La Qatar et l'Arabie au secours de la liberté !
par Kharroubi Habib
Le comportement de la Ligue arabe dans la crise syrienne est absolument
confondant. En apparence, cette organisation donne l'impression d'agir à
l'unisson de ses Etats membres. En réalité, ceux-ci sont totalement divisés sur
la question et la solution de sortie de crise à préconiser.
C'est un secret de Polichinelle que le plan endossé par
cette organisation prévoyant le départ de Bachar el-Assad dans les deux mois et son remplacement par le vice-président
Farouk El-Charah, qui se chargerait de mettre en
place un gouvernement d'union nationale destiné à organiser des élections
législatives et présidentielles, qu'elle a transmis à l'ONU, est contesté et
rejeté de partout. Par des Etats membres de la Ligue arabe autres que le Qatar, l'Arabie
Saoudite et les Emirats du Golfe. Mais aussi et à la fois par le régime de
Damas et les oppositions qui mènent la révolte contre lui. Ce plan ne peut dans
ces conditions être présenté comme celui de la Ligue arabe, ainsi que le font les puissances
occidentales qui s'en prévalent pour tenter de forcer la main aux membres du
Conseil de sécurité et obtenir de celui-ci le feu vert à l'intervention
internationale. Le scénario de ce plan est l'œuvre du Qatar, appuyé en sous-main
par l'Arabie Saoudite. Il est pratiquement à l'identique de celui que ces deux
Etats ont mis en œuvre dans la crise yéménite.
L'activisme de ces deux monarchies, aux régimes encore plus
obscurantistes et antidémocratiques que celui de Damas, doit interpeller
les
consciences dans le monde arabe. L'Arabie Saoudite et le Qatar
prétendent
défendre le peuple syrien contre l'oppression dont il est victime de la
part d'El-Assad et de son régime. En vérité, ils poursuivent un
tout autre but que la protection de ce peuple ou la démocratisation de
la Syrie. Le Qatar et
l'Arabie Saoudite sont parties prenantes d'une stratégie dont les
concepteurs
ne sont ni à Doha ni à Riyad, mais à Washington et Tel-Aviv.
Que l'on se comprenne : il ne s'agit pas en disant cela de
défendre le régime syrien. Celui-ci a perdu toute légitimité et rien ne doit
être fait ou soutenu qui va dans le sens de son maintien au pouvoir. Il s'agit
tout simplement de faire voir une évidence qui est que le Qatar et l'Arabie
Saoudite roulent pour des intérêts autres que ceux du monde arabe dans les
crises qui le secouent. Les deux monarchies sont dans le camp américano-israélien
et œuvrent à faire aboutir ses dessins géopolitiques pour le Moyen-Orient. Il
n'y a que les naïfs et totalement aveugles d'entre les citoyens arabes pour
croire que le Qatar et l'Arabie Saoudite se sont convertis à la libération des
peuples et à l'avènement de la démocratie dans le monde arabe.
Le Qatar et l'Arabie Saoudite ont pour mission, sous
couvert d'appui aux révoltes populaires arabes, d'activer une
recomposition politique régionale au profit des intérêts de l'Amérique
et
d'Israël. Le régime d'El-Assad à la tare d'être vomi
par son peuple. Il aurait été néanmoins épargné, comme
le sont ceux du Qatar et de l'Arabie Saoudite, s'il avait fait choix de
renoncer à ses alliances politico-militaires dans la région avec des
Etats et
des organisations dont l'Amérique et Israël veulent la destruction.
Riyad et Doha se sont totalement investis dans cette
destruction programmée. Ce qui leur vaut la compréhension et la protection de
leurs maîtres à penser et le statut de régimes intouchables, même quand la
situation des peuples qatari et saoudien est aussi condamnable que l'est celle
des Syriens.
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