ELWATAN-ALHABIB
vendredi 30 décembre 2011
 

Un pacte non écrit entre le gouvernement français et les généraux putschistes d’Alger

Abdelkader DEHBI



Décidément, la France de M. Sarkozy le président très sioniste – comme on disait avant, le Roi très Chrétien – n’aura épargné aucune humiliation à la République française ; celle dont – semble-t-il – la politique ne se décidait pas à la Corbeille. Et encore moins dans un dîner du Crif ou au cours d’un déjeuner de « réconciliation pré-électorale » à l’Elysée, avec les Devedjian et autres figures du lobby arménien….
Heureusement que le président turc M. Erdogan, est venu rappeler opportunément – et d’une manière cinglante – à M. Sarkozy qu’on ne mélange pas les affaires du monde et les marchandages pré-électoraux sulfureux autour des votes dans les Hauts-de-Seine ou autres Levallois…. En appuyant là où çà fait mal, c’est-à-dire en rappelant au petit Nicolas, les crimes coloniaux de la France en Algérie. Décrochant par la même occasion, une gifle magistrale à un pouvoir algérien déliquescent, prêt à tous les reniements, à tous les abandons, voire à toutes les trahisons. Pourvu qu’on l’aide à rester en place, au-dessus de « son » matelas de pétrodollars appartenant au peuple algérien, mais dont le peuple algérien est depuis longtemps spolié.
Car, si l’Algérie n’était pas dirigée en sous-main depuis 20 ans jour pour jour, c’est-à-dire depuis le putsch de Janvier 1992, par une poignée criminelle et mafieuse de soudards corrompus, transfuges de l’ex armée coloniale française en Algérie et devenus semble-t-il des « généraux », la France aurait été contrainte depuis longtemps à reconnaître les crimes de guerre et les crimes de génocide – crimes imprescriptibles – qu’elle a perpétrés tout au long de 132 années d’occupation, dont plus de 7 années de Guerre de Libération.
Le problème, comme chacun sait, c’est que le putsch de Janvier 1992 a brutalement annulé les élections générales – Décembre 91 / Janvier 92 – remportées haut la main par le Front Islamique du Salut, inaugurant ainsi, plus de 10 années d’une guerre civile meurtrière et barbare, caractérisée en particulier par des déportations de milliers d’islamistes dans le Sud et des massacres collectifs faussement attribués aux islamistes. Une guerre civile qui s’est soldée par plus de 200.000 morts, 20.000 disparitions forcées, des dizaines de milliers de blessés et des centaines de milliers de populations déplacées et déracinées. Sans parler des destructions matérielles de villages entiers bombardés au napalm, au prétexte que leurs habitants avaient voté pour les islamistes, ni des forêts incendiées sur d’immenses superficies pour mettre à découvert des maquis réels ou imaginaires… La plupart de ces crimes sont documentés et connus par de nombreuses ONG et même par certains Etats, dont la France en particulier….
Et c’est là où je voudrais en venir. Pour dénoncer une sorte de pacte sulfureux non écrit, passé entre le pouvoir réel en Algérie – exercé par les « généraux » putschistes issus de l’ex armée coloniale française – et les gouvernements français qui se sont succédés depuis Janvier 1992.
Les termes de ce pacte non écrit, on l’aura compris, s’énoncent d’une manière on ne peut plus claire :
- La France s’engage à protéger les généraux putschistes algériens contre toute poursuite pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, commis, ordonnés ou commandités par ces généraux, durant la guerre civile algérienne (1992 / 1999).
- En retour, les généraux putschistes algériens qui exercent le pouvoir réel en Algérie, derrière une façade civile, s’engagent à maintenir sous une chape de plomb les revendications incessantes du peuple algérien, exigeant de la France la reconnaissance de ses crimes coloniaux, de la même façon qu’ont été reconnus les crimes collaborationnistes qui ont frappé les populations juives de France durant la Seconde Guerre mondiale.
L’aspect le plus révoltant dans cet accord immoral et criminel, c’est le fait qu’il se soit conclu entre deux bourreaux, sur le dos de leur victime.
Quant à son aspect le plus stupide, c’est le fait que la partie française se soit bêtement laissé piéger par de vulgaires soudards qui mourront – peut-être – dans leur lit, sans que cela ne puisse en quoi que ce soit changer la donne en entraînant la prescription des poursuites contre l’Etat français.
La France aurait-elle ignoré à ce point que les peuples ne meurent jamais ?
 
jeudi 29 décembre 2011
 

Algérie 2015 : Le spectre lancinant du début de la fin des exportations pétrolières.

Ali Kefaifi*
Mardi 27 Décembre 2011
 
 
 
 

Le problème que nous abordons se situe dans le cadre de la rente pétrolière, des conséquences de la baisse durable de la production pétrolière et de ses effets sur la viabilité financière de la Nation, sous un horizon très proche (2018-2020 ?).
Les études, effectuées ici et là, montrent que ce phénomène, dont l’occurrence est prévue dans les 5 à 10 années, sera marqué par la cessation des exportations pétrolières et des effets macro-économiques considérables
Ce phénomène est dû à la baisse de la production pétrolière (déplétion) liée au pic pétrolier observé depuis 2006 et conjuguée à l'accroissement considérable, depuis 2008,de la consommation domestique en produits pétroliers. Ces consommations de produit pétroliers se substituent naturellement aux exportations.
Le problème qui se pose alors est dû à l'absence de relais pour la source de pétrole, compte tenu de l’inadéquation des politiques d'exploration-production, mises en œuvre depuis 2000.
Nous montrons que la politique d'exploration-production, dite politique des 100 puits/ 10 000 km2, telle que suivie actuellement, nous mène à cette impasse .Elle est aggravée par la multiplication d'objectifs énergétiques totalement prématurés et sources de dépenses considérables, car non rentables avant 2025-2030 (gaz de schiste, off-shore, éolien, solaire, etc.).
Nous proposons une politique alternative d’exploration-production pour éloigner, voire supprimer, ce spectre.




La gravité de la situation financière à l'horizon 2015-2023 impose d'attirer l'attention des décideurs et des autres citoyens du pays.
En situation normale, cette analyse du secteur énergétique, qui constitue 98 % des ressources à l'exportation, pourrait constituer un document de sensibilisation et d'alerte pour le Conseil National de l'Energie.
Le problème est considéré comme éminemment grave car quasiment sûr et irrémédiable, sauf s’il est immédiatement opéré un changement à 180° des politiques et programmes énergétiques lancés depuis la mi 2010.

Le scénario actuel nous interpelle en termes de survie de la Nation, pendant la période 2015-2030.
En effet, dans le secteur énergétique, l’unité de temps (durée ex-nihilo du lancement d’un projet pétrolier ou d’une centrale électrique) est de 10 ans dans le monde et 15 ans en Algérie.
De ce fait, il faut agir vite et immédiatement si nous voulons éviter à l’Algérie la perspective d’un gouffre financier et de l’apocalypse économique et sociale pendant la période 2015-2030.

Si le scénario Business as Usual (BaU)  se produisait, alors ce sera fini des 50 années d'indépendance financière acquises grâce au statut de pays rentier mono exportateur de pétrole.

Dans ce cas, l'Algérie serait alors reléguée dès 2015-2020 au rang d’éternel assisté du Fonds Monétaire International.

I  Le  cadre  et les enjeux
:
Dans un entretien récent (12 12 2011), le politologue Mohamed Chafik Mesbah relevait
 
«Une absence dramatique de vision stratégique – globale et pertinente – quant au développement de l'Algérie ».
La juxtaposition de projets et de réalisations physiques ne tiennent pas lieu de stratégie.
Le phénomène de violence qui risque d'accompagner une transition, dans tous les cas, inéluctable, ce sont, cependant, les risques de rupture de cohésion de la société algérienne et de désintégration de l'unité territoriale du pays qui entretiennent le plus ma crainte. »
 
Cependant, parmi les nombreusescauses, il en est une qui, à notre avis, n’est pas suffisamment prise en considération.
 
Il s’agit de la cessation prochaine des exportations pétrolières (donc plus d’importations, un endettement intenable, l’inflation, la dégringolade du Dinar, la fin des subventions etc.), dans 5 à 10 années, ce qui équivaut à dire après demain matin à l’échelle de l’histoire d’un pays rentier totalement pieds et poings liés au pétrole.
 
3 phénomènes concomitants mais indépendants expliquent cela :
  • Pour son pétrole conventionnel, l’Algérie est entrée dans son pic (plateau) pétrolier depuis 2006. Au lieu de gérer intelligemment les gisements existants (Récupération secondaire et tertiaire pour Hassi Messaoud), les responsables actuels se tournent vers d’hypothétiques ressources non conventionnelles (gaz de schiste, off-shore) très coûteuses, non compétitives par rapport aux ressources conventionnelles disponibles en Algérie, et n’apportant les solutions attendues efficacement qu’après 2025-2030.
TAB production oil
  • La consommation domestique en carburants et autres produits pétroliers, dont le gaz oil, connait une croissance particulièrement élevée depuis 2008, sous l’effet des importations de voitures et d’autres phénomènes.
  • Des décisions stratégiques n’ont pas été prises au début de la décennie précédente (politique de raffinage, politique gazière, modèle de consommation énergétique, optimisation de la consommation domestique de gaz)
En outre, et de manière générale, le ou les responsables du secteur énergétique se détournent des vrais problèmes et consacrent le peu d’intelligence disponible localement  à la mise en œuvre de politiques inopportunes, eu égard aux véritables problèmes stratégiques et graves pour la Nation en cette décennie.
Pour brasser du vent et détourner la Nation de ses problèmes de survie (endettement futur et structurel, zéro emplois crées, zéro croissance, zéro développement), on « papillonne » prématurément  sur des sujets  intéressant les 2 prochaines décennies, tels l’éolien, le solaire, le gaz de schiste, l’ off-shore ,le nucléaire ,et d’autres activités futiles pour l’Algérie de 2012 , non rentables par manque de compétence et absence de compétitivité (exploration à l’étranger, diversification à l’international).) .
Ces sujets, intellectuellement intéressant concernent  les pays dépourvus de pétrole ou de gaz à faible coût, mais ne concernent pas l’Algérie actuelle ou ne résoudront pas ses problèmes en cette décennie 2010-2020.

Tout au plus, ces sujets pourront satisfaire des bureaucrates en mal de trouver des biens ou services importables et susceptibles d’aider à agrandir le gouffre des subventions de l’Etat, aux côtés du blé, du sucre, de l’huile, des carburants, etc.

En effet pour un pays qui a du gaz pour 60 ans, et sur le plan de la rationalité économique (efficacité, rentabilité, compétitivité), les activités citées ci-dessus ne constituent pas une priorité pour l’Algérie durant la période 2015-2025.
L’analyse des données stratégiques réelles, tant techniques qu’économiques, montrera au lecteur l’urgence qu’il y a à changer, à 180° et dès 2012, la politique énergétique de l’Algérie.
 
Pour ce faire ,nous aborderons les différents chapitres expliquant la situation et justifiant une politique énergétique (pétrole ,gaz, énergie) susceptible de permettre à l’Algérie d’éviter le désastre financier et économique de 2015-2030, desastre qui sera marqué par l’absence de ressources financières  (économie mono exportatrice), l’endettement externe (importations ,subventions, budget de fonctionnement) et l’absence de politiques de diversification industrielle et économique.
 
Ces chapitres permettront de :
  • Evaluer le véritable bilan du secteur des hydrocarbures et de l’énergie
  • Etre conscient et être alerté sur les conséquences d’un scénario du type « Business As Usual » (hypothèse de continuité  ou « Demain  comme Hier »)
  • Réfléchir sur celles des propositions tirées de l’analyse stratégique (noyau stratégique national, forces, faiblesses, menaces, opportunités, axes stratégiques) 
  1. La baisse des réserves pétrolières depuis 2006:
Les réserves pétrolières algériennes ont connu une stabilité profitable durant 30 ans (1972-1999).
En dépit de la consommation domestique et des exportations, l’Algérie a jusqu’en 1999 constamment amélioré le niveau de ses réserves pétrolières ; c’est-à-dire qu’en moyenne l’Algérie découvrait chaque année plus de pétrole qu’elle n’en consommait (exportations + consommations domestiques).
Ceci ne fut plus le cas depuis ces 10 dernières années car, chaque année depuis 2000, nous découvrons en moyenne moins du ¼ de la consommation annuelle (exportations + consommations domestiques).
Cependant la réalité est pire car  à proprement parler, ces 10 dernières années, il ne s’agissait pas de découvertes réelles mais de développement de réserves issues de champs déjà découverts (transformations de réserves possibles en réserves prouvées, etc.) cf. mem
Algérie 2015 : Le spectre lancinant du début de la fin des exportations pétrolières.

Cependant, en dépit de la rationalité économique fondée sur la théorie des ressources non renouvelables (en particulier le théorème de Hollerint sur la politique optimale d’extraction des hydrocarbures, théorème tiré des théories du contrôle optimal) la production a été augmentée dès 2003, en dépit de la faiblesse des découvertes, de la politique inappropriée d’extraction des hydrocarbures et de l’augmentation considérable du prix du pétrole.
 
Cette erreur relative au taux d’extraction a été à l’origine de l’explosion des importations (+ 500% en 10 ans) et constituera l’Algerian Disease, maladie apparemment incurable.

 
  1. L’évolution à la baisse de la production de pétrole brut :
Algérie 2015 : Le spectre lancinant du début de la fin des exportations pétrolières.

Cette production recouvre les hydrocarbures liquides (pétrole brut + condensats + GPL).
Cependant, hors condensat et GPL, la courbe montrerait une baisse plus accentuée, due au pic pétrolier.
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Les exportations de pétrole brut ne permettent plus de financer les importations du pays, comme l’indique le graphique ci-dessous.
Le surplus financier est équivalent aux exportations gazières.
Cependant, la déconnection du prix du gaz par rapport au prix du pétrole tel qu’observé aux USA (3 à 4 $/MM BTU soit l’équivalent de 20 $/baril équivalent pétrole contre 100$/ baril pour le pétrole) risque de s’étendre aux autres marchés régionaux dont l’UE, client traditionnel de l’Algérie (90 % des importations)
.Cela nous laisse craindre des situations déjà rencontrées en 1998-1999 (pétrole alors à 9 $/Bbl et un gaz algérien non rentable).
 Le pétrole servait alors à financer les pertes dues à l’exportation du GNL !! 
  1. Le nombre d’années de réserves pétrolières restantes :
Le graphique suivant (BP statistics) montre le rapport R/P, R étant les réserves et P la production de l’année.
Ainsi, il est égal à 16,5 années en 2010.
Il signifie qu’en l’absence de découvertes ou de récupération assistée plus évoluée, la dernière goutte de pétrole sortira en 2026 ou avant.
Ce ratio est conservateur car il ne prend pas en considération l’augmentation de la production (P) ou les problèmes liés au gisement en phase de déplétion.
Ce graphique signifie que la fin des exportations pétrolières arrivera dans quelques années (2018 ? 2020 ?) en fonction de l’évolution de la demande mais aussi de la politique des Associés car ils gèrent plus de 50 % du pétrole algérien et que leur conception de la politique d’extraction optimale diffère de la nôtre.
Algérie 2015 : Le spectre lancinant du début de la fin des exportations pétrolières.

  1. La couverture des importations algériennes par les exportations de pétrole brut
- les exportations de pétrole stricto sensu (hors gaz) ne couvrent plus les importations algériennes (blé et autres aliments, médicaments, voitures, biens d’équipements, etc.), sans parler de la balance des services (10 milliards $ en sus)
Algérie 2015 : Le spectre lancinant du début de la fin des exportations pétrolières.

L’autonomie, ou son pendant la situation de la rente pétrolière, se réduit d’année en année.
Elle est de l’ordre de 16,5 années
, en l’absence de nouvelles découvertes mais qui ne seraient mises en production que dans 15 ans (cf. cas gisement El Merck).
Or entre temps, du fait de la hausse des consommations domestiques, l’Algérie risque de ne plus avoir de pétrole à exporter.

Certains think tanks (Chatham, etc) estiment qu’avant 2023 l’Algérie n’aura plus de pétrole à exporter. Ces résultats sont corroborés par des études menées par l’OPAEP et confirmés par nos propres estimations.
Ceci est dramatique pour la viabilité de la Nation algérienne
.
Mais la réalité est pire à cause de la hausse de la consommation domestique algérienne qui n’avait pas été prévue par ces think tank car leurs études ont été faites en 2007, soit antérieurement à la hausse soudaine de la consommation de produits pétroliers
!
En effet, le déséquilibre (offre pétrolière nette hors association moins besoins domestiques) s’est précipité depuis 2008, sous l’effet de l’augmentation du parc automobile et de l’accroissement de la diésélisation
A titre, d’exemple, nous présentons l’évolution de la consommation algérienne en gaz oïl, qui n’est plus soutenue par la production nationale (inadéquations qualitatives et autres)
Algérie 2015 : Le spectre lancinant du début de la fin des exportations pétrolières.

Ces faits montrent pourquoi la fin des exportations pétrolières algériennes est pour bientôt (2018 ? 2020 ?)
Rappelons que :
.la fin des exportations pétrolières intervient plusieurs années avant la fin marquée par la valeur de R/P (Reserves / Production)
. La fin des exportations pétrolières est constituée par un plateau du fait de la politique des Associés (exporter leur part de profit oil ou le vendre aux raffineries algériennes), de la gestion des importations de pétrole brut étranger pour l’approvisionnement des raffineries algériennes, si tant est qu’elles puissent trouver un pétrole brut avec des spécifications acceptables
. Pour l’Algérie, il ne s’agira plus de vendre du pétrole mais d’en acheter (modèles d’optimisation pour les décisions, financement ?, quelles garanties bancaires ?) 
  1.  le « dilemme cornélien » de la stratégie pétrolière algérienne :
La fin des exportations du pétrole se rapproche sans que les responsables concernés n’aient trouvé  de produits de substitution pour le rôle joué par le pétrole au niveau de la fiscalité, de la balance des paiements  et du PNB (valeur ajoutée).
 
Cela tient au fait que
 -le gaz  présente une rente différenciée insuffisante et des surcoûts algériens spécifiques (corrosion des pipes line, autoconsommations des usines de liquéfaction), notamment le GNL  (coût  de liquéfaction > à + de 1$/MM Btu contre  moins  de 0,5 MM Btu chez nos concurrents)
- le solaire ne sera pas compétitif par rapport au gaz et devra  être subventionné jusqu’en 2025-2030 !
-les gaz de schistes ou autres tight gas, présentent  un coût supérieur à 10$/MM Btu (4 à 7$ aux USA et > 10$ en Europe), soit près de 100 fois le coût du gaz naturel  algérien en tête de puits, nonobstant les autres défauts (eau, pollution, plateau de production limité à un an, nécessité de forer des centaines ou des milliers de puits, etc)
-l’off-shore  présente un potentiel intéressant, mais il faut attendre après 2020 pour que la Learning Curve permette des coûts moindres. Actuellement le coût d’un forage off-shore au Brésil est de 250 millions $ contre 5 à 10 millions $ pour l’on-shore.
 
En résumé, à l’horizon 2015-2030, il n’y a aucune source d’énergie  candidate  pour remplacer le pétrole brut algérien national, dans son rôle de générateur de la rente pétrolière (fiscalité, balance des paiements, valeur ajoutée).

Hors en tant que « rente résiduelle exportable »ce pétrole risque de faire défaut  de 2015 à 2020  et fera défaut après 2020
La seule solution consiste à
- D’abord d’augmenter les réserves actuelles du  gisement de Hassi Messaoud par l’utilisation des technologies appropriées (Récupération Assistée ou Enhanced Oil Recovery).
- Explorer intelligemment les « Zones Frontières » algériennes (Algérie du Nord ?)
- Se préoccuper en priorité de cet objectif vital, car c’est un problème de survie pour ceux de nos frères et sœurs qui vivront en Algérie après 2015-2020.
Tout le « dilemme cornélien » de la stratégie pétrolière est  résumé ci-dessus.
Il s’agit de trouver une solution dite de « non discontinuité économique » pour la période 2015-2020.
Après les erreurs manifestes de gestion, ou plus précisément de « non-gestion » (programmation dynamique, programmation linéaire, théorie du contrôle optimal, arbre de decision, methode, de Monte Carlo, etc), nous n’avons plus le droit de ne laisser aucun espoir à la jeunesse algérienne, aux retraités, aux fonctionnaires, aux salariés, aux citoyens de la prochaine décennie.
 
Le précèdent Ministre de l’Energie s’était trompé de pays, en voulant désalgérianiser la Sonatrach (20 % au lieu de 51 %), et privatiser les raffineries. Erreur spatiale !
Son remplaçant  se trompe de période : Ses propositions sont intéressantes  pour la veille technologique  (solaire, off-shore, gaz de schiste, et même le Gaz de la planète Titan), mais pas pour investir avant 2025, et encore moins en 2012. Erreur temporelle !

Ces erreurs spatio-temporelles des 2 ministres de ce secteur vital montrent  les limites de la cooptation, surtout en l’absence de contrôle et de bonne gouvernance.

Tout ceci montre qu’il y a problème.
Ce problème est autant celui de la Nation actuelle que des générations futures, d’où l’extrême urgence d’instituer le Conseil de l’Energie, de mettre en place des Conseils d’Analyse Stratégiques à plusieurs niveaux (Présidence, Premier Ministre, Ministère, Institutions stratégiques).
Ceci contribuera à aider ceux de nos concitoyens en charge du secteur de l’Energie  qui connaissent actuellement  la solitude angoissante de ceux qui ne savent plus grand chose mais sont obligés de « brasser du vent » pour justifier l’injustifiable, comme par exemple  une politique de l’Eolien alors que l’Algérie  n’a pas de vent.
(En effet, un simple coup d’œil à un Atlas Eolien algérien montre qu’en tout lieu du territoire algérien, la vitesse du vent est inférieure à 6 m/s (6 m/s = vitesse minimale économique requise) Ceci a lieu même au Sud d’Adrar ou la faiblesse de la vitesse du vent côtoie l’inanité de la demande électrique sauf à subventionner éternellement la production de cette électricité éolienne locale et durablement non rentable et non compétitive.
 
II La nécessité d’une révision drastique de la politique énergétique :

Le chapitre précèdent a permis d’identifier les conséquences inacceptables des politiques pétrolières passées et actuelles.
L’analyse des différents volets de cette politique conduira à identifier les causes et recommander les solutions en termes d’axes stratégiques.
Cette analyse portera sur la politique d’exploration-production, la loi des hydrocarbures,  la politique gazière, le modelé de consommation domestique/raffinage, la pétrochimie/diversification, le dessalement, la politique des énergies renouvelable, le management de la NOC (Sonatrach) et la gestion des Ressources Humaines.
Cette analyse de ces différents chapitres, sur les 20 dernières années, est édifiante et nous amènera à constater l’existence de Syndromes Spécifiquement Algériens (syndromes dits SSA par référence au syndrome hollandais dit « Dutch Disease »)

  1. La politique d’exploration-production (E/P):
  1. Les principaux éléments du bilan Exploration-Production (E/P) : 
Depuis les nationalisations des hydrocarbures en février 1971, l’Algérie a connu 3 époques différentes.
 
-La période  1971-1989:
Elle débute par les nationalisations de 1971 et continue jusqu’à la décennie ’80, marquée par la loi pétrolière 86-14 (complétée en 1991)
L'effort d'exploration durant les années 70 a atteint entre 12 000 km et 30 000 km de sismique 2D et 30 à 40 forages par an. Le ratio découverte par rapport à la production a atteint 27 %, chiffre modéré qui a justifié l'ouverture au partenariat.
 
-La décennie 90 : les efforts de Sonatrach se sont concentrés dans le Nord de l'Algérie et dans le Sahara central et ont permis des découvertes substantielles et prometteuses de gaz.
Les Associés, en coopération avec Sonatrach, ont pu découvrir de nombreux gisements à l'Est du Sahara, avec plus de 2 milliards de tonnes équivalents pétrole (15,9 Giga barils ) découverts avant 1999.
 
-La décennie précédente :
Le nombre de forages d'exploration a augmenté mais les découvertes totales, exprimées en réserves découvertes, ont atteint à peine 10 % des découvertes réalisées durant la période 1990-1998,
Les volumes découverts durant la précédente décennie n'ont même pas pu compenser la production de la même période contrairement à la période 1972-1998 où les volumes découverts ont compensé la production de trois décennies passées, c'est-à-dire le fameux principe de reconstitution des réserves.
 
-Conclusions : A titre d’exemple, durant la première moitié de la précédente décennie, l'Algérie a consommé 4 fois plus que les réserves découvertes, contrairement à la période 1972- 1999 où le niveau des réserves a été maintenu.
Ainsi, durant la précédente décennie, le taux de reconstitution des réserves a atteint moins de 20 %, contre 100 % durant les décennies 1970-2000. 
 
  1. L’échec de la politique d’exploration de la décennie 2000-2010 : 
  • Les taux de succès en forage :
Technologiquement, l’Algérie est en retard, avec un taux de succès inférieur à la moitié des taux de succès dans le monde, soit 20 % par rapport aux 50 % atteints dans le monde 
  • Les découvertes 2000-2010 :
Il ne s’agit pas de découvertes au sens propre mais à 75% de succès obtenus à partir des  réserves possibles des découvertes effectuées durant la décennie 1990-2000.
 
Ainsi le bilan MEM 1962-2007 rapporte :
. Découvertes totales : 88 découvertes (!!) entre 2000-2007 contre 231 entre 1962-1999
. Découvertes par bassin : essentiellement dans les bassins découverts avant 1999, soit Berkine (40 découvertes !), Illizi (12), Oued Mya/Amguid Messaoud (16), etc. 
  • La taille réduite des « découvertes »
La taille moyenne des découvertes a été inférieure à 80 millions de barils, très faibles par rapport aux découvertes de Berkine ou l'Algérie était premier découvreur dans le monde en 1994, avec 15,9 Giga barils en 8 années soit 2 Giga barils par année et une taille moyenne supérieure à 400 million de barils.
La taille moyenne des gisements de 2000-2005 est 5 fois inférieure à celle des gisements découverts durantla décennie ’90.
 
Il est curieux de constater le subterfuge trouvé par les experts en communication (propagande) du MEM.
Comme les débits des découvertes algériennes sont très faibles (cf. site web Sonatrach),alors pour la mesure du débit, on utilise des buses d’un diamètre plus élevé soit 32/64’ (pouces) au lieu de diamètres plus conformes aux pratiques professionnelles, telle la buse 28/64’ (pouces) comme c’est le cas pour le puits A1-65/02 « découvert » en Libye dans le réservoir Mamouniyat du bassin de Gadames (« découverte » mais pour une géologie similaire au Ghadamès algérien !).
C’est ce qu’annonce le site web Sonatrach, pour une découverte annoncée le 13/4/2009 « ..Les tests effectués au niveau de ce puits  ont donné sous duse 28/64 un débit de 8,25    m3/heure (1344 bbl/d) d’huile et de 2097 m3/heure (1,88 MMscf/d) et sous duse 32/64 un débit de10,04 m3/heure (1518 bbl/d) et 2561 m3/heure (2,17 MMscf/d). La profondeur finale du puits est de 2753 mètres (9033 pieds). » 
  • Le retard technologique : 
Dans le bilan 1962-2007 du MEM (cf. site web du MEM), pour l’Activité Géophysique (1966-2007), il est souligné
« Contrats d'association 1986-2006 :L'effort global d'exploration géophysique a connu une forte croissance qui s'est traduite par une nouvelle dynamique, notamment en matière d'utilisation de la sismique3D. Cette nouvelle technique (!!), plus coûteuse mais plus efficace que la 2D, permet d'obtenir une image plus précise et plus fiable du sous-sol. »
L’univers pétrolier utilise depuis longtemps la 4D, tout comme la 3D qui fut introduite après la micro-informatique, il y a 2 décennies !
On constate que, s’agissant d’utilisation d’outils technologiques, notre NOC raisonne en termes de couts (aspect comptable, Baosem) et non en termes de coût-avantage et/ou de rentabilité (aspect économique, management efficace) 
  • L’effort inapproprié et financièrement considérable en termes de budget d’exploration :
Le même bilan 1962-2007 du MEM (cf. site web du MEM) annonce «Il a été enregistré une reprise significative du forage d'exploration depuis 1999 pour le renouvellement de la base de réserves .Le nombre moyen de puits forés est passé de 36 par an pour la période 1962-1999 à 57 par an pour la période 2000-2007, avec un pic de 114 puits en 2007. »
 
Aujourd’hui ,sur la base des résultats (cf site web MEM et rapport Opaep), on peut affirmer que la politique d’exploration de la décennie passée est un échec très couteux : le nombre de forages d'exploration a augmenté ,passant de quelques 40 puits /an (1990-1999) à plus de 57 puits/an (2000- 2007) mais les découvertes totales de la décennie passée , exprimées en réserves découvertes, ont atteint à peine 10 % des découvertes réalisées durant la période 1990-1998.
L’échec se lit dans la rigueur des chiffres : Malgré une augmentation de 42% du nombre de puits forés, le résultat a été de 10 fois moins de découvertes, soit pour la dernière décennie un rendement d’à peine4,2 % lorsque comparée à la décennie 1990-1999 (base 100 % pour celle-ci). 
 
2) Les ressources en place et les réserves en pétrole conventionnel :
Pour déterminer la politique pétrolière (exploration, loi hydrocarbure, programme d’investissements, etc.), tout le problème consiste à avoir une estimation des ressources en place, grâce aux géosciences (dont la géologie) et aux modèles d’évaluation pétrolière.
 
La mise en œuvre de ces modèles probabilistes puis d’autres modèles plus récents a permis d’estimer les ressources algériennes en pétrole conventionnel.
 
Plusieurs sources convergent pour estimer les Ressources en Place, les réserves et celles non encore découvertes.
 
Ces études, et les estimations de plusieurs experts, algériens ou étrangers, convergent pour estimer que les réserves de pétrole conventionnel à découvrir sont de l’ordre de 2 à 3 Giga barils, soit entre 17 et 25% des réserves prouvées actuelles.
Ces estimations de différentes sources sont cohérentes, y compris dans le temps. 
 
En 2004, ces mêmes réserves étaient estimées par Aspo  à :
Découvertes moyennes : 30 millions bbl
Productions futures : 15,5 G bbl
  Dont gisements connus : 13,3 G bbl
  Dont gisements à découvrir : 2,2 bbl
Productions passées et futures : 28 G bbl
Taux déplétion 2004 : 2,4 %
Année pic 2006
 
Pour l’Algérie, les réserves sont de 12.2 Giga barils (1535 millions T) et il resterait à découvrir entre 2 et 3 G Bbl (16 à 24 millions T) de pétrole conventionnel.
Par ailleurs sont considérés comme non conventionnels, les pétroles produits par la récupération assistée, les condensats, les huiles de schistes, les pétroles lourds (< 20 ° API), etc. 
  1. L’erreur de la thèse de l’effort d’exploration avec l’objectif de 100 puits /10000 km2 :
Le précédent Ministre de l’Energie était  venu de Washington en 1999 avec 3 ou 4  idées simples, voire simplistes.
  • (1) Privatiser les secteurs pétroliers (y compris Sonatrach et Sonelgaz), énergétiques et miniers.
  • (2) Transformer drastiquement les codes pétroliers, miniers (et la règlementation énergétique)  pour passer au régime de concession, se conformer au consensus de Washington et sortir de l’OPEP
  • (3) Vider  le secteur de ses cadres compétents, surtout ceux « marqués » par leur  lieu de naissance.
  • (4) Transformer le pays en gruyère, en forant des trous, et passer de 8 à 100 puits/10000 km2.
Les 2 premières idées étaient suggérées par Abraham Spencer (ex Secrétaire d’Etat US à l’Energie), et par un ancien PDG de Halliburton, devenuVP des USA.
 
La 3ème idée s’explique par des considérations psychanalytiques et le désir de faire le vide.
 
La 4ème idée s’expliquerait, selon ses responsables (World Bank) à Washington, par le fait qu’il n’a jamais pu assimiler les modèles économiques de prise de décision en exploration-production (EMV, Monte Carlo, etc)
 
Ne pouvant proposer une démarche rationnelle fondée sur les théories de la décision en univers probabiliste, il a alors imposé  cet objectif de 100 puits par 10 000 km2 , en guise de politique d’Exploration-Production.
 
Mais ce qui est grave aujourd’hui, c’est que les responsables du Ministère de l’Energie, surtout ceux des DG qui n’ont pas eu la chance de passer la classe de Seconde, continuent à imposer cet objectif de 100 puits/10 000 km2 en guise de politique d’exploration production.

 
Avant de suggérer les éléments d’une politique d’exploration et des textes règlementaires y afférents, il importe de démontrer l’inanité de cet objectif inapproprié.
 
Pour cela il importe d’analyser les statistiques mondiales et particulièrement américaines.
Les USA constituent un cas particulier par rapport au monde entier car le propriétaire d’un terrain y est propriétaire du sous-sol jusqu’au centre de la terre, contrairement au monde entier hors USA ou l’Etat reste propriétaire du sous-sol.
En outre, ce système économique, ou modèle texan, a intérêt à maximiser la recherche pétrolière compte tenu de la demande, de l’attractivité géologique, de l’effet d’échelles (réseau d’exploitation, capacités, proximité géographique) et du niveau de la demande.
En effet, les USA consomment 20 à 25% du pétrolier mondial.
Pour expliquer ce phénomène particulier, nous avons analysé les statistiques historiques 1950-2010 du Department of Energy(ou DoE équivalent du Ministère de l’Energie) en distinguant les puits d’exploration (recherche) depétrolé et puits de gaz, les puits secs (gaz, pétrole) et les puits de développement (O&G).
 
Entre 1949 et 2009, les USA ont foré 2031664 puits (exploration + développement), avec une moyenne annuelle de 33306 et un maximum annuel de 74517 puits.
Pendant le même periode, pour l’exploration pétrolière O&G (hors développement) les USA ont foré 516884 puits d’exploration.
Algérie 2015 : Le spectre lancinant du début de la fin des exportations pétrolières.

Sur ces 516884 puits d’exploration, il y avait  379815  puits secs, forés sans succès.
Algérie 2015 : Le spectre lancinant du début de la fin des exportations pétrolières.

Ces 516884 puits forés entre 1949 et 2009 n’ont donné que 67346 puits de pétrole, soit un taux de succès de 13% (10 % pour le gaz avec 50810 puits)
Algérie 2015 : Le spectre lancinant du début de la fin des exportations pétrolières.

Cette courbe de production montre l’importance de l’effort d’exploration US, effectué depuis 1950 avec de faibles taux de succés qui justifient le nombre élevé de forage d’exploration
 
L’effort d’exploration US est marqué par le pic pétrolier de 1971 qui annonce la baisse drastique du nombre de puits découverts .L’augmentation de la moyenne du nombre de puits positifs ne s’explique que par le niveau des prix, mais cet effort s’est fait au détriment  des périodes 1990-1999 et 2000-2009.
La politique d’exploration pétrolière des compagnies US se soucie du présent (les actionnaires d’abord) au détriment du futur.
Au contraire, la politique pétrolière d’un pays mono exportateur et en développement ,tel l’Algérie, est d’optimiser le rythme d’extraction pétrolière (Théorème de Hollerint – 1920) ,en s’appuyant sur une politique d’exploration qui tienne compte des réserves mais aussi des ressources en place.

La moyenne de puits secs a été  de 75% entre  1949-2009, variant annuellement de 30 à 85%. Grace à la technologie et au management, elle a atteint  45% durant  la dernière décennie, soit un taux de succès supérieur à 55%.
Enfin, pour comparer ce qui est comparable :
- Les USA forent depuis 1870, soit 140 ans, ce qui explique leur moyenne de 500 puits /10000 km2, contre 10 à 20 puits/10000 km2 pour le reste du monde.
- Depuis qu’ils ont connu leur pic pétrolier en 1971 et par rapport à 2009, le nombre de puits US  à l’exploration  est passé au 1/3 (A=3) et durant la même période, le taux de succès est passé de 15% à 65% (B= 65/15=4,33).
Compte tenu de l’effet cumul historique, du taux de succès permis par la technologie, du risque géologique post pic pétrolier (pic pétrolier algérien atteint en 2006) ,et considérant que la moitié (C=50%) occidentale du Sahara algérien est géologiquement gazière, le taux pour l’Algerie ne peut être comparable au taux US.
Ainsi, le chiffre « objectif de politique d’exploration » de 10 puits /10000 km2  peut se justifier  de 2 façons :
 
a) Par comparaison aux statistiques mondiales hors USA : le nombre de puits forés en Algérie est cohérent avec  la moyenne mondiale 10 à 20 puits /10000 km2, ou celle de la zone hors OCDE (Moyen Orient, Afrique Asie) avec 10 puits /10000 km2
b) Par comparaison aux statistiques US (500 puits /10000 km2) : 500 divisés par (AxBx(1/C)xK) Avec K coefficient de prospectivité (densité) pétrolière estimé à 2 pour les USA par rapport à l’Algérie
Pour l’Algérie, l’estimation du nombre de puits à viser à l’exploration donne
500/(3 x 4.33 x 2 x 2)= 9,62 c'est-à-dire environ 10 puits /10000 km2
 
Ces calculs ne peuvent remplacer un modèle probabiliste de Recherche Opérationnelle.
Le but recherché est de dire que pour l’Algérie, l’objectif d’exploration est très proche de (dix) 10 puits /10000 km2 plutôt que des (cent) 100 puits /10000 km2.
 
Nous considérons que la moyenne algérienne de puits forés jusqu’en 2010, soit 10 à 11 puits /10000 km2 est raisonnable par rapport aux statistiques historiques mondiales.
La véritable moyenne mondiale n’est pas 100 puits/10000 km2 comme maintes fois répété (la méthode Coué !) mais 10 puits/10000 km2.
Hors USA, la moyenne mondiale est de 10 puits/10000 km2.

En tenant compte des données US, la moyenne devient 100 puits/10000 km2.
Comme le disent les économistes, les données américaines introduisent un biais statistique qui fait que les données algériennes ou mondiales peuvent être comparées entre elles, mais pas à celles des USA.
C’est d’ailleurs ce que les éminents experts géologues de Sonatrach (MM Abdelmadjid Attar et) et de Schlumberger disaient (cf. (1) site web du ministère de l’Energie):
« Il ne faut pas forer plus, il faut forer mieux »
 
 
4) Le choix d’une politique d’exploration-production :
L’effort précèdent d’exploration pétrolière s’est trompé d’objectif, en insistant sur une prospection tout azimut.
C’est ceci qui a dissuadé les sociétés pétrolières étrangères (le risque géologique et l’attractivité pétrolière) plus que la législation ou la fiscalité
.
Le problème auquel devraient être confrontés les responsables du secteur pétrolier devrait se poser en termes de défis et de priorité, tout le reste (programme, budget, lois et règlementations, réorganisation, etc.) en découlant.
  • Défi/Priorité 1 : reporter au-delà de 2030 la fin des exportations de pétrole brut
Objectif stratégique 1A : Améliorer en 2 étapes le taux de récupération du champ de Hassi Messaoud et disposer de réserves supplémentaires équivalentes à un champ de 0,2, voire 0,3 G bbl
Etape 1 :(1A1) améliorer de 3 à 4 % (ou taux MT selon analyse cost-benefit) le taux de récupération qui est actuellement de 15% (14 % lorssa découverte en 1956 !) y compris par des actions simples (optimisation réseau collecte pipe, continuation programme short radius, passage à la 4D, etc)
Etape 2 : (1A2) mettre en place un projet pilote pour déterminer les spécifications optimales du programme EOR (1B) et individualiser la Direction Production Hassi Messaoud (société avec moyens propres)
 
Objectif stratégique 1B : développer un prospect pétrolier dans le Nord 
  • Défi /priorité 2 : après études technico économiques, lancer le programme EOR (1B) et viser l’équivalent de Hassi Messaoud (5 à 7 G bbl)
  • Défi/Priorité 3 : après études géologiques adéquates et modélisation du processus d’exploration, programme « New Frontiers » dans le Nord du pays
  • Défi/Priorité 4 : prospection pétrole (Nord du pays, Off-shore, gaz Ouest saharien) par la NOC Sonatrach
  • Priorité 5 : veille technologique sur l’off-shore, les shales et tight gas (gaz de schiste,)

Conclusion

Sur la base d'une analyse SWOT, nous proposons une politique d'exploration- production axée sur le développement du gisement de Hassi Messaoud (récupération tertiaire), l'exploration dans les Zones dites Frontières, la veille technologique pour les autres projets mentionnés (gaz de schiste, off-shore, éolien, solaire, etc.).
 
Les analyses précédentes montrent l'inéluctabilité de la fin des exportations de pétrole, à l'horizon 2015-2020, et de la fin de la production pétrolière (2026 au plus tard). La politique d'exploration-production, en vigueur depuis 2000, agrémentée de politiques complémentaires (gaz de schiste, off-shore, éolien, solaire, etc.).n'apporte pas de résultats financièrement positifs avant 2025-2030, et ne constitue donc pas une solution satisfaisante. La situation est grave pour le pays, pour sa viabilité financière et en tant qu'État, et il est plus qu'urgent de se concentrer sur des objectifs stratégiques précis, afin de reporter au-delà de 2030 2050 le spectre de la fin des exportations pétrolières ou de la production pétrolière.
 Nous proposons une politique alternative d’exploration-production pour éloigner, voire supprimer ce spectre.


Bio Express :
* Ingénieur Civil des Mines (Nancy) et Ingénieur économiste pétrolier (ENSPM/IFP). DEA Stat Math (ISUP –Paris) et Dr Science Eco (Dijon) Ali Kefaifi a exercé des responsabilités dans le secteur des hydrocarbures et de la pétrochimie.
- Chercheur RO (Oxy- Occidental Petroleum)
- Ingénieur production (vapocraqueur Carling/ Total)
- Directeur CMPK (Sonatrach /Skikda)
- Directeur projets (Uhde/Hoechst)
- Directeur projet (Rasco –Libye)
- Directeur Stratégie /Dévt. (Fonds Chimie-Alger)
- Conseiller et Directeur Stratégie (Ministère Energie- Alger)
- Président SGP
- Consultant Stratégie /Investissements (MIPI- Alger)
 
mercredi 28 décembre 2011
 

La décapitation des principaux pivots de l’influence occidentale en terre d’Islam

par René Naba 
 



Le testament d’Auguste 2/2
2001-2011 : La décennie qui a signé la fin de cinq siècles d’hégémonie absolue occidentale sur le reste de la planète
Le commandant Massoud, Rafic Hariri, Benazir Bhutto, Hosni Moubarak, Zine el Abidine Ben Ali : La décapitation des principaux pivots de l’influence occidentale en terre d’Islam.
Dix ans après son lancement à grand fracas, « la stratégie du choc et de l’effroi » (Shock and Awe) (1) débouche sur un paysage dévasté, tant pour les pays cibles que pour les assaillants. Le bilan des pertes occidentales en Afghanistan et en Irak s’élevait, au 22 août 2011, selon « une estimation extrêmement prudente à 225 000 morts et environ 365 000 blessés ».
Selon cette étude, menée par les professeurs Neta Crawford et Catherine Lutz, au printemps 2011, pour le compte de l’université Brown, le nombre de soldats tués se chiffre à 31 741, dont environ 6000 Américains, 1200 soldats alliés, 9900 Irakiens, 8800 Afghans, 3500 soldats pakistanais ainsi que 2300 membres de sociétés militaires privées, faisant de cette guerre la plus meurtrière pour les États-Unis depuis la guerre du Vietnam et sans doute la plus coûteuse depuis la seconde guerre mondiale (2).
Le coût total des guerres menées par les Etats-Unis en Afghanistan, en Irak et au Pakistan aurait couté la somme astronomique de 3700 milliards de dollars. L’Irak, à lui seul, aura coûté au budget des Etats-Unis la somme de mille milliards de dollars. Ce chiffre ne tient pas compte du coût de l’entretien des 90.000 soldats américains maintenus sur place durant la période de transition. Ni la Corée ni le Vietnam n’avaient coûté autant, alors que la guerre du Vietnam (1960-1975) avait duré quinze ans et que le corps expéditionnaire américain s’élevait à cinq cent mille soldats (3).
Les guerres américaines depuis le 11 septembre 2011 ont couté davantage que la Seconde Guerre mondiale (1940-1945), la plus chère à ce jour (2.000 milliards de dollars en dollars constants/1.500 milliards d’euros). Avec en superposition des dommages collatéraux substantiels de 200.00 civils irakiens tués, près d’un million de blessés et trois millions de déplacés.
L’hypotonie du monde arabe face à la géostratégie tectonique impulsée par les attentats anti-américains du 11 septembre 2001 et la collusion frontale qui s’est suivie en Afghanistan et en Irak contre les deux plus importants foyers de percussion de la stratégie régionale de l’axe saoudo américain dans la sphère arabo musulmane a bouleversé le leadership traditionnel arabe.
Elle a propulsé au firmament de l’iconographie internationale Oussama Ben Laden, chef d’Al Qaida, l’organisation clandestine transnationale, l’étincelle de ce bouleversement, de même que son compère le Mollah Omar, jamais à court de carburant, le plus célèbre motard de l’histoire de l’humanité en dépit de son handicap oculaire, ainsi que le dignitaire chiite libanais Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, son émule irakien Moqtada Sadr, seul dirigeant irakien frappé d’un triple sceau de légitimité -spirituelle, nationaliste et populaire-, seul dirigeant irakien d’envergure nationale à n’avoir jamais transigé sur ces principes, encore moins pactisé avec ce qu’il considère être ses « ennemis », contrairement aux autres factions irakiennes.
Au vu de cette hécatombe, ce qui devrait hanter l’Amérique désormais, ce n’est pas tant le spectre du Vietnam mais plutôt un sort identique à l’empire d’Alexandre le Grand, dont la Mésopotamie en fut le fossoyeur. A la veille de l’intervention américaine en Irak, George Bush Jr, renouant avec les vieilles habitudes des cow-boys américains, avait édité un jeu de cartes de 52 cartes consignant les 52 dirigeants irakiens les plus recherchés par ses services. Ivre de sa victoire et fier de leur capture, Bush n’avait pas prêté attention au fait que ce jeu de cartes se jouait désormais à contresens et qu’il portait désormais sur les protagonistes américains de la guerre.
La guerre anglo-américaine contre l’Irak a provoqué la destruction d’un des rares états laïcs du monde arabe, l’Irak, et le duo diplomatique franco-américain sur le Liban, la vacance du pouvoir présidentiel du seul pays arabe dirigé par un Président chrétien. Un précédent lourd de conséquences pour l’avenir.
Le grand ordonnateur de ce « chaos constructeur », George Bush, fait déjà précocement l’objet d’un enseignement dans les académies diplomatiques et militaires comme le parfait contre-exemple de gouvernement, assuré de décrocher le titre peu envieux de « pire président de l’histoire américaine », pourchassé dans l’imaginaire du monde par le journaliste irakien Mountazar al Zayédi, le plus célèbre lanceur de chaussures de l’histoire de l’humanité, le Spartacus des temps modernes.
Jacques Chirac, l’opposant à la guerre d’Irak, mais rallié à l’aventure américaine du Liban, jouit désormais, pour sa part, d’une retraite confortable mais non paisible dans la résidence précaire de son bienfaiteur libanais. L’ancien président français qui menaçait des foudres de la Justice Internationale les assassins de son milliardaire ami, est, à son tour, en délicatesse avec la justice de son propre pays pour des affaires ayant trait à l’argent illicite dans des responsabilités fictives pour d’emplois fictifs financés pourtant par l’argent bien réel du contribuable français.
Le « grand jeu » afghan pour un « Grand Moyen orient » s’est révélé calamiteux pour ses initiateurs, éradiquant les principaux pivots de l’influence occidentale en terre d’Islam : le commandant Massoud Shah, le Lion du Panshir, en Afghanistan, les deux anciens premiers anciens ministres, Rafic Hariri et Benazir Bhutto, le sunnite libanais en 2005 et la chiite pakistanaise en 2007, deux personnalités situées aux extrémités de l’axe devant servir de levier à l’avènement du « Grand Moyen Orient », tous les deux identiquement carbonisés dans un attentat, victimes majeures du discours disjonctif occidental. Pis, au Liban même, zone de dégagement de la pression américaine sur l’Irak, la disparition de Rafic Hariri a été suivie de la décapitation de ses principaux supports médiatiques sur la scène occidentale, le directeur du journal An Nahar, Gébrane Tuéni, et le journaliste Samir Kassir. Un massacre à la tronçonneuse que n’aurait pu produire le plus méthodique des tueurs en série. Un résultant proprement ahurissant.
Sous tend cet épilogue, le problème majeur du décalage dans la perception que se fait l’Occident de la réalité orientale, particulièrement la vision que se font les intellectuels occidentaux de Benazir Bhutto, tout comme du commandant Massoud Shah ou de Rafic Hariri, qui relève à proprement parler de la psychanalyse. Benazir constitue, pour eux, cliniquement, un fantasme exotique absolu : La belle sultane dévoilée, l’anti burka, le chef du Harem, politiquement parlant. Les intellectuels occidentaux développaient à son égard une sorte de « discours sur la servitude volontaire ».
Héritière d’une dynastie politique dont le destin tragique est sans doute unique au monde, avec quatre personnalités assassinées dont deux anciens premiers ministres, record mondial absolu de tous les temps, cette femme glamour d’une grande « modernité », plutôt que d’impulser une dynamique de changement démocratique de son pays, se donnant en exemple pour la combat de libération de la femme dans le tiers monde arabo-musulman, a versé dans le conformisme d’une gestion bureaucratique empruntant aux sociétés patriarcales leurs méthodes les plus éculées, usant et abusant de son pouvoir au mépris des principes les plus élémentaires de la sagesse politique.
Un décalage identique s’est produit à propos du Commandant Massoud Chah, tué dans un attentat à la veille des attentats anti-américains du 11 septembre 2001. Massoud, apprécié des seuls Français, dont des intellectuels de renom en faisaient un titre de gloire de l’avoir rencontré, quand bien même la rencontre a été virtuelle, uniquement dans l’imaginaire du narrateur du récit de la rencontre. Elève du lycée français de Kaboul, Massoud passe pour avoir fait bénéficier de ses lumières les services français dans le labyrinthe afghan. Hors la France, il a été longtemps quasi inconnu. A sa mort il a été érigé en martyr de la Liberté, de la même manière que Rafic Hariri au Liban, pourtant l’un des principaux bailleurs de fonds des guerres inter-factionnelles libanaises.
Le tropisme occidental à l’égard de l’Islam aboutit à ce que chaque notabilité intellectuelle dispose de sa « minorité protégée » : Le philosophe André Glucksmann, les Tchétchènes, quand bien même son nouvel ami le président Nicolas Sarkozy, est devenu le meilleur ami occidental du président russe Vladimir Poutine, Bernard Henry Lévy, le Darfour, quand bien même son entreprise familiale est mentionnée dans la déforestation de la forêt africaine, et Bernard Kouchner, des Kurdes, les supplétifs des Américains dans l’invasion américaine d’Irak. Comme si ces notabilités cherchaient à compenser leur hostilité aux revendications arabes notamment palestiniennes par un soutien à l’Islam périphérique.
Victime d’un dommage subséquent résultant du retournement proaméricain de son ami français, l’élimination de Rafic Hariri (février 2005) (4) est survenue l’année même du décès de son protecteur, le Roi Fahd d’Arabie, mort six mois plus tard en Août 2005, le mois même où Mohamad Ahmadi-Nijad, le représentant de l’aile dure du régime islamique était élu à la présidence de la République iranienne. L’annonce de la fin de la mission de combat de l’armée américaine en Irak, le 21 août 2010, est intervenue le jour de la mise en route de la centrale nucléaire iranienne de Boucher. Il est des coïncidences fâcheuses qui retentissement comme des victoires pour leurs bénéficiaires.
Bouquet final, le monde arabe, une des principales victimes collatérales de l’instrumentalisation de l’islam comme arme du combat politique contre le bloc soviétique, un des principaux contributeurs à la libération de l’Europe du joug nazi et néanmoins le principal perdant de son pari perdu sur l’Amérique, en un mot, le principal dindon de la farce, opérera un sursaut libératoire : dégageant, en 2011, à l’occasion du 10 me anniversaire du 11 septembre, il dégagera les figures emblématiques de la soumission à l’ordre israélo-américain, l’égyptien Hosni Moubarak, le tunisien Zine el Abidine Ben Ali, alors que la contestation gagnait une dizaine de pays arabes notamment la Syrie, la Libye, le Yémen, le Bahreïn, épargnant curieusement l’Arabie saoudite, pourtant un des principaux responsables de ce chaos.
Certes, Oussama Ben Laden, au terme de dix ans de traque, a été tué dans un spectaculaire raid américain le 2 mai 2011 au Pakistan, de même que son successeur au Yémen, Anouar Al Awlaki, alors que les Etats-Unis s’emparaient durablement du pétrole irakien délogeant leur allié français de la place. Mais les lieutenants du chef d’Al Qaïda sont disséminés sur le pourtour de l’Arc de l’Islam, en Irak, au Yémen, les deux anciennes balises stratégiques de l’Arabie Saoudite, en Somalie, au Sahel, pourchassés avec plus ou moins de succès, par le corps de commandos solo américains, déployés dans près de 120 pays, avec les coûts financiers inhérents.
Doté d’un budget de 9.8 milliards de dollars, le SOCOM, (Special Operations Command), compte un effectif de 65. 000 membres, dont 85 pour cent déployés dans les vingt pays du CentCom, couvrant le « Grand Moyen Orient », de l’Afghanistan au Maroc : Afghanistan, Arabie Saoudite, Bahreïn, Egypte, Emirats Arabes Unis, Iran, Iraq, Jordanie, Kazakhstan, Koweït, Kirghizistan, Liban, Oman, Pakistan, Qatar, Syrie, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Yémen. Le reste des effectifs est déployé en Amérique latine et dans le sud est asiatique.
En superposition, la perte de 25 mille milliards de capitalisation boursière lors de la crise bancaire de 2008 du fait des fonds spéculatifs gérés par des êtres sans scrupules à l’image de Robert Madoff, pourtant un notable de l’establishment américain, conjuguée à la crise de l’endettement européen et à la dégradation de la notation économique des Etats-Unis, fait unique dans les annales de l’économie, trois ans plus tard, en 2011, en favorisant la montée en puissances des fonds souverains du sud, notamment la Chine en rôle d’arbitre, ont considérablement fragilisé les économies occidentales, plaçant les pays occidentaux sur une position d’autant plus défensive que la Chine, maniant la stratégie du yuan en vue d’instaurer une nouvelle monnaie de référence internationale autre que le dollar, a réussi à contourner l’Europe par l’Afrique, la supplantant, sans coup férir, dans son ancienne chasse gardée (5).
Certes, quarante deux ans de coopération stratégique avec les Etats-Unis ont débouché sur la judaïsation quasi complète de Jérusalem, la colonisation quasi-totale de la Palestine, l’implosion de l’Irak et la perte du pouvoir sunnite à Bagdad, le démembrement du Soudan par l’aménagement d’une enclave pro israélienne sur le parcours du Nil, l’implosion de la Libye, sans pour autant que l’Arabie saoudite ne remette en question sa collaboration avec le Grand protecteur d’Israël, la caution de tous ses passes droits.
Et le meilleur allié des pays occidentaux contre le nationalisme arabe et son partenaire essentiel dans l’implosion de l’Union soviétique, via la guerre d’Afghanistan, est, paradoxalement, le plus stigmatisé en la personne du petit fils d’un des fondateurs de la confrérie de Frères Musulmans, Tareq Ramadan, par les intellectuels les plus pro américains de la scène européenne, comme en témoignent les imprécations quasi quotidiennes de Sainte Catherine Fourest contre « Frère Tariq ». Mais l’hiver 2011 a bourgeonné en un doux « printemps arabe » et produit un été meurtrier pour le camp occidental.
Première contreperformance majeure de l’alliance atlantique dans une opération dirigée contre un pays de l’ensemble arabo africain, l’enlisement de l’Otan en Libye, se superposant au dévoiement le soulèvement libyen en un régime crypto islamiste, à la tuerie xénophobe d’Oslo, juillet 2011, à la répression policière des émeutes du Royaume uni, août 2011, à la crise de l’endettement européen, sanctionnée par le dégagement de trois premiers ministres de la zone euro, Georges Papandréou (Grèce) et Silvio Berlusconi (Italie) et Jose Luis Zapatero (Espagne), a frappé de caducité le rôle de prescripteur moral des pays occidentaux dans la dénonciation des contestations populaires à Damas, Téhéran, Pékin et ailleurs.
La contre offensive menée par les pétromonarchies du Golfe contre le flux contestataire arabe, de même que l’instrumentalisation du Tribunal spécial sur le Liban à propos de l’assassinat de Rafic Hariri, ont permis la déstabilisation de la Syrie, maillon essentiel du dispositif régional antioccidental, dans une guerre de substitution contre l’Iran. Elles n’ont pas empêché pour autant la République islamique, sous embargo depuis trente ans, d’accéder au rang de « puissance du seuil nucléaire », ni l’Amérique d’être contrainte à ordonner son retrait d’Irak.
Le veto brandi par les Etats-Unis à propos de l’admission de la Palestine à l’ONU, la démission des Etats-Unis face à Israël à propos du gel de la colonisation rampante de la Palestine, se superposant avec l’effet cumulatif et corrosif de l’alliance contre nature entre Israël et l’extrême droite européenne, matérialisée symptomatiquement par la tuerie d’Oslo, a scellé l’imposture morale de l’alliance des descendants des victimes du génocide hitlérien avec les héritiers spirituels de leurs anciens bourreaux, et signé du même coup la faillite morale de l’Occident, en même temps que cinq siècles d’hégémonie absolue occidentale sur le reste de la planète.
Un ancien alcoolique reconverti dans le messianisme évangélique, « born again » jouant à l’ange purificateur, au risque de fourvoyer son pays et de mettre en jeu son statut de première puissance planétaire de tous les temps, un militaire impétueux ivre de bruit et du fureur, « border line » pantagruélique, transformé en état de « légumes », un président d’un pays prescripteur d’un ordre moral transformé en squatter de luxe, pensionnaire posthume de son ami assassiné (6)……. Sauf à désespérer son propre camp on aurait rêvé meilleure triplette pour le rayonnement de la démocratie, la défense du monde dit « libre » et la survie de ses propres poulains à travers le Monde.
Bis repetita placent : Que n’a-t-on révisé nos classiques ? « Il ne faut pas franchir l’Euphrate. Au delà de l’Euphrate, c’est le domaine des aventuriers et des bandits ». Testament d’Auguste.
Références
1 – Doctrine de la guerre post soviétique formulée par Harlan Ullman, et James Wade, en 1996 pour le compte de la Défense nationale des Etats-Unis, « Choc et effroi » est une doctrine militaire basée sur l’utilisation de la puissance écrasante et des manifestations spectaculaires de la force pour paralyser l’adversaire de la perception d’un champ de bataille et de détruire sa volonté de se battre.
2- Les civils paient le plus lourd tribut : 172 000 morts (125 000 Irakiens, 35 000 Pakistanais et 12 000 Afghans). Les chercheurs n’évaluent en revanche qu’entre 20 000 et 51 000 le nombre total d’insurgés éliminés. Quelque 168 journalistes et 266 travailleurs humanitaires ont par ailleurs été tués depuis que les Etats-Unis se sont engagés dans ces pays dans la « guerre contre le terrorisme ». Ces conflits ont engendré un flot massif de réfugiés et de personnes déplacées de plus de 7,8 millions de personnes, surtout en Irak et en Afghanistan. Selon le site Internet indépendant icasualties.org, ainsi que antiwar.org, le bilan des pertes en Irak et Afghanistan s’élevait au 16 Août 2011, à 7.453 morts, dont 74 soldats français en Afghanistan. A cela s’ajoute le chiffre des 430 suicides au sein des militaires en activité, selon le « Département of Vétéran Affaires ».
3- « The Price of Liberty : Paying for America’s Wars » (« Le Prix de la liberté : le coût des guerres de l’Amérique ») par Robert Hormats, haut responsable de la banque d’affaires Goldman Sachs.
4- la stratégie chinoise du yan ruine les finances occidentales
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/08/la-strategie-chinoise-du-yuan-ruine-les-finances-en-occident_1557315_3232.html
5- Sur la stratégie financière de la Chine, voir à ce propos -http://www.renenaba.com/geo-economie-mondiale-un-basculement-strategique/
6- Pour une étude documentée sur cette période, lire « Hariri de père en fils, hommes d’affaires, premiers ministres » René Naba Harmattan 2001
Sur le revirement de la politique française à l’égard des Etats-Unis après le différend sur l’Irak, lire Richard Labévière « Le Grand retournement Bagdad Beyrouth » Editions Seuil octobre 2006.
 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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