Par CHAHID
« 139. Ne vous laissez pas battre, ne vous affligez pas alors que vous êtes les supérieurs, si vous êtes de vrais croyants.
140. Si une blessure vous atteint, pareille blessure atteint aussi l'ennemi. Ainsi faisons-Nous alterner les jours (bons et mauvais) parmi les gens, afin que Dieu reconnaisse ceux qui ont cru, et qu'Il choisisse parmi vous des martyrs - et Dieu n'aime pas les injustes.» Sourate 3 : La famille d'Imran (Al-Imran)
1) Le cerveau arabe momifié
Il y a des récréations qui durent trente minutes, d’autres moins de quinze minutes… la récréation arabe dure depuis 1948. 60 ans que cette classe bavarde arabe crie et parle sans rien dire. Une rhétorique funeste en apparence, de la collaboration et de la trahison en douce.
« L’Amérique a détruit le cerveau arabe » me disait un ami égyptien ( امريكا خربت العقل العربي), je dirais plutôt que l’Amérique a momifié le cerveau arabe ( امريكا حنطت العقل العربي), comme le cerveau européen d’ailleurs [1]. Car il est important pour les américains et les sionistes de nous préserver, arabes et européens, l’apparence d’un cerveau, même vide, ne serait-ce que pour le « spectacle » et notre autosatisfaction.
60 ans que l’empire américain sodomise la pensée, l’honneur, les richesses et la sécurité nationale des arabes. 60 ans d’hypocrisie et de mensonges. Au Conseil de sécurité ce vendredi 9 janvier, j’ai entendu les représentants de la Russie et de la Chine exprimer leur solidarité totale avec le « camp arabe » alors que les américains et leur vassal Sarkozy [2] se foutaient de la Palestine et des arabes, ces mêmes arabes qui décorent son soi-disant « Union pour la Méditerranée », Union pour la bêtise et la bassesse. Combien de temps encore les arabes vont-ils se voiler la face ?
Laissons les américains et les occidentaux à leur «Israël». Laissons les américains et les occidentaux à leur insignifiant marché de six millions de consommateurs Israéliens. Que les musulmans du monde entier (plus d’un milliard de consommateurs) boycottent les médias et les produits des multinationales américaines et occidentales. Laissons s’écrouler leur dollar [3] et capitalisme criminel. C’est la puissance économique du capitalisme qui finance la puissance militaire d’Israël. Tout est lié, ne soyons pas naïfs. Construisons de nouvelles alliances avec la Russie, la Chine et l’Amérique du sud, et signons un Traité de défense commune avec l’Iran. Ouvrons nos marchés et nos centres de recherche aux Russes, aux chinois, aux vénézueliens, aux brésiliens etc. Que les maghrébins arrêtent de faire le gendarme de l’Union Européenne et d’interdire aux milliers d’africains la traversée vers l’ « eldorado » européen. Laissons tous ces milliers, voire, millions d’africains entrer librement en Europe. Arrêtons de coopérer avec les responsables européens tant qu’ils coopèrent avec les criminels israéliens, et vous allez voir que leurs comportements et discours seront de moins en moins arrogants et indifférents. Bernard Kouchner a éclaté de rire hier au cœur même du Conseil de sécurité, alors que le sang palestinien coulait au même moment. Quel culot ! Quelle haine ! Aucun respect pour la mémoire de ces enfants Gazaouis massacrés et martyrisés.
Dans son célèbre roman Ulysses [4], l’écrivain irlandais James Joyce écrit « History is a nightmare from which i’m trying to awake » (L’histoire est un cauchemar dont je tente de m’éveiller). 15 jours de génocide à Gaza et la « Communauté internationale » prend encore le temps de rire. Quel cauchemar!
2) Une génération bâtarde
Jeudi dernier à 21h24 GMT, je regardais la chaîne satellitaire Al-Jazeera quand j’ai entendu un manifestant soudanais à Khartoum crier « les peuples arabes et musulmans ne doivent pas combattre les sionistes seulement mais aussi les masques des sionistes qui vivent parmi nous ». Ce citoyen soudanais exprime ainsi son irritation de voir certains pays « arabes » et « musulmans » infestés gravement par une génération bâtarde de pro-sionistes qui sont scandaleusement de plus en plus présents dans nos médias, manifestations culturelles et scientifiques etc.
Je dis une génération bâtarde, car elle est née sans identité ni mémoire. Une génération bâtarde fécondée par les glandes reproductrices de la propagande américaine et occidentale et qui a fait sa gestation tranquillement dans l’utérus de la défaite arabe. Les soi-disant « Programmes d’aide, d’échange et de coopération » financés par les américains et les occidentaux se sont chargés de l’incision chirurgicale de l’utérus et ont pu extraire en douceur le fœtus de la collaboration et de la servitude arabe et musulmane.
Aujourd’hui, ils sont des milliers d’ « actifs » qui bombardent depuis des décennies nos oreilles et nos yeux avec une propagande pro-sioniste incroyablement retorse et efficace, vu que des millions de « passifs » les prennent naïvement pour des intellectuels, journalistes, artistes, universitaires, politiciens etc.. Toute cette élite de cadres, d’ingénieurs et de docteurs prétentieux, gonflés et gonflables. Toute cette élite de « prophètes » de la « modernité » et de la « mondialisation » qui sillonnent notre temps et espace, écrasant, supprimant et hypothéquant histoire, mémoire, identité, passé, présent et avenir.
Jour après jour, la cause palestinienne a été gommée de nos esprits, de nos cœurs, de nos consciences, de nos universités, de nos bibliothèques, de nos médias, de nos festivals, de nos musées, de nos lois, de nos horizons, de notre quotidien et de notre vie. Les pro-palestiniens, les vrais, ont été intimidés et exclus systématiquement de tous les centres de décision et de recherche…Les américains, les occidentaux et les israéliens ont payé cash la « conscience » de nos élites. Et voilà comment le nauséabond, laid, lâche et rampant mot, « la normalisation » التطبيع, a fait son chemin tracé vers nos plateaux de télévision, nos éditos, nos colloques etc. etc.
Quand j’ai commencé le blogging en 2006, dans des conditions tellement désagréables, j’ai choisi de bloguer pour la Palestine, loin de mon « domaine de recherche » quotidien, constatant que mes concitoyens maghrébins préfèrent bloguer pour la « modernité et la démocratie» et tout le baratin de la répugnante bourgeoisie maghrébine [5]. Le premier commentateur, concitoyen maghrébin (selon son IP et pseudo) m’a torpillé alors avec ce commentaire « il faut être ouvert, et il faut faire une différence entre juif et sioniste » … Depuis, je ne compte plus le nombre de maghrébins (selon leurs IP), minables perroquets de fonction, qui viennent écrire de telles insanités. Comme si le regretté Harold Pinter, Ilan Pappé, Edgar Morin, Noam Chomsky et les autres honnêtes juifs ne font pas une différence entre « juif » et « sioniste ».
3) Une classe bavarde
L’important c’est la qualité et les objectifs clairs d’une manifestation ou d’une action non pas sa quantité ou son brouhaha [6]. Je trouve cette surenchère de « manifestations populaires » dans certains pays maghrébins et arabes tellement hypocrite. Vouloir apaiser ce qui reste de sa conscience en criant ainsi dans les rues est ridicule. L’opinion publique maghrébine s’est tellement endormie que le Maghreb est devenu le « bordel » des sionistes il y a bien longtemps maintenant. Les seuls qui dénonçaient ce péril sioniste dans la région ont été taxés de « radicaux », d’ « extrémistes » etc. Nous revoilà aujourd’hui encore devant la barbarie accomplie. Où étiez-vous alors « peuples abrutis » comme vous appelle La Boétie ?
Au lieu de crier dans le vide, commençons d’abord par démasquer et neutraliser les sionistes, leurs bras et leurs agents au Maghreb. Tous ces « hommes d’affaires », tous ces « intellectuels », tous ces « cinéastes », tous ces « politiciens » etc., à la poubelle.
4) Nous sommes nos tyrans.
« Nous méritons nos tyrans » ne cesse de gémir le grand poète égyptien Ahmed Fouad Najm . Nous méritons nos dictateurs. Nous méritons nos bourreaux. Nous méritons nos élites rapaces et pitoyables. Nous méritons la barbarie sioniste. Nous méritons d’être aussi insignifiants que l’allure mesquine de nos dirigeants. Nous méritons nos tyrans car nous avons pour « culture » la SERVITUDE.
La Boétie a écrit dans son Discours de la servitude volontaire [7] : « C’est le peuple qui s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug; qui consent à son mal, ou plutôt qui le recherche... (…) C’est ainsi que le tyran asservit les sujets les uns par les autres. Il est gardé par ceux dont il devrait se garder, s’ils valaient quelque chose. Mais on l’a fort bien dit : pour fendre le bois, on se fait des coins du bois même ; tels sont ses archers, ses gardes, ses hallebardiers. Non que ceux-ci n’en souffrent souvent eux-mêmes ; mais ces misérables abandonnés de Dieu et des hommes se contentent d’endurer le mal et d’en faire, non à celui qui leur en fait, mais bien à ceux qui, comme eux, l’endurent et n’y peuvent rien. Quand je pense à ces gens qui flattent le tyran pour exploiter sa tyrannie et la servitude du peuple, je suis presque aussi souvent ébahi de leur méchanceté qu’apitoyé de leur sottise.»
Croyez moi, il n’y a pas plus libres en ce moment que les gazaouis. Ils savent très bien dans quel monde et « humiliocratie » [8] nous vivons. Leurs idées et objectifs sont très clairs, « car le secret d’un homme ce n’est pas son complexe d’Œdipe ou d’infériorité, c’est la limite même de sa liberté, c’est son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort. Cette responsabilité totale dans la solitude, n’est-ce pas le dévoilement même de notre liberté ? » écrit Sartre le 9 septembre 1944 dans le journal Lettres françaises. [9]
Demandons aux Gazaouis et aux palestiniens de nous apprendre la Résistance, la Dignité et la Liberté. De nous apprendre la vie et la mort.
5) Que faire ?
Réponse de La Boétie : « Ce seul tyran, il n’est pas besoin de le combattre, il n’est pas besoin de le défaire, il est de soi-même défait, mais que le pays ne consente à sa servitude (…) Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez, mais seulement ne le souteniez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre. ».
Ni violence, ni révolte armée. C’est d’une prise de conscience collective en dehors de toute violence, une insurrection de la pensée et de l’éducation pour la liberté et pour l’avenir, que nous avons besoin.
Quand je regarde ces enfants Gazaouis danser innocemment leur danse populaire alors que la mécanique insensée, lâche et barbare des sionistes était déjà en marche, je me demande s’ils sont encore en vie ?
[1] Lire les textes du philosophe Manuel de Diéguez.
[2] Et dire que l’Elysée du grand Charles de Gaulle est occupé aujourd’hui par un personnage aussi insignifiant.
[3] Lire le dernier texte d’Aline de Diéguez « L'agonie du Dieu-dollar »
[4] James Joyce : Ulysses. Sylvia Beach 1922.
[5] Préférant nous annoncer par exemple l’ouverture des magasins « ZARA » dans une capitale maghrébine, nous parler entre autres de l’enfance marocaine de DSK, ou se réjouir sur son blog d’avoir croisé BHL un jour à Marrakech ! Oui c’est désolant !
[6] Le sabotage de centaines de sites web sionistes sensibles par des jeunes hackers marocains appelés « Morocco snipers » et « Team Evil »… est plus significatif que bien des manifestations puisque les sionistes se servent d’Internet pour leur propagande.
[7] Étienne de La Boétie : Discours de la servitude volontaire. Lire la version électronique du texte de La Boétie .
[8] Expression du professeur Mahdi Elmandjra : « Les Grandes puissances, avec les Etats-Unis d’Amérique en tête, humilient les pays du Tiers-monde et leurs dirigeants qui s’y prêtent sans trop d’objections avant d’humilier, à leur tour, leurs propres populations. Celles-ci subissent donc une double humiliation à laquelle s’ajoute une troisième – l’auto humiliation quand on s’abstient de réagir. On est en droit de parler d’ « humiliocratie » c'est-à-dire d’un système politico culturel qui exploite les inégalités des rapports de force à la fois externes et internes. ». Mehdi Elmendjra : Humiliation à l’ère du méga impérialisme. 1re édition. Imprimerie Najah ELJADIDA. Casablanca 2003.
[9] Sartre parlait de l’occupation allemande : « puisque le venin nazi se glissait jusque dans notre pensée, chaque pensée juste était une conquête ; puisque une police toute puissante cherchait à nous contraindre au silence, chaque parole devenait précieuse comme une déclaration de principe ; puisque nous étions traqués, chacun de nos gestes avait le poids d’un engagement. Les circonstances souvent atroces de notre combat nous mettaient enfin à même de vive, sans fard et sans voile, cette situation déchirée, insoutenable, qu’on appelle la condition humaine. ». Venin nazi hier, venin sioniste aujourd’hui…
© Photos WAFA
Publié avec l'aimable autorisation de Chahid
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