ELWATAN-ALHABIB
lundi 26 septembre 2011
 

Algérie : Un régime moribond et affolé ne recule devient rien !

 

Par Lyes Akram
Devenu inamendable et vulnérable aux réformes, le régime algérien vire vers le gangstérisme, seule voie qui lui permettrait de subsister quelques semaines de plus, étant expiré, avec bien entendu la manne pétrolière dont il dispose et avec laquelle il est en train d’acheter la paix sociale honteusement. Ainsi, le site d’information Algérie-Focus, connu par son objectivité et son professionnalisme, a subi une attaque de quelques pirates-pègres, seulement quelques jours avant que des « baltaguia » assurément soudoyés par le régime criminel ne tentent d’incendier l’imprimerie d’El Watan et El Khabar, les seuls quotidiens que l’on peut encore lire en Algérie sans vomir, alors que (presque) tous les autres sont ou créés par le DRS (Ennahar) ou totalement inféodés au régime (Echorouk). Il est clair donc que le régime se sent menacé par des plumes. Quelques plumes libres qui refusent de se vendre et honorent toujours leur métier…
Un réseau de mosquée au service du régime
Avec son système scolaire producteur de « sujets » et non de citoyens, doublé d’une presse criminelle qui célèbrent à longueur de pages la médiocrité et la régression et déversent sur ses lecteurs des somnifères et drogues, le régime a aussi un réseau de mosquées à son service. J’avoue que j’avais commis l’erreur de sous-estimer l’importance de la propagande et de l’endoctrinement, puisque il s’agit aussi de cela, à l’intérieur des mosquées, en comparaison à ceux de la presse, puisque, d’un coté, je ne suis en mesure d’analyser que les propos d’une seule mosquée, celle prêt de chez-moi, et, de l’autre, sincèrement, je ne leur donne que très peu d’importance. Mais en effet, y compris dans des lieux sacrés, supposés être réservés au culte, le régime décide des prêches des imams-esclaves, qui obéissent sans hésitation. « Les prêches du vendredi ne sont plus éducatifs », affirme Mehdi Beskri, journaliste d’El Watan, le journal que le régime veut détruire, après avoir enquêté dans plusieurs mosquées algéroises. Il rapporte ensuite cette « fatwa » perverse de l’imam de la mosquée de Bir Mourad Raïs : « Quand un policier ou un gendarme vous frappe, entre de force dans votre maison, tabasse votre femme ou votre mère, il ne faut rien faire ». Et c’est un homme de religion qui parle ! Difficile de ne pas lier ces propos aberrants aux évènements des Bois des Pins, Hydra. Nous avons vu dans des vidéos sur la Toile des policiers en uniformes violenter des citoyens algériens, saccager et tenter d’entrer dans des appartements par la force. Cet imam est décidément leur complice. Lui et ses semblables…
Cette obéissance sans questionnement au prince du moment est le socle de la version « soft » de la doctrine salafiste, la plus nauséeuse de toutes, dont la version « hard » n’est que le prélude du terrorisme. Satellisés donc par le régime, les mosquées algériennes diffusent cette doctrine, considérée par les analystes avertis comme la matrice du terrorisme. Cela pour dire l’évidence de la duplicité du régime algérien lorsqu’il avertit du « péril islamiste » supposée venir de la Libye libérée d’El Guedhaffi, alors qu’en vérité c’est lui qui crée les conditions qui favorisent le terrorisme – l’injustice sociale combinée avec la diffusion du salafisme, on n’a plus le droit de s’étonner si l’on observe demain la montée sauvage des djihadistes…
Activité par l’inaction
Il y a aussi la manipulation du 17 septembre qui mérite commentaire. Les faits sont connus. Un jeune membre du plus pourri des partis politique algériens, le FLN, dont la dissolution devrait aller de pair avec celle du DRS, a eu ses « 15 minutes of fame ». Voulant selon ses dires organiser la jeunesse de l’ancien parti unique, il a choisi la date du 17 septembre. Ensuite c’est un journaliste arabe étranger, du site Elaph.com, qui l’a interviewé. D’après le jeune Belkhadem Jr., le journaliste lui aurait proposé de contacter BHL, le fameux imposteur français et inconditionnel d’Israël. Et, en sa qualité de brave nationaliste algérien, Belkhadem Jr. « sauve » l’Algérie du sionisme en refusant tout contact avec BHL ! Quelle endurance ! Il mérite du coup sa statue à Alger-centre, n’est-ce pas ?…
Et, pour parachever la charade, c’était le tour du vieillard Ould Kablia, ministre de l’intérieur du régime, de s’exprimer sur cet évènement dans les colonnes du journal du DRS Ennahar. On y lit, entre autres, que la date du 17 septembre coïncide avec le massacre israélien de Sabra et Chatila. Ce qui est le cas. Les opérateurs Djezzy et Nedjma ont reçu ensuite l’ordre d’envoyer à leurs abonnés des messages afin de les dissuader. Leur contenu, pour Djezzy : «La date du 17 septembre n’est pas un hasard pour les ennemis de l’Algérie et du monde arabe… 17 septembre 1982, Israël massacre 5000 Palestiniens à Sabra et Chatila», et, pour Nedjma : « Le sinistre Napoléon III visite Alger colonisée le 17 sept 1860. Sarkozy veut être ce Napoléon ». Pourquoi les opérateurs privés coopèrent avec le régime ? « Les opérateurs obéissent à un cahier des charges bien précis. Aucun d’eux ne peut dire non à l’autorité politique», confie une source de Djezzy à El Watan…
Le 17, une journée à Alger on ne peut plus ordinaire.
Si il y a eu un « complot » de « ceux qui ne veulent pas le bien à l’Algérie », le régime serait sorti vainqueur donc. Toutefois, pour avaler cette couleuvre, même être écervelé ne suffit pas ! Il est évident qu’il s’agit d’une manipulation par le régime. D’abord, les acteurs que l’on connait de cet épisode sont : Belkhadem Jr. et Ould Kablia. Deux pourritures. Ensuite, supposons que c’est de l’étranger que viennent cet appel : comment expliquer alors que cette « main étrangère » n’eût pas réfléchi à recruter ses relais à l’intérieur, car, on l’a bien vu, il n’y avait personne le 17. Il y a aussi, puisqu’« ils » évoquent le pestilentiel BHL, l’absurdité de dire qu’il serait impliqué, lui qui ne rate aucune occasion pour se faire photographie en Libye, alors qu’il est totalement passif dans le cas de l’Algérie. En fait, pourquoi BHL qui a tenté de « laver l’honneur » des généraux avec son reportage en 1998, voudrait-il aujourd’hui les voir partir ? Enfin, pour ceux parmi nous qui sont familiers avec la raison, « dans les multiples techniques de manipulation, écrit Nadjia Bouaricha, celle consistant à faire craindre une terrible situation et offrir la solution en même temps, en est une bien connue. La situation créée et imaginée suscitera à son tour la réaction souhaitée de la part du public cible ». Ce dernier est la partie de la population endoctrinée et conditionnée par la presse, l’école et les mosquées. Croyant servir la patrie en restant chez eux, en ne faisant rien, et dénonçant les potentielles « révolutionnaires », ces gens semblent fier par leur inaction, tout comme le serait un révolutionnaire par ses activités.
Une activité par l’inaction…
Avec ces pratiques, le régime est certes affolé. Il sait qu’il est en crise et que sa validité a expiré. Avant la crise actuelle qui le menace et qui l’ébranle en définitive, on parlait d’un régime algérien bicéphale. Chaque fois qu’il provoquait des ravages, les observateurs essayaient de deviner quelle est la partie responsable. Aujourd’hui, la crise oblige, il se peut que sur le plan de la nuisance, le DRS et la présidence fusionnent, leur but étant identique : subsister malgré le vent de changement qui souffle, et leur ennemi « unique » aussi étant le même : le peuple. On doit s’attendre par conséquent à des manœuvres peu ou prou habiles et à des manipulations d’ampleur ces jours-ci. Le dernier cri d’un agonisant est certes le plus fracassant.
Par Lyes Akram


 
dimanche 25 septembre 2011
 
Le non-événement de proclamation à l’ONU :

Plaidoyer pour la paix en Palestine

Chems Eddine CHITOUR
illustration Fiko


« L’Amérique ne tournera pas le dos à l’aspiration légitime du peuple palestinien à la dignité, aux chances de réussir et à un État à lui ; la seule résolution consiste à répondre aux aspirations des uns et des autres en créant deux États, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun dans la paix et la sécurité. (...) C’est pourquoi je compte personnellement poursuivre un tel aboutissement avec toute la patience et le dévouement qu’exige cette tâche. »
Président Obama, discours du Caire, en juin 2009
Effectivement, le président Obama avait proposé en septembre 2010 à l’ONU la création d’un Etat palestinien pour septembre 2011. Dans ce cadre, il a proposé, en mai, la création d’un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967. Mal lui en a pris. Le lobby pro-israélien l’ont rappelé à l’ordre. Il s’est alors rétracté en ajoutant qu’il a été mal compris ; il ajoute que des échanges de territoires devront être consentis. Là encore, c’est un niet de la part d’Israël qui, on s’en souvient, malgré le simulacre des négociations de septembre 2010, continuait allègrement et à marche forcée, ses implantations dont tout ce qui avait de la valeur sur les terres palestiniennes avec en prime une judaïsation totale de Jérusalem et une « agression » lancinante des Lieux-Saints de l’Islam sous les regards tétanisés de la communauté internationale et de la lâcheté des potentats arabes plus soucieux de conserver leurs trônes que de dire le droit.
Les révoltes de la jeunesse arabe de 2011 ont donné l’illusion que les peuples relevaient la tête, on a même vu des jeunes palestiniens se révolter contre l’incurie des deux pouvoirs palestiniens celui de Ghaza et celui de Ramallah. En vain, le rapprochement a échoué. Il n’en fut rien. Tout se re-normalise dans le sens voulu par les architectes occidentaux de ces révoltes. Depuis quelques mois, Mahmoud Abbas, dos au mur, réclame à cor et à cri un Etat palestinien. Pourquoi le fait-il ? Le pourra-t-il ? Quels sont ses alliés et ses détracteurs ? Quelles sont les conséquences ? Pour rappel, à ce jour, l’État de Palestine revendiqué par la Déclaration d’Alger en 1988 est reconnu par 117 pays membres de l’ONU sur 193, et que son statut à l’ONU se situe entre celui d’« observateur » et celui de « membre », mais sans droit de vote. Benyamin Nétanyahou a tourné en dérision cette majorité automatique à l’Assemblée générale « où n’importe quelle résolution peut être adoptée ». Elle « peut même décider que le soleil se lève à l’ouest et se couche à l’est », a-t-il ironisé, ´´mais elle n’a ni le poids, ni l’importance du Conseil de sécurité ». Voilà qui est clair ! Israël - qui a bafoué une quarantaine de résolutions- n’ a que mépris pour l’ONU, et la légalité internationale.
Les pour et les contre
Dans une tribune publiée mardi par le New York Times, le prince Turki al-Faysal avertit que, si l’Amérique appose son veto, elle « perdra » son allié saoudien, ce partenaire crucial de l’Amérique au Moyen-Orient. La Turquie, autre alliée de plus en plus récalcitrant, a également fait monter la pression en affirmant que reconnaître la demande palestinienne n’était « pas un choix mais une obligation ». (...) En réalité, personne ne sait ce qu’il en sortira. L’armée israélienne procède à des exercices de simulation en tenue pour faire face à d’éventuelles émeutes palestiniennes. La semaine dernière, des colons extrémistes ont vandalisé des mosquées [et arraché des pieds de vigne plantés par les Palestiniens] et une base militaire israélienne. (...) ».(1)
Yossi Alpher y voit un plus pour Israël puisque les ambitions palestiniennes sont limitées. Ecoutons-le : « Nétanyahou, écrit-il, ne veut pas entendre parler d’Etat palestinien. Pourtant, les négociations, en ce cas, ne porteraient plus sur le retour des réfugiés ni sur les Lieux saints...(..) Nous dirigeons-nous vers une détérioration générale des relations israélo-palestiniennes sur fond de triomphe palestinien ou vers une série de non-événements certes bruyants mais qui ne mèneront nulle part ? (...) » (2)
« Par cette initiative, Abbas demande en effet à l’ONU de régler un problème territorial avec la reconnaissance officielle d’un Etat palestinien basé sur les frontières de 1967 ayant sa capitale à Jérusalem-Est. Il ne demande pas à l’ONU de légiférer sur le droit au retour des réfugiés ni sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, deux points qui font échouer les négociations directes. Il ne s’adressera plus à Israël au nom d’organisations de libération qui représentent surtout la diaspora palestinienne. La question des frontières sera plus facile à négocier d’Etat à Etat, contrairement à maintenant, puisque cette question est liée à des thèmes sur lesquels l’OLP se montre intraitable. Tous les sujets les plus difficiles seront plus faciles à négocier entre deux Etats ».(2)
L’Occident n’a toujours pas pris acte de la nécessité de rendre justice au peuple palestinien. Alain Juppé, parlant de cette situation, dit que le statu quo est intenable pour Israël qu’il invite à « négocier ». Il ne dit pas sur quoi ? Son sous-entendu est de rogner encore ce qui reste de comestible du bantoustan palestinien. Mieux, le président Sarkozy pense avoir la solution : proposer à Mahmoud Abbas un statut du type « Vatican ». Le Vatican ; combien de divisions aurait dit Staline ? En cas d’échec au Conseil de sécurité, du fait du véto promis par les Etats-Unis, les Palestiniens pourraient se tourner vers l’Assemblée générale pour demander le statut d’ « Etat non-membre », à l’instar du Vatican. On l’aura compris, les pays occidentaux et leurs alliés ne veulent pas d’un Etat palestinien avec tous les attributs. Leur offre de négociation aux Palestiniens tient du canalar. Négocier quoi ? Que reste-t-il des territoires palestiniens maintenant que 500.000 colons se sont installés en Cisjordanie sur les meilleures terres et que Jérusalem est totalement sous l’emprise israélienne ? Les Palestiniens n’ont pas le droit de construire, voire de réparer leurs maisons à Jérusalem Est.
Deux Etats
Cette initiative serait, disent les médias occidentaux, combattue au sein même des Palestiniens. Nabil Amr, présenté comme un leader du Fatah, est contre. Pour lui, il ne faut pas se mettre à dos les Etats-Unis, l’Europe, Israël et les pourvoyeurs de la Palestine. « La demande d’adhésion d’un Etat palestinien de Mahmoud Abbas comporte de nombreux risques. » C’est en ces termes que le mouvement islamiste a exprimé son hostilité. (...) L’annonce a mis un terme à cinq mois de silence prôné par le Hamas, après la signature, le 27 avril au Caire, d’un accord historique de réconciliation nationale avec son ennemi de toujours, le Fatah, au pouvoir en Cisjordanie. (..) « Pour l’organisation, Mahmoud Abbas cherche, à travers son initiative de sauver l’Autorité palestinienne, à exister sur la scène internationale », explique Julien Salingue, enseignant à l’Université Paris VIII. « Le Hamas n’a donc aucun intérêt à y participer et même tout à gagner à ce que la démarche échoue. » (...) « Aucun acteur palestinien n’a de mandat pour faire des concessions historiques sur le territoire palestinien ou les droits des Palestiniens, en particulier le droit au retour », a ainsi lancé le Premier ministre du Hamas, Ismaël Haniyeh, dans une allusion aux plus de quatre millions de réfugiés palestiniens éparpillés dans la région, dont près de 1,1 million vivent à Ghaza »(3).
Même son de cloche de Fadwa Nassar qui pense que la démarche de Abou Mazen va sonner le glas de la réconciliation : « Les communiqués de personnalités, d’associations et de mouvements, des partis et organisations, insistent sur un ou plusieurs arguments pour rejeter en bloc l’initiative de l’Autorité, l’accusant surtout d’avoir abandonné en route les principales revendications palestiniennes, que sont la libération de la Palestine et le droit au retour des réfugiés mais l’accusant aussi de manque de transparence quant à la finalité de la démarche : un Etat palestinien, pour quoi faire ? Il reste cependant un aspect des plus graves dans cette démarche, celui d’avoir mis de côté ou même tué le processus de la réconciliation interpalestinienne. (...) La situation dans la ville d’El-Qods, menacée de judaïsation et de nettoyage ethnico-religieux, laisse craindre le pire, si la réconciliation interpalestinienne sur des bases saines et claires n’est pas adoptée. (...)Pourquoi se dirige-t-on à l’ONU et qu’est-ce qui changera sur le terrain ? Quelles sont les compromissions faites ou à faire ? De quel Etat parle-t-on au juste ? Alors que les forces palestiniennes de la résistance exigeaient la fin de la coordination sécuritaire avec l’occupant, celle-ci ne s’est jamais arrêtée et les résistants et leurs familles continuent à être poursuivis, soit par les sionistes, soit par l’Autorité. (...) Les sionistes et les services sécuritaires de l’Autorité palestinienne continuent à se partager la tâche de poursuivre les résistants, ceux qui s’opposent à l’occupation et agissent dans ce sens. La coordination sécuritaire des services de Abbas-Fayyad avec les sionistes, est un terme radouci pour parler d’une collaboration de fait avec l’ennemi. (...) »(4)
Pour Ziad Clot, avocat franco-palestinien- interviewé par la journaliste Sylvia Cattori- et qui avait participé, en son temps, à des négociations, la reconnaissance de l’« État » ne ferait qu’apporter plus de malheurs au peuple palestinien. « Ce ne sera donc pas un mal si ce pseudo « État » ne voit pas le jour le 23 septembre ». Il dévoile le business des négociations et les stratégies personnelles d’enrichissement : « (...) Certains dirigeants de l’OLP sont devenus des professionnels de la négociation. Il y a de nombreuses personnes qui vivent là-dessus. Mais la réalité, connue des Palestiniens, c’est qu’aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose à négocier. Quand vous regardez la carte, entre la colonisation et Jérusalem-Est qui est sous la totale emprise israélienne, Israël est largement arrivé à ses fins. Jérusalem-Est est devenue pratiquement la capitale réunifiée israélienne et les colons israéliens sont installés en Cisjordanie où cela leur convient. Aujourd’hui Il y a des intérêts financiers immenses autour de l’Autorité palestinienne. (...) » (5)
« La conclusion à laquelle j’arrive est que le « processus de paix » n’est pas seulement un spectacle mais que c’est aussi un « business » avec quantité d’organisations en tout genre et d’individus qui en vivent : des diplomates, journalistes, experts en tout genre -dont je faisais du reste partie lorsque je travaillais comme conseiller juridique auprès de l’OLP- qui ont des intérêts propres à la poursuite dudit « processus de paix ». Ce sont ces centaines de millions de dollars et d’euros investis chaque année à perte qui -doublés de l’incapacité à condamner Israël pour ses agissements- expliquent cette fuite en avant, alors même que l’objet des négociations -le territoire palestinien, Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien, l’eau, etc. a malheureusement largement disparu aujourd’hui ».(5)
Que se passera-t-il après ?
L’impression générale qui se dégage est que si l’Etat Palestinien est reconnu, la Palestine perdrait définitivement le droit de négocier pour le retour des réfugiés. « Les dirigeants palestiniens, écrit Majed Kayali, ont tout misé sur les négociations sans se ménager des solutions de repli.(...) Une partie des Palestiniens considère que cela constituerait une grande victoire politique et diplomatique face à Israël et rééquilibrerait le conflit israélo-palestinien puisqu’il le transformerait en conflit entre deux Etats. De plus, font-ils valoir, ce serait un pied de nez aux interminables et stériles négociations par lesquelles Israël épuise les Palestiniens.(...) Que cela signifie-t-il pour les réfugiés [palestiniens dans les pays arabes] ? Auront-ils la nationalité de ce nouvel Etat ? En seront-ils des ressortissants à l’étranger ? Seront-ils toujours considérés comme des Palestiniens ? Seront-ils exclus de l’équation politique, à l’instar des Palestiniens de 1948 [les « Arabes israéliens », qui sont restés sur place lors de la création d’Israël en 1948] ? (...) Envisageons maintenant ce qui se passerait en cas d’échec du vote à l’ONU, ce qui ne ferait plaisir à aucun patriote palestinien puisque ce serait un succès pour Israël. La direction palestinienne ne semble pas avoir prévu de plan B pour parer à cette éventualité. ».(6)
Pour Pascal Boniface : « Il n’aura pourtant aucun effet concret immédiat. Par ailleurs, quelle que soit l’issue du vote, la situation concrète ne changera pas : les Territoires palestiniens continueront d’être occupés par l’armée israélienne. Si le vote n’aura aucune signification sur le terrain, il est de la plus haute importance politique et symbolique. Du côté palestinien, cette stratégie diplomatique est la confirmation de l’échec de l’Intifada armée mais également l’impasse des négociations bilatérales avec Israël. Côté israélien, (...) ils affirment que cela mettrait en danger le processus bilatéral de négociations. Ils craignent surtout que cela montre leur isolement au niveau international. Barack Obama, déjà en difficulté sur le plan politique, ne veut pas prendre le risque de compromettre sa réélection en 2012 à cause du dossier du Proche-Orient. Dire qu’un vote à l’ONU va mettre en danger les négociations bilatérales est une plaisanterie, pour employer un euphémisme. Celles-ci ne débouchent sur rien et ne semblent n’être qu’un écran de fumée pour gagner du temps et conforter des positions de faits accomplis en faveur d’Israël. (...) Le vote va surtout montrer l’isolement d’Israël et le fort soutien à la création d’un État palestinien. L’immense majorité des pays du Sud et les grandes démocraties émergentes sont sur la même position. Les rapports de force internationaux sont modifiés par la perte du monopole de la puissance du monde occidental et par la montée en puissance des pays émergents. Ne rien céder en tablant sur la protection américaine n’est pas viable à moyen terme ».(7)
Pour rappel, le Sommet arabe de Beyrouth a adopté le 28 mars 2002, à l’initiative de l’Arabie Saoudite, un plan de paix pour le Proche-Orient - intitulé « Initiative de paix arabe » -. Le plan, adopté à l’unanimité des 22 pays membres de la Ligue arabe, propose à Israël une paix globale en échange de son retrait total des territoires arabes occupés en 1967, y compris le Golan syrien, ainsi qu’une solution au problème des réfugiés palestiniens. Il réclame « l’acceptation de la création d’un Etat indépendant sur les territoires palestiniens occupés depuis 1967 en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, avec pour capitale Jérusalem-Est. En contrepartie, les pays arabes concluront un accord de paix et établiront des relations normales avec Israël « dans le cadre d’une paix globale » qu’Israël a qualifié d’« inacceptable ».(8)
Aux dernières nouvelles Mahmoud Abbas devant l’intransigeance des Etats-Unis est prêt à donner du temps au Conseil de sécurité pour en débattre. Il pousse le ridicule jusqu’à « examiner » la proposition française de « Vatican » avec la promesse de négociations qui naturellement ne déboucheront sur rien de concret. Que veut Israël ? La paix proposée par les Arabes ou le chaos continu ? La proclamation bâclée d’un Etat palestinien est un non-événement. Si elle devait aboutir c’est du pain bénit pour Israël qui expulserait les Arabes israéliens qui n’ont plus vocation à rester dans un Etat qui deviendra l’Etat des Juifs. Mahmoud Abbas, une fois de plus, est démonétisé par un Occident qui a chois son camp .Les Palestiniens à qui on a fait miroiter cette utopie seront une fois de plus frustrés. Il reste que la « communauté internationale » dans son ensemble, qui n’a pu faire appliquer aucune des résolutions contre Israël, a une responsabilité morale pour rendre justice au peuple palestinien qui aspire à vivre dignement sur ce qui lui reste de sa terre.
Professeur Chems eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
 
vendredi 23 septembre 2011
 

DOULATE ZBEL (D.Z.) où la dépersonnalisation d’EL DJAZAIR

Par Rochdi Siddiq
Alger a perdu de sa splendeur au même titre que les autres villes d’Algérie léguées par la  colonisation.
Les protagonistes de la politique de 1962 allaient s’emparer d’El Djazaïr pour la rebaptiser avec le sigle RADP (notre République Algérienne disent ils démocratique et populaire). Pour parachever le sigle de leur république, deux lettres fatidiques allaient donner toute la signification qu’ils voulaient imprégner à EL Djazaïr, les fameuses D.Z.
Doulate Zbel avec une dictature d’usurpateurs qui allait se mettre en place pour tout diriger, tout contrôler, tout réprimer. Les pouvoirs passent d’une main à l’autre dans la continuité sans toucher aux fondements du système répressif. La clé de voûte du maintien du statut quo, c’est l’armée avec le fameux esprit de corps (açabyya) dont parle Ibn Khaldoun, et l’argent, surtout avec les recettes pétrolières où toutes les velléités sont étouffées. Depuis 50 ans il n’y a jamais eu de démocratie politique en Algérie, malgré le passage furtif dans le couloir démocratique en 1989, après la révolte d’octobre, qui a vite été déjoué par l’arrêt du processus car n’arrangeant pas les comptes de pouvoir militaire en place. Les usurpateurs ont instauré un système paternaliste où les décisions engageant l’avenir de la Nation sont prises à l’unanimité au niveau des cercles fermés, sans consultation populaire. Le Peuple est considéré mineur, sans capacité de jugement. Toutes les lois votées et signées depuis 1962 sont contre le Peuple car contre son gré. 50 ans d’usurpation politique et aucune lueur d’espoir pour des millions d’algériens. Le système de « tag âala men tag » n’est pas dans les traditions algériennes. Véhiculer une telle idéologie c’est reproduire le système des bachagas et caïds du temps colonial où on imposait le système donnant-donnant (hadja bjaja). Nos martyrs avaient de grands idéaux pour ce Peuple sinon ils ne seraient jamais sacrifiés en combattant le système colonial injuste et perfide. Ces usurpateurs pensent se maintenir une éternité avec un système pestilentiel arrivé à son terme et comme le dit Dieu dans le Coran « Nous allons les mener étape par étape, par où ils ne savent pas ». Actuellement ils sont en train d’enlever leur « zarb » mais pour le replacer autrement, en qualifiant cet évènement de réformes démocratiques, sans la participation du Peuple, sans véritable opposition et après avoir été sermonnés par leurs maîtres occidentaux. Un pays d’Islam s’accommode de tous les régimes politiques mais il est exigé des dirigeants, et c’est le principal devoir, de ne pas usurper le pouvoir et d’être juste avec leur peuple. Le système d’usurpation politique est fondé sur trois logiques, la force (l’armée) el hogra (autoritarisme) et le mensonge, sans pudeur et sans rendre compte. La dernière trouvaille des gendarmes un slogan digne d’une standardiste répondant au téléphone : la gendarmerie à votre service.
Doulate Zbel, les villes sont devenues crasseuses et nauséabondes là où vit le peuple. Les meilleurs corridors sont ceux des endroits officiels où un luxe insultant frappe aux yeux, et qui constituent des endroits infranchissables pour le citoyen lambda. Le précédent ministre de l’intérieur a même préconisé une expertise internationale (propos rapporté par le quotidien liberté à l’époque).
Une expertise a eu lieu mais avec le printemps arabe elle allait leur signifiait la puanteur de leur système politique, fermé, verrouillé, cadenassé, m’zareb. Comment se fait il que des endroits jadis du temps de la colonisation, pour parler uniquement d’El Bahdja pouvaient être foulés des pieds par les citoyens, par exemple l’amirauté, le fort l’empereur, la palais du gouvernement, les tagarins, la forêt des planteurs etc. aujourd’hui sont strictement interdits même d’être regardés de près. Tout récemment encore (selon the economist intelligence unit) Alger parmi les 10 villes au monde où il ne fait pas bon vivre. Une des plus belles villes de la méditerranée du temps de la colonisation devenue infréquentable. La crasse, l’anarchie urbanistique, l’absence de commodités. Il est impossible, en cas d’impériosité urinaire, de trouver avec facilité un endroit pour se soulager. Les gens finissent par imiter les animaux en pleine nature, sans pudeur. Heureusement à certains horaires de la journée la mosquée est là pour constituer l’endroit idéal et bénéfique. Mais pour les femmes il n’y a aucune alternative. Dire que dans certains bureaux des « responsables de l’administration » on y trouve tout le confort personnel. Ceci traduit le mépris envers le Peuple pour lequel aucune considération de ses  besoins physiologiques n’est perçue.
Doulate Zbel que Dieu protège les honnêtes citoyens pour ne pas tomber malade et se trouver à la merci de nos hôpitaux algériens. La plupart du temps les malades passent un véritable cauchemar quand ils échappent à la mort. Outre les mauvaises conditions matérielles, la crasse, le calvaire est conjugué à la maltraitance de certains infirmiers qui subissent le joug des administratifs qui font leur loi parce que affichant au secteur public, où on subit et on se tait. Silence celui qui n’est pas content n’a qu’à aller chez le privé, comme si le privé était à la portée de toutes les bourses. L’organisation de défense des droits de l’enfant a récemment attribué la 81éme place à l’Algérie en matière de système de santé derrière le Botswana, le Sri lanka (dites vous bien) la Tunisie et la Lybie. Il ne faut pas s’étonner les détenteurs du Pouvoir vont se soigner l’Etranger et ils s’en foutent du Peuple.
Doulate Zbel pour trouver un logement ou un emploi, il faut se lever de bonheur et rien n’est garanti pour les citoyens lambda. Il y a ceux qui ont plus de logement que d’enfants (un ancien député se vanter d’avoir construit 20 pièces sans avoir d’enfant), et il y a ceux qui ont plus d’enfants que de logements quand ils ne sont pas forcés à occuper des bidonvilles dépourvus de toutes les commodités minimales : eau courante, électricité, et canalisation des eaux usées. Une représentante de l’ONU pour la question du logement à décrié récemment, lors d’une visite en Algérie, les mécanismes et procédures de distribution des logements sociaux, et ses remarques ont démontré le manque de justice sociale dans la distribution des logements dans le pays des usurpateurs de 1962. Ce sont toujours les clientèles du clan dominant et sous clans en orbite qui en profitent sans qu’ils soient inquiéter. El hogra commence dans ces corridors que le Pouvoir n’entend pas se départir, car constituant une source intarissable d’enrichissement sans cause. Un ancien chef de cabinet de wali, se vanter de se servir à chaque nomination d’un nouveau wali. Selon ses propos il en collectionnait une dizaine.
Doulate Zbel où le socio culturel, est l’un des plus retardataires du monde. Il y a un ministère culturel, il y a aussi un ministère des affaires religieuses (comme jadis les affaires indigènes) un ministère des affaires sociales etc. et pourtant l’algérien est le moins civilisé au monde. Ses déperditions quotidiennes sont publiques. Il crache par terre, il pisse contre le mur, il débite des grossièretés sans pudeur, il blasphème contre Dieu (phénomène unique au monde). Il brave tous les interdits que vous lui prescrivez, ou ceux décrétés par notre religion. Il n’arrête jamais de pérorer, le silence lui fait peur, le vole, il triche, il médise sur son voisin, il est oisif, il n’a aucune conscience sociale. Sa dérive est elle un tsunami qui va directement vers une centrale nucléaire. Sans réaction des forces sociales positives, il nous mène droit vers la catastrophe, car Doulate Zbel s’accommode de cette catégorie d’individus qui constitue le gros du bataillon populiste. Un Peuple ne peut être éduqué et guidé que par les hommes d’intelligence. Mais cette catégorie est muselée et se trouve à la merci du jeu du système qui se nourrit de son populisme grâce à l’argent du pétrole qui arrose les récalcitrants. Il ne faut pas s’étonner des comportements de la populace, elle fait exactement ce que font les « élites » car ces dernières constituent les exemples à suivre.
Doulate Zbel où l’économie devient une course effrénée vers le commerce achat et vente. Tout mouvement émancipateur vers la création d’entreprise productrice de biens manufacturés est désormais contrecarré. C’est l’import/import qui prédomine, tant qu’il y a l’agent du pétrole et l’absence de contrôle populaire sur les recettes et les dépenses du Trésor public. L’algérien devient un consommateur invétéré sans aucune protection des produits importés. Il vénère tout ce qui lui arrive de l’étranger. Aucune personnalité, il est désormais un algérien mlabess et non labess. On fait de lui un homo-économicus impuissant. Il ne sait rien produire sur le plan industriel. Pourtant la force d’une nation repose sur sa capacité industrielle et innovatrice. L’Algérie classée au niveau mondial parmi les pays les moins innovants. Comment peut on innover dans un pays où au plan économique tout s’achète de l’étranger pour être revendu sur le marché intérieur. Le Peuple imite les usages de ces dirigeants. Ceux d’en haut bénéficient de tous les avantages (pratiquement tout leur est gratuit) la populace d’en bas veut la même chose parce qu’elle imite ceux d’en haut. Il n’y a que la classe moyenne qui tente de se maintenir dans les normes des valeurs civilisationnelles : un salaire ou un revenu contre un travail honnête. Nous sommes envahis quotidiennement par une économie informelle de trottoir, dont les seuls produits d’étalage sont ramenés par les barons de l’import qui travaillent à l’ombre. Les usurpateurs sont les premiers bénéficiaires de ce système avec les droits d’entrée, le visible et l’invisible. Tout est fait pour capter la richesse à la source où par redistribution au travers des marchés publics.
Le temps est vital dans son utilisation quand on s’érige en politiciens pour servir le Peuple. Mais ne récolte le bien que ceux qui ont fait œuvre de bien. Ceux qui ont trahi ce Peuple et son indépendance doivent être jugés publiquement pour rendre des comptes devant la Nation meurtrie par 50 ans de Hogra et de déliquescence. Je suis témoin que dans ce pays les ennemis du Peuple algérien sont le militaro-politicien, le coiffeur, le commerçant de l’import et le représentant de la culture, et je témoigne mon respect pour les algériens, quelque soit le rang ou le corps dans lequel ils ont exercé et qui ont gardé leurs valeurs sûres intactes. A voir où se dirige le radeau El-Djazaïr (débaptisée Algérie par la France), si ce système doit se maintenir et la dérive s’accentuer, je suis d’accord pour mettre en concession chaque wilaya au profit de chaque pays développé, pour une durée de 99 ans. Le pays rentrera dans un cycle réel, du vrai. Et les tenants du pouvoir pourront conserver leurs prérogatives dans un scénario virtuel : ils ne devront cependant prendre aucune décision. A moins que les algériens authentiques lèvent la tête et remettent notre cher pays sur ses pieds pour lui redonner tout l’espoir d’une société juste, démocratique et prospère pour lequel se sont sacrifiés nos valeureux martyrs.
Rochdi Siddiq
 
jeudi 22 septembre 2011
 

Le canal Alasr ( KalimaTV et RachadTV) reprend la diffusion le 24 septembre 2011

 

In Kalimadz.
22 septembre 2011 16 h 59 min
Après diverses investigations il est apparu que le responsable de la coupure du signal n’était autre que la société slovène « STN », chargée d’assurer la liaison montante (Uplink) du signal vers le satellite Eutelsat AB4A. Cette même société avait incriminé la société Eutelsat, propriétaire du satellite, d’être à l’origine de la coupure. Eutelsat a cependant formellement démenti toute responsabilité dans cette censure. Nous avons pu avec nos partenaires établir formellement que c’est bien STN qui était derrière la coupure, suite à un « arrangement » avec des émissaires du pouvoir algérien. En mars 2010, le régime algérien avait agit de la même manière en corrompant le fournisseur chypriote GOSAT qui diffusait Radio Kalima Algérie et Radio Kalima Tunisie. Il avait également coupé le signal satellitaire.
KalimaTV, donnera la parole à tous les citoyens algériens qui en sont privés par les médias du régime : syndicats autonomes, militants politiques, étudiants, chômeurs, militants des droits de l’homme, femmes et hommes de culture. Elle organisera des débats autour des préoccupations des citoyens et de l’avenir du pays. KalimaTV produira et diffusera des reportages et des enquêtes sur l’actualité algérienne, et sur la situation politique et sociale.
Nous remercions tous les médias, ONGs, et personnalités qui nous ont soutenu dans cette démarche pour recouvrer le droit à la liberté d’expression et d’information.
Le 24 septembre à partir de 18 heure ( heure d’Alger) aura lieu l’émission de lancement. Après les premières présentations, un débat sur le printemps arabe et l’Algérie aura lieu en direct avec des invités sur le plateau et des interventions de l’extérieur.
Pour capter le canal satellitaire Alasr (10992 Vertical, satellite AB4a/Nilesat).
Remarques : Selon des informations, il est quelques fois nécessaire de bouger très légèrement l’antenne satellite pour capter le canal.
KalimaDZ
 
lundi 19 septembre 2011
 

Dans quelques mois, l’Algérie «indépendante» aura 50 ans.

 

Adel HERIK
Si la date du 1er novembre 1954 et les sept ans de guerre qui suivirent, ainsi que la journée du 5 juillet 1962, qui vit les Algériennes et Algériens, ivres de joie et de bonheur, défiler dans toutes les villes et villages d’Algérie, juchés sur les toits des autocars et les bennes des camions, seront à jamais gravées dans les manuels d’histoire comme les moments fondateurs de la nation algérienne au sortir de la longue nuit coloniale, que retiendra cette histoire des 50 années qui suivirent? Serait-ce donc la nationalisation des hydrocarbures par Boumédiène? Ou encore ses trois «révolutions» – industrielle, agraire et culturelle? Ou bien encore sa propre personnalité, lui le chef incontesté dont l’expression favorite était «qarrarna!»?

Hélas, non, car les Algériennes et Algériens ont eu tout le loisir de manger leur pain noir, depuis, et de comprendre que tout ce qui se construit avec du vent s’en va avec le vent. La nationalisation des hydrocarbures a certes permis de construire El-Hadjar et de développer l’industrie gazière. Mais le mal incommensurable que la rente pétrolière, cette malédiction des nations à qui la démocratie est refusée, a fait au peuple algérien a rendu bien insignifiants les effets de ces injections massives de technologie de pointe et autres fleurons de l’industrie «industrialisante», aussi vrai que notre pays est aujourd’hui l’un des plus gros importateurs mondiaux de blé et que nos souk-el-fellah furent dans les années Chadli inondés d’œufs importés d’Espagne. Champions de la corruption toutes catégories, nos valeureux dirigeants, civils et militaires confondus, sont aujourd’hui les symboles vivants de l’échec du système qui gouverne le pays depuis l’indépendance.

Ce ne sont donc pas les «réalisations du socialisme» qui entreront dans l’histoire comme faits marquants de cette période, car ce que le mensonge a construit, le mensonge a aussi détruit. Les mêmes qui avaient applaudi à la révolution agraire et au projet de construction de 1000 villages agricoles se sont retrouvés aux premières loges lorsque le signal de la curée fut donné et que les grands domaines laissés par les colons furent dépecés. La même classe de charlatans qui a vendu au peuple algérien le socialisme a, une fois ses poches bien remplies, décidé de casser tout pour recommencer à zéro et se lancer dans l’affairisme débridé à base d’import-import. Quoi de plus facile en effet, quand on est général-décideur et businessman, quand on nomme les députés et les responsables des banques et sociétés nationales? On fait des lois sur mesure, on donne quelques ordres et les rivières de dollars se mettent à couler comme par magie…dans les comptes bancaires privés en Suisse. Acquérir des hôtels particuliers à Paris et de luxueuses résidences à Montréal ou Washington devient un jeu d’enfant, quand l’argent du pétrole et du gaz  nationalisés le 24 février 1971 par Monsieur «qarrarna» coule à flot, sans que les «gueux» aient voix au chapitre. Bâtir des empires dans la presse, la finance ou l’aéronautique ne demande pas plus que quelques tours de passe-passe, quand on est membre du club fermé qui dirige le pays. Tout casser et filer à l’anglaise aussi. N’est-ce pas M. Khalifa? N’est-ce pas M. Khelil? « Au suivant! » crie la matrone, sur le seuil du lupanar…

Non, le charlatanisme, la pourriture et la trahison ne figureront pas en bonne place dans les manuels d’histoire des siècles à venir.

Ce que l’histoire retiendra de ce demi-siècle d’«indépendance», c’est Bentalha, Raïs, Sidi-Youcef et tous les autres hauts-lieux de l’indicible horreur. Ce sont les 200 000 morts et les 20 000 disparus. Ce sont les égorgés, les mitraillés, les déchiquetés. Ce sont les cris des suppliciés et les lamentations des survivants. C’est cela que l’histoire retiendra et pas autre chose.

Le 5 juillet 1830, qui vit les troupes du général français De Bourmont prendre possession d’Alger, vint clore une période de déclin qui dura plusieurs siècles. Lorsque les tribus furent appelées au djihad contre l’envahisseur chrétien par les dignitaires religieux et les Djouad, il était déjà trop tard. Le peuple algérien, vaincu par l’armée d’une nation puissante portée par un essor industriel sans précédent, mit du temps à réaliser ce qui lui arrivait. Il ne baissa jamais les bras, cependant, et ses enfants reprirent – après un siècle d’occupation – le harcèlement de l’ennemi sous une forme nouvelle, celle du militantisme et des partis politiques. Entre le lancement du mouvement des Jeunes Algériens par l’Émir Khaled et la proclamation du 1er novembre 1954, il s’écoula près de 35 ans, période qui vit de nouvelles élites laïques et religieuses émerger dans les villes et les campagnes d’Algérie et converger graduellement vers un mot d’ordre unique et rassembleur : l’indépendance de l’Algérie.

Le 5 juillet 1962, l’Algérie renaissait et entamait la remontée vers la lumière, après avoir touché le fond. Mais la délivrance n’était pas encore au rendez-vous, hélas, et le bonheur de la liberté retrouvée fut de courte durée. Le parcours chaotique que le pays connut depuis cette date, du fait de l’inconscience des uns et de la trahison des autres, aboutit inévitablement au cataclysme des années 90. Le pays connut une nouvelle descente vers les abysses, plus brutale et plus meurtrière que la première, celle dont la cause fut la France de Charles X. Celle-ci fut l’œuvre des enfants du pays, aveuglés par leur amour du pouvoir et des richesses et leur mépris du petit peuple, celui qui s’était engagé corps et âme dans le combat pour l’indépendance.

2011. Benali, Moubarak et Kadhafi – trois fossoyeurs de la liberté et de la dignité des peuples; trois petits pharaons orgueilleux, aveugles et sourds; trois symboles de la tyrannie, de la prédation et de la hogra – sont balayés par la colère de ceux qu’ils avaient si longtemps piétinés et humiliés. Ah, qu’il est dur, M. Moubarak, de se retrouver sur une civière, derrière les barreaux, à écouter la foule crier «Qu’on le pende!», après avoir eu, 30 années durant, droit de vie et de mort sur tout Égyptien et toute Égyptienne! Le petit employé du Caire et la femme de ménage d’Alexandrie ne demandaient pourtant pas grand-chose : un peu de respect et de justice et que louqmat al 3ich soit moins dure à gagner. Que les nouveaux riches ne volent pas en toute impunité, promettant à tous ceux qui les dénoncent le plus cruel des châtiments. Ils ne demandaient pas grand-chose, M. Moubarak, mais vous étiez sourd et aveugle et votre cœur était de pierre. « Allahou Akbar! », dit la veuve dont le mari a disparu dans vos geôles, en entendant le muezzin près de Maydan Ettahrir appeler à la prière les fidèles qui manifestent encore, appelant à nettoyer l’Égypte de tous les serpents que vous y avez laissés et qui ne manqueront pas de répandre de nouveau leur venin, s’ils ne sont pas neutralisés.

Le peuple algérien hésite encore. Il attend son heure. Il espère que ceux qui ont été la cause de tous ses malheurs et qui sont toujours à la tête du pays tireront les leçons de la triste fin de Benali, Moubarak et Kadhafi, dont la famille fuit dans toutes les directions comme une meute de loups délogés de leur tanières. Il espère que les choses se passeront «bel mlâha», que le divorce se fera à l’amiable et que les «maîtres du pays» partiront au loin et le laisseront refaire sa vie. Mais sont-ils en mesure de voir et de comprendre? Ne sont-ils pas à l’image de Kadhafi et de ses enfants, obstinés dans le mal et la destruction, jusqu’à la fin?

Soumoun, boukmoun, 3oumyoun…

Comme le fut la minorité européenne avant elle, la minorité qui dirige le pays aujourd’hui et vole ses richesses, dans l’impunité la plus totale, ne comprendra pas dans quelle tragédie elle risque de s’embarquer si elle n’écoute pas la voix des laissés-pour-compte du système inique qu’elle impose à la majorité silencieuse depuis bientôt 50 ans. Elle ne sait pas que toutes les méthodes de répression et de dévoiement qu’elle ne cesse de développer et de raffiner ne lui seront d’aucune utilité lorsque l’heure de la révolte viendra. La minorité européenne avait pourtant un avantage de taille sur la présente minorité : elle disposait du savoir et du savoir-faire; elle travaillait et édifiait. Mais en ignorant délibérément le seul principe qui est à la base de toute prospérité durable pour une société – la justice –, elle travaillait et édifiait pour rien, car le jour où elle fut contrainte de fuir en laissant toutes ses richesses derrière elle ne manqua pas de venir. Et ce jour-là ne manquera pas de venir aussi pour les tyranneaux et les prédateurs qui se croient aujourd’hui à l’abri derrière leurs murs du Club des Pins, leurs soldats, policiers et gendarmes, leur DRS et leurs baltajia, leur machine médiatique spécialisée dans le mensonge et l’intoxication, leur fausse société civile et leurs fausses institutions, leurs flots de dollars et leurs discours mielleux, leurs amis d’outre-mer et leurs alliés de tous bords.

Tout s’écroulera alors comme un château de cartes et leur sombre règne ne sera plus qu’un mauvais rêve.

Mais nous n’oublierons jamais Bentalha, Raïs, Sidi-Youcef et tous les autres hauts-lieux de l’indicible horreur. Nous n’oublierons jamais les 200 000 morts et les 20 000 disparus. Nous n’oublierons jamais les égorgés, les mitraillés, les déchiquetés. Nous n’oublierons jamais les cris des suppliciés et les lamentations des survivants. Nous graverons cela dans la pierre pour que les futurs historiens en prennent acte pour les siècles à venir.

 
jeudi 15 septembre 2011
 

ENQUETE : Qui sont les « Baltajia » du DRS ?

In kalimadz

  • 15 septembre 2011
Par Yahia Bounouar
Ce terme « baltaji, » s’est vulgarisé pendant la révolution égyptienne. Il désignait, en langage populaire égyptien, les bandes de voyous, payés par le régime de Moubarak pour agresser les militants qui occupaient la place Tahrir au Caire. Tout le monde se souvient de l’attaque contre les militants à l’aide de chameaux et de chevaux qui a fait de nombreux morts. Le procès de cette attaque, filmé en direct, notamment par Al Jazeera, se tient actuellement avec comme principaux accusés, outre le président déchu et ses deux fils, l’ancien ministre de l’intérieur et des richissimes hommes d’affaires qui avaient financé l’attaque.
En Syrie, la population appelle ces milices «  chabiha », littéralement, les fantômes. Ce sont des civils qui naviguent entre le parti au pouvoir le Baâth et les services de renseignements militaires. Ils ont été armés et servent de supplétifs à l’armée syrienne notamment dans les zones urbaines. Selon les militants des droits de l’homme, plusieurs groupes de ces « chabiha » participent directement à la répression et aux meurtres de civils.

Le DRS recrute des civils
Depuis les émeutes de janvier 2011, des groupes similaires sont apparus en Algérie. Ils ont été utilisés publiquement, lors des rassemblements interdits de la Coordination Nationale pour le Changement Démocratique. Ils ont affronté, à plusieurs reprises, les manifestants sous l’œil impassible des policiers. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ?
Les services de renseignements algériens, regroupés au sein du DRS, enfant de la Sécurité militaire, dépendent des  institutions militaires et du ministère de la défense. Ils ont toujours recrutés leurs hommes au sein de l’armée et notamment dans les forces spéciales. Jusqu’à un passé récent, il n’y avait au DRS que des officiers et des sous-officiers. Chargés de collecter des renseignements, ils n’ont pas besoin de troupes. A la fin des années 90, l’actuel patron du DRS, le général Mohamed Mediene, dit Toufik, a introduit un véritable chamboulement en recrutant directement des civils.
Des milliers de jeunes, issus des quartiers populaires, avec des niveaux scolaires souvent rudimentaires, ont été recrutés pour faire le travail que les sous-officiers ne pouvaient pas ou ne voulaient plus faire.

La température sociale en temps réel
Une école de formation a été mise en place entre Larba et Meftah dans la Mitidja, pour leur apprendre les techniques de récoltes de renseignements mais aussi et surtout la manipulation des masses. Vite formés, sans grand niveau intellectuel, ils sont promus aux grades de Caporal et Caporal-chef (ces grades qui n’existaient pas auparavant dans les services de renseignements). Le grade le plus bas était sergent et correspondait à un niveau d’étude équivalent à la terminale et certains évoluaient et pouvaient même terminer comme officier de police judiciaire ( OPJ).  Après leur formation, ces nouvelles recrues, en fait des hommes de troupes (HDT), sont réintégrées dans la société, essentiellement dans les centres urbains. Ils fréquentent, les mosquées, les voyous, les maisons de jeunes et les universités. Ils repèrent rapidement les militants actifs qui organisent la contestation sur le terrain. Comme ils ne travaillent pas et qu’ils sont disponibles, il n’est pas rare, que ceux, qui ont un niveau d’instruction relativement élevé, intègrent les collectifs de militants locaux soit pour obtenir directement l’information, soit pour tenter d’infléchir les positions vers moins de radicalité. Pour être à la source du renseignement, ils interviennent dans la vie quotidienne des citoyens. Ces jeunes que rien ne différencie des autres, pratiquent eux mêmes la vente à la sauvette sur les trottoirs (activité favorite des jeunes algériens sans emploi), et font souvent office de gardiens de parkings et de vendeurs de cigarettes. Ils prennent en temps réel la température de la société et leurs informations permettent aux généraux d’anticiper les explosions sociales.
Dérapages contrôlés et contre-révolution
Mais leur mission ne s’arrête pas à la collecte de l’information. Leur formation leur permet également de peser sur les évènements et de manipuler les foules lorsque la direction le leur demande. Ils s’infiltrent dans toutes les manifestations de protestations. A eux seuls, ils peuvent transformer une action pacifique en affrontement. Il suffit généralement de quelques uns qui provoquent les policiers, enflamment pneus et voitures et qui cassent quelques vitrines de magasins pour transformer une marche tranquille en émeute violente. Poussé à l’extrême, cette pratique, permet de déclencher des émeutes anticipées «  un dérapage contrôlé » pour crever l’abcès et vider la colère emmagasinée par la population avant qu’elle n’explose par elle-même.
Avec le déclenchement des révolutions au sud de la méditerranée, et l’utilisation des « miliciens par les régimes despotiques en Tunisie, en Égypte, en Libye et surtout en Syrie, cette « milice officielle  du DRS » a une mission supplémentaire : intimider et agresser physiquement les militants les plus en vue et organiser un contre-feu dans la rue pour montrer que le régime dispose d’une base populaire. En d’autres termes, ils sont là pour préparer et, le moment venu, mener la contre révolution.

Y.B
 
mercredi 14 septembre 2011
 

L’Algérie et les révolutions arabes

 

Beaucoup de gens se demandent pourquoi l'Algérie n'a pas pris le train de révolutions et n’a pas participé au « Printemps arabe » de 2011. Est-ce qu’elle va être une exception? Est-ce qu’elle va rater cette « fenêtre historique » pour se libérer? Est-ce le dernier pays de la région à se débarrasser d'une dictature militaire impitoyable et corrompue? Les Algériens seraient-ils moins déterminés à saisir la liberté et la vie décente que les Tunisiens, les Egyptiens, les Yéménites et les autres? Pour répondre à ces questions pertinentes et légitimes, nous devons faire un bref aperçu historique.
Le peuple algérien, qui est passé en 1962 de la domination d’une puissance coloniale française à celle d'un pouvoir répressif indigène, a été le premier dans le monde arabe à s'engager, dans les années 1980, dans une lutte non-violente contre le despotisme et la corruption. Le mouvement a commencé dans quelques villes de l'Est et s’est propagé au centre de l'Algérie et atteindre Alger en Octobre 1988. Des manifestations pacifiques ont été écrasées par une intervention militaire brutale résultant en des centaines de jeunes tués. Le sang de ces innocents a forcé le régime à opérer une certaine ouverture dans les champs politique et médiatique. Les Algériens ont goûté pour la première fois la liberté d'expression et ont pratiqué leurs droits civils. Des dizaines de journaux ont été lancés et plus de soixante partis politiques ont été fondés, représentant le large spectre politique algérien. Pendant trois ans (1989-1991), l’Algérie a vécu ce qu'on appellera plus tard une « parenthèse démocratique ».

Après les élections locales de 1990, le premier tour des élections législatives a été organisé en décembre 1991. Les gagnants du premier tour ont été le Front de libération nationale (FLN), qui avait gouverné l'Algérie depuis l'indépendance, le Front des forces socialistes (FFS), un parti de gauche d'opposition au régime depuis 1963, et le Front islamique du salut (FIS), un nouveau parti créé en 1989 et, de loin, le gagnant des élections locales et législatives.


Les résultats de ce scrutin n'ont pas plu à l'établissement militaire et aux services de renseignement. Un coup d'Etat a été exécuté le 11 janvier 1992 par un « cabinet noir » soutenu par le gouvernement français. Ceci allait ouvrir les portes de l'enfer pour le peuple algérien.


Une campagne de répression à grande échelle a suivi l’interruption du processus démocratique. Elle a ciblé d'abord les membres et les sympathisants du FIS et a été étendue à sa base sociale, puis à toute la population. Elle a commencé par des arrestations massives des jeunes à la sortie des mosquées après les prières du Vendredi et est allée crescendo : détentions arbitraires et déportations de dizaines de milliers de personnes vers plusieurs camps de concentration dans le Sahara, certains d'entre eux ayant servi comme sites d'expérimentations nucléaires françaises, utilisation systématique de la torture dans les centres de détention gérés par la police, la gendarmerie et les services de renseignement (DRS). Les jeunes algériens, soumis aux humiliations et mauvais traitements, ou craignant d'être arrêtés et torturés, ont été contraints à se livrer à une résistance violente et ont formé des groupes islamiques armés (GIA). Ces groupes ont ensuite été combattus par le régime militaire au moyen d’une stratégie de contre-insurrection : infiltration de certains groupes armés, création de faux GIA, et armement de dizaines de milliers de miliciens.


Les forces armées combinées, contrôlées par le DRS, se sont engagées dans une campagne horrible de tueries : exécutions extrajudiciaires et massacres. En une décennie (les années 1990), la répression féroce a abouti à près d’un quart de million de morts, 20’000 disparitions forcées, des dizaines de milliers de survivants de la torture qui souffrent de séquelles physiques et psychologiques, des centaines de milliers de personnes déplacées ou exilées.


La décennie suivante (ère de Bouteflika qui a pris ses fonctions en 1999) est caractérisée par une violence directe moins intense, mais par plus de violence structurelle (pauvreté, régression des services publics tels que la santé, l’éducation, le logement, etc.) et une corruption généralisée.


Le régime militaire algérien n'aurait pas réussi à garder le contrôle sur la société algérienne, sans les diverses formes de soutien (politique, diplomatique, militaire, de renseignement, économique, financier, etc.) de l’Europe et des Etats-Unis. Ce soutien a été très coûteux. Dès le début, le régime militaire a accepté de faire des concessions significatives. Au niveau politique, l'Algérie a renoncé aux fondements de sa politique étrangère : non-alignement, autodétermination pour tous les peuples, soutien aux mouvements de libération qui luttent contre le colonialisme et l'impérialisme. En 1995, l'Algérie a signé le Traité de non prolifération après des années de refus de principe, faisant valoir que tous les pays, y compris les puissances nucléaires, doivent être traités de manière égale. La même année, la diplomatie algérienne à Washington a promis de « normaliser » les relations avec Israël. Ceci a été suivi par des mesures supplémentaires culminant en 1999 avec l’accolade entre Bouteflika et Barak lors des funérailles du roi Hassan II, ce qui a été interprété comme un signe positif pour l'acceptation d'Israël, et la rencontre en 2005 entre Bouteflika et Peres en Espagne.


Sur le plan militaire l'armée algérienne et les services de renseignement ont brisé un tabou quand ils ont pris part à des manœuvres militaires de l'OTAN dans la Méditerranée, impliquant Israël, quand ils ont organisé des manœuvres militaires conjointes algéro-américaines dans le Sahara, et quand ils ont permis à la CIA et au FBI d'ouvrir des bureaux en Algérie.


Au niveau économique, le régime algérien a accordé aux pays occidentaux, notamment les Etats-Unis, d'énormes concessions pétrolières dans le Sahara. De vastes territoires dans le sud de l'Algérie, où les compagnies pétrolières étrangères gèrent leurs entreprises et font venir leurs ingénieurs et personnel de sécurité par des vols directs, sont presque interdits aux citoyens algériens qui ont besoin d'un laissez-passer pour y accéder.


A partir du 11 septembre 2001, le soutien des Etats-Unis au régime militaire algérien a considérablement augmenté. Avec sa longue expérience dans le terrorisme d'Etat, l'Algérie a réussi à se vendre comme un Etat avec la meilleure expertise dans la « guerre contre le terrorisme », et a proposé de transférer cette expertise à l'échelle mondiale. Des « experts » algériens ont été envoyés régulièrement aux Etats-Unis pour « enseigner » à leurs homologues américains comment faire face aux groupes islamiques armés. L'Algérie a importé la technologie de la répression de l'Occident et a exporté les techniques de répression développées durant les années 1990. Ce partenariat se poursuit à ce jour dans le cadre de la lutte contre ladite Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui est la version régionale des GIA locaux des années 1990, et qui utilisée comme prétexte à la répression du régime algérien de toute forme de résistance. AQMI sert à la fois les intérêts du régime algérien, qui l'utilise comme alibi pour supprimer les libertés et les droits fondamentaux, et les intérêts des Etats-Unis qui visent à contrôler l'Afrique du Nord et le Sahel.


En 2011, le peuple algérien est encore sous un choc post-traumatique collectif. La société est affaiblie par la perte de tant de ressources humaines, en particulier chez les jeunes. Les Algériens peinent à résoudre leurs problèmes quotidiens. Les émeutes et les grèves ont lieu chaque jour dans tout le pays, motivées par des revendications sociales. Mais ce mouvement de protestation manque une coordination nationale, une stratégie et une force organisée pour le conduire et le transformer en une lutte politique. Cela explique en partie pourquoi l'Algérie n'a pas été parmi les premiers pays d'Afrique du Nord à lancer le « Printemps arabe ».


Mais les Algériens sont de plus en plus conscients de ces limites, et il ya des signes indiquant que dans un proche avenir, le peuple algérien va commencer son combat pour la liberté et le changement politique radical pour établir un Etat de droit et de bonne gouvernance. Prions pour que cela soit réalisé par une résistance et des actions non-violentes.


Abbas Aroua
 
dimanche 11 septembre 2011
 

Manhattan Transfer: Au cœur du sanctuaire américain

Retour sur le 11 septembre 2001, dix ans après
Manhattan Transfer: Au cœur du sanctuaire américain
René Naba | 09.09.2011 | Paris
“L’Islam ne fait-il pas peur parce qu’il est proche et que cette proximité réveille des fantômes?
Il est un « autre » à part, né de la même matrice abrahamique, héraut du même monothéisme révélé qui n’a cessé, depuis des siècles, de mettre des absolus en concurrence autour de la Méditerranée et de ses marches. Il est capable du même totalitarisme messianique dont se rendit coupable en son temps la chrétienté et que l’on retrouve aujourd’hui en Israël, et porte une prétention – bien familière aux Occidentaux – à fournir aux régions dans lesquelles il est majoritaire une sorte d’universel de rechange puisant sa légitimité dans le champ religieux. Au terme d’une lente sécularisation, l’Europe chrétienne troqua le messianisme évangélique pour celui du progrès. En terre d’Islam, le processus commence à peine (…) Les Occidentaux mesurent le pouvoir de telles mobilisations messianiques (…) Il n’est pas sûr, hélas, que le bombardement de l’Afghanistan les désamorce.”
«Les belles paroles de l’Occident», Libération, 24 octobre 2001, Sophie Bessis, auteur d’une remarquable critique du modèle occidental de civilisation (L’Occident et les autres. Histoire d’une suprématie, La Découverte, Paris, 2001).
Manhattan Transfer: Au coeur du sanctuaire américain
Comparable par son retentissement et sa portée symbolique au sac de Jérusalem (1099) et de Constantinople (1204), dont il constituerait dans l’imaginaire du fondamentalisme arabo musulman sa réplique millénaire, le «mardi noir» américain du 11 septembre 2001 n’est pas le détonateur de la première guerre moderne du XXI me siècle, mais le dernier avatar colonial du XX me siècle et les bombes humaines volantes qui ont percuté les symboles économiques et militaires de l’hyper puissance américaine, -le Pentagone à Washington et les tours jumelles du World Trade Center à New York-, n’étaient pas propulsées par du kérosène mais par près d’un siècle de spoliations, d’humiliations et de frustrations accumulées depuis la promesse Balfour.
N’en déplaise aux spécialistes occidentaux, le terrorisme ne résulte pas d’une création ex-nihilo. Il ne constitue pas non plus un phénomène sui generis. Il se nourrit des meurtrissures et des flétrissures, de l’impasse du désespoir magnifié par une exaltation sacrificielle. Ce n’est jamais de gaieté de coeur qu’un adolescent à l’aube de sa vie se ceinture à la dynamite pour se faire déchiqueter par une explosion ou qu’un père de famille universitaire diplômé d’études supérieures se dévoue à un patient apprentissage du pilotage aérien pour se percuter sur un immeuble, si prestigieux soit-il, si grisante soit cette perspective.
Au même titre que d’autres continents, l’Occident a engendré des monstres, tel Hitler, et la défense du «Monde Libre» ne relève pas de son apanage exclusif. Elle participe également de la contribution des peuples du tiers-monde, asiatiques, arabes, africains, toutes religions confondues, dont plusieurs dizaines de milliers ont combattu aux côtés des Européens et des Américains contre les tyrannies du XX me siècle. A cet égard, Verdun et Monte Cassino constituent autant de victoires alliées que de victoires arabes ou africaines.
Alors qu’un prurit belligène s’est emparé à nouveau des pays occidentaux, en Afghanistan, en Irak ou en Libye, attisé par les spectaculaires et meurtriers attentats anti-américains, -qui ont fait selon le décompte officiel près de 3 000 morts ou disparus,- il peut paraître judicieux de rappeler que le monde arabo musulman a fourni près de 1.2 millions de combattants au cours des deux guerres mondiales, dont 53. 000 ont trouvé la mort sur les champs de bataille de la Marne et d’ailleurs pour la Libération de la France, leur colonisateur de l’époque (1), et, que près de 800 Maghrébins du «Régiment de marche Nord-africain de Paris», relevant de la 2me division blindée du Général Leclerc, ont participé à la bataille pour la libération de la capitale française (2). Il en a été de même avec les contingents indo pakistanais enrôlés pour la défense de l’Empire britannique.
Héritiers de l’Europe et témoins privilégiés de ses déboires, les Etats-Unis se sont portés à deux reprises au XX me siècle au cours des deux guerres mondiales (1914-1918/1939-1945) au secours des grandes démocraties européennes avant de les supplanter en tant que puissance planétaire, sans toutefois tirer profit des égarements coloniaux de leurs ancêtres européens.
Sur les débris du colonialisme français et anglais, l’Amérique, soutenant les indépendances du Maroc et de l’Algérie dans la foulée de la folle équipée tripartite (anglo-franco-israélienne) de Suez, en 1956, a été accueillie en héros par les peuples arabes, mais, au mépris des enseignements de l’Histoire, elle a fondé son hégémonie sur une collusion avec les forces arabes les plus conservatrices et des alliances contre-nature avec les principaux ennemis du monde arabe, dilapidant ainsi son capital de sympathie par une politique erratique illustrée par le combat implacable qu’elle a menée contre le nationalisme arabe renaissant.
Pis, au plus fort de la guerre froide, elle instrumentalisera l’Islam contre l’athéisme du bloc soviétique faisant ainsi le lit de l’islamisme à la faveur d’un partenariat avec l’Arabie saoudite, le plus conservateur des pays arabes, doublé d’une collusion stratégique avec les puissances régionales hostiles au monde arabe, la Turquie et Israël.
Présentée par la diplomatie américaine comme un partenariat des grandes démocraties du Moyen-Orient, l’alliance contre nature entre le premier état génocidaire du XX me siècle et les rescapés du génocide hitlérien a été perçue par les populations de la zone comme une opération de verrouillage du monde arabe par l’ancien colonisateur ottoman des Arabes et l’usurpateur israélien de la Palestine, tous deux promus, en la circonstance, au rôle de «chiens de garde de l’impérialisme américain» et bénéficiant à ce titre, rien qu’à eux deux, des deux tiers de l’aide militaire américaine à l’étranger (3).
De surcroît, l’adhésion totale, absolue, inconditionnelle et intangible aux thèses les plus extrêmes de l’establishment politique et militaire israélien (Menahem Begin, Itzhak Shamir, Ehud Barak, Ariel Sharon et Benyamin Netannyahou), malgré toutes les concessions arabes et palestiniennes, finira par fragiliser considérablement ses protégés et obligés arabes, à marginaliser le monde arabe et à sécréter une profonde révulsion à l’égard de l’Amérique, un pays qui présente pour ses contempteurs le double inconvénient d’être à la fois le protecteur d’Israël et des régimes déconsidérés arabes.
Que les maîtres d’oeuvre des attentats du 11 septembre se soient recrutés dans leur écrasante majorité au sein de la nouvelle bourgeoisie saoudienne (quinze des dix neufs opérateurs étaient de nationalité saoudienne) donne la mesure de la cécité politique américaine et de l’échec cuisant d’une politique fondée sur une occidentalisation forcenée de l’Arabie Saoudite. Une politique concrétisée par l’affectation d’un crédit annuel d’un milliard de dollars de bourses scolaires à 150.000 étudiants saoudiens des universités américaines visait à préserver une durable influence culturelle américaine sur le Royaume Wahhabite. Elle n’a finalement abouti, paradoxalement, qu’à le consolider dans son rôle de bastion du fondamentalisme islamique (4).
Une diplomatie de la canonnière et la négation des profondes aspirations des peuples autochtones dans la plus pure tradition coloniale européenne ont fini par générer une réplique matérialisée par l’usage de l’arme de la terreur dans un combat asymétrique développant à son paroxysme une culture de la mort avec pour objectif, tant à New York, qu’à Washington, qu’en Israël Palestine ou ailleurs, une déstructuration de l’adversaire à défaut de sa destruction.
Telle est du moins l’une des explications au déchaînement de violence sans précédent contre les objectifs américains dont le Moyen-Orient d’abord, puis l’Afrique, enfin le sanctuaire national (Homeland) américain, ont été, depuis deux décennies le théâtre, que cela soit à Beyrouth, contre la chancellerie et le P.C. américains en 1983-1984, à Khobar et à Riyad, contre des bases américaines en Arabie Saoudite en 1995, à Dar es-Salam (Tanzanie) et à Nairobi (Kenya), contre les ambassades américaines dans ses deux capitales africaines en 1998, ou encore au large des côtes yéménites contre un bateau de guerre le «USS Cole» en 2000 et enfin à Washington et New York en 2001.
Au nom de la realpolitik, les Etats-Unis ont lié leur sort régional au régime politique le plus antinomique du système américain. Pacte fondateur d’un partenariat stratégique scellé entre deux pays qui ont tout de même le point commun d’être codétenteurs du record mondial des exécutions capitales, le “Pacte du Quincy” (5) s’est révélé être, lui aussi, une alliance contre nature entre une puissance qui se veut la plus grande démocratie libérale du monde et une dynastie qui se revendique comme la plus rigoriste monarchie théocratique du monde.
Conclu en février 1945 entre le président Franklin Roosevelt et le Roi Abdel Aziz, à bord du croiseur américain Quincy, ce pacte a assuré la stabilité du ravitaillement énergétique mondiale et la prospérité économique occidentale, parfois au détriment des intérêts des autres producteurs du tiers-monde, sans pour autant donner satisfaction aux revendications légitimes arabes notamment à propos de la question palestinienne.
En application de ce pacte, qui a donné lieu aux plus invraisemblables dérives, l’Amérique a assumé un rôle étymologiquement rétrograde, en négation avec les valeurs qu’elle professe. Parangon de la démocratie et du libéralisme dans le monde, elle s’est posée en «parrain» du royaume le plus hermétique de la planète, s’opposant aux expériences de modernisation et de démocratisation du tiers-monde, comme ce fut le cas, en Iran, en 1953, lors de la nationalisation des installations pétrolières par le dirigeant nationaliste Mossadegh, en Egypte, en 1967, contre le chef de file du nationalisme arabe, Gamal Abdel Nasser, ou encore dans le pré carré américain, au Guatemala, en 1954, et au Chili, en 1973, contre le président socialiste démocratiquement élu Salvador Allende, renversé par une junte militaire le 11 septembre 1973, curieusement à la date anniversaire des attentats de Manhattan et de Washington, avec le soutien actif des Américains.
Toujours en application de ce même pacte, l’Amérique a décrété à la suite de l’invasion du Koweït en 1990 une mobilisation internationale contre l’Irak anéantissant pratiquement ce pays jadis à l’avant garde du monde arabe, le maintenant en état d’apoplexie, sous embargo près de douze ans après les hostilités, nourrissant ainsi le procès de la partialité occidentale par sa mansuétude à l’égard d’Israël, suscitant en contrepoint une volonté de réhabilitation des peuples arabes et musulmans qui s’est confondue pour beaucoup de militants islamistes avec une soif de revanche.
Don du ciel pour une infime minorité de dirigeants et de privilégiés, le pétrole a surtout constitué une source de convoitises pour les pays arabes et musulmans et une source de malheur pour leur population, au point que par quatre fois en une décennie (1980-1990), fait unique dans l’histoire, quatre armadas occidentales se sont déployées au large du Moyen-Orient pour assurer la sécurité du ravitaillement énergétique des pays occidentaux en brut arabe, en 1982 au large de Beyrouth, lors du conflit libanais, en 1986, le long du golfe arabo-persique durant le conflit irako iranien, en 1990-1991, contre l’Irak, de nouveau en 2003, contre l’Irak.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont procédé à leur déploiement géostratégique selon la configuration de la carte de l’Amiral Harrison conçue en 1942 en vue de prendre en tenaille la totalité du monde eurasiatique.
En application de la «théorie des anneaux maritimes», ils ont ainsi articulé leur présence sur un axe reposant sur trois positions charnières: le détroit de Behring, le Golfe arabo-persique et le détroit de Gibraltar, en vue de provoquer une marginalisation totale de l’Afrique, une marginalisation relative de l’Europe et à confiner dans un cordon de sécurité un «périmètre insalubre» constitué par Moscou-Pekin-Delhi-Islamabad, contenant la moitié de l’humanité, trois milliards de personnes, mais aussi la plus forte densité de misère humaine et la plus forte concentration de drogue de la planète (6).
Si la guerre du Golfe en 1990-1991 a permis aux Américains de prendre pied au coeur des principaux gisements pétroliers de la planète, la guerre du Kosovo en 1999 leur a permis de s’implanter au coeur de l’Europe centrale, particulièrement en Albanie, longtemps considérée comme un bastion de l’orthodoxie communiste.
Dans le droit fil de leurs objectifs, la guerre d’Afghanistan devraient leur permettre, sauf accident, de parachever leur mission en prenant pied, pour la première fois de leur histoire, dans le Caucase, plaçant l’Amérique au coeur du dispositif énergétique mondial par sa mainmise sur le Golfe et son contrôle des voies de ravitaillement du brut transcaucasien.
Face à ce premier conflit majeur du XXI me siècle, l’Europe, qui se veut un des pivots du troisième millénaire, s’est retrouvée prestement marginalisée par le duo anglo-américain, discrète préfiguration de l’«Anglo-sphère», l’alliance Wasp (White Anglo-Saxon Protestant), dont la mise sur pied est préconisée par les disciples de Samuel Huntington, l’auteur du «clash des civilisations», en vue de constituer sous égide anglo-saxon un directoire des pays relevant de la civilisation occidentale, de race blanche (29 pour cent de la population mondiale) pour la direction du «monde libre».
La refondation de la doctrine stratégique de l’OTAN à l’occasion du 50ème anniversaire de l’alliance atlantique, en mai 1999, par l’adjonction des anciens pays du bloc soviétique, est apparue à cet égard comme un signe précurseur pour les tenants de cette thèse.
Apportant sa caution militaire et diplomatique aux Etats-Unis, sous estimant sa capacité d’influence, l’Europe apparaît au regard de la communauté internationale comme l’appendice de l’Amérique. Au point que se pose dans toute sa brutalité la question de savoir si l’Europe a abdiqué son indépendance pour se résoudre au rôle de promontoire outre-Atlantique de l’Amérique, ou alors, renouant avec sa vocation ancienne de foyer de civilisation, elle développera sa propre autonomie face aux Etats-Unis pour en faire une « île au large des rives de l’Eurasie », pour reprendre l’expression du géographe Michel Foucher.
L’OCCIDENT chrétien a pensé purger son passif avec le judaïsme et lui témoigner de sa solidarité expiatoire en créant l’Etat d’Israël en vue de «normaliser la condition juive diasporique et l’enraciner dans des composantes nationales claires», selon l’expression de l’écrivain israélien Abraham B.Yehoshua (7). Mais il a dans le même temps transmuté son contentieux bimillénaire avec une religion longtemps considérée par la chrétienté comme «déicide» en un conflit israélo-arabe et un conflit islamo judaïque, en négation avec la symbiose andalouse.
L’Allemagne, responsable du génocide juif du XX me siècle, la Grande-Bretagne, auteur de la promesse Balfour portant création d’un foyer national juif sur la terre de Palestine, au coeur de l’espace arabe, à l’intersection de la rive africaine et de la rive asiatique du monde arabe, ainsi que la France par ses massacres coloniaux massifs en terre d’Islam, sont appelés à assumer, aux côtés des Etats-Unis, un rôle à la mesure de leur responsabilité antérieure dans la naissance du conflit israélo-arabe et de l’exacerbation du sentiment anti-occidental dans le monde arabo-musulman.
Israël, pour tragique qu’ait été la souffrance des Juifs du fait des persécutions le siècle dernier et éminente leur contribution à la culture du monde, ne saurait faire l’impasse sur l’intérêt que portent 1,5 milliards de Musulmans et 1,2 milliards de Chrétiens à Jérusalem (8), une cité que le hasard de l’histoire a vouée à être le Lieu Saint des trois religions monothéistes, ni concevoir sa pérennité sur la spoliation du peuple palestinien.
Sauf à précipiter une nouvelle fracture Nord-sud ou à attiser un nouveau «choc des imaginaires» (9), prélude à un nouveau conflit des civilisations, l’Occident devra intégrer ses nouveaux paramètres dans ses rapports avec le monde non occidental, tenir compte du fait que le Pakistan, l’Arabie Saoudite, et au delà, l’ensemble du monde musulman, malgré toute leur grande bonne volonté proaméricaine, sont, quant à eux captifs de l’héritage d’Oussama Ben Laden, quel que soit d’ailleurs le sort que le destin a réservé à leur ancien frère d’arme, tributaire paradoxalement d’une part de leur considération à l’un des vainqueurs de la redoutable armée rouge dans la guerre d’Afghanistan, dont le prestige dans le monde arabo-musulman n’est supplanté que par celui des nouveaux venus sur la scène internationale, le Libanais Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah double vainqueur d’Israël, l’Irakien Moqtada Sadr, grand décideur de la vie politique irakienne, le Hamas palestinien à la résistivité corrosive face à Israël, voire même le chef palestinien Yasser Arafat, dont la résistance opiniâtre dans son réduit de Ramallah (Cisjordanie) face aux assauts des troupes israéliennes du général Ariel Sharon, a conduit son plus sérieux concurrent, le roi Abdallah II de Jordanie, à l’élever au rang de «héros du Proche-Orient de tous les temps» (10), propulsé dans une dimension héroïque à l’égal du mythique révolutionnaire latino-américain Ernesto Che Guevara ou du tombeur de l’apartheid blanc en Afrique du sud Nelson Mandela.
Cinquante trois pour cent de la population de l’ensemble musulman impute aux Etats-Unis et à Israël la responsabilité du «fossé creusé entre le monde occidental et le monde arabo-musulman» et juge «arrogante, provocatrice et partiale» la politique américaine dans la zone, selon un sondage de l’Institut Gallup pour le compte du journal américain «US Today», réalisé en décembre 2001 et janvier 2001, auprès d’un échantillon représentatif de la population de neuf pays arabes et musulmans (11).
Point de fixation des conflits latents de l’Islam et de l’Occident, le conflit israélo-palestinien et d’une manière générale le passif post-colonial sera purgé non par la coercition mais par la coopération des divers protagonistes d’un contentieux qui a gangrené tout le XX me siècle pour déborder d’une manière apocalyptique sur le nouveau millénaire.
Références
1-«La force noire mobilisée» cf. «Paris Noir» de Pascal Blanchard, Eric Deroo et Gilles Manceron, Editions Hazan, septembre 2001, ainsi que «Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français René Naba (Harmattan 2002).
2-Cf: Un «creuset de la nation» à réinventer: L’armée s’ouvre timidement aux Beurs», Karim Bourtel, cf Le Monde Diplomatique septembre 2001 ainsi que revue «Islam de France» N°2-199 -«Appel pour la création d’un mémorial des musulmans morts pour la France. «Le Régiment de marche nord-africain de Paris» (RMNAP), commandé par le lieutenant colonel Massebiau, était composé de 400 Algériens, 25O marocains, 250 tunisiens et 300 européens, soit 800 Maghrébins sur 1 100 hommes. Il sera dissous au sein de la première armée française à la fin de l’année 1944.
3 -Jusqu’en 1999, la Turquie a été le troisième pays bénéficiaire de l’aide militaire américaine après Israël et l’Egypte. Rien qu’en 1997 l’aide américaine à la Turquie en guerre contre les autonomistes Kurdes a dépassé celle que ce pays a obtenue pendant la totalité de la période 1950-1983 de la guerre froide. cf. «Les Etats-Unis entre hyper puissance et hyper hégémonie, le terrorisme, l’arme des puissants» Noam Chomsky-Le Monde Diplomatique Décembre 2001
4 -«Guerre des ondes/Guerre des religions, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen» par René Naba (Harmattan 1998)
5- Le «Pacte de Quincy», conclu au terme de la rencontre en février 1945 sur le croiseur américain Quincy entre le président américain Franklin Roosevelt et le Roi Abdel Aziz Ibn Saoud, fondateur du royaume, s’articule sur cinq points. La stabilité de l’Arabie Saoudite fait partie des “intérêts vitaux” des Etats-Unis qui assurent, en contrepartie, la protection inconditionnelle du Royaume contre toute menace extérieure éventuelle. Par extension la stabilité de la péninsule arabique et le leadership régional de l’Arabie Saoudite font aussi partie des «intérêts vitaux» des Etats-Unis. En contrepartie, le Royaume garantit l’essentiel de l’approvisionnement énergétique américain, la dynastie Ibn Saoud n’aliénant aucune parcelle de son territoire, les compagnies concessionnaires ne seraient que locataires des terrains. Les autres points portent sur le partenariat économique, commercial et financier saoudo américain ainsi que sur la non ingérence américaine dans les questions de politique intérieure saoudienne. cf.Richard Labévière «les dollars de la terreur».
6 – «Guerre des ondes.. » R.Naba op. cité.
7-«la question juive posée au monde», cf. Libération 29 novembre 2001, ainsi que «pour une normalité juive»-Edition Liana Lévi 1992.
8- Pour une population de six milliards de personnes, la répartition des religions s’établit comme suit: Musulmans 19,5 pour cent, Catholiques 18,46 pour cent, Hindouistes 14,03 pour cent, protestants 9,14 pour cent, Bouddhistes 5,87 pour cent, Orthodoxes 3,25 pour cent, religions chinoises 2,58 pour cent, Animistes, 1,63 pour cent, Agnostiques 1,49 pour cent, Athées 4,27 pour cent (Source «peuples du monde»-Libération samedi 19-dimanche 20 août 2000).
9- L’expression est de l’islamologue franco-algérien Mohamad Arkoune, professeur émérite à La Sorbonne. Conférence à l’Université de Balamand (Liban) dans laquelle il plaide pour une remise en question fondamentale des perceptions aussi bien du monde occidental que du monde musulman en vue de «faire des événements du 11 septembre 2001 un +avènement+». Journal «l’Orient-le Jour» du 16 avril 2002.
10- «La dimension héroïque de Yasser Arafat sur les écrans des télévisions arabes». Cf. dépêche AFP 14 avril 2002 qui reprend la déclaration du Roi Abdallah II de Jordanie à la chaîne américaine CNN faite jeudi 11 avril 2002, après les entretiens du Monarque Hachémite à Amman avec le secrétaire d’état Colin Powell qualifiant Yasser Arafat de «héros du Moyen-Orient des tous les temps». La dépêche rapporte en outre que M. Arafat est fréquemment qualifié par les manifestants arabes de «Saladin» en référence au vainqueur des Croisés, ou encore à Omar Ibn Khattab, en référence au deuxième Calife de l’Islam qui reçut les clés de Jérusalem.
11- Le sondage de l’Institut Gallup a été réalisé sur un échantillon de 9.924 personnes originaires de 9 pays arabes et musulmans (Arabie Saoudite, Jordanie, Koweït, Liban, Maroc, Pakistan, Turquie, Iran et Indonésie), représentant la moitié de la population de l’ensemble arabo-musulman. Publié le 3 mars 2002 par le journal «Al-Qods A-Arabi» de Londres, il donne les indications suivantes: 77 pour cent des sondés jugent «moralement injustifiables» les bombardements américains contre l’Afghanistan, contre 9 pour cent qui leur trouvent une justification. 53 pour cent jugent la politique américaine «partiale, provocatrice, anti-arabe et anti-musulmane» et considèrent que les Etats-Unis et Israël sont «responsables du fossé séparant le monde occidental et le monde arabo-musulman». En outre, la majorité des sondés mettent en doute le fait que les opérations aient été réalisées par des arabes, 18% rejettent sur «les cercles occidentaux» la responsabilité des attaques du 11 septembre contre les cités américaines. Les opinions les plus favorables à l’Amérique ont été recensées au Liban (41%) et en Turquie (40 pour cent) suivis du Koweït (28 pour cent) et de l’Indonésie (27 pour cent). La Jordanie et la Maroc à égalité (22 pour cent) arrivent en cinquième position, suivis de l’Arabie Saoudite (16 pour cent), de l’Iran (14 pour cent) et du Pakistan (5 pour cent). 58 pour cent des sondés ont exprimé des opinions hostiles au Président George W Bush.
 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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