L’antenne pirate israélienne du relais hertzien du Mont Barouk est
située dans la région montagneuse du Chouf, fief de Walid Joumblatt,
partenaire de Saad Hariri dans la révolte anti syrienne. Son
installation s’est faite sous le mandat du lieutenant de Walid Joumblatt
du temps de son passage au ministère des télécommunications, Marwane
Hamadé, à une période charnière allant de 2005 à 2008, c’est-à-dire du
début de l’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri,
principalement fondée sur le décryptage de communications biaisées par
les services israéliens, à son épreuve de force avec le Hezbollah en mai
2008, en passant à la guerre de juillet 2006 où il s’était placé à
l’avant-garde de la dénonciation du mouvement chiite. Le plus ferme
partisan du démantèlement du réseau de transmission autonome du
Hezbollah s’est trouvé être, curieusement, à la tête d’une
administration noyautée par les taupes israéliennes: Un des grands
experts de l’OGERO, Milad Eid, l’organisme gestionnaire du câble sous
marin reliant Beyrouth au Sud Liban, la zone de déploiement du
Hezbollah, s’est révélé être un grand espion d’Israël et le régulateur
des transmissions filaires de l’Etat libanais équipé d’un logiciel de
conception israélienne. Habituellement prolixe particulièrement dans les
médias français, Marwane Hamadé, vibrionnaire pourfendeur de
l’omnipotence du Hezbollah, est mutique depuis la révélation du
noyautage de son ancienne administration. L’interlocuteur privilégié du
proconsul américain Jeremy Feltman, le chouchou de Bernard Kouchner,
ministre français des affaires étrangères qu’il avait mis dans la
confidence au sujet de l’assaut contre le système des communications du
mouvement chiite ne s’est jamais expliqué sur le fait d’attribuer à une
société israélienne KAPIRA, sous couvert d’une société écran française,
la gestion des communications transitant par l’organisme gouvernemental
OGERO, ni sur son comportement à tout le moins désinvolte sur l’ensemble
du dossier. En plein naufrage politique, le flamboyant stratège de «la
révolution des Cèdres» n’est maintenu au seuil de la ligne de flottaison
que par la volonté de son mentor Joumblatt. L’homme le plus détesté de
la banlieue sud de Beyrouth a dû se faufiler, sous forte escorte, dans
le cortège funéraire lors des obsèques de Cheikh Mohamad Fadlallah,
guide spirituel de la communauté chiite libanaise, en juillet 2010, en
vue de la présentation de ses condoléances, dans une démarche
interprétée comme une forme de repentance, signe indiscutable de la
disgrâce d’un homme au halo de «martyr vivant» écorné.
Se
pose alors la question du bien fondé de sa requête. N’aurait elle gagné
en crédibilité si elle avait été précédée d’une épuration de son
ministère des espions israéliens ? Par extension, se pose la question de
savoir si l’attentat dont il a été victime, en 2004, dans la foulée de
la résolution 1559 de l’ONU enjoignant la Syrie à retirer ses forces du
Liban, constituait un coup de semonce de ses adversaires contre son trop
grand tropisme occidental? Ou bien s’agissait-il d’une tentative de
camouflage pour le crédibiliser dans sa démarche qui s’est révélée a
posteriori criminelle en ce qu’elle aurait débouché, si elle avait
abouti, à la paralysie complète du Hezbollah, voire à son
anéantissement, dans son combat contre Israël ? La même question se pose
en ce qui concerne Elias el Murr, autre girouette de la vie politique
libanaise, beau frère de Gébrane Tuéni, et, surtout gendre du président
Emile Lahoud, victime lui aussi d’un attentat en 2005 dans la mesure ou
l’antenne pirate israélienne a été greffée sur l’antenne pilote de Murr
TV (MTV), la propre chaîne de la famille du ministre libanais de la
défense. La question mérite d’être posée à l’égard de cibles nullement
anodines sur cette coïncidence curieuse et troublante.
La
profusion des faux témoins, une dizaine au total, record mondial absolu
de tous les temps, fera du tribunal spécial un véritable capharnaüm.
Telle une curée sur un magot, appâtée à coups de dépositions monnayées,
la profusion ne relevait certainement pas du hasard. Elle résultait des
calculs des divers protagonistes de la coalition occidentale dans la
satisfaction de leurs objectifs, complémentaires dans leur finalité mais
contradictoires dans leurs priorités.
Le faux transfuge
des services de renseignement syriens, Zouheir Siddiq (8), présentait
une aubaine pour le tandem Hariri-Chirac pour l’implication de la Syrie.
Théâtrale en diable, c’est lui qui a pris l’initiative de convier à sa
résidence de Marbella, (Espagne), Detliv Mehlis pour lui narrer son
témoignage, aux mépris des règles élémentaires de la procédure. Et
l’inspecteur allemand, sans crainte du ridicule, de s’empresser
d’opiner, sans le moindre recoupement de précaution. Ténébreux
personnage, c’est lui qui a désigné, en premier, les quatre officiers
supérieurs libanais dans l’attentat anti-Hariri, de même que le beau
frère du président Bachar al Assad, le colonel Assaf Chawkat, chargé de
la sécurité du régime syrien. Témoin clé, il sera traité avec tous les
égards dus à son rang de Témoin Roi. Un roi vénal. Son témoignage aurait
été monnayé pour la coquette somme de cinq millions de dollars, un fait
qu’il aurait lui-même clamé sur le réseau hertzien au cours d’une
communication cellulaire avec un membre de sa famille. Siddiq aurait
avoué à son frère être devenu «millionnaire» en récitant ce
qu’il lui avait été demandé de dire, notamment les noms de sept
officiers du renseignement syrien et de quatre généraux libanais
prétendument impliqués dans l’assassinat. Durant son séjour en France,
il résidait dans la localité cossue de Chatou, dans la région
parisienne, gracieusement, aux frais du contribuable français. Devenu
témoin encombrant pour Jacques Chirac, le pensionnaire posthume de son
ami assassiné, Siddiq sera expulsé vers les pétromonarchies du Golfe,
alors que le Liban réclamait son extradition, exfiltré à l’aide d’un
faux passeport délivré par Nicolas Sarkozy à l’époque ministre de
l’intérieur. Convoyé par deux officiers français, il sera remis à Abou
Dhabi aux services de sécurité égyptiens et maintenu depuis lors sous
bonne garde.
Le saoudien Faysal Akbar (9), par sa
revendication de son appartenance à «Al Qaida» et sa connexion syrienne,
représentait, quant à lui, un parfait alibi pour l’administration Bush
en vue de la mise en cause de la Syrie, et de la justification de
l’invasion de l’Irak et de la poursuite de la «Guerre contre le
terrorisme». L’homme a avoué sa participation à l’assassinat de Rafic
Hariri, annonçant au passage aux enquêteurs, tel un appât, sa proximité
avec Aboul Moussab Al Zarkaoui, le commandant opérationnel d’Al Qaida en
Irak….de quoi faire rêver le renseignement américain sur une possible
capture de Oussama Ben Laden, leur ennemi public n° 1. Il se rétractera
par la suite accusant des «étrangers» de lui avoir soufflé le nom
d’Assaf Chawkat, beau frère du président syrien Bachar al Assad, en tant
que commanditaire de l’assassinat de Rafic Hariri.
Un
troisième faux témoin, Ahmad Merhi, au palmarès à faire pâlir Illich
Ramirez Sanchez, le fameux Carlos, le croquemitaine de l’Occident de la
décennie 1970-1980, a prétendu, lui, avoir trempé dans tous les complots
tramés depuis le 11 septembre 2001 (attentat de New York) au 14 Février
2005 (Assassinat Hariri). Il s’arrangera pour entrer dans les bonnes
grâces des services de renseignements du Danemark. En échange de la
protection danoise, il leur offrira sa collaboration dans la
dénonciation des meneurs des manifestations anti danoises dans le Monde
arabe, organisées à la suite de la publication des caricatures du
prophète dans un journal danois. Cet indic multicarte se révélera être
surtout impliqué dans l’assassinat du ministre libanais de l’industrie,
Pierre Gemayel, le fils de l’ancien président de la république Amine
Gemayel, et mêlé aux troubles du camp palestinien de Nahr el Bared
(Nord-Liban).
Un quatrième, un syrien trafiquant de drogue,
Akram Chakib Mourad, extralucide, aurait repéré la Mitsubishi, la
camionnette qui a déclenché l’explosion, six mois avant son vol et son
affectation à la mission suicide au Liban, alors qu’elle était encore au
Japon. Il aurait même avoué l’avoir aperçu dans la banlieue sud de
Beyrouth, le fief du Hezbollah alors qu’elle se trouvait encore au
Japon.
Un cinquième, un palestinien agent du Mossad,
condamné par la justice militaire et expulsé du Liban, en 2003, y
reviendra, en 2005, sous une nouvelle identité, à l’aide d’un passeport
suédois pour déposer cotre la Syrie et ses alliés libanais. Expulsé du
Liban sous le nom de Abdel Basset Bani Awdah, il reviendra sous le nom
de Antonius Bani Awdah estampillé sur un passeport suédois. L’allemand
Detliv Mehlis, qui lui avait promis le financement d’une opération de
chirurgie esthétique pour le rendre méconnaissable, lui conférera la
protection découlant du statut de «témoin privilégié. Il cloisonnera
l’affaire et conservera par devers lui son témoignage, dont il s’en
servira comme d’un fil conducteur dans son enquête, jaloux de son butin,
ne partageant ses informations avec aucun autre de ses collègues
jusqu’à la découverte du pot aux roses.
Curieusement, la
piste de l’unique personne qui a revendiqué publiquement l’assassinat,
Ahmad Abou Addas, le jour de l’attentat depuis la chaîne transfrontière
«Al Jazira» a été négligée. L’homme habitant du secteur ouest de
Beyrouth, avait disparu de son domicile trois semaines avant l’attentat
et sa disparition signalée par son père aux services de police.
«Salafiste Jihadiste», selon la désignation dont il se revendiquait, il
vouait aux gémonies «tous les dirigeants arabes qui gouvernaient d’une
manière contraire à la volonté de Dieu » et tenait des propos hostiles à
Rafic Hariri.
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