Elections en Tunisie: un scrutin historique et une réussite pour tous les Tunisiens
Aujourd'hui,
lundi 24 octobre, la presse tunisienne et européenne était unanime à
saluer le "triomphe" de la
démocratie, au lendemain d’un scrutin historique dans le monde
arabo-musulman. La participation massive (plus de 90% dans la plupart
des bureaux de vote) a fait du premier scrutin clé du
"printemps arabe" une "fête électorale". Experts et citoyens
semblent unanimes pour affirmer que, quels que soient les résultats du
vote, les Tunisiens ont déjà gagné.
Comme l’affirme dans le Journal du Dimanche d'hier l’entrepreneur tunisien Lotfi Bel Hadj, « tous les Tunisiens sortiront
vainqueurs » du scrutin du 23 octobre.
«
Pour la première fois, la Tunisie va décider librement d’un destin
nouveau qu’elle a commencé à imaginer et à rêver aux
premières aubes du soulèvement de janvier dernier. » ajoute-t-il. Ce
libre choix, après de longues années de dictature, est déjà en soi une
victoire historique.
Les
électeurs ont participé massivement à un pluraliste, démocratique et
transparent. "La participation est phénoménale.
Partout dans les villes comme dans les campagnes, les Tunisiens ont
massivement voté, a constaté Isabelle Mandraud, envoyée spéciale du
Monde en Tunisie. Tous les partis, sans exception, ont
mobilisé leur électorat".
Les débats, dominés par le parti conservateur Ennahdha, ont été souvent virulents et c’est normal, car «
nous
faisons l’apprentissage du désaccord, un mot auparavant interdit et
dont nous avions une peur irraisonnée. L’échange, même vif, est
nécessaire, il est salvateur, il est fécond. » précise
Lotfi Bel Hadj. La Tunisie découvre les clivages politiques, les négociations, les oppositions, bref, la vie démocratique.
Le
parti Ennahdha est le grand favori du scrutin et s'attend à obtenir
"environ 40 % des voix", a déclaré lundi Samir
Dilou, membre du bureau politique du parti. Ce mouvement, interdit
sous Ben Ali, est présenté par ses opposants comme un parti islamiste.
Ses dirigeants, eux, se réclament davantage de l’AKP du
premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.
Derrière
Ennahda, le mouvement Ettakatol (gauche) de Mustapha Ben Jaafar et le
Congrès pour la République (CPR, gauche
nationaliste) de Moncef Marzouki se disputent la deuxième place.
«Nous aurons autour de 15% des suffrages, ce qui se traduirait par un
minimum de 30 sièges selon des statistiques à l'échelle
nationale, pressent Khalil Zaouia, n°2 d'Ettakatol. «On espère être
les seconds», déclare Moncef Marzouki, dirigeant du CPR crédité de 15 à
16% des suffrages.
Les
résultats définitifs doivent être annoncés mardi par la commission
électorale indépendante Isie. L'assemblée
constituante élue devra ensuite rédiger la nouvelle constitution
tunisienne et désigner un nouveau président de la République. Celui-ci
sera chargé de former un exécutif jusqu'aux prochaines
élections générales, prévue une année plus tard.
Dans
tous les cas, ce scrutin a été une réussite pour tous les citoyens et
tous les partis politiques. « Les hommes et les
femmes qui auront la charge de dessiner l’organisation politique du
pays seront tous gagnants, parce qu’ils seront tous gardiens et
gardiennes de la valeur cardinale pour laquelle les Tunisiens
se sont révolté : la liberté. Et c’est tout ce qui compte,
aujourd’hui. » explique Lotfi Bel Hadj.
Les dirigeants mondiaux ne sont d’ailleurs pas trompés. Ainsi, Barack Obama, premier chef d’Etat à réagir, a félicité
"les millions de Tunisiens qui ont voté pour la première
élection démocratique du pays qui a changé le cours de l'Histoire et
lancé le printemps arabe. […] Aujourd'hui, moins
d'un an après avoirinspiré le monde, le peuple tunisien a effectué un important pas en avant
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