DOULATE ZBEL (D.Z.) où la dépersonnalisation d’EL DJAZAIR
Par Rochdi Siddiq
Alger a perdu de sa splendeur au même titre que les autres villes d’Algérie léguées par la colonisation.
Les protagonistes de la politique de 1962 allaient s’emparer d’El
Djazaïr pour la rebaptiser avec le sigle RADP (notre République
Algérienne disent ils démocratique et populaire). Pour parachever le
sigle de leur république, deux lettres fatidiques allaient donner toute
la signification qu’ils voulaient imprégner à EL Djazaïr, les fameuses
D.Z.
Doulate Zbel avec une dictature
d’usurpateurs qui allait se mettre en place pour tout diriger, tout
contrôler, tout réprimer. Les pouvoirs passent d’une main à l’autre
dans la continuité sans toucher aux fondements du système répressif. La
clé de voûte du maintien du statut quo, c’est l’armée avec le fameux
esprit de corps (açabyya) dont parle Ibn Khaldoun, et l’argent, surtout
avec les recettes pétrolières où toutes les velléités sont étouffées.
Depuis 50 ans il n’y a jamais eu de démocratie politique en Algérie,
malgré le passage furtif dans le couloir démocratique en 1989, après la
révolte d’octobre, qui a vite été déjoué par l’arrêt du processus car
n’arrangeant pas les comptes de pouvoir militaire en place. Les
usurpateurs ont instauré un système paternaliste où les décisions
engageant l’avenir de la Nation sont prises à l’unanimité au niveau des
cercles fermés, sans consultation populaire. Le Peuple est considéré
mineur, sans capacité de jugement. Toutes les lois votées et signées
depuis 1962 sont contre le Peuple car contre son gré. 50 ans
d’usurpation politique et aucune lueur d’espoir pour des millions
d’algériens. Le système de « tag âala men tag » n’est pas dans les
traditions algériennes. Véhiculer une telle idéologie c’est reproduire
le système des bachagas et caïds du temps colonial où on imposait le
système donnant-donnant (hadja bjaja). Nos martyrs avaient de grands
idéaux pour ce Peuple sinon ils ne seraient jamais sacrifiés en
combattant le système colonial injuste et perfide. Ces usurpateurs
pensent se maintenir une éternité avec un système pestilentiel arrivé à
son terme et comme le dit Dieu dans le Coran « Nous allons les mener
étape par étape, par où ils ne savent pas ». Actuellement ils sont en
train d’enlever leur « zarb » mais pour le replacer autrement, en
qualifiant cet évènement de réformes démocratiques, sans la
participation du Peuple, sans véritable opposition et après avoir été
sermonnés par leurs maîtres occidentaux. Un pays d’Islam s’accommode de
tous les régimes politiques mais il est exigé des dirigeants, et c’est
le principal devoir, de ne pas usurper le pouvoir et d’être juste avec
leur peuple. Le système d’usurpation politique est fondé sur trois
logiques, la force (l’armée) el hogra (autoritarisme) et le mensonge,
sans pudeur et sans rendre compte. La dernière trouvaille des gendarmes
un slogan digne d’une standardiste répondant au téléphone : la
gendarmerie à votre service.
Doulate Zbel, les villes sont
devenues crasseuses et nauséabondes là où vit le peuple. Les meilleurs
corridors sont ceux des endroits officiels où un luxe insultant frappe
aux yeux, et qui constituent des endroits infranchissables pour le
citoyen lambda. Le précédent ministre de l’intérieur a même préconisé
une expertise internationale (propos rapporté par le quotidien liberté à
l’époque).
Une expertise a eu lieu mais avec le printemps arabe elle allait
leur signifiait la puanteur de leur système politique, fermé,
verrouillé, cadenassé, m’zareb. Comment se fait il que des endroits
jadis du temps de la colonisation, pour parler uniquement d’El Bahdja
pouvaient être foulés des pieds par les citoyens, par exemple
l’amirauté, le fort l’empereur, la palais du gouvernement, les
tagarins, la forêt des planteurs etc. aujourd’hui sont strictement
interdits même d’être regardés de près. Tout récemment encore (selon
the economist intelligence unit) Alger parmi les 10 villes au monde où
il ne fait pas bon vivre. Une des plus belles villes de la méditerranée
du temps de la colonisation devenue infréquentable. La crasse,
l’anarchie urbanistique, l’absence de commodités. Il est impossible, en
cas d’impériosité urinaire, de trouver avec facilité un endroit pour
se soulager. Les gens finissent par imiter les animaux en pleine
nature, sans pudeur. Heureusement à certains horaires de la journée la
mosquée est là pour constituer l’endroit idéal et bénéfique. Mais pour
les femmes il n’y a aucune alternative. Dire que dans certains bureaux
des « responsables de l’administration » on y trouve tout le confort
personnel. Ceci traduit le mépris envers le Peuple pour lequel aucune
considération de ses besoins physiologiques n’est perçue.
Doulate Zbel que Dieu protège les
honnêtes citoyens pour ne pas tomber malade et se trouver à la merci de
nos hôpitaux algériens. La plupart du temps les malades passent un
véritable cauchemar quand ils échappent à la mort. Outre les mauvaises
conditions matérielles, la crasse, le calvaire est conjugué à la
maltraitance de certains infirmiers qui subissent le joug des
administratifs qui font leur loi parce que affichant au secteur public,
où on subit et on se tait. Silence celui qui n’est pas content n’a
qu’à aller chez le privé, comme si le privé était à la portée de toutes
les bourses. L’organisation de défense des droits de l’enfant a
récemment attribué la 81éme place à l’Algérie en matière de système de
santé derrière le Botswana, le Sri lanka (dites vous bien) la Tunisie
et la Lybie. Il ne faut pas s’étonner les détenteurs du Pouvoir vont se
soigner l’Etranger et ils s’en foutent du Peuple.
Doulate Zbel pour trouver un
logement ou un emploi, il faut se lever de bonheur et rien n’est
garanti pour les citoyens lambda. Il y a ceux qui ont plus de logement
que d’enfants (un ancien député se vanter d’avoir construit 20 pièces
sans avoir d’enfant), et il y a ceux qui ont plus d’enfants que de
logements quand ils ne sont pas forcés à occuper des bidonvilles
dépourvus de toutes les commodités minimales : eau courante,
électricité, et canalisation des eaux usées. Une représentante de l’ONU
pour la question du logement à décrié récemment, lors d’une visite en
Algérie, les mécanismes et procédures de distribution des logements
sociaux, et ses remarques ont démontré le manque de justice sociale
dans la distribution des logements dans le pays des usurpateurs de
1962. Ce sont toujours les clientèles du clan dominant et sous clans en
orbite qui en profitent sans qu’ils soient inquiéter. El hogra commence
dans ces corridors que le Pouvoir n’entend pas se départir, car
constituant une source intarissable d’enrichissement sans cause. Un
ancien chef de cabinet de wali, se vanter de se servir à chaque
nomination d’un nouveau wali. Selon ses propos il en collectionnait une
dizaine.
Doulate Zbel où le socio culturel,
est l’un des plus retardataires du monde. Il y a un ministère
culturel, il y a aussi un ministère des affaires religieuses (comme
jadis les affaires indigènes) un ministère des affaires sociales etc. et
pourtant l’algérien est le moins civilisé au monde. Ses déperditions
quotidiennes sont publiques. Il crache par terre, il pisse contre le
mur, il débite des grossièretés sans pudeur, il blasphème contre Dieu
(phénomène unique au monde). Il brave tous les interdits que vous lui
prescrivez, ou ceux décrétés par notre religion. Il n’arrête jamais de
pérorer, le silence lui fait peur, le vole, il triche, il médise sur
son voisin, il est oisif, il n’a aucune conscience sociale. Sa dérive
est elle un tsunami qui va directement vers une centrale nucléaire.
Sans réaction des forces sociales positives, il nous mène droit vers la
catastrophe, car Doulate Zbel s’accommode de cette catégorie
d’individus qui constitue le gros du bataillon populiste. Un Peuple ne
peut être éduqué et guidé que par les hommes d’intelligence. Mais cette
catégorie est muselée et se trouve à la merci du jeu du système qui se
nourrit de son populisme grâce à l’argent du pétrole qui arrose les
récalcitrants. Il ne faut pas s’étonner des comportements de la
populace, elle fait exactement ce que font les « élites » car ces
dernières constituent les exemples à suivre.
Doulate Zbel où l’économie devient
une course effrénée vers le commerce achat et vente. Tout mouvement
émancipateur vers la création d’entreprise productrice de biens
manufacturés est désormais contrecarré. C’est l’import/import qui
prédomine, tant qu’il y a l’agent du pétrole et l’absence de contrôle
populaire sur les recettes et les dépenses du Trésor public. L’algérien
devient un consommateur invétéré sans aucune protection des produits
importés. Il vénère tout ce qui lui arrive de l’étranger. Aucune
personnalité, il est désormais un algérien mlabess et non labess. On
fait de lui un homo-économicus impuissant. Il ne sait rien produire sur
le plan industriel. Pourtant la force d’une nation repose sur sa
capacité industrielle et innovatrice. L’Algérie classée au niveau
mondial parmi les pays les moins innovants. Comment peut on innover dans
un pays où au plan économique tout s’achète de l’étranger pour être
revendu sur le marché intérieur. Le Peuple imite les usages de ces
dirigeants. Ceux d’en haut bénéficient de tous les avantages
(pratiquement tout leur est gratuit) la populace d’en bas veut la même
chose parce qu’elle imite ceux d’en haut. Il n’y a que la classe
moyenne qui tente de se maintenir dans les normes des valeurs
civilisationnelles : un salaire ou un revenu contre un travail honnête.
Nous sommes envahis quotidiennement par une économie informelle de
trottoir, dont les seuls produits d’étalage sont ramenés par les barons
de l’import qui travaillent à l’ombre. Les usurpateurs sont les
premiers bénéficiaires de ce système avec les droits d’entrée, le
visible et l’invisible. Tout est fait pour capter la richesse à la
source où par redistribution au travers des marchés publics.
Le temps est vital dans son utilisation quand on s’érige en
politiciens pour servir le Peuple. Mais ne récolte le bien que ceux qui
ont fait œuvre de bien. Ceux qui ont trahi ce Peuple et son
indépendance doivent être jugés publiquement pour rendre des comptes
devant la Nation meurtrie par 50 ans de Hogra et de déliquescence. Je
suis témoin que dans ce pays les ennemis du Peuple algérien sont le
militaro-politicien, le coiffeur, le commerçant de l’import et le
représentant de la culture, et je témoigne mon respect pour les
algériens, quelque soit le rang ou le corps dans lequel ils ont exercé
et qui ont gardé leurs valeurs sûres intactes. A voir où se dirige le
radeau El-Djazaïr (débaptisée Algérie par la France), si ce système
doit se maintenir et la dérive s’accentuer, je suis d’accord pour
mettre en concession chaque wilaya au profit de chaque pays développé,
pour une durée de 99 ans. Le pays rentrera dans un cycle réel, du vrai.
Et les tenants du pouvoir pourront conserver leurs prérogatives dans un
scénario virtuel : ils ne devront cependant prendre aucune décision. A
moins que les algériens authentiques lèvent la tête et remettent notre
cher pays sur ses pieds pour lui redonner tout l’espoir d’une société
juste, démocratique et prospère pour lequel se sont sacrifiés nos
valeureux martyrs.
Rochdi Siddiq
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