ELWATAN-ALHABIB
jeudi 4 novembre 2010
 
Si le boycott d'Israël est une arme indigne, l’embargo de Gaza est infâme !



Yacine Saadi

Les signataires de l’article publié dans les colonnes du quotidien Le Monde daté du 1er novembre 2010, intitulé « Le boycott d’Israël est une arme indigne », n’ont pas peur du ridicule ! Lorsqu’il s’agit de défendre Israël, tous les subterfuges sont de mise… y compris la manipulation la plus abjecte.

Lorsque les auteurs affirment sans aucune précaution, en accusant les initiateurs de la campagne du boycott de l’Etat d’Israël de vouloir rayer ce pays de la carte, c’est toute la rhétorique de la culpabilisation qu’ils convoquent : « Vu de leur charte, tout ce qui est israélien serait coupable, ce qui donne l’impression que c’est le mot même d’Israël que l’on souhaite, en fait, rayer des esprits et des cartes. ».

Quel raccourci ! Les effets des mots sont parfois plus nocifs que les maux. On ne sait par quelle gymnastique intellectuelle, on transforme une action civique et pacifique en une entreprise d’éradication.

Il suffit juste de lire la charte du collectif, disponible sur le site www.bdsfrance.org, pour démystifier la cabale honteuse du synode des manipulateurs. Le choix de la charte du collectif pour discréditer une action citoyenne n’est pas anodin, c’est la même rhétorique déployée par les autorités israéliennes, pour refuser d’engager des discussions de paix avec l’OLP de Yasser Arafat.

Même si parmi les signataires se trouvent des philosophes et un certain «Botuliste »… c’est là ou réside l’art de l’atticisme qui transforme le bourreau en victime.

En mettant à l’index les initiateurs du BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions), c’est tout le mouvement de solidarité international avec la lutte des noirs opprimés, qui a permis le vacillement du régime d’apartheid en Afrique du sud, qu’on assassine. La diabolisation de la charte du collectif n’est qu’un écran de fumée pour occulter une réalité dramatique dans les territoires palestiniens et notamment dans la bande de Gaza.

Souvent les défenseurs de l’Etat d’Israël avancent masqués, ils emballent leur soutien immoral à un Etat qui colonise un peuple, et qui occupe des territoires en violation totale du droit international, dans les draps bien usés d’un fantasmagorique projet de paix. Lorsque le cercle des manipulateurs pathologiques nous vendent la solution de deux Etats, les bulldozers de Netanyahu démolissent des maisons palestiniennes et grignotent les terres sans répit !

Dire que l’« on applique à la démocratie israélienne un type de traitement qui n’est réservé aujourd’hui à aucune autre nation au monde, fut-elle une abominable dictature », c’est le summum de la mauvaise foi. Israël occupe, colonise, affame et tue, au détriment du droit international, sans que jamais la communauté internationale n’agisse concrètement contre elle.

L’Irak est revenu à l’âge de la pierre en 1991, au lendemain de son annexion de l’Etat koweitien, suite à l’intervention d’une coalition menée par les Etats-Unis, sans qu’on oublie l’embargo criminel et son cortège de victimes, plus d’un million de mort ! Jusqu’à l’invasion pure et simple d’un Etat souverain avec la fallacieuse excuse des armes de destruction massive ! Plusieurs autres Etats on subi des sanctions allant du boycott à l’embargo.

La punition collective infligée au peuple palestinien n’a aucun effet sur les donneurs de leçons signataires de l’article. Pourquoi, alors que le silence est le combustible commun à tous les crimes ?

Ils affirment que « les partisans du boycott sont aussi des saboteurs et des naufrageurs d’espérance ».

L’espérance est une notion métaphysique, alors que l’occupation, la colonisation et l’embargo sur Gaza sont de l’ordre du réel ! Ceux qui se taisent devant l’infamie sont des lâches.

Yacine Saadi
Consultant International
4 novembre 2010



Le boycott d'Israël est une arme indigne
Le Monde du 1er novembre 2010

Une entreprise commence à faire parler d'elle en France, consistant à promouvoir un embargo d'Israël tant dans l'ordre économique que dans celui des échanges universitaires ou culturels. Ses initiateurs, regroupés dans un collectif intitulé Boycott, désinvestissement, sanctions, ne s'embarrassent pas de détails. Au vu de leur charte, tout ce qui est israélien serait coupable, ce qui donne l'impression que c'est le mot même d'Israël que l'on souhaite, en fait, rayer des esprits et des cartes.

L'illégalité de la démarche ne fait pas de doute et la justice française ne tardera pas à la confirmer. Mais la justice sera bien en peine de sanctionner ce qui est essentiel dans cette affaire. C'est pourquoi, nous, associations, citoyens de tous bords, acteurs de la vie de notre pays, tous également attachés à la paix au Moyen-Orient et, donc, à l'avènement d'un Etat palestinien viable et démocratique aux côtés d'Israël, nous sommes convaincus que les boycotteurs se trompent de combat en prenant le parti de la censure plutôt que celui de la paix, celui de la séparation plutôt que celui de la possible et nécessaire coexistence - celui, en un mot, de la haine et non de la parole et de la vie partagées.

La possibilité de critiquer, même de manière vive, le gouvernement israélien concernant sa politique vis-à-vis des Palestiniens n'est pas ici en cause. Peu de gouvernements sont autant sévèrement jugés, y compris par certains d'entre nous. Mais la critique n'a rien à voir avec le rejet, le déni, et, finalement, la délégitimation. Et rien ne saurait autoriser que l'on applique à la démocratie israélienne un type de traitement qui n'est réservé aujourd'hui à aucune autre nation au monde, fût-elle une abominable dictature.

D'autant que, de plus, la globalité du rejet et sa bêtise font que l'on emporte dans le même mouvement les forces qui, en Israël, oeuvrent jour après jour au rapprochement avec les Palestiniens en sorte que les partisans du boycott sont, aussi, des saboteurs et des naufrageurs d'espérance.

La paix ne se fera pas sans les Palestiniens. Mais elle ne se fera pas non plus sans les Israéliens. Et moins encore sans les intellectuels et les hommes et femmes de culture qui, quels que soient leur pays d'origine ou leur parti pris politique, travaillent à rapprocher les peuples. Céder à l'appel du boycott, rendre impossibles les échanges, infliger aux chercheurs israéliens, par exemple, ou aux écrivains on ne sait quelle punition collective, c'est abandonner toute perspective de solution politique au conflit et signifier que la négociation n'est plus dans le champ du possible.

Nous n'acceptons pas cet aveu d'échec. Nous pensons que notre rôle est de proposer un chemin de dialogue. C'est pourquoi, nous, signataires, sommes résolument contre le boycott d'Israël et pour la paix - et, précisément, contre le boycott parce que nous sommes pour la paix.

Yvan Attal, comédien
Pierre Arditi, comédien
Georges Bensoussan, historien
Michel Boujenah, comédien
Patrick Bruel, comédien et chanteur
Pascal Bruckner, essayiste
David Chemla, secrétaire général de JCALL
Bertrand Delanoë, maire de Paris
Frédéric Encel, géopolitologue
Alain Finkielkraut, philosophe
Patrick Klugman, avocat
François Hollande, député (PS) de Corrèze
Georges Kiejman, avocat
Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris
Bernard-Henri Lévy, philosophe
Mohamed Sifaoui, essayiste
Yann Moix, écrivain
Bernard Murat, directeur de théâtre
Jean-Marie Le Guen, député
Pierre Lescure, directeur de théâtre
Serge Moati, journaliste
Daniel Racheline, vice-président de JCALL
Arielle Schwab, présidente de l'UEJF
Dominique Sopo, président de SOS-Racisme
Gérard Unger, président de JCALL
Manuel Valls, député-maire d'Evry
Michel Zaoui, avocat


















voici l'article de M. Collon




Boycott d’Israël : qu’est-ce qui est vraiment « indigne » et « illégal » ?

Réponse à Pascal Bruckner, Bertrand Delanoë, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, Yvan Attal, Pierre Arditi, Michel Boujenah, Patrick Bruel et Cie…

« Le boycott d'Israël est une arme indigne », écrivez-vous ce lundi 1er novembre dans Le Monde. Vous affirmez avec une certitude étonnante que « la Justice française ne tardera pas à confirmer » l’illégalité du boycott. Selon vous, tous ceux qui veulent ainsi aider les Palestiniens à obtenir leurs droits seraient des hors-la-loi. Votre argument ? On ne saurait appliquer ce « type de traitement à la démocratie israélienne ».

Mais comment pouvez-vous appeler « démocratie » un Etat qui s’est construit par la violence, en chassant les Palestiniens de leurs maisons et de leurs terres en 1948 ? Un Etat qui, à toutes les époques, n’a cessé de planifier le nettoyage ethnique :

« Nous devons expulser les Arabes et prendre leur place » (David Ben Gourion, 1937).

« Les Palestiniens seront écrasés comme des sauterelles, leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs » (Yitzhak Shamir, 1988).

« Entre nous soit dit, il doit être clair qu'il n'y a pas de place pour deux peuples dans ce pays. Il n'y a pas d'autre possibilité que de transférer les Arabes d'ici vers les pays voisins - tous. Pas un seul village, pas une seule tribu ne doit rester. » (Joseph Weitz, 1940).

« Les Palestiniens n'ont jamais existé. » (Golda Meir, 1969) « Chacun doit bouger, courir et s'emparer d'autant de collines qu'il est possible pour agrandir les colonies, parce que tout ce que l'on prendra maintenant restera à nous… Tout ce que nous ne prendrons pas leur restera. » (Ariel Sharon, 1998)*.

Comment pouvez-vous appeler « démocratie » un Etat qui, aujourd’hui encore, refuse le retour des gens qu’il a chassés et continue à voler systématiquement les terres pour s’agrandir tout en prétendant négocier ?

Soyons clair : un Etat colonial, basé sur le vol de la terre et l’expulsion d’un peuple, ne sera jamais une démocratie. Même s’il possède un parlement, même si les voleurs discutent démocratiquement entre eux sur la meilleure façon de voler, ça reste un Etat de voleurs qui règnent par la force.

Le boycott est-il illégal ?

Absolument pas, puisqu’il vise à assurer le respect du droit. Voici ce qui est réellement illégal…

Avoir chassé les Palestiniens de leur pays en 1948 et refuser leur retour est illégal, affirme l’ONU. Conquérir de nouveaux territoires par la force est illégal. Empêcher les Palestiniens de vivre sur leurs terres, de travailler, d’étudier ou de circuler librement est illégal. Détruire leurs maisons et leurs oliviers est illégal. Emprisonner des enfants de douze ans est illégal. Construire un mur de séparation, voler l’eau et les terres des territoires occupés est illégal. Utiliser des armes au phosphore et au laser est illégal. Bombarder des maisons, des écoles, des hôpitaux, des ambulances, des missions de l’ONU est illégal. Torturer est illégal. Assassiner les dirigeants palestiniens est illégal. Massacrer des défenseurs de la paix dans les eaux internationales est illégal.

Face à ces illégalités, que fait la ministre française de la Justice ? Appelle-t-elle à sanctionner l’Etat qui les commet ? Empêche-t-elle l’importation en France des produits issus de ce vol des terres ? Non, elle attaque ceux qui dénoncent cette illégalité ! Et vous soutenez cette ministre qui bafoue le droit international. Ahurissant !

Vous écrivez : « Nous sommes résolument contre le boycott parce que nous sommes pour la paix. ». Mais le boycott existe déjà ! Depuis soixante ans, les Palestiniens sont boycottés par Israël, et vous ne faites rien contre ça. Puisque les dirigeants israéliens n’agissent qu’en fonction du rapport de forces, le boycott est une arme parfaitement digne pour leur imposer la paix. Comme il le fut contre l’apartheid en Afrique du Sud.

Vous écrivez : « La critique n'a rien à voir avec le rejet, le déni, et, finalement, la délégitimation. » Mais depuis soixante ans, Israël rejette, nie et délégitimise les Palestiniens et ça ne vous indigne pas ?

Vous écrivez : « Céder à l'appel du boycott, (c’est) signifier que la négociation n'est plus dans le champ du possible. » Pas du tout. La solution existe, elle est toute simple, comme vient de le rappeler le musicien juif Gilad Atzmon : « Les Israéliens peuvent mettre fin au conflit en un clin d’oeil : demain matin à son lever, Nétanyahou rend aux Palestiniens les terres qui leur appartiennent ».

C’est trop demander ? Dès 1968, les grandes organisations palestiniennes ont elles-mêmes fait de grandes concessions en proposant de former un seul « Etat démocratique, progressiste, non confessionnel dans lequel juifs, chrétiens et musulmans vivront ensemble en paix et en jouissant des mêmes droits. » C’est Israël qui a refusé et refuse toujours, c’est Israël qui s’accroche à son obsession d’un Etat ethniquement pur, réservé aux juifs, et vous ne lancez pas de grands appels contre cela ?

C’est encore trop demander ? Les Palestiniens ont même accepté de se contenter de 22% de leurs terres initiales, et ça encore Israël le refuse, continuant à voler les terres, petit-à-petit, et vous ne faites rien contre cela.

En définitive, ce qui est « indigne », ce n’est pas le boycott.

C’est votre attitude. Car tout ce que je viens d’écrire, vous le savez et, en le cachant à l’opinion, vous la désinformez. Dans quel intérêt ?

Je crains que la chose véritablement indigne dans votre texte, ce soient vos motivations. Dans mon livre Israël, parlons-en !, j’ai indiqué que les trois plus puissants groupes médiatiques français - Lagardère, Dassault, Bouygues – sont tous trois aux mains de familles richissimes qui font de gros profits avec Israël et lui fournissent ses armes ou ses instruments de colonisation. Alors, si un artiste ou un intellectuel français ose s’opposer à ces groupes et dire la vérité, adieu carrière, adieu fortune ! Comme disait Bertolt Brecht : « Déplaire aux possédants, c'est renoncer à posséder soi-même. »

Ceux qui vous lisent, ceux qui vous écoutent, auront toujours intérêt à se poser la question fondamentale : « Quels sont les intérêts derrière ce discours ? »

* Sources des citations : Michel Collon, Israël, parlons-en !, Couleur Livres, Investig’Action, Bruxelles, 2009, pages 297-299.

Michel Collon
3 novembre 2010

Source : michelcollon.info
 
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