Accueilli en héros au Liban, Ahmadinejad loue la "résistance" face à Israël
Par Farhad POULADI Accueilli en héros à Beyrouth au premier jour de sa visite officielle controversée, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a loué mercredi la "résistance" du Liban face à Israël, son ennemi juré. Si son séjour est critiqué par le camp pro-occidental au Liban, M. Ahmadinejad a été accueilli par des dizaines de milliers de personnes, notamment sur la route de l'aéroport, à l'appel du Hezbollah, un proche allié de Téhéran et mouvement politique et militaire le plus puissant au Liban. Du toit ouvrant de sa voiture, il a salué la foule qui poussait des cris de joie et jetait du riz et des pétales de rose sur le convoi en criant "Khosh Amadid! (bienvenue en farsi), Allah Akbar (Dieu est grand en arabe)". "Cet accueil populaire sera une gifle à tous ceux qui ont critiqué la visite, notamment les États-Unis et Israël, qui vivent dans un état de nervosité à cause de la venue de M. Ahmadinejad", a dit la chaîne du Hezbollah, Al-Manar. Elle faisait référence à la préoccupation concernant cette visite exprimée par Washington et Israël qui s'affrontent avec l'Iran au sujet du développement controversé de ses capacités nucléaires et l'accusent d'armer le Hezbollah. Depuis Pristina, la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a affirmé que son pays était contre les efforts de "déstabiliser" le Liban, en référence à la visite de M. Ahmadinejad. Et, en Israël, un député d'extrême droite, Arié Eldad, a préconisé d'éliminer le président iranien. Au palais présidentiel de Baabda près de Beyrouth, M. Ahmadinejad a affirmé que son pays soutenait "avec force la résistance du peuple libanais contre le régime sioniste", lors d'une conférence de presse avec son homologue libanais Michel Sleimane. "Nous avons tous les deux des intérêts et des ennemis communs", a-t-il affirmé, en référence à Israël que le Hezbollah a combattu en 2006 ainsi que dans le sud du Liban jusqu'au retrait des troupes israéliennes en 2000 après 22 ans d'occupation. Le président conservateur, qui effectue sa première visite au Liban depuis son élection en 2005, a estimé que cette "résistance" avait changé "l'équilibre de force dans la région", l'Etat hébreu n'étant pas parvenu à neutraliser le Hezbollah en 2006. Les deux présidents ont par ailleurs signé plus d'une dizaine d'accords portant sur l'énergie, le commerce, le tourisme et les technologies. M. Ahmadinejad a aussi rencontré le Premier ministre soutenu par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, Saad Hariri, et le chef du Parlement Nabih Berri. En soirée, il devrait apparaître au côté du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah lors d'un important rassemblement populaire organisé par le parti chiite considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis. Jeudi, au deuxième et dernier jour de sa visite M. Ahmadinejad se rendra dans des villages du sud frontalier d'Israël, durement touchés en 2006 et reconstruits en grande partie grâce à l'aide iranienne. La visite a créé la controverse au Liban en raison de l'important appui de Téhéran au Hezbollah, la majorité parlementaire dirigée par M. Hariri reprochant à Téhéran son "ingérence" et craignant que le pays ne devienne une "base iranienne" aux portes de l'Etat hébreu. "Pourquoi est-il là? Je suis dégoûtée", affirme Mona, 43 ans, devant sa maison à Dora, au nord de Beyrouth. "Ils parlent d'Ahmadinejad comme s'il était un sauveur alors qu'il a gâché notre vie". "Ce n'est plus notre pays, c'est le pays du Hezbollah et de l'Iran", estime Georges, un chrétien de la même région. Pour un commerçant sunnite, Raed Khalil, de Tripoli (nord), "le Hezbollah est prêt à vendre le Liban si Téhéran le lui demande". (AFP) |
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