Manhattan Transfer: Au cœur du sanctuaire américain
Retour sur le 11 septembre 2001, dix ans après
Manhattan Transfer: Au cœur du sanctuaire américain
René Naba | 09.09.2011 | Paris
“L’Islam ne fait-il pas peur parce qu’il est proche et que cette proximité réveille des fantômes?
Il est un « autre » à part, né de la même matrice abrahamique, héraut du
même monothéisme révélé qui n’a cessé, depuis des siècles, de mettre
des absolus en concurrence autour de la Méditerranée et de ses marches.
Il est capable du même totalitarisme messianique dont se rendit coupable
en son temps la chrétienté et que l’on retrouve aujourd’hui en Israël,
et porte une prétention – bien familière aux Occidentaux – à fournir aux
régions dans lesquelles il est majoritaire une sorte d’universel de
rechange puisant sa légitimité dans le champ religieux. Au terme d’une
lente sécularisation, l’Europe chrétienne troqua le messianisme
évangélique pour celui du progrès. En terre d’Islam, le processus
commence à peine (…) Les Occidentaux mesurent le pouvoir de telles
mobilisations messianiques (…) Il n’est pas sûr, hélas, que le
bombardement de l’Afghanistan les désamorce.”
«Les belles paroles de l’Occident»,
Libération, 24 octobre 2001, Sophie Bessis, auteur d’une remarquable
critique du modèle occidental de civilisation (L’Occident et les autres.
Histoire d’une suprématie, La Découverte, Paris, 2001).
Manhattan Transfer: Au coeur du sanctuaire américain
Comparable par son retentissement et sa
portée symbolique au sac de Jérusalem (1099) et de Constantinople
(1204), dont il constituerait dans l’imaginaire du fondamentalisme arabo
musulman sa réplique millénaire, le «mardi noir» américain du 11
septembre 2001 n’est pas le détonateur de la première guerre moderne du
XXI me siècle, mais le dernier avatar colonial du XX me siècle et les
bombes humaines volantes qui ont percuté les symboles économiques et
militaires de l’hyper puissance américaine, -le Pentagone à Washington
et les tours jumelles du World Trade Center à New York-, n’étaient pas
propulsées par du kérosène mais par près d’un siècle de spoliations,
d’humiliations et de frustrations accumulées depuis la promesse Balfour.
N’en déplaise aux spécialistes
occidentaux, le terrorisme ne résulte pas d’une création ex-nihilo. Il
ne constitue pas non plus un phénomène sui generis. Il se nourrit des
meurtrissures et des flétrissures, de l’impasse du désespoir magnifié
par une exaltation sacrificielle. Ce n’est jamais de gaieté de coeur
qu’un adolescent à l’aube de sa vie se ceinture à la dynamite pour se
faire déchiqueter par une explosion ou qu’un père de famille
universitaire diplômé d’études supérieures se dévoue à un patient
apprentissage du pilotage aérien pour se percuter sur un immeuble, si
prestigieux soit-il, si grisante soit cette perspective.
Au même titre que d’autres continents,
l’Occident a engendré des monstres, tel Hitler, et la défense du «Monde
Libre» ne relève pas de son apanage exclusif. Elle participe également
de la contribution des peuples du tiers-monde, asiatiques, arabes,
africains, toutes religions confondues, dont plusieurs dizaines de
milliers ont combattu aux côtés des Européens et des Américains contre
les tyrannies du XX me siècle. A cet égard, Verdun et Monte Cassino
constituent autant de victoires alliées que de victoires arabes ou
africaines.
Alors qu’un prurit belligène s’est
emparé à nouveau des pays occidentaux, en Afghanistan, en Irak ou en
Libye, attisé par les spectaculaires et meurtriers attentats
anti-américains, -qui ont fait selon le décompte officiel près de 3 000
morts ou disparus,- il peut paraître judicieux de rappeler que le monde
arabo musulman a fourni près de 1.2 millions de combattants au cours des
deux guerres mondiales, dont 53. 000 ont trouvé la mort sur les champs
de bataille de la Marne et d’ailleurs pour la Libération de la France,
leur colonisateur de l’époque (1), et, que près de 800 Maghrébins du
«Régiment de marche Nord-africain de Paris», relevant de la 2me division
blindée du Général Leclerc, ont participé à la bataille pour la
libération de la capitale française (2). Il en a été de même avec les
contingents indo pakistanais enrôlés pour la défense de l’Empire
britannique.
Héritiers de l’Europe et témoins
privilégiés de ses déboires, les Etats-Unis se sont portés à deux
reprises au XX me siècle au cours des deux guerres mondiales
(1914-1918/1939-1945) au secours des grandes démocraties européennes
avant de les supplanter en tant que puissance planétaire, sans toutefois
tirer profit des égarements coloniaux de leurs ancêtres européens.
Sur les débris du colonialisme français
et anglais, l’Amérique, soutenant les indépendances du Maroc et de
l’Algérie dans la foulée de la folle équipée tripartite
(anglo-franco-israélienne) de Suez, en 1956, a été accueillie en héros
par les peuples arabes, mais, au mépris des enseignements de l’Histoire,
elle a fondé son hégémonie sur une collusion avec les forces arabes les
plus conservatrices et des alliances contre-nature avec les principaux
ennemis du monde arabe, dilapidant ainsi son capital de sympathie par
une politique erratique illustrée par le combat implacable qu’elle a
menée contre le nationalisme arabe renaissant.
Pis, au plus fort de la guerre froide,
elle instrumentalisera l’Islam contre l’athéisme du bloc soviétique
faisant ainsi le lit de l’islamisme à la faveur d’un partenariat avec
l’Arabie saoudite, le plus conservateur des pays arabes, doublé d’une
collusion stratégique avec les puissances régionales hostiles au monde
arabe, la Turquie et Israël.
Présentée par la diplomatie américaine
comme un partenariat des grandes démocraties du Moyen-Orient, l’alliance
contre nature entre le premier état génocidaire du XX me siècle et les
rescapés du génocide hitlérien a été perçue par les populations de la
zone comme une opération de verrouillage du monde arabe par l’ancien
colonisateur ottoman des Arabes et l’usurpateur israélien de la
Palestine, tous deux promus, en la circonstance, au rôle de «chiens de
garde de l’impérialisme américain» et bénéficiant à ce titre, rien qu’à
eux deux, des deux tiers de l’aide militaire américaine à l’étranger
(3).
De surcroît, l’adhésion totale, absolue,
inconditionnelle et intangible aux thèses les plus extrêmes de
l’establishment politique et militaire israélien (Menahem Begin, Itzhak
Shamir, Ehud Barak, Ariel Sharon et Benyamin Netannyahou), malgré toutes
les concessions arabes et palestiniennes, finira par fragiliser
considérablement ses protégés et obligés arabes, à marginaliser le monde
arabe et à sécréter une profonde révulsion à l’égard de l’Amérique, un
pays qui présente pour ses contempteurs le double inconvénient d’être à
la fois le protecteur d’Israël et des régimes déconsidérés arabes.
Que les maîtres d’oeuvre des attentats
du 11 septembre se soient recrutés dans leur écrasante majorité au sein
de la nouvelle bourgeoisie saoudienne (quinze des dix neufs opérateurs
étaient de nationalité saoudienne) donne la mesure de la cécité
politique américaine et de l’échec cuisant d’une politique fondée sur
une occidentalisation forcenée de l’Arabie Saoudite. Une politique
concrétisée par l’affectation d’un crédit annuel d’un milliard de
dollars de bourses scolaires à 150.000 étudiants saoudiens des
universités américaines visait à préserver une durable influence
culturelle américaine sur le Royaume Wahhabite. Elle n’a finalement
abouti, paradoxalement, qu’à le consolider dans son rôle de bastion du
fondamentalisme islamique (4).
Une diplomatie de la canonnière et la
négation des profondes aspirations des peuples autochtones dans la plus
pure tradition coloniale européenne ont fini par générer une réplique
matérialisée par l’usage de l’arme de la terreur dans un combat
asymétrique développant à son paroxysme une culture de la mort avec pour
objectif, tant à New York, qu’à Washington, qu’en Israël Palestine ou
ailleurs, une déstructuration de l’adversaire à défaut de sa
destruction.
Telle est du moins l’une des
explications au déchaînement de violence sans précédent contre les
objectifs américains dont le Moyen-Orient d’abord, puis l’Afrique, enfin
le sanctuaire national (Homeland) américain, ont été, depuis deux
décennies le théâtre, que cela soit à Beyrouth, contre la chancellerie
et le P.C. américains en 1983-1984, à Khobar et à Riyad, contre des
bases américaines en Arabie Saoudite en 1995, à Dar es-Salam (Tanzanie)
et à Nairobi (Kenya), contre les ambassades américaines dans ses deux
capitales africaines en 1998, ou encore au large des côtes yéménites
contre un bateau de guerre le «USS Cole» en 2000 et enfin à Washington
et New York en 2001.
Au nom de la realpolitik, les Etats-Unis
ont lié leur sort régional au régime politique le plus antinomique du
système américain. Pacte fondateur d’un partenariat stratégique scellé
entre deux pays qui ont tout de même le point commun d’être codétenteurs
du record mondial des exécutions capitales, le “Pacte du Quincy” (5)
s’est révélé être, lui aussi, une alliance contre nature entre une
puissance qui se veut la plus grande démocratie libérale du monde et une
dynastie qui se revendique comme la plus rigoriste monarchie
théocratique du monde.
Conclu en février 1945 entre le
président Franklin Roosevelt et le Roi Abdel Aziz, à bord du croiseur
américain Quincy, ce pacte a assuré la stabilité du ravitaillement
énergétique mondiale et la prospérité économique occidentale, parfois au
détriment des intérêts des autres producteurs du tiers-monde, sans pour
autant donner satisfaction aux revendications légitimes arabes
notamment à propos de la question palestinienne.
En application de ce pacte, qui a donné
lieu aux plus invraisemblables dérives, l’Amérique a assumé un rôle
étymologiquement rétrograde, en négation avec les valeurs qu’elle
professe. Parangon de la démocratie et du libéralisme dans le monde,
elle s’est posée en «parrain» du royaume le plus hermétique de la
planète, s’opposant aux expériences de modernisation et de
démocratisation du tiers-monde, comme ce fut le cas, en Iran, en 1953,
lors de la nationalisation des installations pétrolières par le
dirigeant nationaliste Mossadegh, en Egypte, en 1967, contre le chef de
file du nationalisme arabe, Gamal Abdel Nasser, ou encore dans le pré
carré américain, au Guatemala, en 1954, et au Chili, en 1973, contre le
président socialiste démocratiquement élu Salvador Allende, renversé par
une junte militaire le 11 septembre 1973, curieusement à la date
anniversaire des attentats de Manhattan et de Washington, avec le
soutien actif des Américains.
Toujours en application de ce même
pacte, l’Amérique a décrété à la suite de l’invasion du Koweït en 1990
une mobilisation internationale contre l’Irak anéantissant pratiquement
ce pays jadis à l’avant garde du monde arabe, le maintenant en état
d’apoplexie, sous embargo près de douze ans après les hostilités,
nourrissant ainsi le procès de la partialité occidentale par sa
mansuétude à l’égard d’Israël, suscitant en contrepoint une volonté de
réhabilitation des peuples arabes et musulmans qui s’est confondue pour
beaucoup de militants islamistes avec une soif de revanche.
Don du ciel pour une infime minorité de
dirigeants et de privilégiés, le pétrole a surtout constitué une source
de convoitises pour les pays arabes et musulmans et une source de
malheur pour leur population, au point que par quatre fois en une
décennie (1980-1990), fait unique dans l’histoire, quatre armadas
occidentales se sont déployées au large du Moyen-Orient pour assurer la
sécurité du ravitaillement énergétique des pays occidentaux en brut
arabe, en 1982 au large de Beyrouth, lors du conflit libanais, en 1986,
le long du golfe arabo-persique durant le conflit irako iranien, en
1990-1991, contre l’Irak, de nouveau en 2003, contre l’Irak.
Depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale, les Etats-Unis ont procédé à leur déploiement géostratégique
selon la configuration de la carte de l’Amiral Harrison conçue en 1942
en vue de prendre en tenaille la totalité du monde eurasiatique.
En application de la «théorie des
anneaux maritimes», ils ont ainsi articulé leur présence sur un axe
reposant sur trois positions charnières: le détroit de Behring, le Golfe
arabo-persique et le détroit de Gibraltar, en vue de provoquer une
marginalisation totale de l’Afrique, une marginalisation relative de
l’Europe et à confiner dans un cordon de sécurité un «périmètre
insalubre» constitué par Moscou-Pekin-Delhi-Islamabad, contenant la
moitié de l’humanité, trois milliards de personnes, mais aussi la plus
forte densité de misère humaine et la plus forte concentration de drogue
de la planète (6).
Si la guerre du Golfe en 1990-1991 a
permis aux Américains de prendre pied au coeur des principaux gisements
pétroliers de la planète, la guerre du Kosovo en 1999 leur a permis de
s’implanter au coeur de l’Europe centrale, particulièrement en Albanie,
longtemps considérée comme un bastion de l’orthodoxie communiste.
Dans le droit fil de leurs objectifs, la
guerre d’Afghanistan devraient leur permettre, sauf accident, de
parachever leur mission en prenant pied, pour la première fois de leur
histoire, dans le Caucase, plaçant l’Amérique au coeur du dispositif
énergétique mondial par sa mainmise sur le Golfe et son contrôle des
voies de ravitaillement du brut transcaucasien.
Face à ce premier conflit majeur du XXI
me siècle, l’Europe, qui se veut un des pivots du troisième millénaire,
s’est retrouvée prestement marginalisée par le duo anglo-américain,
discrète préfiguration de l’«Anglo-sphère», l’alliance Wasp (White
Anglo-Saxon Protestant), dont la mise sur pied est préconisée par les
disciples de Samuel Huntington, l’auteur du «clash des civilisations»,
en vue de constituer sous égide anglo-saxon un directoire des pays
relevant de la civilisation occidentale, de race blanche (29 pour cent
de la population mondiale) pour la direction du «monde libre».
La refondation de la doctrine
stratégique de l’OTAN à l’occasion du 50ème anniversaire de l’alliance
atlantique, en mai 1999, par l’adjonction des anciens pays du bloc
soviétique, est apparue à cet égard comme un signe précurseur pour les
tenants de cette thèse.
Apportant sa caution militaire et
diplomatique aux Etats-Unis, sous estimant sa capacité d’influence,
l’Europe apparaît au regard de la communauté internationale comme
l’appendice de l’Amérique. Au point que se pose dans toute sa brutalité
la question de savoir si l’Europe a abdiqué son indépendance pour se
résoudre au rôle de promontoire outre-Atlantique de l’Amérique, ou
alors, renouant avec sa vocation ancienne de foyer de civilisation, elle
développera sa propre autonomie face aux Etats-Unis pour en faire une
« île au large des rives de l’Eurasie », pour reprendre l’expression du
géographe Michel Foucher.
L’OCCIDENT chrétien a pensé purger son
passif avec le judaïsme et lui témoigner de sa solidarité expiatoire en
créant l’Etat d’Israël en vue de «normaliser la condition juive
diasporique et l’enraciner dans des composantes nationales claires»,
selon l’expression de l’écrivain israélien Abraham B.Yehoshua (7). Mais
il a dans le même temps transmuté son contentieux bimillénaire avec une
religion longtemps considérée par la chrétienté comme «déicide» en un
conflit israélo-arabe et un conflit islamo judaïque, en négation avec la
symbiose andalouse.
L’Allemagne, responsable du génocide
juif du XX me siècle, la Grande-Bretagne, auteur de la promesse Balfour
portant création d’un foyer national juif sur la terre de Palestine, au
coeur de l’espace arabe, à l’intersection de la rive africaine et de la
rive asiatique du monde arabe, ainsi que la France par ses massacres
coloniaux massifs en terre d’Islam, sont appelés à assumer, aux côtés
des Etats-Unis, un rôle à la mesure de leur responsabilité antérieure
dans la naissance du conflit israélo-arabe et de l’exacerbation du
sentiment anti-occidental dans le monde arabo-musulman.
Israël, pour tragique qu’ait été la
souffrance des Juifs du fait des persécutions le siècle dernier et
éminente leur contribution à la culture du monde, ne saurait faire
l’impasse sur l’intérêt que portent 1,5 milliards de Musulmans et 1,2
milliards de Chrétiens à Jérusalem (8), une cité que le hasard de
l’histoire a vouée à être le Lieu Saint des trois religions
monothéistes, ni concevoir sa pérennité sur la spoliation du peuple
palestinien.
Sauf à précipiter une nouvelle fracture
Nord-sud ou à attiser un nouveau «choc des imaginaires» (9), prélude à
un nouveau conflit des civilisations, l’Occident devra intégrer ses
nouveaux paramètres dans ses rapports avec le monde non occidental,
tenir compte du fait que le Pakistan, l’Arabie Saoudite, et au delà,
l’ensemble du monde musulman, malgré toute leur grande bonne volonté
proaméricaine, sont, quant à eux captifs de l’héritage d’Oussama Ben
Laden, quel que soit d’ailleurs le sort que le destin a réservé à leur
ancien frère d’arme, tributaire paradoxalement d’une part de leur
considération à l’un des vainqueurs de la redoutable armée rouge dans la
guerre d’Afghanistan, dont le prestige dans le monde arabo-musulman
n’est supplanté que par celui des nouveaux venus sur la scène
internationale, le Libanais Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah
double vainqueur d’Israël, l’Irakien Moqtada Sadr, grand décideur de la
vie politique irakienne, le Hamas palestinien à la résistivité corrosive
face à Israël, voire même le chef palestinien Yasser Arafat, dont la
résistance opiniâtre dans son réduit de Ramallah (Cisjordanie) face aux
assauts des troupes israéliennes du général Ariel Sharon, a conduit son
plus sérieux concurrent, le roi Abdallah II de Jordanie, à l’élever au
rang de «héros du Proche-Orient de tous les temps» (10), propulsé dans
une dimension héroïque à l’égal du mythique révolutionnaire
latino-américain Ernesto Che Guevara ou du tombeur de l’apartheid blanc
en Afrique du sud Nelson Mandela.
Cinquante trois pour cent de la
population de l’ensemble musulman impute aux Etats-Unis et à Israël la
responsabilité du «fossé creusé entre le monde occidental et le monde
arabo-musulman» et juge «arrogante, provocatrice et partiale» la
politique américaine dans la zone, selon un sondage de l’Institut Gallup
pour le compte du journal américain «US Today», réalisé en décembre
2001 et janvier 2001, auprès d’un échantillon représentatif de la
population de neuf pays arabes et musulmans (11).
Point de fixation des conflits latents
de l’Islam et de l’Occident, le conflit israélo-palestinien et d’une
manière générale le passif post-colonial sera purgé non par la
coercition mais par la coopération des divers protagonistes d’un
contentieux qui a gangrené tout le XX me siècle pour déborder d’une
manière apocalyptique sur le nouveau millénaire.
Références
1-«La force noire mobilisée» cf. «Paris
Noir» de Pascal Blanchard, Eric Deroo et Gilles Manceron, Editions
Hazan, septembre 2001, ainsi que «Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans
l’imaginaire français René Naba (Harmattan 2002).
2-Cf: Un «creuset de la nation» à
réinventer: L’armée s’ouvre timidement aux Beurs», Karim Bourtel, cf Le
Monde Diplomatique septembre 2001 ainsi que revue «Islam de France»
N°2-199 -«Appel pour la création d’un mémorial des musulmans morts pour
la France. «Le Régiment de marche nord-africain de Paris» (RMNAP),
commandé par le lieutenant colonel Massebiau, était composé de 400
Algériens, 25O marocains, 250 tunisiens et 300 européens, soit 800
Maghrébins sur 1 100 hommes. Il sera dissous au sein de la première
armée française à la fin de l’année 1944.
3 -Jusqu’en 1999, la Turquie a été le
troisième pays bénéficiaire de l’aide militaire américaine après Israël
et l’Egypte. Rien qu’en 1997 l’aide américaine à la Turquie en guerre
contre les autonomistes Kurdes a dépassé celle que ce pays a obtenue
pendant la totalité de la période 1950-1983 de la guerre froide. cf.
«Les Etats-Unis entre hyper puissance et hyper hégémonie, le terrorisme,
l’arme des puissants» Noam Chomsky-Le Monde Diplomatique Décembre 2001
4 -«Guerre des ondes/Guerre des religions, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen» par René Naba (Harmattan 1998)
5- Le «Pacte de Quincy», conclu au terme
de la rencontre en février 1945 sur le croiseur américain Quincy entre
le président américain Franklin Roosevelt et le Roi Abdel Aziz Ibn
Saoud, fondateur du royaume, s’articule sur cinq points. La stabilité de
l’Arabie Saoudite fait partie des “intérêts vitaux” des Etats-Unis qui
assurent, en contrepartie, la protection inconditionnelle du Royaume
contre toute menace extérieure éventuelle. Par extension la stabilité de
la péninsule arabique et le leadership régional de l’Arabie Saoudite
font aussi partie des «intérêts vitaux» des Etats-Unis. En contrepartie,
le Royaume garantit l’essentiel de l’approvisionnement énergétique
américain, la dynastie Ibn Saoud n’aliénant aucune parcelle de son
territoire, les compagnies concessionnaires ne seraient que locataires
des terrains. Les autres points portent sur le partenariat économique,
commercial et financier saoudo américain ainsi que sur la non ingérence
américaine dans les questions de politique intérieure saoudienne.
cf.Richard Labévière «les dollars de la terreur».
6 – «Guerre des ondes.. » R.Naba op. cité.
7-«la question juive posée au monde»,
cf. Libération 29 novembre 2001, ainsi que «pour une normalité
juive»-Edition Liana Lévi 1992.
8- Pour une population de six milliards
de personnes, la répartition des religions s’établit comme suit:
Musulmans 19,5 pour cent, Catholiques 18,46 pour cent, Hindouistes 14,03
pour cent, protestants 9,14 pour cent, Bouddhistes 5,87 pour cent,
Orthodoxes 3,25 pour cent, religions chinoises 2,58 pour cent,
Animistes, 1,63 pour cent, Agnostiques 1,49 pour cent, Athées 4,27 pour
cent (Source «peuples du monde»-Libération samedi 19-dimanche 20 août
2000).
9- L’expression est de l’islamologue
franco-algérien Mohamad Arkoune, professeur émérite à La Sorbonne.
Conférence à l’Université de Balamand (Liban) dans laquelle il plaide
pour une remise en question fondamentale des perceptions aussi bien du
monde occidental que du monde musulman en vue de «faire des événements
du 11 septembre 2001 un +avènement+». Journal «l’Orient-le Jour» du 16
avril 2002.
10- «La dimension héroïque de Yasser
Arafat sur les écrans des télévisions arabes». Cf. dépêche AFP 14 avril
2002 qui reprend la déclaration du Roi Abdallah II de Jordanie à la
chaîne américaine CNN faite jeudi 11 avril 2002, après les entretiens du
Monarque Hachémite à Amman avec le secrétaire d’état Colin Powell
qualifiant Yasser Arafat de «héros du Moyen-Orient des tous les temps».
La dépêche rapporte en outre que M. Arafat est fréquemment qualifié par
les manifestants arabes de «Saladin» en référence au vainqueur des
Croisés, ou encore à Omar Ibn Khattab, en référence au deuxième Calife
de l’Islam qui reçut les clés de Jérusalem.
11- Le sondage de l’Institut Gallup a
été réalisé sur un échantillon de 9.924 personnes originaires de 9 pays
arabes et musulmans (Arabie Saoudite, Jordanie, Koweït, Liban, Maroc,
Pakistan, Turquie, Iran et Indonésie), représentant la moitié de la
population de l’ensemble arabo-musulman. Publié le 3 mars 2002 par le
journal «Al-Qods A-Arabi» de Londres, il donne les indications
suivantes: 77 pour cent des sondés jugent «moralement injustifiables»
les bombardements américains contre l’Afghanistan, contre 9 pour cent
qui leur trouvent une justification. 53 pour cent jugent la politique
américaine «partiale, provocatrice, anti-arabe et anti-musulmane» et
considèrent que les Etats-Unis et Israël sont «responsables du fossé
séparant le monde occidental et le monde arabo-musulman». En outre, la
majorité des sondés mettent en doute le fait que les opérations aient
été réalisées par des arabes, 18% rejettent sur «les cercles
occidentaux» la responsabilité des attaques du 11 septembre contre les
cités américaines. Les opinions les plus favorables à l’Amérique ont été
recensées au Liban (41%) et en Turquie (40 pour cent) suivis du Koweït
(28 pour cent) et de l’Indonésie (27 pour cent). La Jordanie et la Maroc
à égalité (22 pour cent) arrivent en cinquième position, suivis de
l’Arabie Saoudite (16 pour cent), de l’Iran (14 pour cent) et du
Pakistan (5 pour cent). 58 pour cent des sondés ont exprimé des opinions
hostiles au Président George W Bush.
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