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10-06-2008 | |
Il en est ainsi depuis les débuts de la mise en application de l’idéologie sioniste. Il a toujours existé plusieurs tendances dans ce mouvement colonialiste, et leur éventail est nécessaire au succès de l’entreprise de l’effacement de la Palestine pour son remplacement par un artefact fait de personnes venant de régions différentes, appartenant à des cultures et des langues différentes, et qui formeraient un peuple dont l’unité et l’identité résident dans une religion. Que moins de 20% la pratiquent n’affaiblit pas la définition de celui qui aurait droit au « retour » car il suffit pour prétendre à l’israélité de se prévaloir d’avoir eu dans ses ancêtres un Juif ou une Juive. Travaillistes, conservateurs, ultra-conservateurs, révisionnistes, communistes, religieux orthodoxes et ultra-orthodoxes tous ont concouru à la spoliation des Palestiniens. Qui ne connaît pas le célèbre Lobby American Israel Public Affairs Committee et son influence sur la politique étrangère des US(a) pour tout ce qui concerne les ventes d’armes, le Moyen-Orient ou l’Orient un peu plus lointain ? Avec ses 100 000 membres, ses 150 salariés permanents, un budget affiché de plus de 100 millions de dollars de fonctionnement, c’est l’AIPAC qui décide de la politique étasunienne et y compris israélienne concernant les mesures à prendre définitives ou provisoires, le rythme des ‘négociations’, l’intensité et les modalités de la répression, sa visibilité ou non. Souvent, les positions avancées par le Lobby ces dernières années ont été plus radicales et extrémistes que les membres du Likoud ayant élu domicile en Israël. Une autre organisation vient de voir le jour en avril 2008 qui espère contrebalancer l’influence exclusive de l’AIPAC sur le Congrès et l’administration étasunienne. Jérémy Ben-Ami, ancien conseiller de Bill Clinton en politique intérieure, est le promoteur et le président d’un nouveau Lobby pro-israélien à Washington qui revendique d’être en faveur de la paix, notion assez oxymorique. J Street est son nom de baptême. Alan Solomont, l’un des membres de son Bureau politique qui est composé de pas moins de cent personnalités, prétend qu’il faut que le Congrès ait accès à l’opinion de la majorité des Juifs étasuniens qui croient que la Sécurité d’Israël réside dans une paix négociée avec ses voisins. Pour l’instant, l’organisation va se contenter d’une existence sur le Net, à l’instar du mouvement MoveOn financé par le milliardaire Georges Soros un moment membre postulant pour J Street vite récusé pour sa réputation de financier de groupes libéraux. Pour l’heure, J Street a collecté 1,5 million de dollars, bien peu par rapport au géant de l’AIPAC qui dispose de 18 bureaux à travers tout le pays et un quartier général à Washington offert par le propriétaire de casino à Las Vegas Sheldon Adelson. L’aveu formulé par Lihudi Olmert en marge de la conférence d’Annapolis de novembre 2007, à savoir qu’en l’absence de négociations pour la ‘paix’, Israël est voué à disparaître a sans doute été entendu par les membres du nouveau Lobby. L’échec cuisant de l’armée d’occupation face à la Résistance libanaise durant l’été 2006, la ténacité de la Résistance palestinienne - tout le peuple palestinien emmuré affamé ou exilé martyr est résistant -, l’enlisement étasunien en Afghanistan et en Irak sont les éléments qui ont changé la donne. Le doux rêve d’un Moyen-orient remodelé selon les vœux et les ciseaux des néoconsionistes se transforme en un cauchemar, celui de la fin de l’hégémonie des US(a). Toutes les manipulations de crédits et d’inventions ex-nihilo de valeurs boursières sans valeur aucune ne pourraient freiner l’effondrement du dollar, et le fait que sa chute accélérée réduit la gigantesque dette étasunienne dont nul ne sait le montant réel ne compense pas que le billet vert est en voie d’être détrôné de sa position dominante. La guerre sans fin tarit même les sources de financements pour Israël, en particulier les traditionnels trois milliards de dollars annuels en valent nettement moins et le gouverneur de la banque d’État sioniste en deviendrait pessimiste. Il devenait nécessaire en 2008, soit sept années après le 11 septembre, de prendre acte de ces bouleversements non prévus par les faiseurs de guerre. Voilà donc le nouveau Lobby. Convergence des Causes 10 juin 2008 |
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