ELWATAN-ALHABIB
lundi 30 septembre 2013
 

Le président, le général et... le coq 
 
 
 
 
par M. Saadoune
Moncef Marzouki a clairement laissé le militant supplanter le chef de l'Etat en demandant la libération du président déchu Mohamed Morsi et les prisonniers politiques en Egypte. Les militants des droits humains - il en était - lui reconnaîtront un certain panache en ne laissant pas les contraintes - lourdes - de sa fonction le contraindre à la langue de bois. Il était prévisible que ses propos provoquent l'ire des militaires égyptiens qui tentent de présenter la situation dans leur pays sous l'angle, contestable, d'un combat contre le terrorisme.

Dans un contexte très propagandiste où le général Al-Sissi tente de se donner la stature de Nasser - hier c'était la commémoration de son décès -, l'Egypte a, de manière prévisible, choisi de réagir avec vigueur. Après avoir publié un communiqué accusant Marzouki d'avoir tenu des propos qui vont à l'encontre de la «volonté du peuple égyptien» qui veut un «Etat démocratique et tolérant», chose que l'Egypte «souhaite» à la Tunisie, Le Caire a décidé de rappeler son ambassadeur en Tunisie. Marzouki s'est déjà exprimé au moment du coup d'Etat en Egypte contre «l'ingérence politique de l'armée égyptienne» qui, avait-il souligné, «exacerbera la crise et ouvrira la porte à la violence et renforcera l'extrémisme». Mais à l'évidence, ses propos sonnent de manière plus insupportable aux militaires égyptiens et à leurs soutiens dans la classe politique alors que l'effort, laborieux, est mis pour valider la lecture «terroriste» de la crise dans le pays.

Moncef Marzouki est sans doute approuvé par les défenseurs des droits humains mais il était prévisible que sa sortie soit critiquée en Tunisie. Le climat politique tunisien est tel que ceux qui dénoncent en permanence - et souvent avec mauvaise foi - l'alliance de Marzouki avec les islamistes ne pouvaient rater l'opportunité. Mais il peut aussi être critiqué, de manière plus modérée, par les défenseurs des traditions de la pondération et de la prudence de la diplomatie tunisienne. Les arguments de ces derniers sont, sur le fond, beaucoup plus pertinents aux yeux de beaucoup de Tunisiens que les attaques «idéologiques» que subit le président tunisien. Il est clair qu'être président et conserver un franc-parler de militant ne peut que susciter des ennuis et faire des vagues.

Mais dans cette affaire tuniso-égyptienne et tuniso-tunisienne, le plus étrange a été la sortie des Emirats arabes qui ont décidé de rappeler leur ambassadeur à Tunis pour protester contre l'appel du président tunisien à la libération des détenus politiques égyptiens. Certes, les Emirats et l'Arabie Saoudite ont immédiatement investi dans le coup d'Etat égyptien, mais la sortie des dirigeants émiratis est pour le moins grotesque et incongrue. A plus forte raison quand la presse des émirats fixe à «tous» le devoir de «soutenir la nouvelle direction égyptienne arrivée au pouvoir par une forte volonté populaire». C'est tellement grandiloquent que la seule réaction qui vient est celle de la version de la fameuse boutade : «quand la poule pond, le coq a mal à la tête».
 
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