Les
populations touarègues et arabes du nord du Mali tombent de Charybde en
Scylla. Après le règne des obscurantistes «islamistes», voici venu le
temps de la terreur des soldats maliens. Ils doivent ce «bonheur» à la
douce France et à la courtoisie et à la précieuse assistance du président
Bouteflika, surnommé Abdelkader El Mali pendant la guerre de libération
nationale. Amorcée sous un déluge de feu, transité par l’Algérie et
ayant causé des dizaines de morts, l’opération Serval a fait plus de
victimes que le terrorisme qu’il prétend combattre. Malgré le huis clos imposé par les nouveaux maîtres du nord Mali, des
bribes de nouvelles terrifiantes ont pu arriver à l’opinion publique
mondiale. Les nouvelles font état de la poursuite des représailles de
l’armée malienne contre les populations touareg et arabes qui se font
sous le regard de l’armée française. Aux victimes de l’armée française
s’ajoute une longue liste de victimes des supplétifs maliens. Des
exécutions sommaires, des disparitions et des tortures, des pillages,
des lynchages…, ont été rapportées par la presse française et par les
ONG internationales. L’appel du ministre de la Défense français,
Jean-Yves Le Drian, lancé aux cadres de l’armée malienne, de prendre des
mesures contre les exactions commises par leurs troupes n’a pas été
entendu. Sur le terrain, rien n’a changé. Sous la protection des troupes
tricolores, des hordes barbares de militaires maliens s’emparent des
villes et villages du Nord malien et se livrent à une vengeance
sanglante. Ils pourchassent les hommes suspectés de sympathie avec les
islamistes et les exécutent sans autre forme de procès. Ils jettent les
corps dans des puits ou les font ensabler dans la périphérie des
villages. La France n’est pas étrangère à ces crimes contre l’humanité.
Involontairement, Alexandra Renard (sur l’image), une journaliste du «
Grand reporter », a jeté un pavé dans la mare. Elle a révélé à France24
que lorsqu’ils sont alertés, les soldats français n’interviennent pas au moment où des exactions se produisent.
Ils considèrent que ce sont des affaires maliennes et qu’ils n’ont pas à
s’y immiscer. Étrange attitude de l’armée française qui occupe un
territoire pour sauver des habitants du terrorisme et les livre, poings
et mains liées, à une autre terreur. Le dérisoire appel à la retenue de
Jean-Yves Le Drian semble être lancé pour faire bonne figure devant
l’opinion publique. En la réalité, les faits montrent que le ministre de
la Défense français se soucie du tiers comme du quart de la sécurité
des habitants qu’il prétend être venu les défendre. La France ne retient
pas visiblement les leçons de sa propre histoire, elle est en train de
commettre les mêmes turpitudes qu’elle a commises au Rwanda en 1994.
Sans doute, à l’époque, quand elle avait la possibilité d’empêcher le
génocide rwandais — un million de victimes —, avait-elle considéré,
exactement comme elle le fait aujourd’hui, que les tensions
interethniques étaient une affaire intérieure du pays dans lequel son
armée était présente.
Tous ces drames concernent les Algériens et les accablent. En ouvrant
l’espace aérien à l’armée française, leur président, Abdelaziz
Bouteflika, a sali l’honneur de leur pays. Il ne nous le pardonneront
pas avant longtemps. Les populations du nord Mali tiendront l’Algérie
coresponsable des crimes contre l’humanité qui ont été commis par la
France et par l’armée malienne. Avec sa compromission au Mali, le
président Bouteflika a bouclé la boucle, l’Algérie est complètement
isolée dans sa propre région. Il ne sera pas celui qui construira des
relations solides avec les pays de la région et ne sera pas celui qui
participera à l’émergence d’un bloc économique solide. Quand il quittera
la présidence, il laissera pour l’Algérie un lourd fardeau politique et
un contexte géopolitique le plus sombre qu’a connu l’Algérie. Tous les
peuples de la région nous haïssent pour une raison ou autre.
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