ELWATAN-ALHABIB
lundi 30 mai 2011
 

Déclin de sens ou déclin de

puissance : Le dilemme de

l’Occident





«Dieu et la nature sont sagesse, le monde a de l’eau en quantité suffisante pour que chacun ait de l’eau, le monde a suffisamment de richesses et de terres pour produire de la nourriture pour la population mondiale, le monde a suffisamment de pierres pour construire afin que personne ne soit laissé sans habitat, mais dans les faits une minorité s’est appropriée les richesses du monde, moins de 10% de la population du monde est propriétaire de la moitié de la richesse du monde entier.»


Président Hugo Chavez



Professeur Chems Eddine Chitour
Lundi 30 Mai 2011

Déclin de sens ou déclin de puissance : Le dilemme de l’Occident

On peut se demander si le discours de Chavez n’est pas utopique face à un
Occident sûr de lui et dominateur qui arrache ce qui n’est pas à lui pour
entretenir une civilisation moribonde de la croissance infinie dans un monde
fini. Justement, l’Occident est-il une civilisation ou la civilisation étalon
sur tous les aspects, matériels de puissance et en termes d’éthique? Est-ce
un Empire avec des vassaux ou un ensemble disjoint d’Etats-nations uni par une
seule cause, la suprématie de l’homme blanc, vieux mythe du XIXe mais
toujours vivace au XXIe siècle? Quel est le moteur de son idéologie? La preuve
externe le néolibéralisme, la mondialisation qui permet de laminer les
identités et les spiritualités pour créer de l’errance propice au
développement sans fin du marché, l’autre convoque un conflit de
civilisation, voire de spiritualités qu’Huntington a martelé comme
inéluctable.

Qu’est-ce qu’une civilisation?


La civilisation est le fait de porter une société à un niveau considéré

comme plus élevé et plus évolué que l’était son état antérieur. Cette
acception inclut une notion de progrès qui s’oppose à la barbarie et à la
sauvagerie. La civilisation est l’ensemble des traits qui caractérisent
l’état d’évolution d’une société donnée sur le plan technique,
intellectuel, politique ou moral, sans porter de jugement de valeur. Une
société définit un type d’homme idéal comme l’«homme de bien» selon
Confucius, l’«honnête homme» du XVIIe siècle européen ou le «gentleman»
de l’Angleterre victorienne. Le comportement civilisé permet aux hommes de
vivre ensemble. Prométhée a apporté aux hommes les arts et les sciences,
mais, malgré ce don, les hommes ne parviennent pas s’entendre. Zeus leur
fournit alors la pudeur et la justice, c’est-à-dire, la capacité de tenir
compte des autres membres de la société et de régler les différends de
manière pacifique et ordonnée. Les hommes peuvent alors construire leur vie
dans la cité.

Ce qui distingue le pays «civilisé», c’est la manière dont la violence

est utilisée dans un État moderne où toute force armée doit relever de
l’État, puisque ce dernier a le monopole de la violence légitime. Le
progrès technique et celui de la civilisation sont intimement associés. Dès
lors, l’Europe, qui a bénéficié d’une avance technique et militaire,
s’est sentie investie d’une mission civilisatrice - dont on a connu
l’oeuvre positive- ce qui l’a auto-autorisé à lancer une colonisation
abjecte..

Beaucoup d’auteurs et non des moindres se seront penchés sur le déclin de

la civilisation occidentale. On prête à Kissinger l’interrogation sur ce qui
a fait disparaître l’empire romain. Le Déclin de l’Occident d’Oswald
Spengler traduit par le philosophe algérien, Mohand Tazerout (1893 à Azazga en
Algérie 1973 à Tanger au Maroc) -superbement ignoré chez lui- est l’un des
essais historiques les plus débattus. Pour expliquer la mort des civilisations,
Spengler conçoit ainsi une histoire universelle: une collection ordonnée des
événements, passés, présents ou à venir.

Pour sa part, l’oeuvre de réflexion de l’historien Toynbee - Toynbee qui

s’est inspiré de la Muqaddima, préface de l’histoire universelle de Ibn
Khaldoun. - sur la genèse des civilisations est inclassable. À des fins de
classification, Toynbee distingue vingt-six civilisations avec leurs montées
et leurs déclins L’historien britannique Arnold Joseph Toynbee, admirateur de
Spengler, au point de l’admirer toute sa vie. Son approche peut être
comparée à celle de Oswald Spengler dans Le Déclin de l’Occident. Il
n’adhère pas cependant à la théorie déterministe de Spengler selon
laquelle les civilisations croissent et meurent selon un cycle naturel. Toynbee
présente l’histoire comme l’essor et la chute des civilisations plutôt que
comme l’histoire d’État-nations ou de groupes ethniques. Ainsi, la
«civilisation occidentale», qui comprend toutes les nations qui ont existé en
Europe occidentale depuis la chute de l’Empire romain, est traitée comme un
tout, et distinguée à la fois de la «civilisation orthodoxe» de Russie et
des Balkans comme de la civilisation gréco-romaine qui a précédé.

La classification de Toynbee, très historique et faisant une large place aux

grandes religions; les idées de Toynbee ont connu une certaine mode. Avec
raison ou pas, certains critiques reprochent à Toynbee l’importance qu’il
attribue à la religion par rapport aux autres aspects de la vie lorsqu’il
brosse le portrait des grandes civilisations. À cet égard, le débat rejoint
celui, plus actuel, sur la théorie de sur le «choc des civilisations».

Justement dans Le Choc des civilisations publié à l’été 1993 par la revue

Foreign Affairs, Samuel Huntington pense que les relations internationales vont
désormais s’inscrire dans un nouveau contexte. (...) Cette vision des
relations internationales trouve son point d’aboutissement dans la Guerre
froide, celle-ci ayant institué l’affrontement de deux modèles de société.
Huntington nous dit qu’il faut désormais penser les conflits en termes non
plus idéologiques mais culturels: «Dans ce monde nouveau, la source
fondamentale et première de conflit ne sera ni idéologique ni économique. Les
grandes divisions au sein de l’humanité et la source principale de conflit
sont culturelles. Les conflits centraux de la politique globale opposeront des
nations et des groupes relevant de civilisations différentes. Le choc des
civilisations dominera la politique à l’échelle planétaire. Les lignes de
fracture entre civilisations seront les lignes de front des batailles du futur.

Comment les empires meurent?


D’où vient cette hégémonie qui fait que l’Occident se veut le seul

dépositaire de sens? Pour l’expliquer, il est courant d’admettre que
l’Occident est parti à la conquête du Monde après la première révolution
industrielle. En fait, il serait plus indiqué de remonter dans le temps pour
s’apercevoir que l’hégémonie occidentale a débuté après ce qu’on
appelle dans la doxa occidentale «Les Grandes découvertes». Prenant la
relève d’un Orient et d’une civilisation islamique sur le déclin, et au
nom de la Règle des trois C - Christianisation, Commerce, Colonisation, il mit
des peuples en esclavage. Il procéda à un dépeçage des territoires au gré
de ses humeurs sans tenir compte des équilibres sociologiques que les
sociétés subjuguées ont mis des siècles à sédimenter. Pendant cinq
siècles, au nom de ses «Droits de l’Homme» qui «ne sont pas valables dans
les colonies» si l’on en croit Jules Ferry, l’Occident dicte la norme,
série, punit, récompense, met au ban des territoires qui ne rentrent pas dans
la norme. Ainsi, par le fer et par le feu, plus de 75% des richesses des Sud
épuisés avec 80% des habitants de la planète furent spoliés et détenus par
20% des pays du Nord.(1)

Après l’implosion de l’empire soviétique, ce fut «la fin de

l’histoire» selon le mot de Fukuyama avec une pax americana qui paraissait
durer mille ans. Le peuple américain se voulant lui aussi, « peuple élu »
comme le martèle «la destinée manifeste», c’est à lui d’éclairer le
monde au besoin par le napalm. Ce n’est pas l’avis de la CIA qui, dans un
rapport intitulé: Le monde en 2025, constate une prise de conscience d’une
nouvelle donne à la fois démographique, économique, financière et même dans
une certaine mesure, militaire. Pour la première fois, les Américains
reconnaissent qu’ils ne seront plus les maîtres du monde. Pour garder la
direction du monde, avec 600 bases américaines et 700...hommes, en dehors des
Etats-Unis, Les Etats-Unis sont constamment en alerte surtout depuis la perte de
leur suprématie économique. L’arrivée du 11 septembre fut du pain bénit.
Le Satan de rechange tombait du ciel, l’Islam et terrorisme. Ainsi, furent
organisées les expéditions punitives que l’on sait un peu partout semant le
chaos, la destruction et la mort. (1)

Des craquements se font entendre, l’Empire est puissant mais il est exsangue

sur le plan économique. Pour Ignacio Ramonet, «l’Empire n’a pas
d’alliés, il n’a que des vassaux». Ce basculement inexorable concernant
l’avenir du Monde, est rendu nécessaire. L’analyse lumineuse de
l’ambassadeur singapourien, Kishore Mahbubani, décrit le déclin occidental:
recul démographique, récession économique, et perte de ses propres valeurs.
Il observe les signes d’un basculement du centre du monde de l’Occident vers
l’Orient. Il cite l’ouvrage de l’historien britannique Victor Kiernan
«The Lords of Humankind, European Attitudes to the Outside World in the
Imperial Age» qui avait été publié en 1969, lorsque la décolonisation
européenne touchait à sa fin.

Victor Kiernan écrivait notamment : «(...) Même si la politique coloniale
européenne touchait à sa fin, l’attitude colonialiste des Européens
subsisterait probablement encore longtemps. En fait, poursuit Kishore Mahbubani,
celle-ci reste très vive en ce début de XXIe siècle. Souvent, on est étonné
et outré lors de rencontres internationales, quand un représentant européen
entonne, plein de superbe, à peu près le refrain suivant: «Ce que les Chinois
[ou les Indiens, les Indonésiens ou qui que ce soit] doivent comprendre est
que...», suivent les platitudes habituelles et l’énonciation hypocrite de
principes que les Européens eux-mêmes n’appliquent jamais. Le complexe de
supériorité subsiste. Le fonctionnaire européen contesterait certainement
être un colonialiste atavique.»(2)

Jean-Pierre Lehmann analysant l’ouvrage de Mahbubani écrit:«Quand Mahbubani

écrit que «le moment est venu de restructurer l’ordre mondial», que «nous
devrions le faire maintenant». Pour lui l’Occident est dans l’incapacité
à maintenir, à respecter et encore plus à renforcer les institutions qu’il
a créées. Et l’amoralité avec laquelle il se comporte trop souvent sape
davantage les structures et l’esprit de la gouvernance mondiale. Selon
Mahbubani, il «est légalement vivant mais spirituellement(souligné par nous
Ndlr) mort» «Le monde, écrit-il, a perdu pour l’essentiel sa confiance dans
les cinq États nucléaires. C’est cette incapacité à exercer convenablement
un leadership qui fait que l’Occident est aujourd’hui davantage le problème
que la solution. En même temps, comme le reconnaît Mahbubani, «les pays
d’Asie ne sont pas encore prêts à intervenir. Il en va de même des
institutions financières internationales. Bien qu’on ait de bonnes raisons de
douter qu’aucune des trois plus importantes - la Banque mondiale, le FMI et
l’OMC - ne subsistera jusqu’à la prochaine décennie, Mahbubani estime
qu’il est d’une importance capitale de les conserver. Mais, bien entendu, il
faut les transformer et les désoccidentaliser. Il ne faut plus que les postes
de directeur de la Banque mondiale et du FMI soient attribués automatiquement
à des États-uniens ou à des Européens, comme si c’était écrit dans
l’Évangile; ils doivent être globalement ouverts à des talents du monde
entier. Il est également important que la Banque mondiale n’ait plus son
siège à Washington DC et dissémine ses employés dans les pays où elle
opère. L’esprit internationaliste tel qu’il s’incarne dans la Charte des
Nations unies doit donc être maintenu, voire revivifié».(3)

«Les civilisations, disait Arnold Toynbee, ne sont pas assassinées, elles se

suicident» L’empire américain subit-il le même déclin que son
prédécesseur britannique? s’interroge l’historien Eric Hobsbawm. La
suprématie navale fit la puissance de la Grande-Bretagne, la capacité de
destruction par bombardement assure celle des Etats-Unis. Cependant, les
victoires militaires n’ont jamais suffi à assurer la pérennité des empires
(...) La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont bénéficié d’un atout
supplémentaire qui ne pouvait exister que dans le cadre d’une économie
globalisée: tous deux ont dominé l’industrie mondiale.(...) Quand l’ère
des empires maritimes arriva à sa fin, au milieu du XXe siècle, la
Grande-Bretagne sentit le vent tourner avant les autres puissances coloniales.
Son pouvoir économique ne dépendant pas de sa puissance militaire, mais du
commerce, elle s’adapta plus facilement à la perte de son empire, comme elle
l’avait fait face au plus grave revers de son histoire, la perte de ses
colonies américaines. Les Etats-Unis comprendront-ils cette leçon? Ou
chercheront-ils à maintenir une domination globale par la seule puissance
politique et militaire, engendrant ainsi toujours plus de désordre, de conflits
et de barbarie?»(4)

Au monde unipolaire et dominé par l’Occident, écrit Alain Gresh, succède

une nouvelle géopolitique marquée par la multiplication des acteurs influents.
L’affaissement actuel du système financier ne peut qu’accélérer ce
mouvement de repli occidental. «La fin de l’arrogance», titrait
l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, le 30 septembre, avec ce sous-titre:
«L’Amérique perd son rôle économique dominant». Quinze ans plus tard, un
autre consensus se fait jour, plus proche, semble-t-il, de la réalité: nous
entrons dans un «monde post-américain».(5)

L’Occident vit une crise de l’avenir: les nouvelles générations ne

croient plus qu’elles vivront mieux que celles qui les ont précédées. Une
crise de sens, d’orientation et de signification. L’Occident sait à peu
près d’où il vient, mais peine à savoir où il va. Certes, comme disait
René Char, «notre héritage n’est précédé d’aucun testament» et il
appartient à chaque génération de dessiner son horizon. Mais nos tourments ne
sont pas sans fondement. Le sens du commun s’est étiolé. A l’heure du
«chacun pour soi», le sentiment d’appartenance à un projet qui transcende
les individualités s’est évaporé. L’effondrement du collectivisme -
nationaliste ou communiste - et du progressisme économique a laissé place à
l’empire du «moi je». Le sens du «nous» s’est dispersé.(6)




Le déclin de la civilisation occidentale est à des degrés divers, aussi
celui des valeurs face à un Islam qualifié d’obscurantiste parce qu’il
tient à des valeurs universelles consubstantielles de la dignité humaine .
Cette façon de faire de l’Occident est condamnée. A terme, on s’apercevra
que les slogans creux des droits qui sont ceux exclusifs de l’homme blanc en
Occident –encore qu’il faille noter que même dans ces sociétés la
fracture est totale entre les nantis et les pauvres- vont s’effriter au fur et
à mesure de la disparition de la puissance matérielle, malgré tous les
combats d’arrière-garde symbolisés notamment par les nouvelles armes
terribles tels que les drones, les lasers, les bombes thermonucléaires les
aurores boréales sur commande allant plus loin que le XXe siècle « A Beastly
Century », « un siècle bestial » terme , utilisé par Margaret Drabble,
pour décrire le XXe siècle. Il y eu en effet, environ 231 millions de morts en
100 ans de guerres et conflits. Tout ceci pour tenter de garder, en vain, la
suprématie sur des hommes qui aspirent quelles que soient leurs latitudes à
une égale dignité. Ce siècle sera assurèment aussi celui de la guerre de
tous contre tous C’est en définitive, un déclin du sens et du non-respect
des valeurs éthiques que ce même Occident veut appliquer aux autres et non pas
à soi-même. « La paix universelle écrit Anatole France se réalisera un jour
non parce que les hommes deviendront meilleurs mais parce qu'un nouvel ordre,
une science nouvelle, de nouvelles nécessités économiques leur imposeront
l'état pacifique » Amen.




1.Chems Eddine Chitour: Doxa occidentale Est-ce la fin d’une époque ?

http://www.lexpression.dz/categorie/8/2011-04-07.html

2.K.Mahbubani: The Irresistible Shift of Global Power to the East, Septembre

2008

3.Jean-Pierre Lehmann: Déclin de l’Occident et montée de l’Orient. Reseau

Voltaire 2 09 2008

4.Eric Hobsbawm: Du déclin des Empires: Le Monde Diplomatique

http://www.monde-diplomatique.fr/2008/11/Hobswawm/16469

5.Alain Gresh http://www.monde-diplomatique.fr/2008/11/GRESH/16455


6.Nicolas Truong (Débat) Peter Sloterdijk Philosophe Slavoj Zizek La crise

d’’avenir de l’Occident Le Monde 27.05.2011

Pr Chems Eddine CHITOUR
 
samedi 28 mai 2011
 

La Nakba qui attend l’Amérique (Countercurrents)





William A. COOK
photo D. Lange - Ed. Phaidon

"A partir du moment où nous avons choisi d’assumer un rôle qui comprend la domination permanente du monde par les armes, nous nous sommes retrouvés seuls -craints, haïs, corrompus et corrupteurs, maintenant "l’ordre" par le terrorisme d’état et la corruption et adonnés aux rhétoriques mégalomaniaques et aux sophismes qui invitaient littéralement le reste du monde à s’unir contre nous. Nous sommes montés sur le tigre napoléonien. La question était -allions nous en en descendre un jour et serait-ce même possible ?" (Chalmers Johnson, The Sorrows of Empire 284).


La semaine dernière, la communauté mondiale a pu constater la justesse de la prémonition que Johnson a eue il y a six ans en voyant les efforts de Netanyahu et Obama pour contrôler le tigre lâché par la création de l’état d’Israël - à coup de fourberies, de terrorisme et de puissance militaire- au milieu du monde arabe, état qui doit maintenant faire face au printemps arabe qui naît des cendres des dictateurs déchus. La coercition, la corruption et la puissance militaire pouvaient créer une illusion de stabilité aussi longtemps que des accords fournissaient les milliards de dollars nécessaires à la police de la sécurité, à l’entraînement des troupes par les USA, au soutien technique et au matériel militaire qui maintenaient les dictateurs au pouvoir.

Mais deux facteurs : le fait que l’oligarchie issue des multinationales ("corpocracy") qui gouverne cet empire le contraint à obéir aux desideratas de son enfant adopté, et la guerre sans fin qu’il mène pour soutenir sa croissance économique, ont terriblement affaibli les USA comme le montrent leurs futiles efforts pour contenir le terrorisme dans tout le Moyen Orient. Désormais les USA se retrouvent sans pouvoir, sans ressources et sans amis, manipulé par les sionistes israéliens comme Sharon, Olmert, et Netanyahu qui méprisent la faiblesse des USA et tiennent son Congrès prisonnier par la force, la corruption et le mensonge, les mêmes méthodes qu’Israël a utilisées contre les peuples du Moyen Orient pour créer l’illusion de pouvoir.

Ironiquement dans son discours à l’AIPAC et à Netanyahu, lundi, Obama a dressé une carte démographique qui contraint Israël et la communauté mondiale à voir ce qui motive réellement le parti du Likoud au moment même où il prétend que "la paix est le premier objectif d’Israël". La population palestinienne de la Palestine historique sera égale à la population juive avant 2014 (Palestine Bureau of Statistics). Ce fait matériel (litt."sur le terrain") montre que les Palestiniens seront majoritaires à l’ouest du Jourdain ; L’ironie réside dans une déclaration du Likoud qui est passée inaperçue : "Le gouvernement d’Israël rejette absolument la création d’un état palestinien à l’ouest du Jourdain". Non seulement ceci signifie que le gouvernement israélien rejette totalement un état palestinien (d’une manière comparable en vérité au refus du Hamas de reconnaître Israël) mais il le fait alors même qu’il est confronté à l’évidence incontournable que les Juifs seront alors minoritaires en Palestine. Le refus d’un état palestinien aboutira donc à un état israélien non démocratique d’apartheid contrôlé par une minorité, comme l’Afrique du sud il y a des dizaines d’années.

Mais le discours d’Obama a été plus loin que les statistiques démographiques. Il a essayé d’expliquer aux Israéliens que les murs et les barrières de maillon de chaînes ne pourraient pas contenir les 6,1 millions de futurs Palestiniens même avec des barbelés, des tours de contrôle et de la haute technologie. Comment Israël pourrait-il contrôler une population supérieure en nombre à la sienne, entassée sur 15% de la Palestine historique pendant que sa propre population en occupe 85% ? (PCBS). Comment la communauté mondiale pourrait-elle accepter une situation d’une telle injustice, surtout que ces chiffres ne comprennent pas les 5,6 millions de réfugiés qui vivent dans divers pays arabes. Selon le droit international, ces personnes ont le droit du retour et beaucoup d’entre elles auraient le droit de revenir sur des terres qui sont maintenant revendiquées par Israël. Obama laisse entendre qu’Israël doit choisir entre accepter un accord qui donnerait assez de terre et de ressources aux Palestiniens ou affronter l’inévitable dissolution de l’état juif si la solution d’un seul état devient une réalité de facto. En 2002 le prince saoudien a proposé un plan de paix basé sur les frontières de 1967 qui incluait une totale reconnaissance de l’état d’Israël par tous les pays arabes. Israël et les USA l’ont rejeté d’emblée.

Obama n’a pas dit au gouvernement israélien ce qu’il devait faire, mais il a noté que les temps changent (times are a changin’). Il ne sera plus possible, sous-entend Obama, d’accueillir parmi l’élite les quelques personnes qu’on peut soudoyer pour qu’ils acceptent de signer avec Israël un pseudo accord de paix comme ceux qui ont été signés en Egypte et en Jordanie, ni de contraindre les pairs de Kadhafi à conclure des accords de pétrole juteux, ni d’envahir illégalement un pays qui n’a rien fait aux USA comme nous l’avons fait en Irak et en Afghanistan pour mettre en place des leaders complaisants qui feront ce que veulent nos entreprises. Non, les temps ont changé ; le nouvel arabe se rend compte que les ressources des USA s’épuisent, il est conscient de sa crise économique et de sa dette colossale, il voit l’étau qui se resserre sur les Juifs à cause de la croissance de la population palestinienne, il veut la justice pour lui-même et pour les Palestiniens et il sait qu’il peut forcer la communauté internationale à se réveiller à travers l’assemblée générale de l’ONU.

Obama n’a que trop conscience du peu de pouvoir qu’il a en tant que président des USA. Il sait que les réprésentants du peuple sont aux mains des multinationales et du lobby israélien. Cela signifie qu’il ne peut rien faire en matière de législation ni de politique étrangère ou intérieure s’il s’oppose aux sionistes qui contrôlent son gouvernement et qu’il ne sera pas non plus réélu. C’est un homme enchaîné et soumis à ses maîtres. Mais il sait aussi que cette soumission est un danger pour les USA, que ses soldats sont au service d’une puissance étrangère et que la haine des étasuniens brûle le coeur de ceux qui vivent sous la botte des troupes israéliennes.

Mark Perry fait état d’un briefing d’un caractère explosif unique de l’amiral Mullen selon lequel les dirigeants arabes les plus importants pensent que l’administration étasunienne est incompétente et incapable de tenir tête à Israël ; il parle aussi de ceux du General Petraeus qui voit la soi-disant "relation spéciale" avec Israël comme un risque pour les vies des Etasuniens et leurs intérêts.

Le briefing de janvier de Mullen était une première. Aucun commandant précédent du CENTCOM (Commandement central des USA) ne s’était jamais exprimé sur ce qui était considéré essentiellement comme une question politique ; c’est pourquoi ceux qui ont fait ce rapport à Muller ont insisté sur le fait que leurs conclusions étaient le fruit d’un tour de la région effectué en 2009 sur les instructions de Petraeus au cours duquel ils avaient parlé à des dirigeants arabes importants. "Partout où ils sont allés, le message était assez humiliant" a dit un officier du Pentagone qui connaît le briefing. "Non seulement les USA sont considérés comme faibles mais sa puissance militaire dans la région diminue." (voir Mark Perry, “Putting American Lives At Risk")

Voici la déclaration faite par le géneral Petraeus au nom du Centcom devant le comité des services armés du Sénat le 16 mars 2010 :

Il n’y a pas de progrès suffisant vers une paix générale au Moyen Orient. Le conflit qui ne se résout pas entre Israël et certains de ses voisins entrave notre capacité à faire avancer nos intérêts dans le territoire placé sous notre responsabilité (AOR). Les tensions entre Israël et les Palestiniens dégénèrent souvent en violences et en confrontations armées d’importance. Le conflit engendre des sentiments anti-étasuniens qui sont dûs au sentiment que les USA favorisent Israël. La colère arabe au sujet de la question palestinienne limite la force et la profondeur des partenariats entre les USA et les gouvernements et les peuples de l’AOR et entame la légitimité des leaders arabes modérés de la région. Al-Qaeda et d’autres groupes militants exploitent cette colère pour obtenir du soutien. le conflit augmente aussi l’influence à l’Iran sur le monde arabe à travers ses obligés, le Hizbollah au Liban et le Hamas.

Obama a compris les implications pressantes de la renaissance des aspirations humanitaires des peuples de Tunisie, d’Egypte, de Libye, du Barhein, du Yémen, d’Arabie Saoudite, de Syrie, de Jordanie, d’Iran et même de Palestine, surtout de Palestine, car ces aspirations submergent les bureaux des représentants de l’ONU pour exiger la reconnaissance des citoyens occupés et assiégés de Palestine. On s’attend à ce qu’en septembre prochain, l’Amérique Latine, l’Asie, la plus grande partie de l’Europe et tous les pays arabes acceptent comme membre à part entière l’état palestinien dans les frontières de 1967 et alors le long calvaire du peuple palestinien durant 63 ans d’un processus de paix toujours saboté par Israël, touchera à sa fin (Voir Jeff Halper, “Israel is the Problem,” The Plight of the Palestinians).

Ce vote va mettre Israël dans une position intenable parce que les USA vont être obligés de renoncer au rôle de protecteur d’Israël pour qui ils ont défié l’ONU pendant toutes ces années, faisant de l’ONU une institution sans objet et sans pouvoir et anéantissant les aspirations de la communauté mondiale. Les discours d’Obama devant le Congrès et l’AIPAC contraindront Netanyahu soit à accepter des négociations de paix qui verront la création d’un état palestinien viable soit à négocier avec l’ONU au lieu des Etats-Unis la création d’un état palestinien, une perspective qui ne plaît pas à Israël. Cependant la vérité est que l’état d’Israël a été reconnu par l’ONU par un vote de l’assemblée générale en 1949 rendant donc difficile un vote similaire au profit des Palestiniens. C’est seulement si l’ONU intervient pour établir des frontières légitimes aux deux pays, créant ainsi une situation équitable de départ, qu’une paix juste et réelle deviendra possible.

Netanyahu, au contraire, a ignoré ces implications et tenté de défendre la rhétorique mégalomaniaque d’Israël,

• une rhétorique qui fait grand cas de la menace contenue dans la charte du Hamas de ne pas reconnaître l’état d’Israël mais oublie de parler au monde du rejet pur et simple d’un état palestinien dans le propre programme du Likoud ;

• une rhétorique qui prétend que les frontières de 1967 sont indéfendables pour Israël tout en niant les massacres de Palestiniens avant et après la mise en oeuvre du plan de partition de l’ONU qui s’est soldé par la confiscation de 21000 dounams (1 dounam:1000m2) de terre en Galilée, Al-Muthalath et dans le Negev.

• une rhétorique qui déclare que les colonies doivent rester en Cisjordanie au même titre que l’autoroute d’apartheid que seuls les Juifs ont le droit d’utiliser en dépit du fait qu’il y a jusqu’à 517 774 Juifs éparpillés en Cisjordanie rendant une Palestine viable impossible tandis que 1496 dounams, de plus ont été confisqués pour construire le mur d’expansion et d’annexion pour les colonies en expansion ;

• une rhétorique qui exige que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un état juif et démocratique même si cette définition est un oxymore qui a comme conséquence de faire des arabes israéliens des citoyens de seconde classe, tandis qu’Israël refuse la création d’un état palestinien à l’ouest du Jourdain ;

• une rhétorique qui exige que les Palestiniens rejettent la violence alors qu’Israël occupe leur pays illégalement ainsi que des terres libanaises et syriennes et a assassiné sans relâche des Palestiniens depuis sa création, un fait qui est attesté par d’innombrables résolutions de l’ONU.

En ce temps de commémoration, il faut que le peuple des USA réfléchisse sur le rôle qu’il a joué dans la naissance ratée de l’état d’Israël et la désastreuse catastrophe qu’a subie le peuple palestinien. Ironiquement, la plupart des Etasuniens ne peuvent se souvenir ni de la Déclaration d’Indépendance d’Israël ni de la Nakba et pourtant en 2011 leur existence économique, politique et internationale est tributaire des décades de soutien inconditionnel que le gouvernement étasunien à donné à l’état terroriste d’Israël. Ironiquement au moment où le président Obama donne un aperçu de ce que l’évolution de la situation au Moyen Orient lui inspire, le "soutien indéfectible" à l’état d’Israël a déjà provoqué la condamnation universelle de son pays considéré comme une nation qui a perdu son honneur, en qui on ne peut pas avoir confiance et à qui il faut mieux ne pas avoir à faire car il ne lui reste plus aucune velléité de rendre justice aux faibles et aux personnes sans défenses. Voilà peut-être ce qui mène la puissance étasunienne à la catastrophe : notre politique de domination du monde au profit de notre élite économique.

William A. Cook

William A. Cook est professeur d’Anglais à l’Université de La Verne dans le sud de la Californie. Il écrit fréquemment pour des sites Internet comme The Palestine Chronicle, MWC News, Atlantic Free Press, Pacific Free Press, Countercurrents, Counterpunch, World Prout Assembly, Dissident Voice, et Information Clearing House. Il a écrit plusieurs livres dont "Tracking Deception : Bush Mid-East policy, The Rape of Palestine, The Chronicles of Nefaria", un roman, et "The Plight of the Palestinians" qui va sortir. On peut le joindre à wcook@laverne.edu or www.drwilliamacook.com

Pour consulter l’original : http://countercurrents.org/cook2505...

traduction : D. Musele
 
mardi 24 mai 2011
 

Liberté d’expression dites-vous ! Von Trier viré de Cannes, Nada El Fani invitée de choix


La cinéaste tunisienne Nadia El Fani présente à Cannes son dernier film ,”Ni Allah, ni Maître”. Navré, mais que vient faire Allah dans cette histoire ! C’est comme si je fais un film pour afficher mon soutien à Gaza en le titrant “Ni torah, ni Occupation”, ou une connerie de ce genre. C’est normal qu’elle soit à Cannes, c’était le but de… la manœuvre. Salman Rushdi, Tasslima Nassrien et la médiocre Wafa Sultan surfent sur la haine et savent que l’occident est un bon client dès que tu tapes sur l’islam. Comme c’est trop facile de jouer sur les cordes sensibles. C’est de la prostitution manifeste. C’est étrange que la liberté d’expression s’applique et se manifeste uniquement contre l’islam. Pourquoi personne n’a le droit de dire un seul mot sur des sujets tabous en occident ? “Ni Allah” c’est une négation de Dieu. Pourquoi le négationnisme ne s’applique-t-il pas à ce sujet ? Comme c’est bizarre !!!

Je viens de voir l’extrait visible sur le net de ce film. Cette femme veut changer la Constitution de son pays. C’est le syndrome de BHL; on n’est plus dans le cinéma.

Mon désaccord ne porte pas sur le contenu du film, personne ne l’a vu, mais sur la provocation du titre. J’estime que “LA LIBERTÉ D’EXPRESSION” est une clause où un fourre tout qui permet de glisser habilement dans des zones d’ombre pour certaines personnes très malines qui l’utilisent à des fins très dangereuses. Ou cette clause s’applique sur tout les sujets sans aucune restriction ou elle ne concerne qu’une partie du monde qu’on a décidé d’attaquer ! Et puis ” le droit de ceci ou de cela” c’est dans quelle loi et quel est le numéro de l’article qui le stipule ? A-t-on le droit de bombarder l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la Palestine ? C’est aussi au nom de la liberté ! Oui mais, le mode d’expression n’était pas le même. On sait très bien qu’on ne peut pas faire des films sur les sujets qu’on veut. Si je fais un film sur le nombre de nos martyres Algériens durant la guerre face à la France, la contestation sera des deux côtés ! Mais ai-je le droit de faire un film sur le nombre de victimes de la “Choah” ? Ah, pas touche ! C’est un sujet interdit pour tout le monde. Donc, c’est quand on est médiocre qu’on a besoin de coups de vice et d’approche tordue et malsaine pour exister. Je ne soutiens jamais des gens qui attaquent d’autres gens sous prétexte qu’ils sont libres !

Nous cherchons tous à nous lier avec nos nuances, nos ressemblances et nos divergences. J’aime ce dialogue constructif où on ne prend pas les propos pour soi. J’aime quand l’égo reste à l’écart de l’échange parfois passionnel. J’aime la démarche de CHAHINE ce grand Monsieur qui portait en lui seul toute les contradictions. Voilà un cinéaste encore d’actualité dont il faut regarder la filmographie à la loupe. Point d’outrage dans ses propos. Cet homme pouvait être chrétien et homo en terre d’islam et surtout reconnu et revendiqué par tous les arabes et musulmans. Observons les cinéastes Iraniens et ce cinéma fin et intelligent. Et puis pourquoi aller loin : Le Cinéaste Nouri Bouzid (avec qui tu as fais un film important Nadia) quand il s’attaque à la pratique de la torture en Tunisie il titre son film “Les sabots en or” pas ” les fils de pute”…

En tant que cinéaste, je ne suis pas invité ni en Algérie ni à Tunis ni à cannes et pourtant depuis 30 ans je n’ai jamais obtenu un seul Centime ni des miens ni de leurs adversaires. Pourquoi je n’ai jamais utilisé ce genre de manipulation afin d’attirer la presse sur moi ? Les gens intègrent ne trichent pas.

Une offense est une insulte. Une négation de faits historiques est condamnable par la loi. Une provocation verbale intentionnelle génère une hostilité et une réaction d’indignation. Cette femme connait l’arabe et sait l’utiliser et ne peut bénéficier de circonstances atténuantes quant à son intentionnel désir d’interpeller une partie de la population qui ne partage point sa foi. Il n’est pas question de combat dans cette affaire. Elle est entrain de se servir de la sincérité des gens. On a vu dans le passé des gens qui ont organisé leur propre kidnapping ou rédiger leur propres menaces de morts…N’est pas ennemi publique qui veut. N’est pas martyre qui veut non plus. Quant à nos confessions réciproques c’est vraiment une histoire privée qui ne regarde personne, donc pas soumise ni à une approbation ni à une interdiction. Et personne n’a à cautionner, valider ce que nous sommes et ne nous sommes pas. Viens pisser devant ma porte sous prétexte que le trottoir est public !!!!

Je suis choqué de voir Lars von Trier viré du festival de Cannes alors que Nadia El Fani avec son titre blasphématoire est, elle, une invitée de choix. Je ne comprends pas pourquoi que les institution musulmane s’insurgent contre le titre de ce film alors que le CRIF n’a pas hésité à trainer Von Trier dans la boue.

La liberté d’expression merci j’en veux pas si elle s’applique pour certains au détriment des autres…

Hamid Benamra, cinéaste

 
samedi 21 mai 2011
 

Alger affiche sa

proximité avec les

régimes de

Tripoli,Damas et

Sanaa,Solidarités

suspectes

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Le Soir d’Algérie

Alors que les soupçons sur l’aide qu’aurait apportée l’Algérie au régime de Kadhafi ne se sont toujours pas éteints, le président Abdelaziz Bouteflika vient de se démarquer de nouveau en exprimant publiquement son soutien au président Ali Abdallah Saleh du Yémen, confronté à une révolution démocratique réprimée dans le sang, et auquel il a présenté «au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel» ses sincères félicitations ainsi que ses «meilleurs vœux de santé et de bonheur pour vous-même, de progrès et de prospérité continus pour le peuple yéménite frère».

Dans ce message adressé jeudi à l’occasion des 21 ans de réunification du Yémen, le chef de l’Etat algérien a fait part au dictateur yéménite de sa «détermination à continuer à œuvrer avec vous pour le développement des relations de fraternité et de coopération qui lient nos deux pays dans l’intérêt des deux peuples frères». Alger, autrefois la «Mecque des révolutionnaires », carrefour des rebelles du monde en ébullition, Alger aujourd’hui interdite aux marcheurs et aux amoureux, aux rêves et aux légendes, Alger cité d’un vieil instant d’euphorie, tend la main en cette année 2011, aux dictateurs bousculés par leurs peuples. Ce n’est pas la première fois que le pouvoir est surpris dans cette position hostile aux révolutions arabes.

Les officiels algériens, par la voix de Daho Ould Kablia sur France 24, et Mourad Medelci dans la presse internationale, ne cachent plus leur inquiétude devant le processus démocratique dans les pays voisins. Dernier en date, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui vient d’accorder un entretien au quotidien arabophone Echourouk et qui le dit franchement : «Les rebelles libyens étaient les premiers à nuire à l’Algérie. Je pense que s’ils parviennent au pouvoir en Libye, les relations entre les deux pays seront tendues et instables». Avant lui, dans son discours du 15 avril, Bouteflika a clairement réaffirmé cette ligne. «L’Algérie suit, naturellement, les mutations en cours sur la scène internationale, particulièrement celles survenues dans certains pays arabes. Face à cette situation, l’Algérie réaffirme son attachement à la souveraineté des pays frères et à leur unité, son rejet de toute ingérence étrangère et son respect de la décision de chaque peuple découlant de sa souveraineté nationale.»

Deux jours auparavant, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et représentant personnel du président de la République, a tenté de minimiser l’ampleur des révoltes populaires dans les pays arabes. Des révoltes qui ont déjà entraîné la chute, et accessoirement le jugement, de deux dictateurs, Hosni Moubarak et Zine Al Abidine Ben Ali, en Égypte et en Tunisie.

«En Algérie, nous avons une haute idée de la révolution. La révolution doit avoir des objectifs et une direction», a déclaré le chef du FLN. Belkhadem, lui, s’est ouvertement attaqué à l’opposition libyenne. Les opposants libyens ont fait appel à l’Otan pour massacrer leurs frères. Nous, nous avons combattu l’Otan», a-t-il déclaré lors de l’émission «Hiwar Essaâ» («Débat de l’heure »), diffusée mercredi 13 avril sur la chaîne A3 de l’ENTV. Le premier responsable du FLN, qui n’a, à aucun moment, évoqué ces exactions des proches de Kadhafi, s’est attaqué aux insurgés libyens qui ont parlé de l’existence de «milices algériennes» aux côtés des milices du tyran de Tripoli.

Pourquoi cette stratégie ?

Tout cela traduit un affolement du pouvoir. C’est que le régime d’Alger se découvre soudainement seul. Il est désormais isolé dans le Maghreb. Les révolutions arabes l’ont mis à nu. Il apparaît comme la seule survivance de l’ancien monde au Maghreb, après l’annonce par le roi du Maroc Mohamed VI d’une réforme globale de la Constitution qui octroiera plus de pouvoirs au Parlement et au Premier ministre ; après la révolution démocratique en Tunisie et en Égypte et l’insurrection libyenne contre la dictature de Kadhafi. Bouteflika fait figure de dinosaure dans un Maghreb en marche vers les libertés. L’image de Moubarak tremblant et incarcéré dans une cellule médicale au Caire provoque la panique chez les dirigeants algériens. Belkhadem reconnaît, mercredi 13 avril, que les mouvements de protestations qui secouent actuellement l’Algérie risquent d’avoir des «conséquences politiques ».

Cette peur est nouvelle. En décembre, Belkhadem estimait à propos des émeutes : «Ces contestations sont un phénomène normal et habituel. En 2010, plus de 5 000 protestations ont été enregistrées à travers le pays.» Et d’ajouter : «Seule l’opposition a donné un caractère politique à ces contestations.» Alors qu’à propos de ce qui se passe dans les pays arabes, il a indiqué que «nous ne sommes pas à l’abri». Belkhadem a plaidé, à l’occasion, pour «la prise en considération de ces revendications, ne serait-ce que par le débat dans certains cas» car «tant que ces mouvements restent dans le cadre pacifique, il est possible de traiter les revendications qu’ils véhiculent».

Les buts inavouables

Tout ça pour dire que le pouvoir algérien veut faire en sorte que se reconstituent les conditions «régionales » du règne hégémonique. Pour l’heure, le pouvoir cherche à gagner du temps, guettant la première occasion pour rétablir les conditions internes et externes de sa survie. Jusqu’où ira-t-il pour rétablir l’ancienne figuration du Maghreb dictatorial, où il est à l’aise ? Ici commence le jeu dangereux. Il y a eu la question des mercenaires . Un porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères avait démenti dès le dimanche 10 avril les informations concernant une implication de l’Algérie dans une opération de mercenariat en Libye.

Paris et Washington guettent

Tout cela expose le pays à de bien sombres périls. La France a officiellement interrogé le ministre algérien des Affaires étrangères. Mourad Medelci a eu lundi un entretien téléphonique avec son homologue français Alain Juppé. Selon ce dernier, le chef de la diplomatie algérienne a démenti que son pays ait apporté de l’aide militaire au régime de Mouammar Kadhafi. «J’ai eu un entretien très cordial avec mon homologue. Je lui ai dit “voilà, il y a des informations qui circulent selon lesquelles Kadhafi aurait reçu plusieurs centaines de véhicules armés et transportant des munitions en provenance d’Algérie”», a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec l’Association de la presse diplomatique française. Avant d’ajouter : «Je lui ai posé la question et il m’a assuré que (…) ce n’était pas vrai.»

Le communiqué diffusé un peu plus tôt par l’agence de presse algérienne APS ne mentionnait pas cet aspect de la discussion. Le ministère algérien des Affaires étrangères annonce que le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci «s’est entretenu lundi au téléphone avec son homologue français, Alain Juppé». On sait que le ministère français des Affaires étrangères a réagi, vendredi 15 avril, aux informations faisant état de la présence en Libye de mercenaires étrangers. Bernard Valero, porte-parole du Quai d’Orsay, a qualifié de «graves» ces accusations. Une semaine plus tard, c’est Washington qui demande des explications, en convoquant pratiquement le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Le ministre algérien a assuré à Washington que la position du gouvernement algérien respectait «scrupuleusement» les deux résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité, rejetant ainsi les accusations de l’opposition libyenne sur une coopération militaire avec les forces du colonel Kadhafi. Rien ne dit qu’il a persuadé ses hôtes.

Barack Obama, qui a prononcé ce jeudi 19 mai un discours très attendu sur la situation dans le monde arabe à la lumière des révoltes démocratiques, a eu des mots durs envers l’Algérie, sans la citer. Le président américain a fait remarquer que «deux chefs d’État ont déjà été renversés, et d’autres pourraient suivre». Barack Obama a beaucoup parlé de la Tunisie, de l’Égypte et même du Maroc, pays qui devraient bientôt bénéficier d’une série de mesures financières visant à aider à leur développement économique. Mais il n’a pas évoqué la situation en Algérie. Mais il y a fait allusion lorsqu’il a évoqué des pays riches en ressources naturelles mais qui ne profitent pas à tout le monde. C’est tout dire…

Hani Mosteghanem
 
mercredi 18 mai 2011
 

De quoi a besoin l’Algérie? Vivre ensemble et un cap pour le futur













«Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.» Jean Jaurès (Juillet 1903)

La parution d’un ouvrage magistral : «Le développement économique de l’Algérie» aux Editions Casbah par un groupe d’experts algériens vivant à l’étranger ( Canada, France) en collaboration avec des spécialistes à demeure, me donne l’opportunité à mon tour de contribuer modestement, au débat en apportant un éclairage complémentaire. Cet ouvrage riche de plus de 600 pages sous la direction de Taëb Hafsi professeur à HEC Montréal fait le point de l’état de l’art en la matière convoquant tour à tour les expériences algériennes- d’une façon me semble-t-il incomplète- et ce qui se passe dans le monde. Pas moins de 17 contributions sont recensées toutes aussi généreuses et honnêtes scientifiquement les unes que les autres et tentant de présenter des points de vue visant à sortir l’Algérie des temps morts actuels.

Mon sentiment est qu’il ne faille pas comme on dit simplement «jeter le bébé avec l’eau du bain». Mon analyse portera sur des faits. Je vais articuler mon plaidoyer sur ce que j’appelle sans qu’elles soient exhaustives, les trois errances: l’errance identitaire, l’errance dans le système éducatif, et l’errance dans le pompage frénétique du pétrole. Cependant, tout n’est pas noir; il faut mettre à l’actif objectivement plusieurs avancées, notamment dans le domaine social comme la construction de millions de logements, la construction d’une cinquantaine de barrages, l’électrification des régions du pays et le bourgeonnement quantitatif et non qualitatif de milliers d’école (plus de trente mille) de près de 3000 lycées, et d’une université par wilaya. Tout ceci dans un contexte faste pour la rente; en 10 ans l’Algérie a engrangé plus de 400 milliards de dollars fruit immérité de la Providence divine...


Et pourtant, le pays peine à se déployer, il ne créé pas de richesse. Nous sommes un petit pays qui se cherche, nous sommes un pays rentier qui n’invente rien, qui se contente de gérer une rente et en tentant de calmer la société par une distribution de biens, accentuant encore plus la certitude que dans ce pays, il ne faut pas travailler pour réussir socialement, il faut faire des émeutes. La mal-vie est là, le désespoir prend la forme des harraga de l’émeute ou du maquis.

Notre développement ne se mesure pas à l’aune des 4x4 rutilants pour des richesses qui ont jailli du néant, avec on l’aura compris, plus de 3 milliards de dollars pour les 3 millions de voitures importés sans aucune retombée en termes d’emplois si ce n’est des showrooms destinés à faire baver d’envie les Algériens qui se saignant aux quatre veines, crédit à la consommation ou pas, pour acheter un véhicule et ceci entre autre pour conjurer la malédiction des transports publics dont le dernier avatar, le tram a refusé de démarrer le jour de l’inauguration de quelques tronçons, ni même au portable accroché à l’oreille avec l’invite à bavarder avec à la clé une hémorragie de 2 milliards de dollars par an pour le pays. Ce n’est pas cela le développement. Il me semble que trois questions structurent notre futur: d’où venons-nous? Quelle éducation devons-nous donner à nos enfants, quel système éducatif dans son ensemble devons-nous, toute affaire cessante, contribuer à construire? Quel est notre avenir énergétique dans un contexte chaotique où l’AIE prévoit des guerres pour l’énergie, qui sont déjà là. Nous ne serons pas épargnés Pourquoi sommes-nous en panne malgré ces «réalisations» et sommes-nous si fragiles à la fois sur le plan existentiel et sur le plan économique et social?

Pour une identité et une histoire trois fois millénaire assumée

Pour commencer avec l’identité. Depuis près de six mois, le microcosme politique s’agite pensant profiter de la dynamique de la révolte tunisienne dont on sait qu’elle n’a pas débouché sur le jasmin tant attendu. Au contraire, c’est encore l’incertitude dans ce pays qui est en train de vivre avec 23 ans de décalage nos interrogations sur le projet de société qui consiste à mettre le cap sur une sécularisation qui doit fatalement aboutir rapidement sur les conquêtes de la société dite du plaisir fournie par une mondialisation sans état d’âme qui est là pour prévenir tous les désirs du consommateur pourvu qu’il ait de l’argent pour payer. On l’aura compris, ce projet de société est à des années-lumière de celui qui met le cap sur le salaf (le retour à la pureté originelle).

Ce dilemme que nous n’avons toujours pas résolu et pour cause, oppose toujours en Algérie, deux visions du monde. Celle d’une laïcisation débridée et celle d’un cap sur le Moyen Age. C’est une lutte sourde du fait que nous n’osons pas aborder les problèmes d’une façon sereine et du fait aussi que chaque camp reçoit d’une façon ou d’une autre des appuis externes; c’est soit un arabisme débridé des métropoles moyen-orientales dont on connaît les limites soit une métropole occidentale qui nous encourage, qu’on le veuille ou non, à nous atomiser. Le résultat des courses est que la «‘accabya» est toujours à l’honneur, même la révolution n’y échappe pas, l’ancien président de la République vient d’asséner ses vérités, il n’y a que lui qui a fait la Révolution, les autres au mieux n’ont rien fait, au pire ont été des régionalistes voire des traîtres!


Quelle histoire devons-nous apprendre à nos enfants si nous ne sommes pas d’accord sur les fondamentaux? Quand on pense aux mythes fondateurs de l’histoire de France, Asterix, Clovis, Dagobert, Jeanne d’Arc qui pour certains amènent à questionnement; quand on pense de même aux mythes fondateurs à titre d’autre exemple du Canada, avec les racines françaises, la feuille d’érable comme symbole, voire le Vive le Québec libre», nous n’avons pas pour notre part à mythifier notre histoire. 18 siècles avant la venue de l’Islam, il y avait un peuple qui avait une histoire. Massinissa battait monnaie quand l’Europe était encore dans les grottes, quant à Jacques Cartier - pour la partie française -, il n’avait pas encore «découvert» les peuples canadiens qui étaient là depuis la nuit des temps... Nous devons réconcilier notre peuple avec son histoire que nous devons assumer avec ses heurs et malheurs.

La dernière révolution (1954-1962) s’inscrit dans une longue lignée de révolte, elle a eu l’immense mérite d’avoir soudé les Algériens du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest n’en déplaise aux diviseurs de tout poil. L’histoire devra être écrite et ne pas être prise en otage par ce qu’on appelle la famille révolutionnaire - gardienne du Temple - donnant à penser que les autres n’ont pas droit au chapitre, ce qui a amené à la constitution d’une véritable satrapie qui a ses règles de cooptation, de prise en otage du pouvoir et naturellement de répartition de prébendes et de privilèges en tout genre à telle enseigne que cinquante ans après l’Indépendance, on parle encore d’enfants de chouhada voire d’enfants de moudjahid dont on peut s’interroger sur la valeur ajoutée à titre personnel!

Maintenant que nous avons essayé toutes les thérapies mortifères allant du socialisme scientifique au socialisme de la mamelle, de l’ouverture économique débridée à la tentation du califat, le moment est venu pour un projet de société consubstantielle de l’identité. Nos enfants devraient apprendre une Histoire de l’Algérie qui ne zoome pas sur les pulsions malsaines du moment mais qui soit oecuménique. Comment tenir à ses repères identitaires et religieux sans en faire un fond de commerce? La cohésion de la société algérienne «ce désir d’être ensemble» pour reprendre l’expression de Renan est à ce prix. Nous sommes en pleine errance identitaire. C’est là tout le défi de l’éducation qu’il sera nécessaire de revoir fondamentalement pas sous la forme d’un tsunami mais d’une façon soft où la force de persuasion permettra l’adhésion du plus grand nombre. C’est là qu’intervient justement, le système éducatif objet de ma deuxième attention dans cette réflexion.


Pour un système éducatif en phase avec la marche du monde

Du point de vue quantitatif, le compte y est, mais pour l’aspect qualitatif, nous allons partir de très loin pour mettre en place une école qui ne fait pas dans l’exclusion, qui apprenne à l’élève avant la sixième à lire, écrire et compter dans un environnement de plus en plus formaté par les médias, l’Internet et l’ordinateur. Qui empêche l’Algérie de mettre en place un plan Marshall de l’informatique dans les écoles à l’instar du Brésil, de la Turquie avec un programme adapté et l’achat de millions de laptops basiques que l’on pourrait même «monter en Algérie» et créer ce faisant, de la richesse. Le coût moyen varie de 20 à 80 euros C’est là que je verrais sincèrement l’apport scientifique de nos nationaux expatriés qui peuvent aider le pays soit en contribuant dans le cadre d’un fonds de soutien soit en amenant une expertise pour la mise en place des meilleurs programmes. L’invitation est lancée. S’agissant de l’enseignement supérieur, le fait de bourgeonner en mettant une université par wilaya est une erreur outre le fait que l’encadrement qualitatif est marginal, cette vision ne contribue pas au brassage des jeunes de toutes les régions.

L’élève va de l’école à l’université dans sa région; ceci est mortel pour le vivre-ensemble. Le brassage comme le faisait le Service national, est nécessaire. En ce qui concerne la formation technologique, il nous a été donné de protester contre l’extinction de la formation d’ingénieurs et de techniciens remplacés par un ersatz appelé LMD. L’Université algérienne devra, si elle ne veut pas rater encore le développement technologique du pays d’une façon irréversible, réhabiliter la formation d’ingénieurs et de techniciens par milliers. L’acharnement, contre l’Ecole nationale Polytechnique est incompréhensible; au lieu de multiplier les Ecoles polytechniques, on démolit insidieusement l’une des dernières défenses immunitaires du pays Le destin technologique du pays, qui repose sur ses élites, doit se décider en Algérie. Il serait tragique que la formation des hommes soit sous-traitée à l’extérieur. J’en appelle clairement à la remise sur rails, avant qu’il ne soit trop tard, de la formation technologique dans le pays, en réhabilitant la discipline des mathématiques, des mathématiques techniques, en revoyant fondamentalement la formation professionnelle, et naturellement en redonnant à la formation d’ingénieurs ses lettres de noblesse.

Dans la cacophonie actuelle, ce qui restera dans le futur, ce sont les hommes et les femmes bien formés, fascinés par le futur et dont l’Algérie aura besoin Le destin de l’Algérie se jouera assurément dans cette génération, ne la ratons pas!

Pour une stratégie énergétique qui tourne le dos à la frénésie actuelle

Le troisième volet de mon intervention concerne l’errance énergie. L’Algérie étant mono-exportatrice d’hydrocarbures Quand Boumediene, avait un jour de février 1971, déclaré «Kararna taëmime el mahroukate» ce n’était pas en vain, il y avait un cap, une prise en main par l’Algérie de son destin pétrolier. Qu’en reste-t-il actuellement. Selon les données de l’AIE, nous avons dépassé le peak oil mondial en 2006 à la même période que l’Algérie. Le peak oil du gaz au rythme de consommation actuel, serait autour de 2030, celui du charbon deux décennies. Sans vouloir jouer les pythies, l’avenir est sombre. Nous aurons droit à des guerres de l’eau, des guerres pour la nourriture du fait des détournements des cultures pour les biocarburants [Un plein d’essence de biocarburant aux Etats-Unis, est équivalent à 225 kilos de maïs, soit de quoi nourrir un Sahélien pendant une année]. Nous aurons droit à des sécheresses récurrentes, aux avancées des déserts.


Enfin, le point d’orgue est que la guerre pour l’énergie décrivait en creux le conflit de civilisations. Comment alors l’Algérie devra-t-elle s’orienter vers une consommation non carbonée tout en optimisant ses ressources? Comment passer de l’ébriété énergétique actuelle à la sobriété énergétique seule garante d’un développement durable? Dans une étude réalisée à l’Ecole Polytechnique et que nous avons présentée le 16 avril 2011 dans le cadre de la 15e Journée de l’énergie, nous avons montré que la stratégie du fil de l’eau adossée à une stratégie énergétique multisectorielle doit impliquer la société, les départements ministériels, bref, un plan Marshall décidé par l’Etat qui doit impérativement reposer sur l’adhésion de tous, de l’écolier pour en faire l’éco-citoyen de demain, à l’imam qui, dans ses prêches, doit parler du développement durable...

Le plan énergie renouvelable, bien qu’incomplet parce qu’il n’est pas adossé à une stratégie énergétique d’ensemble, a besoin de milliers d’ingénieurs et de techniciens. Le formidable réseau de compétences expatriées est une chance pour le pays si on sait y faire. Partant du postulat que le nationalisme, voire l’amour du pays, n’est le monopole de personne ni des partis politiques ni des hommes, les nationaux expatriés, qui pour des raisons diverses ont été amenés à quitter un pays à feu et à sang dans les années 90 voire plus tôt, ont un devoir: celui de contribuer à la mise en place d’une Algérie débarrassée de la malédiction du pétrole. Il nous faut d’abord en Algérie un cap. L’apport de nos élites expatriées sera d’autant plus pertinent que nous l’avons élaboré ensemble en tenant compte de la réalité profonde. Cependant, le pouvoir doit cesser d’opposer - pour régner- les élites restées à demeure et qui ont contribué à ce que l’Algérie reste debout en entretenant chacun à sa façon qui de la flamme de la science, qui de l’outil de production, qui du fonctionnement quasi normal des institutions d’un système éducatif seule ceinture de sécurité quand la rente ne sera plus là. Je ne crois pas à la perrenité de l’apport des turbo spécialistes.

L’embellie pétrolière est indépendante de nos efforts. Mieux encore, depuis quelque temps, on agite un nouveau somnifère, les gaz de schiste au moment où de par, le monde on se mobilise pour en interdire l’exploitation, les députés français viennent de le faire, nous on autorise des compagnies étrangères à le faire allant ainsi vers un carnage écologique. Le message liminaire de cette annonce est le suivant: «Dormez braves gens, la manne pétrolière et peut être «schistière» veille sur votre sommeil, ne pensez pas, dépensez.» Il ne faut pas se faire d’illusion: Seuls la sueur, l’endurance, le travail bien fait, l’écoute et la nécessité que chacun rende compte et soit comptable de ses actes pourraient faire redémarrer l’Algérie.

En définitive, il nous faut retrouver cette âme de pionnier que l’on avait à l’Indépendance en mobilisant, quand il y a un cap. Imaginons pour rêver que le pays décide de mettre en oeuvre les grands travaux autrement que de les confier aux Chinois et Japonais, sans sédimentation ni transfert de savoir-faire, il mobilisera dans le cadre du Service national, véritable matrice du nationalisme et de l’identité, des jeunes capables de faire reverdir le Sahara, de s’attaquer aux changements climatiques, d’être les chevilles ouvrières à des degrés divers d’une stratégie énergétique qui tourne le dos au tout-hydrocarbures et qui s’engage à marche forcée dans les énergies renouvelables. Pour cela, seul le parler-vrai, le patriotisme, la fidélité aux valeurs nous permettront enfin de bâtir une Algérie qui sortira de la malédiction de la rente pour se mettre au travail.


Pr Chems Eddine CHITOUR

Ecole Polytechnique enp-edu.dz






 
dimanche 15 mai 2011
 

«Que Dieu maudisse la

démocratie !»


Par Kamel Daoud du Quotidien d'Oran

C’est la sentence du représentant du Belkhadem lui-même représentant du Bouteflika. En quelle circonstance ce slogan du IIIème Reich a été décidé ? Lors d’une rencontre des tribus «khadaffistes» à laquelle a été le FLN, ce 08 mai, parti là-bas pour soutenir un homme qui tue les siens au nom des siens. Il fallait écouter ce discours pour comprendre qu’il s’agit là de la pensée profonde des «nôtres», de notre Pouvoir, de ce qu’il n’ose pas dire en public, face aux Puissances. Un vrai discours Zenga Zenga, étonnant et surtout choquant: celui qui le prononçait sous la tente de ses amis, parlait au nom de nous, tous, du pays et de ceux qui y vivent et y pensent différemment. Bouguetaya parlait avec la conviction qu’a le FLN d’être le propriétaire du pays et de la ferme nationale postcoloniale qu’il possède parce que c’est son butin et son histoire personnelle.
L’envoyé de l’envoyé n’a pas parlé d’Iman Obeidi, des milliers de libyens tués par le Rat de Tripoli, des bombardements, des tortures, des blindés, des snipers contre des gens nus qui demandaient seulement la liberté, le droit d’élire et de contrôler leurs vies et leurs gisements. Non, cela ne le concernait pas. Comme en Octobre 88. Le plus important est de soutenir le frère jumeau, qui lui ressemble tant, le Guide vers le Chaos, le tueur et ses fils. Le cri était au « nous sommes avec vous » et gloire à vos martyrs, c’est-à-dire mercenaires. Pas ceux qui tombent en combattant pour la liberté de leur pays mais ceux qui sont payés en dollars pour s’habiller en vert. Une honte simplement ! Cet homme a le droit de soutenir Hitler s’il le veut mais ce qui était blessant, c’était de le voir parler en notre nom, avec cette langue morte des siens qui mêle droit féodal, anticolonialisme commerçant, appelle à l’unité arabe mais par le club des dictatures, harangue des foules assises et anti-impérialisme au nom de la contre-croisade.
Un pur condensé d’aveuglement qui juge les gens qui combattent pour leur liberté comme des criminels et des harkis ! que c’était donc triste d’écouter cet homme et de voir qu’on peut encore parler en notre nom et aller applaudir des confrères hallucinés avec notre drapeau et se proclamer de nos martyrs. Que c’était douloureux de ne pas pouvoir dire à cet homme que si nos martyrs étaient vivants, ils seraient à Benguazi et pas sous la tente de celui qui lui offre le repas et pas membres de l’actuel FLN! On interdit aux algériens de dire qu’ils peuvent parler au nom de leur pays ici, dans leur propre pays, et envoi des apparatchik, réélus en cycle depuis l’adolescence de Boumediene, parler au nom des morts et des vivants là-bas. Non donc ! Pas en mon nom. Je garde le mien propre, fervent pour les révolutions, sympathisant des sacrifices, dans la langue de ma mère, ni pour la France ni contre elle, debout contre le vent qui s’écrase, les mains propres et le CV sans compromis ni fraude électorale !
La Libye, je la soutiens, avec le cœur et l’épaule, dans son drame, contre son Rat et ses fils et je le dirais avec ma voie haute, avec mon argent, sans que personne ne me paye le voyage ni me donne le couscous. En temps troubles, les gens comme vous Bouguetaya sont nombreux mais comme des bulles de savons : Le Rat mourra et vous serez seul face à vous-même et vous vous jugerez malgré vous pour ces paroles prononcées sous la tente de votre hôte, à l’heure où d’autres meurent pour avoir droit à une parole meilleure que la vôtre. Non Bouguetaya, les gens ne sont pas avec l’OTAN, ni avec la France. L’Otan, c’est votre ami le Rat de Tripoli qui l’a amené sur les terres libyennes, lui et ses fils et les gens qui le soutiennent. C’est lui qui tue les libyens, les viols et veut diviser le pays en deux, une ferme pour lui et ses fils, et un coin pour ses serfs. C’est lui qu’il faut juger pour crime et trahison. Maintenant on a presque une réponse à la question du y-a-t-il vraiment de mercenaire algérien en Libye. On les a vus et entendu.

 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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