ELWATAN-ALHABIB
mardi 31 juillet 2012
 


LES JEUX OLYMPIQUES NÉOLIBÉRAUX

Dernier avatar d'un Occident sur le déclin

 

 

Par
Une cérémonie d'ouverture grandioseUne cérémonie d'ouverture grandiose
«L'important dans la vie, ce n'est point le triomphe, mais le combat, l'essentiel, ce n'est pas d'avoir vaincu mais de s'être bien battu.» Baron Pierre de Coubertin
Vendredi soir à 22 heures s'ouvraient dans un faste coûteux avec peu d'imagination les 30es Olympiades. Le cinéaste Danny Boyle mit en scène les deux siècles de révolution industrielle en Angleterre, nous eûmes droit aux mineurs, à la vie du temps de Dickens, aux hauts-fourneaux pour arriver à Mister Bean. Pas un mot de l'oeuvre positive de la colonisation qui fut le moteur du développement en termes de ressources de débouchés et de main-d'oeuvre et surtout sur la situation de banqueroute du Royaume-Uni avec une dette de plus de 1000 milliards de dollars, du chômage et de l'Etat social qui commence à être démantelé. La Grèce, qui a vu naître les Jeux, est en train de sombrer et comme l'écrit Vénizélos le ministre grec des Finances: «J'ai peur que certains ne pensent que la Grèce doit être sacrifiée comme Iphigénie pour qu'un vent favorable souffle de nouveau dans les voiles de la zone euro.» Ariane Walter ajoute d'autres arguments: «Voilà une Europe exsangue, une planète sous la menace d'une irradiation atomique mortelle, il suffirait d'un autre tremblement de terre pour que la piscine du 4 de Fukushima s'effondre, un monde à la veille d'un conflit généralisé et sous nos yeux un divertissement comme si de rien n'était, comme si tout le monde s'aimait et se respectait! Comme si l'argent coulait à flots, comme si les esprits étaient sereins! Munich 2?» (1)

Histoire des Jeux olympiques
Conçus avant tout comme une trêve entre cités grecques, l'olympisme a une histoire vieille de plus de vingt-cinq siècles avant d'être redécouverte sous une forme singulière par Pierre de Coubertin. Pour l'histoire, au IXe siècle avant l'ère chrétienne, le roi d'Elide, Iphitos, conclut un traité avec Sparte, déclarant Olympie inviolable durant les Jeux sacrés. La rénovation des Jeux olympiques date de 776 avant J.-C. Les premiers Jeux débutèrent à Olympie par une simple course. Des délégations issues de tout le monde hellénique y furent reçues et nourries aux frais de la cité. ´´L'olympionike´´ devrait être de pure race hellénique, n'avoir commis ni crime ni sacrilège et se soumettre à un entraînement intensif durant six mois. Dans tous les cas, le titre de vainqueur olympique leur conférait des égards incontestables durant toute la vie. Ces champions adulés furent pourtant l'objet de jugements peu favorables. Euripide dénonça leur moralité douteuse. Par la suite, du temps de l'Empire romain, les vieux Romains s'opposèrent en effet à la pénétration des moeurs helléniques et plus particulièrement à celle de la gymnastique. Les thermes connurent un développement incroyable. A ces hommes, trop amollis pour se livrer à des exercices physiques, les spectacles violents offrirent une agréable compensation. Si bien que l'on assista parallèlement à une mutation de l'athlétisme professionnel, qui dégénéra en lutte des hommes contre des bêtes ou des hommes entre eux. Le professionnalisme, puis les jeux de cirque amenèrent la décadence de l'olympisme. (2)
Nous passons alors graduellement au «panem et circenses» -du pain et des jeux - pour divertir les Romains et leur faire oublier leur quotidien amer le temps des jeux, ce que s'appliquent à faire les gouvernements quand la révolte gronde pour gagner du temps, cette expression latine utilisée dans la Rome antique pour dénoncer l'usage délibéré fait par les empereurs romains de distributions de pain et d'organisation de jeux dans le but de flatter le peuple afin de s'attirer la bienveillance de l'opinion populaire. Aujourd'hui, elle est souvent utilisée pour signifier la relation biaisée qui peut s'établir dans ces périodes de relâchement, ou de décadence, entre: une population qui peut se laisser aller, se satisfaire de pain et de jeux, c'est-à-dire se contenter de se nourrir et de se divertir et ne plus se soucier d'enjeux plus exigeants ou à plus long terme concernant le destin de la vie individuelle ou collective. Un pouvoir politique qui peut être tenté d'exploiter ces tendances «à la vie facile et heureuse» par la promotion de discours et de programmes d'action populistes ou court-termistes. Il faut d'abord rappeler que les Jeux olympiques n'avaient pas une dimension universelle, ils concernaient les villes-cités grecques. De plus, ils étaient conçus comme un outil politique et militaire qui permettait aux cités (Sparte, Athènes..) de s'affronter par athlètes interposés. Pierre de Coubertin voulut les ressusciter après leur suppression par Rome en 394 en leur donnant un cachet purement raciste et misogyne, en un mot glorifier l'homme blanc européen.

Pierre de Coubertin, colonialiste, misogyne et raciste
«Les jeux modernes n'existent en fait que depuis 108 ans. Bien que les discours actuels affirment que les valeurs olympiques prônées par Coubertin étaient celles du respect et de la courtoisie entre les peuples, la réalité est en fait bien moins agréable. Gavé d'idées issues d'auteurs tels que le naturaliste Francis Galton qui s'efforça toute sa vie de démontrer l'inégalité des races humaines ou du non moins connu diplomate Français, Joseph comte de Gobineau, l'inspirateur de l'idéologie nazie (Essai sur l'inégalité des races humaines). Coubertin ne cacha pas de son vivant, ses idées ouvertement racistes et misogynes. (...) Deux ans plus tard, en 1896, la première olympiade a lieu à Athènes. Pour Coubertin, il s'agit de manifester aux yeux du monde la supériorité de l'Occident, et surtout de prouver dans le cadre des jeux, la perfection de «l'homme blanc», autant sur le plan physique que spirituel.
Pour Coubertin, la beauté des corps répondant à l'antique esthétique des athlètes grecs, ne peut se retrouver que chez des compétiteurs européens. Cette supposée perfection européenne doit donc se manifester clairement par une supériorité en termes de performance, cela au détriment des autres «races» considérées comme inférieures. (3)
En Occident, hypocritement, des voix s'élèvent pour interdire aux musulmanes qui le désirent de concourir avec un tissu couvrant leurs cheveux, et ceci pour leur bien car ce tissu est le signe de leur soumission... Pourtant, aux Jeux olympiques de Pékin en 2008, quatorze délégations comptaient des athlètes voilées dans leurs rangs. Le voile (ou hijab) est «un signe culturel et non religieux». Voilà comment l'Ifab, a justifié sa décision d'autoriser les footballeuses à porter le foulard. Les Caroline Fourest et autres Martine Gozlan qui donnent de la voix oublient très hypocritement le racisme et la misogynie de Pierre de Coubertin.

La question du foulard cachant les cheveux
Rappelons le véritable cadre idéologique de la renaissance des Jeux olympiques modernes: Les femmes interdites d'accès, les Nègres, Indiens et autres «métèques» tolérés dans le rôle de faire-valoir. On retiendra d'ailleurs que pour la troisième Olympiade de 1904 à St-Louis (USA), les compétitions furent organisées séparément, ceci en fonction de la «race» des compétiteurs. (...) Coubertin ne cesse de tempêter contre le laxisme ethnique des jeux et surtout l'éventuelle participation des femmes aux Olympiades. Pour lui, il s'agit d'un affront majeur à la grandeur et à la pureté originelle de cette compétition. Les jeux de Berlin, en 1936 sont censés magnifier aux yeux des autorités allemandes, la supériorité de la race germanique. Hitler lui renvoya l'ascenseur en proposant Coubertin pour le prix Nobel, ce que l'Académie Nobel, pourtant très conservatrice, refusa. Cruelle ironie de l'histoire, un Noir du nom de Jesse Owens, que l'histoire retiendra comme le premier athlète à remporter quatre médailles. Ulcéré, Hitler quitte le stade.
Pierre de Coubertin disait: «À la race blanche, d'essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance.» - «Il y a deux races distinctes: celles au regard franc, aux muscles forts, à la démarche assurée et celle des maladifs, à la mine résignée et humble, à l'air vaincu. Hé bien! c'est dans les collèges comme dans le monde: les faibles sont écartés, le bénéfice de cette éducation n'est appréciable qu'aux forts.». «La théorie de l'égalité des droits pour toutes les races humaines, conduit à une ligne politique contraire à tout progrès colonial.» «Je suis un colonial fanatique», écrivait le baron Coubertin. «Les olympiades femelles, inintéressantes, inesthétiques et incorrectes», sauf à un titre: «Aux Jeux olympiques, leur rôle devrait être surtout, comme aux anciens tournois, de couronner les vainqueurs.» Où est la dignité de la femme dans tout cela? (4)

La marchandisation des Jeux
L'admiration de Coubertin pour le IIIe Reich est connu. En dépit de la professionnalisation du sport, la magie des Jeux reste intacte pour les 10.480 athlètes participants et les 205 pays représentés. Le patriotisme, valeur de l'olympisme, est présent cependant. Les sportifs se battent d'abord pour eux-mêmes avant de défendre leurs couleurs nationales. Ce patriotisme a été remplacé par une forme de chauvinisme, qu'on retrouve moins dans le coeur des athlètes que dans la tête des sponsors et des responsables des télévisions couvrant l'événement. On apprend ainsi la démesure suivante: 11 millions de billets ont été émis, 10.490 athlètes inscrits dans 26 disciplines olympiques vont concourir pour 302 épreuves. 2 millions de visiteurs sont attendus. Les Jeux olympiques de Londres coûteront plus de 11 milliards de livres. Les organisateurs ont réuni 41 sponsors britanniques qui ont versé quelques 700 millions de livres. Ils comptent également récolter plus de 600 millions de livres (762 millions d'euros) de la vente des billets et une somme moins importante de la vente des souvenirs. Les droits de retransmission pour les Jeux ont été portés à 3,9 milliards de dollars.Le CIO a 11 sponsors globaux qui paient 957 millions de dollars pour les droits internationaux de commercialisation de leurs produits.
L'homme d'affaires indien, Lakshmi Mittal, patron d'ArcelorMittal, et son fils ont porté la flamme olympique jeudi à Londres. Lakshmi Mittal est aussi le sponsor d'une tour en métal du Parc olympique baptisée ´´The Orbit´´. «Quand je pense aux parallèles entre moi-même et un athlète olympique, je crois que le monde des affaires est marqué par des principes très similaires de persévérance et de dur labeur», déclare Lakshmi Mittal. Scandale et tollé ont accueilli cette nouvelle. Alors que le groupe a décidé la fermeture de ses hauts-fourneaux un peu partout en Europe et même en Algérie, car pas rentables. Ils s'achètent ainsi pour 18 millions de dollars une respectabilité. Les Occidentaux n'ont pas diabolisé dans les mêmes termes BP voire Coca-Cola qui fut, on s'en souvient, le sponsor des Jeux de Berlin. Londres est devenue pour des motifs de sécurité une ville assiégée. Les Olympiques de Londres, écrit Finian Cuningham, prennent rapidement l'allure d'une vaste opération militaire terrestre et aérienne et non pas celle d'un événement sportif international. Au lieu du sentiment de fraternité internationaliste que devraient incarner les Jeux olympiques, il règne à Londres une atmosphère menaçante de pays en guerre avec des missiles sol-air déployés sur les toits d'immeubles d'habitation, des cuirassés de la Marine en état d'alerte, ainsi que des chasseurs et des hélicoptères de la Royal Air Force patrouillant le ciel de la capitale britannique. (...) L'extravagant événement et son parrainage corporatif tape-à-l'oeil, provoque une sensation inquiétante. rappelant le roman dystopique de George Orwell, 1984. Le classique d'Orwell évoquant un État policier autoritaire se déroulait principalement à Londres, devenue la capitale d'Airstrip.» (5)

La politisation des jeux a toujours existé
Pour l'histoire, la politique- quand c'est l'Occident qui décide- a toujours émaillé les Jeux. Le mouvement d'appel au boycott des Jeux olympiques de Berlin en 1936, les «Jeux nazis» a existé durablement, significativement, s'inscrivant dans la continuité de celui lancé quelques années auparavant contre l'Allemagne nazie. (...)Les principes antidémocratiques, racistes et inégalitaires s'opposent totalement à l'esprit olympique. (...) En Europe, dans les démocraties, la question du boycott n'est pas, de loin, la priorité face aux crises économiques, au chômage, aux risques de conflits. (...) Les États-Unis et d'autres nations occidentales rejettent le principe du boycott...Quant au Comité olympique américain, il combat ardemment en faveur de la tenue des Jeux, considérant que la politique ne doit pas interférer avec le sport. (...) les influences des pro-jeux ainsi que le travail de sape du Comité olympique américain et de son président Brundage, ont un rôle décisif dans le renversement d'opinion, dans une moindre mobilisation. (...) En France, le gouvernement de Léon Blum, hésite puis opte pour des compromis afin d'éviter tout affrontement direct, ne s'opposant pas au départ des sportifs français vers Berlin.(6)
Souvenons-nous aussi: les Jeux de la XXIIe Olympiade ont été célébrés à Moscou, pour la première fois en Urss du 19 juillet au 3 août 1980 et ont été boycottés par le Etats-Unis et Etats Le 20 janvier 1980, le Président Jimmy Carter adresse un ultimatum au Kremlin: «Si dans un mois au plus tard, vos troupes n'ont pas évacué l'Afghanistan, l'équipe olympique américaine n'ira pas à Moscou et nous demanderons aux autres pays de s'abstenir aussi.» Par ailleurs, 29 pays musulmans s'associent également à ce boycott considérant l'attaque contre l'Afghanistan comme une attaque contre l'Islam. La France laissa le libre choix au Cnosf et trois fédérations nationales (équitation, voile et tir) boycottèrent les Jeux. De plus, les pays occidentaux, boycotteront la cérémonie d'ouverture. Lors des JO du Mexique en 1986, les poings levés et gantés de cuir noir, des athlètes américains, Tommie Smith et John Carlos, en soutien des Black Panthers, les firent rentrer dans la légende. Enfin, quand Jacques Rogge décide d'une minute de silence pour les attentats de Munich c'est de la politique ou pas?
Conclusion
Les JO modernes -une création à la gloire de l'homme blanc- à en croire Pierre de Coubertin sont le dernier avatar de l'empire décadent qui offre des jeux de cirque néolibéralisés. Ils sont devenus un exemple de privatisation des profits et de nationalisation des pertes. Bref, un excellent moyen de mettre l'argent public, dans des poches privées, de l'oligarchie financière et mondiale. Finie la glorieuse incertitude du sport amateur, finie l'éthique, fini l'exploit pour le panache. Au bout de la ligne, un gros paquet de dollars. Nous sommes loin de l'idéal des Jeux olympiques et de la devise «plus vite, plus haut, plus fort». Les JO sont à réinventer

1.http://www.legrandsoir.info/l-attentat-de-la-ceremonie-d-ouverture-des-jo-de-londres-2012.html ´´
2.http://gymnet.org/histoire-jo-antiq.htm3.http://www.gauchemip.org/spip.php?article7074
4.http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Pierre_de_Coubertin
5.Finian Cunningham: Les Olympiques militarisés de Londres Mondialisation.ca 20 Juillet 2012
6.http://www.leboycott.fr/remarquables/le-boycott-des-jeux-de-berlin-en-1936/
 
jeudi 26 juillet 2012
 

Selon Lavrov, la position des Etats-Unis constitue une approbation sans équivoque du terrorisme

 

 

RT



La réaction de Washington à l’attentat (*) de Damas constitue une justification claire du terrorisme, s’est indigné le ministre des Affaires Etrangère russe, Sergey Lavrov. Le Département d’Etat des Etats-Unis a déclaré que les actes terroristes en Syrie n’étaient pas surprenants étant donné le comportement du régime.
Sergey Lavrov a exprimé son étonnement à une conférence de presse à Moscou : "Ces paroles constituent une claire approbation du terrorisme. Qu’est-ce que cela signifie ? C’est une déclaration désastreuse, je n’ai pas assez de mots pour le dire."
Lavrov a aussi exprimé sa surprise que le Conseil de Sécurité de l’ONU se soit refusé à condamner les actes terroristes en Syrie. La représentante permanente étasunienne à l’ONU, Susan Rice, a déclaré que les actes terroristes de Damas contribuaient à accélérer l’adoption d’une Résolution sur la Syrie en vertu du chapitre 7 de la Charte de l’ONU qui implique des sanctions sévères y compris le recours à la force.
"En d’autres termes, cela signifie : ’Nous soutiendrons ces actes terroristes jusqu’à ce que le Conseil de Sécurité de l’ONU fasse ce que nous voulons" a dit Lavrov, à propos des déclarations des représentants étasuniens.
La Secrétaire d’Etat étasunienne, Hillary Clinton, a dit dernièrement qu’il fallait travailler en lien plus étroit avec l’opposition syrienne qui gagnait du terrain pour préparer de nouvelles actions de résistance contre le gouvernement, à Damas.
Lavrov a fait remarquer que, selon les informations dont on disposait, l’opposition avait pris le contrôle de postes de frontières syriens aux frontières turque et irakienne et qu’il y avait eu des cas de pillage de biens turcs. Il a ajouté que, d’après certaines sources, ce n’étaient pas les militants de l’Armée Syrienne Libre qui avaient capturé ces postes mais des groupes liés à Al-Qaeda, et que des diplomates russes étaient en train de vérifier ces informations.
"Si nos partenaires soutiennent le fait que des terroristes s’emparent de territoires, nous aimerions savoir quelle est exactement leur position sur la Syrie. Quel objectif poursuivent-ils dans ce pays ?" a demandé le ministre russe des Affaires Etrangères.
Quant aux sanctions unilatérales prises par l’Union Européenne contre Damas, elles entrent en contradiction avec les décisions du Conseil de Sécurité de l’ONU et les accords conclus aux pourparlers de Genève, a précisé Lavrov.
"Nous pensons que le fait de prendre des décisions unilatérales entre en contradiction avec le principe de gestion collective des affaires qui régit l’accord de Genève," a dit Lavrov qui a ajouté que la Russie souhaitait que ces questions soient discutées collectivement.
"Malheureusement, quand l’Union Européenne, les Etats-Unis et d’autres états ont décidé d’adopter des sanctions contre la Syrie, ils ne nous ont pas consulté du tout," a observé Lavrov.
La crise en Syrie dure depuis plus d’un an et demi, et après tout ce temps, ce n’est pas vraiment approprié de demander au Conseil de Sécurité de prendre des sanctions, a ajouté le diplomate russe.
Lavrov a souligné que si la communauté internationale avait voulu que la crise syrienne soit gérée collectivement, elle aurait dû le faire depuis le début en traitant les deux camps également.
Les ministres des Affaires Etrangères européens ont décidé d’élargir la liste des officiels syriens bannis d’Europe et de geler les comptes bancaires et les biens qu’ils ont dans les pays européens.
D’autres mesures ont aussi été prises pour solidifier l’embargo des armes contre la Syrie. En conséquence, les bateaux et les avions cargos qui se rendent en Syrie sont soumis à des inspections forcées quand ils sont soupçonnés de transporter des armes et des équipements interdits vers la Syrie.
Traduction : Dominique Muselet
Note :
* Qui a tué trois dirigeants syriens.
Il ne faut pas manquer l’excellente analyse de la réaction de Lavrov aux déclarations des USA sur cet attentat par Dedefensa : http://www.dedefensa.org/article-lavrov_psychanalyse_le_bloc...
 
 
L’art de la guerre

I have a dream : l’écroulement des USA (Il Manifesto)

 

 

Manlio DINUCCI



Enfin – après avoir été victimes pendant plus de deux siècles de guerres, invasions et coups d’état de la part des Etats-Unis- les peuples d’Asie, Afrique et Amérique latine ont décidé qu’il est temps d’en finir. L’idée géniale a été celle d’adopter les mêmes méthodes que celles de Washington, mais pour une juste cause. On a ainsi constitué un Groupe d’action pour les Etats-Unis qui, grâce à des réunions d’experts, a élaboré le plan, dénommé « stratégie du Grand Occident ». L’intervention a été motivée ainsi : aux USA est au pouvoir depuis plus de deux siècles le même président qui, en se personnifiant d’une fois sur l’autre en un homme politique républicain ou démocrate, représente les mêmes intérêts de l’élite dominante. La Communauté internationale doit donc agir pour mettre fin à ce régime dictatorial. Se préparant à déposer le président Obama, une commission de dissidents a écrit une nouvelle Constitution des Etats unis d’Amérique, qui garantit une réelle démocratie à l’intérieur et une politique extérieure respectueuse des droits des autres peuples. En même temps (avec l’aide de consultants experts cubains, irakiens et libyens) le Groupe d’action a imposé un embargo de fer aux Etats-Unis, congelant tous les capitaux étasuniens et fermant toutes les activités des multinationales étasuniennes à l’étranger, y compris les fast food McDonald’s et les distributeurs de Coca-Cola. A la suite du blocage des spéculations financières et de l’exploitation de la main d’œuvre et des matières premières d’Asie, Afrique et Amérique latine, Wall Street s’est effondrée et l’économie étasunienne a coulé dans la crise. Le Mexique a été obligé d’ériger une barrière métallique le long de la frontière, surveillée par des véhicules et hélicoptères armés, pour empêcher que des clandestins étasuniens n’entrent dans son territoire à la recherche de travail.
A ces mesures s’en sont jointes d’autres, militaires, pour frapper à l’intérieur selon la stratégie de la « guerre non conventionnelle ». En Amérique latine des camps militaires se sont constitués, dans lesquels sont entraînés et armés des rebelles étasuniens : il s’agit surtout de natives américains, descendants des populations exterminées par les colonisateurs, et d’afro-américains, descendants des esclaves dont l’exploitation (même après l’abolition de l’esclavage) a permis aux élites dominantes de construire de colossales fortunes. Sous la bannière de l’ « Armée américaine libre », les rebelles reviennent aux Etats-Unis. En même temps sont infiltrées des forces spéciales africaines, latino-américaines et asiatiques, dont les commandos (choisis parmi ceux qui maîtrisent la langue) peuvent être confondus avec des rebelles étasuniens. Ils sont dotés d’armement et de systèmes de communication sophistiqués, qui leur permettent d’effectuer des attaques et sabotages effroyables. Ils disposent en outre de grosses quantités de dollars pour corrompre des fonctionnaires et des militaires. Comme le noyau dur de la Présidence, formé par les chefs du Pentagone et de l’appareil militaro-industriel, continue à se battre, le groupe d’action a rédigé une « kill list » des éléments les plus dangereux, qui sont éliminés par des agents secrets ou par des drones killers.
Déjà la bataille fait rage dans les rues de Washington et on dit que le président Obama est prêt à s’enfuir. Londres et Paris de plus en plus préoccupés : ils savent qu’ils sont les prochains objectifs de la stratégie du Grand Occident.
Manlio Dinucci
Edition de mardi 24 juillet 2012 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20120724/manip2pg/14/manip2pz/326279
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
 
mardi 24 juillet 2012
 

Qui se bat en Syrie ?


Alors que la presse occidentale présente l’Armée syrienne libre comme une organisation révolutionnaire armée, Thierry Meyssan affirme depuis plus d’un an qu’il s’agit au contraire d’une formation contre-révolutionnaire. Selon lui, elle serait progressivement passée des mains des monarchies réactionnaires du Golfe à celle de la Turquie, agissant pour l’OTAN. Une telle affirmation à contre-courant requiert une démonstration argumentée…
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Depuis 18 mois, la Syrie est en proie à des troubles qui n’ont cessé d’augmenter jusqu’à devenir un vaste conflit armé ayant déjà causé la mort d’environ 20 000 personnes. S’il y a consensus sur ce constat, les narrations et les interprétations divergent au-delà.
Pour les États occidentaux et leur presse, les Syriens aspireraient à vivre à l’occidentale dans des démocraties de marché. Suivant les modèles tunisien, égyptien et libyen du « printemps arabe », ils se seraient soulevés pour renverser leur dictateur Bachar el-Assad. Celui-ci aurait réprimé les manifestations dans le sang. Alors que les Occidentaux auraient souhaité intervenir pour faire cesser le massacre, les Russes et les Chinois, par intérêt ou par mépris de la vie humaine, s’y seraient opposés.
Au contraire, pour tous les États qui ne sont pas vassalisés par les USA et pour leur presse, les États-Unis auraient lancé une opération contre la Syrie qu’ils planifiaient de longue date. D’abord par le truchement de leurs alliés régionaux, puis directement, ils auraient infiltré des bandes armées qui ont déstabilisé le pays, sur le modèle des Contras du Nicaragua. Cependant ceux-ci n’auraient trouvé qu’un très faible soutien intérieur et auraient été mis en déroute pendant que la Russie et la Chine aurait empêché l’OTAN d’anéantir l’armée syrienne et de renverser ainsi l’équation régionale.
Qui dit vrai ? Qui se trompe ?

Les groupes armés en Syrie ne défendent pas la démocratie,
ils la combattent

En premier lieu, l’interprétation des événements syriens comme un épisode du « printemps arabe » est une illusion car ce « printemps » n’a pas de réalité. C’est un slogan publicitaire pour présenter positivement des faits hétéroclites. S’il y a bien eu une révolte populaire en Tunisie, au Yémen et au Bahrein, il n’y en a pas eue, ni en Égypte, ni en Libye. En Égypte, les manifestations de rue se sont limitées à la capitale et à une certaine bourgeoisie, jamais, absolument jamais, le peuple égyptien ne s’est senti concerné par le spectacle télégénique de la place Tahrir [1]. En Libye, il n’y a pas eu de révolte politique, mais un mouvement séparatiste de la Cyrénaïque contre le pouvoir de Tripoli, puis l’intervention militaire de l’OTAN qui a coûté la vie à environ 160 000 personnes.
La station libanaise NourTV a connu un vif succès en diffusant une série d’émissions d’Hassan Hamade et Georges Rahme intitulée « Le printemps arabe, de Lawrence d’Arabie à Bernard-Henri Lévy ». Les auteurs y développent l’idée que le « printemps arabe » est un remake de la « révolte arabe » de 1916-1918 orchestrée par les Britannique contre les Ottomans. Cette fois, les occidentaux ont manipulé les situations pour renverser une génération de leaders et imposer les Frères musulmans. De fait, le « printemps arabe » relève de la publicité mensongère. Désormais, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l’Égypte, et Gaza sont gouvernés par une confrérie qui d’un côté impose un ordre moral, et de l’autre soutient le sionisme et la capitalisme pseudo-libéral, c’est-à-dire les intérêts d’Israël et des Anglo-Saxons. L’illusion s’est dissipée. Certains auteurs, comme le Syrien Said Hilal Alcharifi raillent désormais le « printemps otanien ».
Deuxièmement, les dirigeants du Conseil national syrien (CNS) comme les commandants de l’Armée syrienne libre (ASL) ne sont aucunement des démocrates, au sens qu’ils seraient favorables à « un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », suivant la formule d’Abraham Lincoln reprise dans la Constitution française.
Ainsi, le premier président du CNS fut l’universitaire parisien Burhan Ghalioun. Il n’était aucunement « un opposant syrien persécuté par le régime » puisqu’il venait et circulait librement dans son pays. Il n’était pas non plus un « intellectuel laïque » comme il le prétend, puisqu’il était le conseiller politique de l’Algérien Abbassi Madani, président du Front islamique du salut (FIS), aujourd’hui réfugié au Qatar.
Son successeur, Abdel Basset Syda [2], n’est entré en politique qu’au cours des derniers mois, et s’est immédiatement affirmé comme un simple exécutant des volontés états-uniennes. Dès son élection à la tête du CNS, il s’est engagé non pas à défendre la volonté de son peuple, mais à appliquer la « feuille de route » que Washington a rédigé pour la Syrie : The Day after.
Les combattants de l’Armée syrienne libre ne sont pas plus des militants de la démocratie. Ils reconnaissent l’autorité spirituelle du cheikh Adnan al-Arour, un prêcheur takfiriste, qui appelle à renverser et à tuer Bachar el-Assad non pour des motifs politiques, mais uniquement parce qu’il est de confession alaouite, c’est-à-dire hérétique à ses yeux. Tous les officiers identifiés de l’ASL sont sunnites et toutes les brigades de l’ASL portent des noms de figures historiques sunnites. Les « tribunaux révolutionnaires » de l’ASL condamnent à mort leurs opposants politiques (et pas seulement les partisans de Bachar el-Assad) et les mécréants qu’ils égorgent en public. Le programme de l’ASL est de mettre fin au régime laïque installé par le Baas, le PSNS et les communistes au profit d’un régime confessionnel sunnite pur.

Le conflit syrien a été prémédité par les Occidentaux

La volonté occidentale d’en finir avec la Syrie est connue et elle suffit largement à expliquer les événements actuels. Rappelons ici quelques faits qui ne laissent aucun doute sur la préméditation des événements [3].
La décision de faire la guerre à la Syrie a été prise par le président George W. Bush lors d’une réunion à Camp David, le 15 septembre 2001, juste après les attentats spectaculaires de New York et Washington. Il était prévu d’intervenir simultanément en Libye pour montrer la capacité d’action sur un double théâtre d’opération. Cette décision a été attestée par le témoignage du général Wesley Clark, ex-commandeur suprême de l’OTAN, qui y était opposé.


Dans la foulée de la chute de Bagdad, en 2003, le Congrès a adopté deux lois donnant instruction au président des États-Unis de préparer une guerre contre la Libye et une autre contre la Syrie (le Syria Accountability Act).
En 2004, Washington a accusé la Syrie de cacher sur son sol les armes de destruction massive que l’on ne parvenait pas à trouver en Irak. Cette accusation a fait long feu lorsqu’il a été admis que ces armes n’avaient jamais existé et n’étaient qu’un prétexte pour envahir l’Irak.
En 2005, après l’assassinat de Rafik Hariri, Washington a tenté d’entrer en guerre contre la Syrie, mais n’y est par parvenu car elle a retiré son armée du Liban. Les États-Unis ont alors suscité des faux témoignages pour accuser le président el-Assad d’avoir commandité l’attentat et ils ont créé un tribunal international d’exception pour le juger. Mais ils ont en définitive été contraints de retirer leurs fausses accusations après que leurs manipulations aient été mises à jour.
En 2006, les États-Unis ont commencé à préparer la « révolution syrienne » en créant le Syria Democracy Program. Il s’agissait de créer et de financer des groupes d’opposition pro-occidentale (comme le Mouvement pour la Justice et le Développement). Au financement officiel du département d’État s’est ajouté un financement secret de la CIA via une association californienne, le Democracy Council.
Toujours en 2006, les États-Unis ont sous-traité à Israël une guerre contre le Liban, dans l’espoir d’y impliquer la Syrie et de pouvoir intervenir. Mais la rapide victoire du Hezbollah a fait échouer ce plan.
En 2007, Israël a attaqué la Syrie, bombardant une installation militaire (Opération Orchard). Mais là encore, Damas a gardé son sang-froid et ne s’est pas laissé entraîné dans la guerre. Des vérifications ultérieures de l’Agence internationale de l’énergie atomique ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un site nucléaire, contrairement à ce qui avait été affirmé par les Israéliens.
En 2008, lors de la réunion que l’OTAN organise annuellement sous le titre Groupe de Bilderberg, la directrice de l’Arab Reform Initiative, Bassma Kodmani, et le directeur de la Stiftung Wissenschaft und Politik, Volker Perthes, exposèrent brièvement au Gotha américano-européen les avantages économiques, politiques et militaires d’une possible intervention de l’Alliance en Syrie.
En 2009, la CIA a mis en place des outils de propagande à destination de la Syrie comme la chaîne BaradaTV, basée à Londres, et OrientTV basée à Dubai.
À ces éléments historiques, ajoutons qu’une réunion s’est tenue au Caire, la seconde semaine de février 2011, autour de John McCain, Joe Lieberman et Bernard-Henry Lévy, des personnalités libyennes comme Mahmoud Jibril (alors numéro 2 du gouvernement de la Jamahiriya) et des personnalités syriennes comme Malik al-Abdeh et Ammar Qurabi. C’est cette réunion qui donna le signal des opérations secrètes qui débutèrent à la fois en Libye et en Syrie (le 15 février à Benghazi et le 17 à Damas).
En janvier 2012, les départements US d’État et de la Défense constituèrent le groupe de travail The Day After. Supporting a democratic transition in Syria qui rédigea à la fois une nouvelle constitution pour la Syrie et un programme de gouvernement [4].
En mai 2012, l’OTAN et le CCG mirent en place le Working Group on Economic Recovery and Development of the Friends of the Syrian People, sous co-présidence allemande et émiratie. L’économiste syro-britannique Ossam el-Kadi y élabora un partage des richesses syriennes entre les États membres de la coalition, à appliquer le « jour d’après » (c’est-à-dire après le renversement du régime par l’OTAN et le CCG) [5].

Révolutionnaires ou contre-révolutionnaires ?

Les groupes armés ne sont pas issus des manifestations pacifiques de février 2011. Ces manifestations dénonçaient en effet la corruption et réclamaient plus de libertés, tandis que les groupes armés —nous l’avons vu plus haut— ressortent de l’islamisme.
Au cours des dernières années, une terrible crise économique a frappé les campagnes. Elle était due aux mauvaises récoltes, qui ont été à tort appréhendées comme des malheurs passagers alors qu’elles étaient la conséquences de changements climatiques durables. À cela se sont ajoutées des erreurs dans la mise en œuvre de réformes économiques qui ont désorganisé le secteur primaire. Il s’en est suivi un fort exode rural auquel le gouvernement a su faire face, et une dérive sectaire de certains paysans que le pouvoir a négligé. Dans de nombreuses régions, l’habitat rural n’était pas concentré en villages, mais dispersé sous forme de fermes isolées, personne n’a mesuré l’ampleur du phénomène jusqu’à ce que ses adeptes se regroupent.
En définitive, alors que la société syrienne incarne le paradigme de la tolérance religieuse, un courant takfiriste s’est développé en son sein. Il a fourni la base des groupes armés. Ceux-ci ont été richement financés par les monarchies wahhabites (Arabie saoudite, Qatar, Sharjjah).
Cette manne a suscité le ralliement de nouveaux combattants parmi lesquels on trouve des parents de victimes de la répression massive du sanglant coup d’État manqué des Frères musulmans, en 1982. Leur mobile est souvent moins idéologique que personnel. Il ressort de la vendetta.
De nombreux voyous et repris de justice appâtés par l’argent facile se sont ajoutés : un « révolutionnaire » est payé 7 fois le salaire moyen.
Enfin, des professionnels ayant combattu en Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie ou Irak ont commencé à affluer. Au premier rangs desquels les hommes d’Al Qaida en Libye, conduits par Abdelhakim Belhaj en personne [6]. Les médias les présentent comme des jihadistes, ce qui est inapproprié, l’islam ne concevant pas de guerre sainte contre des coreligionnaires. Ce sont avant tout des mercenaires.
La presse occidentale et du Golfe insiste sur la présence de déserteurs dans l’ASL. C’est certain, mais il est par contre faux qu’ils aient fait défection après avoir refusé de réprimer des manifestations politiques. Les déserteurs en question rentrent presque toujours dans les cas que nous avons précédemment cités. Au demeurant, une armée de 300 000 hommes a forcément parmi elle ses fanatiques religieux et ses voyous.
Les groupes armés utilisent un drapeau syrien à bande verte (au lieu de la bande rouge) et à trois étoiles (au lieu de deux). La presse occidentale le qualifie de « drapeau de l’indépendance », car il était en vigueur au moment de l’indépendance du pays, en 1946. En réalité, il s’agit du drapeau du mandat français qui resta en vigueur lors de l’indépendance formelle du pays (1932 à 1958). Les trois étoiles représentent les trois districts confessionnels du colonialisme (alaouite, druze et chrétien). Utiliser ce drapeau, ce n’est certainement pas brandir un symbole révolutionnaire. Au contraire, c’est affirmer vouloir prolonger le projet colonial, celui de l’Accord Sykes-Picot de 1916 et du remodelage du « Moyen-Orient élargi ».
Au cours des 18 mois d’action armée, ces groupes armés se sont structurés et plus ou moins coordonnés. En l’état actuel,la grande majorité sont passés sous commandement turc, sous le label Armée syrienne libre. De fait, ils sont devenus des supplétifs de l’OTAN, le quartier général de l’ASL étant même installé sur la base aérienne de l’OTAN à Incirlik. Les islamistes les plus durs ont formé leurs propres organisations ou ont rejoint al-Qaida. Ils sont sous le contrôle du Qatar ou de la branche sudeiri de la famille royale saoudienne [7]. De facto, ils sont rattachés à la CIA.
Cette constitution progressive, qui part de paysans pauvres pour se terminer avec un afflux de mercenaires, est identique à ce que l’on a connu au Nicaragua lorsque la CIA organisa les Contras pour renverser les sandinistes, ou que l’on avait connu à Cuba lorsque la CIA organisa le débarquement de la Baie des cochons pour renverser les castristes. Précisément, c’est de ce modèle que les groupes armés syriens se revendiquent aujourd’hui : en mai 2012, les Contras cubains ont organisé à Miami des séminaires de formation à la guérilla contre-révolutionnaire pour leurs homologues syriens [8].
Les méthodes de la CIA sont partout les mêmes. Ainsi les Contras syriens ont concentré leur action militaire d’une part sur la création de bases fixes (mais aucune n’a tenu, même pas l’Émirat islamique de Baba Amr), puis sur le sabotage de l’économie (destruction des infrastructures et incendie des grandes usines), enfin sur le terrorisme (déraillement de trains de passagers, attentats à la voiture piégée dans des sites fréquentés, assassinat de leaders religieux, politiques et militaires).
Par conséquent, la partie de la population syrienne qui pouvait avoir de la sympathie pour les groupes armés au début des événements, pensant qu’ils représentaient une alternative au régime actuel, s’en sont progressivement désolidarisés.
Sans surprise, la bataille de Damas a consisté à faire converger vers la capitale les 7 000 combattants dispersés dans le pays et des armées de mercenaires en attente dans les pays limitrophes. Des dizaines de milliers de Contras ont tenté de pénétré le pays. Ils se sont déplacés simultanément en nombreuses colonnes de pick-up, préférant traverser les déserts que prendre les autoroutes. Une partie d’entre eux a été stoppée par des bombardements aériens et a du rebrousser chemin. D’autres après s’être emparés de postes-frontière sont parvenus à la capitale. Il n’y ont pas trouvé le soutien populaire escompté. Au contraire, ce sont les habitants qui ont guidé les soldats de l’Armée nationale pour les identifier et les déloger. Au final, ils ont été contraints de battre en retraite et ont annoncé qu’à défaut de prendre Damas, ils prendraient Alep. Au demeurant, cela montre qu’ils ne sont ni des Damascènes en révolte, ni des Alepains, mais des combattants itinérants.


Infiltration de Contras via le désert près de Dera
L’impopularité des groupes armés doit être comparée avec la popularité de l’Armée régulière et des milices d’auto-défense. L’Armée nationale syrienne est une armée de conscription, c’est donc une armée populaire, et il est impensable qu’elle puisse servir à une répression politique. Depuis peu, le gouvernement a autorisé la constitution de milices de quartiers. Il a distribué des armes aux citoyens qui se sont engagés à consacrer chaque jour 2h de leur temps pour défendre leur quartier, sous encadrement militaire.

Des vessies pour des lanternes

En son temps, le président Reagan rencontra quelques difficultés pour présenter ses Contras comme des « révolutionnaires ». Il créa pour cela une structure de propagande, le Bureau de la diplomatie publique, dont il confia la direction à Otto Reich [9]. Celui-ci corrompit des journalistes dans la plupart des grands médias US et ouest-européens pour intoxiquer le public. Il lança entre autres une rumeur selon laquelle les sandinistes disposaient d’armes chimiques et risquaient de les utiliser contre leur propre peuple. Aujourd’hui la propagande est dirigée depuis la Maison-Blanche par le conseiller de sécurité nationale adjoint chargé des communications stratégiques, Ben Rhodes. Il applique les bonnes vieilles méthodes et a ressorti contre le président el-Assad la rumeur des armes chimiques.
En collaboration avec le MI6 britannique, Rhodes a réussi a imposer comme principale source d’information des agences de presse occidentales une structure fantôme : l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les médias n’ont jamais questionné la crédibilité de cette signature, alors même que ses affirmations ont été démenties par les observateurs de la Ligue arabe et par ceux des Nations Unies. Mieux, cette structure fantôme, qui n’a ni locaux, ni personnel, ni expertise, est également devenue la source d’information des chancelleries européennes depuis que la Maison-Blanche les a convaincues de retirer leur personnel diplomatique de Syrie.

En attendant le direct, le correspondant d’Al-Jazeera Khaled Abou Saleh téléphone à sa rédaction. Il prétend que Baba Amr est bombardé et organise les bruitages. M. Abou Saleh était invité d’honneur de François Hollande à la 3e Conférence des Amis de la Syrie.
Ben Rhodes a également organisé des spectacles pour journalistes en mal d’émotions. Deux tours operators ont été mis sur pied, l’un au cabinet du Premier ministre turc Erdogan et le second au cabinet de l’ex-Premier ministre libanais Fouad Siniora. Les journalistes qui le souhaitaient étaient invités à entrer illégalement avec des passeurs en Syrie. On offrait durant des mois un voyage depuis la frontière turque dans un village témoin situé en montagne. On pouvait y réaliser des séances photos avec des « révolutionnaires » et « partager le quotidien des combattants ». Puis, pour les plus sportifs, on pouvait depuis la frontière libanaise aller visiter l’Émirat islamique de Baba Amr.
Fort étrangement, nombre de journalistes ont observé eux-mêmes d’énormes falsifications, mais ils n’en ont tiré aucune conclusion. Ainsi, un célèbre reporter-photographe a filmé les « révolutionnaires » de Baba Amr brûler des pneus pour dégager de la fumée noire et faire accroire à un bombardement du quartier. Il a diffusé ces images sur Channel4 [10], mais a continué à affirmer qu’il avait été témoin du bombardement de Baba Amr relaté par l’Observatoire syrien des Droits de l’homme.

http://bcove.me/f1pil23j

 Ou encore, le New York Times a relevé que des photos et vidéos transmises par le service de presse de l’Armée syrienne libre et montrant de valeureux combattants étaient des mises en scène [11]. Les armes de guerre étaient en réalité des répliques, des jouets pour enfants. Le quotidien a néanmoins continué à croire en l’existence d’une armée de déserteurs de près de 100 000 hommes.


Lecture d’une déclaration de l’Armée syrienne libre. Les fiers « déserteurs » sont des figurants qui portent des armes factices.
Selon un schéma classique, les journalistes préfèrent mentir que reconnaître qu’ils se sont fait manipuler. Une fois bernés, ils participent donc consciemment au développement du mensonge qu’ils ont découvert. Reste à savoir si vous, lecteurs de cet article, préférerez aussi fermer les yeux ou si vous déciderez de soutenir le peuple syrien contre l’agression des Contras.
Thierry Meyssan
 
vendredi 20 juillet 2012
 

L’opposition syrienne : qui produit le discours ? (The Guardian)

 

 

Charlie SKELTON
Rami Abdulrahman, directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme
Les médias ont été trop passifs au sujet des sources de l’opposition syrienne, sans s’intéresser à leur nature et à leurs affiliations politiques. Il est temps d’y regarder de plus près…


C’est un cauchemar qui se déroule en Syrie, dans les maisons d’al-Heffa et dans les rues de Houla. Et nous savons tous comment l’histoire va finir : avec des milliers de soldats et de civils tués, des villes et des familles détruites, et le président Assad battu à mort dans un fossé.
C’est l’histoire de la guerre en Syrie, mais une autre histoire doit être dite. Une histoire moins sanglante, mais néanmoins importante. C’est une histoire des faiseurs de contes : les portes paroles, les « spécialistes de la Syrie », les « militants démocrates. » Les faiseurs de déclarations. Les gens qui « exhortent, » et « avertissent »et « appellent à l’action. »
C’est une histoire sur les membres les plus cités de l’opposition syrienne et leur connexion au business anglo-américain de fabrication d’oppositions. Les médias d’information grand public ont été, pour l’essentiel, remarquablement passifs au sujet des sources syriennes : en les présentant simplement comme « portes parole officiels » ou « militants pour la démocratie » sans, en général, examiner leurs déclarations, leurs trajectoires ou leurs affiliations politiques.
Il est important de le souligner : enquêter sur la trajectoire d’un porte-parole Syrien ne revient pas à mettre en doute la sincérité de son opposition à Assad. Mais une passion haineuse contre le régime Assad n’est en rien une garantie d’indépendance. En fait, in certain nombre de personnalités importantes du mouvement syrien d’opposition sont des exilés de longue date qui étaient subventionnés par le gouvernement US pour affaiblir le gouvernement Assad bien avant le déclenchement du Printemps arabe.
Même si la déposition du président Assad par la force n’a aps encore été ouvertement affichée par le gouvernement des Etats unis, ces portes parole plaident ouvertement pour une intervention militaire en Syrie et sont de ce fait des alliés naturels pour des néoconservateurs US bien connus qui avaient soutenu l’invasion de l’Irak par Bush et font maintenant pression sur l’administration Obama pour qu’elle intervienne. Et comme nous le verrons, plusieurs de ces portes parole ont trouvé un soutien auprès de ceux qui, des deux côtés de l’Atlantique, sont en faveur d’ une intervention militaire, et dans certains cas, ils ont développé d’anciennes et lucratives relations avec eux.
« Le temps est compté » [Le sable s’écoule dans le sablier] a déclaré Hillary Clinton dimanche. Il est donc grand temps, au moment où les combats en Syrie s’intensifient, et où des bateaux de guerre russes font route vers Tartous, de regarder de plus près ceux qui parlent au nom du peuple syrien.

Le Conseil National Syrien

Les porte-paroles d’opposition les plus cités sont les représentants officiels du Conseil National Syrien (CNS). Le CNS n’est pas la seule organisation d’opposition – mais il est généralement considéré comme « la principale coalition d’opposition » (BBC). Le Washington Times le décrit comme « une organisation qui coordonne des factions rivales basées hors de Syrie. » LE CNS est certainement l’organisation d’opposition qui a les relations les plus étroites avec les puissances occidentales – et a apelé à une intervention étrangère dès les premières phases du soulèvement. En février de cette année, à l’ouverture du sommet des Amis de la Syrie en Tunisie, William Hague [ministre britannique des affaires étrangères, NdT] avait déclaré : « Je rencontrerai les dirigeants du Conseil national Syrien d’ici quelques minutes… Nous, ainsi que d’autres nations, les traiterons et les reconnaîtrons en tant que représentants légitimes du peuple syrien. »
Le plus haut porte-parole officiel du SNC est l’universitaire Syrienne établie à Paris, Bassma Kodmani.

Bassma Kodmani

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Bassma Kodmani du Conseil National Syrien par Carter Osmar
Kodmani est membre du bureau exécutif et chargée des affaires étrangères au Conseil National Syrien. Kodmani est proche du centre de la structure de pouvoir du CNS, et elle est un des porte-paroles du CNS les plus actifs. « Aucun dialogue n’est possible avec le régime en place. Nous ne pouvons discuter que de la manière d’aller vers un système politique différent, » a-t-elle déclaré cette semaine. On la retrouve, citée par le fil AFP : « L’étape suivante requiert une résolution sous le chapitre VII [de la charte de l’ONU] qui autorise l’usage de tous les moyens légitimes, de moyens coercitifs, d’un embargo sur les armes ainsi que l’usage de la force pour obliger le régime à se conformer » [à la résolution].
Cette déclaration se traduit dans la une suivante : « Les Syriens appellent à une force armée de maintien de la paix » (Herald Sun, Australie). Quand il est fait appel à une action militaire internationale de grande ampleur, il semble tout simplement raisonnable de demander : qui exactement fait cet appel ? Nous pouvons dire simplement, « un porte-parole officiel du SNC, » ou nous pouvons regarder d’un peu plus près.
Cette année, c’était le deuxième Bilderberg pour Kodmani. A la conférence de 2008, Kodmani était inscrite en tant que française ; en 2012 sa francité avait disparu et elle était inscrite simplement comme « internationale » – sa patrie était devenue le monde des relations internationales.
Quelques années en arrière, Kodmani travaillait pour la Ford Foundation au Caire, où elle était directrice de son programme de gouvernance et de coopération internationale. La Ford Foundation est une vaste organisation dont le siège est à New York et Kodmani avait déjà un rang assez haut placé. Mais elle était sur le point de monter d’une division.
Vers cette époque, e, février 2005, les relations syro-étatsuniennes s’étaient gravement détériorées, et le président Bush avait rappelé son ambassadeur à Damas. De nombreux projets d’opposition datent de cette période. « L’argent US pour des personnalités de l’opposition syrienne a commencé à affluer sous le président George W Bush après qu’il a effectivement gelé les relations politiques avec Damas en 2005, » explique le Washington Post.
En septembre 2005, Kodmani a été nommée directrice exécutive de l’Arab Reform Initiative (ARI)- un programme de recherche initié par une puissante organisation de lobbying, le Council on Foreign Relations (CFR).
Le CFR est un thinktank d’élite en matière de politique étrangère, l’Arab Reform Initiative est présenté sur son site web comme un « projet du CFR. » Plus précisément, l’ARI a été lancée par une organisation interne au CFR appelée le US/Middle East Project” – un groupe de diplomates de haut niveau, de financiers et d’officiels du renseignement, dont l’objectif affiché est d’entreprendre une « analyse politique » régionale de sorte « à prévenir les conflits et à promouvoir la stabilité. » L’ US/Middle East Project poursuit ces objectifs sous la supervision d’un conseil international présidé par le général en retraite Brent Snowcroft.
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Peter Sutherland photographié à la conférence de Bilderberg par Hannah Borno
Brent Snowcroft (président émérite) est un ancien conseiller pour la sécurité nationale du président des Etats Unis – il avait succédé dans ce rôle à Henry Kissinger. A côté de Snowcroft dans le bureau international, nous trouvons son collègue en géostratégie Zbigniew Brzezinski qui lui avait succédé comme conseiller pour la sécurité nationale, et Peter Sutherland, le PDG de Goldman Sachs International. Donc, dès 2005, nous avions une partie du gratin de la banque et du renseignement en occident qui sélectionnait Kodmani pour diriger un projet de recherche sur le Moyen Orient. En septembre de cette année là, Kodmani avait été nommée directrice à plein temps du programme. Plus tôt en cette année 2005, le CFR avait assigné le « contrôle financier » du projet au Centre for European Reform (CER). C’est là que les Britanniques entrent en scène.
Le CER est supervisé par Lord Kerr ; le vice président de Royal Dutch Shell. Kerr est un ancien chef du service diplomatique et est conseiller principal à Chatham House (un thinktank qui réunit les meilleurs cerveaux de l’establishment diplomatique britannique).
En charge de la gestion au jour le jour du CER, nous avons Charles Grant, ancien rédacteur en chef de la rubrique défense de The Economist, et membre en ce moment de l’ European Council on Foreign Relations (ECFR), un « thinktank paneuropéen » rempli de diplomates, d’industriels, de professeurs et de premiers ministres. Dans la liste de ses membres, vous trouverez le nom : « Bassma Kodmani (France/Syrie) – Directrice Exécutive, Arab Reform Initiative. »
Autre nom sur la liste : George Soros – le financier dont l’organisation à but non lucratif ‘Open Society Foundations » est une des principales sources de financement de l’ECFR. A ce niveau, les mondes de la banque, de la diplomatie, de l’industrie, du renseignement et les divers fondations et instituts de stratégie politique se retrouvent tous ensemble et, là, au milieu de tout ça, se trouve Kodmani.
Ce qu’il faut relever, c’est que Kodmani n’est pas une quelconque « militante pro-démocratie » qui s’est retrouvée par hasard devant un microphone. Elle dispose de références diplomatiques impeccables : elle a le statut de directrice de recherche à l’Académie Diplomatique Internationale – « une institution indépendante et neutre qui a pour vocation de promouvoir une diplomatie moderne ». L’Académie est présidée par Claude Cousseran, un ancien chef de la DGSE – le service de renseignements extérieurs français.
L’image qui se forme est celle de Kodmani comme fidèle lieutenant de l’industrie anglo-américaine de promotion de la démocratie. Sa « province d’origine » (d’après le site internet du CNS) est Damas, mais elle a des relations professionnelles étroites et anciennes avec précisément ces mêmes puissances qu’elle appelle à intervenir en Syrie.
Et nombre de ses collègues porte-paroles ont également de bonnes relations.

Radwan Ziadeh

Un autre représentant du SNC souvent cité est Radwan Ziadeh – directeur des relations extérieures du Conseil National Syrien. Ziadeh a un CV impressionnant : senir fellow d’un thinktank de Washington financé par le gouvernement fédéral, l’ US Institute of Peace (le conseil d’administration de l’USIP est plein d’anciens du Département de la Défense et du National Security Council ; son président est Richard Solomon, ancien conseiller de Kissinger au National Security Council).
En février de cette année, Ziadeh s’est associé à un groupe de faucons de l’élite de Washington pour signer une lettre appelant Obama à intervenir en Syrie : parmi ses cosignataires figurent James Woolsey (ancien chef de la CIA), Karl Rove (le mentor de Bush junior), Clifford May (Committee on the Present Danger) et Elisabeth Cheney, ancienne directrice de l’ Iran-Syria Operations Group au Pentagone.
Ziadeh est un organisateur infatigable, un parfait initié de Washington en relation avec certains des plus puissants thinktanks de l’establishment. Les connections de Ziadeh s’étendent jusqu’à Londres. En 2009, il est devenu chercheur invité à Chatham House, et en juin de l’année dernière, il était présent dans le groupe d’experts d’un de leurs évènements – « Imaginer l’avenir politique de la Syrie » – partageant le plateau avec un autre porte-parole du CNS, Ausama Monajed (des informations sur Monajed ci-dessous) et un membre du CNS, Najib Ghadbian.
Le Wall Street Journal a identifié Ghadbian comme un des premiers intermédiaires entre le gouvernement US et l’opposition syrienne en exil : « Un premier contact entre la maison Blanche et le Front du Salut national (FSN) avait été assuré par Najib Ghadbian, un politologue de l’université de l’Arkansas. » C’était en 2005. Une année qui a marqué un tournant.
En ce moment, Ghadbian est membre du secrétariat général du CNS, et est au conseil de surveillance d’une organisation politique basée à Washington, le Syrian Center for Political and Strategic Studies (SCPSS) – une organisation dont il est le co-fondateur.
Ziadeh construit ce genre de relations depuis des années. En 2008, Ziadeh avait participé à une réunion avec des personnalités d’opposition dans des locaux gouvernementaux à Washington : une mini-conférence intitulée « Syria In-Transition ». La réunion avait été co-sponsorisée par un organisme basé aux USA appelé le Democracy Council et une organisation basée au Royaume Uni appelée le Movement for Justice and Development (MJD). Ce fut un grand jour pour le MJD – son président, Anas Al-Abdah, s’était déplacé de Grande Bretagne aux Etats Unis pour l’occasion avec son directeur des relations publiques. Ci-après, une description de cette journée tirée du site internet du MJD : « La conférence a vu une affluence exceptionnelle puisque la salle était bourrée à craquer d’invités de la Chambre des représentants et du sénat, ce représentants de centres d’études, de journalistes et dde Syriens expatriés aux USA. »
La journée avait débuté par un discours inaugural de James Prince, directeur du Democracy Council. Ziadeh participait à un groupe d’experts présidé par Joshua Muravchik (l’auteur ultra-interventionniste de la lettre ouverte « Bomb Iran » en 2006). Le thème de la discussion était « l’émergence d’une opposition organisée. » Assis à côté de Ziadeh danns ce groupe de discussion, se trouvait le directeur des relations publiques du MJD – un homme qui deviendra plus tard son collègue porte-parole au CNS – Ausama Monajed.

Ausama Monajed

Avec Kodmani et Ziadeh, Ausama (ou parfois Osama) Monajed est un des plus importants porte-paroles du CNS. Il y en a d’autres, bien sûr – le CNS est une structure énorme qui comprend les Frères Musulmans. Le spectre de l’opposition à Assad est très large, mais ce sont là quelques voix essentielles.
Il y a d’autres porte-paroles officiels qui ont une longue carrière politique, comme George Sabra du Parti Démocratique Populaire Syrien – Sabra a subi l’arrestation et un long séjour en prison pour son combat contre le « régime répressif et totalitaire en Syrie. » Et il existe d’autres vois d’opposition en dehors du CNS comme l’écrivain Michel Kilo, qui parle avec éloquence de la violence qui ravage son pays. « La Syrie est en cours de destruction – rue après rue, ville par ville, village après village. Qu’est-ce que ce genre de solution ? Pour le maintien au pouvoir d’un petit groupe, tout le pays est détruit. »
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Ausuma Monajed
Mais il est hors de doute que la principale organisation d’opposition est le CNS et on constate que ce sont souvent Kodmani, Ziadeh et Monajed qui le représentent. Monajed apparaît souvent comme commentateur sur les chaînes télévisées d’informations. On le voit ici s’exprimant depuis son bureau à Washington. Monajed n’édulcore pas son message : « Nous voyons tous les jours à la télévision des civils assassinés et des enfants assassinés et tués, et des femmes violées »
Dans le même temps, sur al jazeera, Monajed parle de « ce qui se passe vraiment, en réalité, sur le terrain, » des « miliciens d’Assad » qui « viennent et violent les femmes, tuent les enfants et les personnes âgées. »
Monajed est devenu, depuis seulement quelques jours, blogueur sur le Huffington Post UK, où il explique en long et en large ; « Pourquoi le monde doit intervenir en Syrie » – appelant à une « assistance militaire directe » et à une « aide militaire étrangère. » Une fois de plus, la bonne question pourrait être : qui est ce porte-parole qui appelle à une intervention militaire ?
Monajed est membre du CNS où il est conseiller du président et il est, selon sa biographie au CNS, « le fondateur et directeur de Barada Television, » une chaîne satellitaire basée à Vauxhall, Londres sud. En 2008, quelques mois après avoir assisté à la conférence Syria In-Transition, Monajed était reparti pour Washington, invité à dîner avec George W. Bush avec d’autres dissidents bien en cour (on peut voit Monajed sur la photo souvenir, le troisième à partir de la droite, cravate rouge, non loin de Condoleeza Rice – à l’opposé de Garry Kasparov).
A cette époque, en 2008, le Département d’Etat US connaissait Monajed en tant que « directeur des relations publiques pour le Mouvement pour la Justice et le Développement (MJD) qui dirige la lutte pour un changement démocratique et pacifique en Syrie. »
Examinons de plus près le MJD. L’an dernier, le Washington Post a sélectionné une information de Wikileaks qui a publié des quantités de communications diplomatiques piratées. Ces communications montrent qu’un important flux financier va du Département d’Etat US au Mouvement pour la Justice et le Développement dont le siège se trouve en Grande Bretagne. Selon l’article du Washington Post : « Barada TV est étroitement affiliée au Mouvement pour la Justice et le Développement, un réseau d’exilés Syriens établi à Londres. Les câbles diplomatiques américains classifiés montrent que le Département d’Etat a donné pas moins de 6 millions de dollars à cette organisation depuis 2006 pour qu’elle fasse fonctionner la chaîne satellitaire et pour financer d’autres activités à l’intérieur de la Syrie. »
Un porte-parole du Département d’Etat avait réagi à cet article en déclarant : « Essayer de promouvoir une transformation vers un processus plus démocratique dans cette société ne porte pas nécessairement atteinte au gouvernement en place ». » Et ils ont raison, « pas nécessairement. »
Questionné au sujet de l’argent du Département d’Etat, Monajed dit lui-même « ne pas pouvoir confirmer » un financement du Département d’Etat US pour Barada TV, mais déclare : « Je n’ai personnellement pas reçu un centime. » Malik al -Abdeh, tout récemment encore chef de la rédaction à Barada TV insiste : « Nous n’avons pas eu de liens directs avec le Département d’ Etat US. » La signification de cette phrase tourne autour du mot « directs ». Il convient de noter que Malik al -Abdeh, se trouve aussi être un des fondateurs du Mouvement pour la Justice et le Développement (destinataire de 6 millions de dollars du Département d’Etat selon le câble rendu public). Et il est le frère du président de la chaîne, Anas Al-Abdah. Il est aussi copropriétaire de la marque déposée du MJD : ce que Malik al Abdeh reconnaît, c’est que Barada TV reçoit une bonne part de ses financements d’une fondation américaine : le Democracy Council. Un des co-sponsors (avec le MJD) de la mini-conférence Syria In-Transition. Donc, ce que nous avons en 2008, lors de cette même réunion, ce sont précisément les dirigeants de des organisations identifiées dans les câbles Wikileaks comme étant le canal (le Democracy Council) et le bénéficiaire (le MJD) de grosses sommes d’argent du Département d’Etat.
Le Democracy Council (un pourvoyeur de subventions basé aux Etats Unis) cite le Département d’Etat comme étant une de ses sources de financement. Il travaille ainsi : le Democracy Council sert d’intermédiaire pour gérer des subventions en tant qu’intermédiaire entre la “Middle East Partnership Initiative” du Département d’Etat et des « partenaires locaux » (comme Barada TV). Comme l’explique le Washington Post :
« Plusieurs câbles diplomatiques émanant de l’ambassade à Damas révèlent que les exilés Syriens reçoivent de l’argent d’un programme du Département d’Etat appelé la Middle East Partnership Initiative. Selon ces câbles, le Département d’Etat a fait transiter l’argent à l’organisation en exil via le Democracy Council, une fondation dont le siège se trouve à Los Angeles. »
Le même article attire l’attention sur un câble de 2009 émis par l’ambassade US en Syrie qui indique que le Democracy Council a reçu 6,3 millions de dollars du Département d’Etat pour réaliser un programme concernant la Syrie, la “Civil Society Strengthening Initiative”. Le câble la décrit comme « un discret effort de collaboration entre le Democracy Council et des partenaires locaux » dans le but de produire, entre autres choses, « divers concepts de diffusion [des idées]. » Selon le Washington Post : « D’autres câbles indiquent clairement qu’un de ces concepts était Barada TV. »
Il y a encore quelques mois, la Middle East Partnership Initiative (MEPI)du Département d’Etat était supervisée par Tamara Cofman Wittes (elle est maintenant à la Brookings Institution – un thinktank influent de Washington). Selon elle, la MEPI a « créé une ‘image’ positive des efforts des USA pour promouvoir la démocratie. » Quand elle travaillait sur ce dossier, elle avait déclaré : « Il y a de nombreuses organisations en Syrie et dans d’autres pays qui veulent des changements dans leurs gouvernements… C’est un agenda auquel nous croyons et nous allons le soutenir. » Et par soutien, elle veut dire financier.

L’argent

Ce n’est pas nouveau. Revenez un moment au début 2006, et vous avez une annonce par le département d’Etat d’une nouvelle « opportunité de subventionnement » appelée le « Syria Democracy Program. » Avec une offre de subventions d’un montant de « 5 millions de dollars sur l’année fiscale fédérale 2006. » Le but de ces subventions ? « Accélérer le travail des réformateurs en Syrie. »
En ce moment, l’argent afflue encore plus vite que jamais. Au début juin 2012, le Syrian Business Forum a été lancé à Doha par des dirigeants de l’opposition, dont Wael Merza (secrétaire général du CNS). « Ce fonds a été établi pour soutenir toutes les composantes de la révolution en Syrie, » avait déclaré Merza. Le niveau de ce fonds ? Quelque 300 millions de dollars. La provenance de l’argent n’est pas claire du tout, quoique Merza « a fait allusion à un puissant soutien financier des Etats arabes du Golfe pour le nouveau fonds » (al Jazeera). A son lancement, Merza avait dit que quelque 150 millions de dollars avaient déjà été dépensés, en partie pour l’Armée Syrienne Libre (ASL).
L’organisation d’hommes d’affaires Syriens de Merza était présente à une conférence du Forum Economique Mondial intitulée « Plateforme pour la coopération internationale » qui s’est tenue à Istanbul en novembre 2011. Tout cela s’inscrit dans le processus par lequel le SNC a grandi en réputation, pour devenir selon les propres termes de William Hague, « un représentant légitime du peuple syrien » et être capable de gérer ouvertement ces sommes énormes.
Construire la légitimité – de l’opposition, de sa représentation, de l’intervention – est l’essentiel de bataille propagandiste.
Dans une lettre ouverte publiée en février de cette année par USA Today, l’ambassadeur Dennis Ross déclarait : « Il est temps de rehausser le statut du Conseil national Syrien. » Ce qu’il voulait, urgemment, était « la création d’une aura d’inévitabilité du CNS comme alternative à Assad. » L’aura d’inévitabilité. Gagner la bataille à l’avance.
Un combattant essentiel dans cette bataille pour les esprits et les cœurs est le journaliste Américain et blogueur pour le Daily Telegraph, Michael Weiss.

Michael Weiss

Un des experts de la Syrie les plus cités dans les médias occidentaux – et un enthousiaste d’une intervention occidentale – Michael Weiss fait écho à l’ambassadeur Ross quand il dit : Une intervention militaire en Syrie n’est pas tant une question de préférence que d’inévitabilité. »
Certains écrits interventionnistes de Weiss peuvent être trouvés sur le site web beyrouthin pro-Washington appelé ‘NOW Lebanon’ – dont la section ‘NOW Syria’ est une source importante d’actualités syriennes. NOW Lebanon a été créé en 2007 par Eli Khoury, un cadre de Saatchi & Saatchi. Khoury est présenté dans l’industrie publicitaire comme « un spécialiste de la communication stratégique, spécialisé dans le développement de l’image de marque des entreprises et des gouvernements. »
En mai dernier, Weiss avait déclaré à NOW Lebanon que grâce à la fourniture d’armes aux rebelles Syriens, « nous avons déjà commencé à voir quelques résultats. » Il avait montré une approbation semblable pour les développements militaires quelques mois auparavant dans un article pour le New Republic : « Au cours des dernières semaines, l’Armée Syrienne Libre et d’autres unités rebelles indépendantesont fait de gros progrès – à la suite de quoi, comme tout blogueur peut le faire, il avait présenté son « Plan d’action pour une intervention militaire en Syrie. »
Mais Weiss n’est pas seulement un blogueur. Il est aussi le directeur de la communication et des relations publiques de la Henry Jackson Society, un thinktank de politique étrangère ultra-ultra-belliciste.
Parmi les parrains de la Henry Jackson Society à l’international, figurent : James “ex-CIA boss” Woolsey, Michael “secrétaire à la sécurité intérieure” Chertoff, William “PNAC” [Project for a New American Century] Kristol, Robert “PNAC” Kagan’, Joshua “Bomb Iran” Muravchick, et Richard “Prince des Ténèbres” Perle. La société est dirigé par Alan Mendoza, conseiller en chef du groupe parlementaire interpartis sur la sécurité internationale et transatlantique.
La Henry Jackson Society est intransigeante sur sa « stratégie avancée » pour la démocratie. Et Weiss est chargé du message. La Henry Jackson Society est fière de la grande influence de son chef des relations publiques : « Il est l’auteur de l’influent rapport « Intervention en Syrie ? Une évaluation de la légalité, de la logistique et des risques, » qui a été repris et approuvé par le Conseil national Syrien. »
Le rapport original de Weiss a été rebaptisé “Safe Area for Syria” – et a fini sur le site web officiel syriancouncil.org, comme pièce de la littérature stratégique de leur bureau militaire. La reprise du rapport de la Hery Jackson Society a été orchestrée par le fondateur et directeur exécutif du Strategic Research and Communication Centre (SRCC) – un certain Ausama Monajed
Donc, le fondateur de Barada TV, Ausama Monajed, a édité le rapport de Weiss, l’a publié via sa propre organisation (le SRCC) et l’a transmis au Conseil national Syrien avac le soutien de la Henry Jackson Society.
La relation ne pouvait pas être plus étroite. Monajed en vient même à traiter des demandes pour des « interviews de la presse avec Michael Weiss. » Weiss n’est pas le seul stratégiste à avoir esquissé une feuille de route pour cette guerre (de nombreux thinktanks y ont réfléchi, de nombreux faucons en ont parlé), mais certains des aspects les plus saillants sont le produit de sa réflexion.

L’Observatoire Syrien pour les Droits de l’Homme

La justification pour « l’inévitable » intervention militaire est la sauvagerie du régime du président Assad : les atrocités, les bombardements, les violations des droits de l’homme. L’information est cruciale ici, et une source domine toutes les autres quant à la fourniture d’informations sur la Syrie. Elle est citée à chaque fois : « Le directeur de l’Observatoire Syrien pour les Droits de l’Homme (OSDH) a déclaré à la Voice Of America que les combats et les bombardements avaient tué au moins 12 personnes dans la province de Homs. »
L’OSDH est communément utilisé comme unique source pour d’informations et de bilans statistiques. Cette semaine, par exemple, l’AFP a publié cette dépêche : « Les forces syriennes ont bombardé les provinces d’Alep et de Deir Ezzor et au moins 35 personnes ont été tuées dimanche dans tout le pays, dont 17 civils, a annoncé un organisme d’observation. » Différentes atrocités ainsi que des chiffres de pertes sont énumérés, tous en provenance d’une seule source : « Rami Abdel Rahman, le directeur de l’Observatoire a déclaré par téléphone à l’AFP. »
Des statistiques plus horribles les unes que les autres parviennent en nombre de « l’Observatoire Syrien pour les Droits de l’Homme » (AP) Il est difficile de trouver une information de la prese sur la Syrie qui ne le cite pas. Mais qui sont-ils à l’OSDH ? « Ils », c’est Rami Abdulrahman (ou Rami Abdel Rahman), qui réside à Coventry.
Selon une dépêche Reuters de décembre de l’an dernier : « Quand il ne répond pas aux appels téléphoniques de la presse internationale, Abdulrahman n’est qu’à quelques minutes, plus bas dans la rue, à sont magasin de vêtements qu’il gère avec sa femme. »
Quand le blog Middle East live du Guardian avait cité « Rami Abdul-Rahman de l’ Observatoire Syrien pour les Droits de l’Homme, » il avait aussi proposé un lien vers un article sceptique du Modern Tokyo Times, un article qui invitait les organes d’information à être un peu « plus objectifs quant à leurs sources » quand ils citent « cette soi-disant entité, » qu’est l’OSDH.
Ce nom, « Observatoire Syrien pour les Droits de l’Homme », sonne si respectable, si inattaquable, si objectif. Et pourtant, quand Abdulrahman et sont « ONG basée en Grande Bretagne » (AFP/NOW Lebanon) sont la seule source pour de nombreuses informations sur un sujet aussi important, il pourrait sembler raisonnable de soumettre cet organisme à un ewxamen un peu plus approfondi que ce qui a été fait jusqu’à présent.
Cet Observatoire n’est en aucun cas la seule source syrienne d’informations à qui on pourrait faire confiance aveuglément ou presque…

Hamza Fakher

La relation entre Ausama Monajed, le CNS, les faucons de la Henry Jackson Society et un média accepté sans condition peut s’observer dans le cas de Hamza Fakher. Le 1er janvier, Nick Cohen écrivait dans l’Observer : « Pour avoir un aperçu du niveau de la barbarie, écoutez Hamza Fakher, un militant pour la démocratie qui est une des sources les plus fiables sur les crimes que cache le blackout du régime sur l’information. »
Il poursuit en reprenant les horribles récits de Fakher de tortures et de massacres. Fakher parle à Cohen d’une nouvelle technique de torture dont il a entendu parler, la plaque brûlante : « imaginez toute la chair fondant jusqu’à l’os avant que le prisonnier tombe sur la plaque. » Le lendemain, Shamik Das, écrivant sur la « base de preuves » dans le blog progressiste Left Foot Forward, cite la même source : « Hamza Fakher, un militant pour la démocratie, décrit l’affligeante réalité… » – répète le compte rendu de Cohen sur les atrocités.
Alors, qui est exactement le « militant pour la démocratie » Hamza Fakher ?
Il se trouve que Fakher est le co-auteur de Revolution in Danger, un « briefing de le Henry Jackson Society, » publié en février 2012. Il a co-rédigé ce document avec Michael Weis, le directeur de la communication de la Henry Jackson Society. Et quand il ne co-écrit pas des briefings de la Henry Jackson Society, Fakher est le directeur de la communication du Strategic Research and Communication Centre (SRCC) basé à Londres. Selon leur site web, « Il a rejoint le centre en 2011 et a été chargé de la stratégie et des produits de communication du centre. »
Comme vous vous en souvenz sans doute, le SRCC est dirigé par Ausama Monajed : « M. Monajed a fondé le centre en 2010. Il est largement cité et interviewé dans la presse et les médias internationaux. Il travaillait auparavant comme consultant en communication en Europe et aux Etats Unis t a été directeur de Barada Television… »

Monajed est le patron de Fakher.

Si ce n’était pas suffisant, pour la touche finale de Washington, on trouvera au conseil d’administration du Strategic Research and Communication Centre, Murhaf Jouejati, profeseur à la National Defence University, à Washington – « la première institution de formation militaire interarmes (JPME oint Professional Military Education) qui est « sous l’autorité de son président, le chef d’état-major interarmes. »
Si vous aviez envie d’aller faire un tour au “Strategic Research and Communication Centre” de Monajed, vous le trouverez à cette adresse : Strategic Research & Communication Centre, Office 36, 88-90 Hatton Garden, Holborn, London EC1N 8PN.
Office 36 à 88-90 Hatton Garden est aussi l’endroit où vous trouverez le siège londonien de The Fake Tan Company, Supercar 4 U Limited, de Moola loans (une société de crédit), d’Ultimate Screeding (for tous vos besoins de nivelage), and The London School of Attraction – « un centre de formation londonien qui aide les hommes à développer les compétences et la confiance pour rencontrer et attirer les femmes. » Et encore une autre centaine d’entreprises. C’est un bureau virtuel. Il y a d’ailleurs quelque chose d’étrangement approprié dans tout ça. Un « centre de communication » qui n’a même pas de centre, de local – un nom pompeux mais sans substance concrète.
C’est la réalité de Hamza Fakher. Le 27 mai, Shamik Das de Left Foot Forward a cité à nouveau un récit d’atrocités relaté par Fakher qu’il présente cette fois comme « le récit d’un témoin oculaire » (ce que Cohen n’a jamais affirmé) et qui maintenant s’est cristallisé comme étant « le dossier du régime Assad. »
Ainsi, un rapport sur des atrocités fourni par un stratégiste de la Henry Jackson Society qui est le responsable de la communication du service des relations publiques de Mosafed a prisl’envergure d’un « dossier » historique.
Je ne veux pas dire que les récits d’atrocités sont forcément faux, mais combien parmi ceux qui les prennent pour argent comptant s’intéressent à leurs origines ?
Et n’oublions pas, la déstabilisation qui a été entreprise dans le domaine de l’information et de l’opinion publique l’est encore plus sur le terrain. Nous savons déjà que (au minimum) « la CIA et le Département d’Etat… aident l’Armée Syrienne Libre de l’opposition à développer des routes logistiques pour acheminer des fournitures à l’intérieur de la Syrie et donnent une formation dans le domaine des [télé]communications. »
Les soutes à bombes sont ouvertes. Les plans ont été préparés.
Ces choses étaient en préparation depuis longtemps. L’énorme énergie et la planification méticuleuse qui ont été investies dans ce changement de régime – c’est à couper le souffle. La force de persuasion et les entrées politiques des grandes fondations et des thinktanks politiques sont considérables, mais l’examen des sources ne se contente pas de titres pompeux, de bourses de recherche et de « briefings de stratégie. » On doit demander : directeur exécutif de quoi exactement. Le fait d’avoir les mots « démocratie » ou « droits de l’homme » dans l’intitulé de votre job ne vaut pas dispense de ce contrôle.
Et si vous êtes un « responsable de la communication, » cela implique que vos paroles doivent être accueillies avec une prudence extrême. Weiss et Fakher, tous deux responsables de communication sont des professionnels des relations publiques. Lors de l’évènement de Chatham House en juin 2001, monajed était inscrit en tant que « directeur de la communication de la National Initiative for Change » et il était directeur des relations publiques pour le Mouvement pour la Justice et le Développement (MJD). Le craéteuutr du site web d’informations NOW Lebanon, Eli Khoury, est un cadre publicitaire de Saatchi. Ces responsables de la communication travaillent dur pour créer ce que Tamara Witts appelait une [image de] « marque positive. »
Ils vendent l’idée d’une intervention militaire et d’un changement de régime, que la presse grand public est pressée d’acheter. Beaucoup de « militants » et de porte-paroles de l’opposition syrienne sont étroitement liés (souvent financièrement) aux Etats Unis et à Londres – ceux-là mêmes qui feraient l’ intervention. Ce qui veut dire que les informations et les chiffres donnés par ces sources ne sont pas nécessairement de la pure information – de sont des arguments de vente dans une campagne de relations publiques.
Mais il n’est jamais trop tard pour poser des questions, pour examiner des sources. Poser des questions ne fait pas de vous un admirateur d’Assad – c’est un argument spécieux. Cele vous rend seulement moins susceptible d’être induit en erreur par la propagande. La bonne nouvelle, c’est qu’il nait un sceptique par minute.
Charlie Skelton
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2012/jul/12/syrian-o...
traduit de l’anglais par Djazaïri http://mounadil.wordpress.com/2012/07/16/syrie-et-propagande...
URL de cet article 17255
http://www.legrandsoir.info/l-opposition-syrienne-qui-produit-le-discours-the-guardian.html
 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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