritier depuis 2003)
Joaan Ben Hamad Al Thani
Khalifa Ben Hamad Al Thani
Mohammed Ben Hamad Al Thani
Al-Mayassa Bint Hamad Al Thani
Hind Bint Hamad Al Thani

  Avec sa troisième épouse Noora ben Khalid Al Thani, il a 4 fils et 5 filles :
Khalid ben Hamad Al Thani
Abdullah Ben Hamad Al Thani
Thani Ben Hamad Al Thani
Al-Qaqa Ben Hamad Al Thani
Lulwaa Bint Hamad Al Thani
Maha Bint Hamad Al Thani
Dana Bint Hamad Al Thani
Al-Anood bint Hamad Al Thani
Mariam Bint Hamad Al Thani

 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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