ELWATAN-ALHABIB
lundi 30 avril 2007
  Les manifestations des Turcs contre le nouveau complot des laîcs


Ils étaient des milliers les Turcs à descendre dans les rues d'Istanbul pour protester haut et fort contre le nouveau complot des laïcs et de l'armée turque visant à dissoudre le Parlement. L'armée et les partis laïcs opposés au gouvernement s'emploient à dissoudre le parlement et à organiser des élections anticipées afin d'endiguer la victoire d'Abdallah Gul aux présidentielles. Après qu'Abdallah Gul ait manqué le premier tour des présidentielles, les partis laïcs opposés au gouvernement font tout pour mettre en question ces élections visant ainsi à préparer le terrain aux élections anticipées.

Dimanche, les Turcs, pour la 2ème journée consécutive se sont rassemblées dans les rues d'Istanbul pour condamner toute intervention de l'armée et des partis laïcs dans les élections présidentielles. Abdallah Gul a de son côté annoncé qu'il ne renoncerait pas à la candidature car il s'agit de la décision de son parti l'AKP, ce n'est pas une décision prise en une nuit.
IRIB
 
  Les musulmans ne détestent pas la liberté : ils détestent l'oppression


Khalid Amayreh

Traduit par Pétrus Lombard et révisé par Fausto Giudice


George W. Bush, incontestablement le Président le plus ignorant et le plus menteur de l'histoire usaméricaine, a prétendu cette semaine que les Usméricains étaient confrontés aux " fascistes islamiques " qui, dit-il, haïssent la liberté américaine.
C'est fondamentalement le même non-sens qu'il a débité à la suite des attaques terroristes du 9/11, ignorant les décennies d'implication US dans la promotion, la mise en oeuvre et le soutien à l'oppression des Musulmans au Moyen-Orient et dans le maintien des régimes tyranniques qui oppriment et humilient les masses arabes de Casablanca à Bahreïn.

Il est toujours très difficile, naturellement, de raisonner avec un ignare, surtout s'il est menteur et fanatique, encore moins s'il se trouve être le Président des USA.
Cependant, la vérité doit être proclamée haut et fort, pas tellement pour changer la mentalité du führer sadique de la Maison Blanche, qui est apparemment peu réceptif au bon sens, et préfère répéter comme un perroquet de grossiers mensonges au sujet d'exactement tout, de la réduction de la couche d'ozone à la dernière agression israélienne contre le Liban.

Le " fascisme Islamique "

L'utilisation par Bush de l'expression " fascistes islamiques " est une calomnie très grave qui peut être comparée au dénigrement délibéré des juifs par Adolf Hitler avant la Deuxième Guerre Mondiale. Elle est conçue pour inciter les gens à détester et à assassiner des Musulmans. Et comme chacun le sait, la haine collective envers une communauté ethnique ou religieuse spécifique est seulement l'avant-dernière étape avant la persécution systématique et éventuellement l'extermination de cette communauté.

Oui, il y a des extrémistes et des terroristes musulmans qui doivent être condamnés dans les termes les plus forts. Il y a également des terroristes chrétiens, juifs et autres, qui commettent des actes de terreur et de criminalité bien pires. Les terroristes sont des terroristes parce que la terreur n'a aucune religion ou identité ethnique ou culturelle particulière. À dire vrai, George Bush lui-même, est probablement le plus grand terroriste de notre temps.

Toutefois, attribuer le terrorisme à une religion particulière, et appeler terroristes et fascistes les Musulmans, est une déclaration grave et un travestissement calomnieux de la réalité.

Rien ne peut être plus loin de la vérité. Demander à n'importe quel universitaire respectable, et lui ou elle vous dira que " fascisme islamique " est un oxymoron (formulation cotradictoire, NDT), parce que Islam et fascisme sont des termes contradictoires.

Le fascisme est caractérisé par son emphase sur le racisme, son idolâtrie du principe du chef, son intolérance, sa pensée unique, la violence et le despotisme, tandis que l'Islam est une religion dont le nom est dérivé du mot paix et dont les idéaux sont fondamentalement semblables à ceux du vrai christianisme et du vrai judaïsme.

Dans l'Islam, le critère final pour le salut et le succès en ce bas monde et dans l'au-delà est la droiture, pas la race ou quelque chose de ce genre.

Dieu déclare dans le Coran : " Oh humanité, Nous vous avons créé d'un seul couple mâle et femelle, et établis en nations et tribus de sorte que vous puissiez vous connaître les uns les autres, le meilleur d'entre vous aux yeux de Dieu, est le plus pieux. Dieu en vérité est bien conscient de tout ce que vous faites. "

Dans la Sourate Al Asr (le Temps), le Coran dit que « " Par le passage du temps, l'homme est à vrai dire en état de perdition, sauf ceux qui ont la foi, font de bonnes actions, et s’enjoignent mutuellement la vérité et l’enudrance. "
Est-ce un discours fasciste, M. Bush ?

Je ne suis pas théologien, mais en tant que Musulman ordinaire, je peux témoigner que mes parents m'ont enseigné (ce que j'ai plus tard appris à l'école) " qu'il n'y a aucune supériorité d’unArabe sur un non-Arabe sauf par la piété, la bonne volonté et les bonnes actions. "

On nous a enseigné à respecter et à vénérer tous les prophètes de Dieu, y compris Adam, Noé, Idriss, Loth, Abraham, Isaac, Ismaël, Jacob, Moïse, Jésus et Mohamed et d'autres, et à ne pas préférer l'un à l'autre.

Oui, il nous est ordonné de résister à l'oppression, on nous exhorte à le faire de manière proportionnée.

" Et, si vous punissez les agresseurs, faites le proportionnellement à l'agression originelle, mais si vous pardonnez, ce sera mieux pour les miséricordieux. "
Oui, je réalise très bien qu'il y a beaucoup de Musulmans qui font des choses fortement incompatibles avec les sublimes enseignements de leur religion. Je les condamne sans aucune hésitation. Mais on peut en dire de même des partisans d'autres religions, qui devraient être également condamnés.

Les premiers colons usaméricains exterminèrent par millions au nom de leur « destinée manifeste. » Durant le seul siècle passé, environ cent millions de gens furent tués dans les guerres faites et soutenues par des « Chrétiens. » Et, aujourd'hui, au nom de l'accomplissement du nationalisme juif, Israël, grâce au support et à l'appui actif américain, commet un génocide rampant contre le peuple palestinien, pour nulle autre raison que les victimes ne sont pas membres du " Peuple élu. "

A vrai dire, le soi-disant Occident chrétien a prédominé, non pas en raison de l'excellence de ses idées, idéaux ou même religions, mais plutôt parce qu'il a excellé dans la mise en appliquant de la violence organisée contre des nations militairement faibles et peu développées.

Nous les peuples du Tiers Monde n'oublions pas ce fait et nous ne nous permettrons jamais d'être dupés et abusés par le mensonge occidental au sujet de la démocratie.

Le rejet de la victoire de l'élection du Hamas par l'Occident a été un témoignage claironnant du caractère mensonger et de l'hypocrisie occidentale au sujet de la démocratie.

L'Occident, particulièrement les USA et le Royaume-Uni, utilisent la question de la démocratie et des droits de l'homme comme un outil prêt à l'emploi au service de ses obkectifs stratégiques pervers.

Quoi qu'il en soit, quand la démocratie et les droits de l'homme ne s'accordent pas avec ces buts, l'Occident encourage et soutient le despotisme, la tyrannie et la répression par l'État policier. Voyez seulement comme l'Occident est à son aise avec les régimes des États policiers du Moyen-Orient.

Pourquoi nous haïssons l'Amérique

Dans un article intitulé " Pourquoi je hais l'Amérique " que j'ai écrit quelques semaines après le 11 septembre, j'ai précisé qu'il y avait trois raisons principales à la haine musulmane envers le gouvernement US.

Celles-ci incluent le ralliement de l'Amérique au Sio-Nazisme (Israël est un Ètat nazi parce que quand les juifs se comportent en nazis, ils deviennent des nazis), le ralliement et le soutien de l'Amérique aux tyrannies arabes et musulmanes du Maroc au Pakistan, et cette hostilité évangélique pareille à celle des nazis envers l'Islam et son milliard et demi estimé de fidèles qui pousse le cynsime jusqu’à prétendre que les Musulmans n'adorent pas le vrai Créateur.

En tant que Palestinien, qui a d'ailleurs reçu son éducation universitaire aux Etats-Unis (j'ai reçu ma licence en journalisme à l'Université de l'Oklahoma et ma maîtrise] dans le même domaine à l'Université de l'Illinois du Sud à Carbondale), je ne peux pas probablement aimer un gouvernement qui a massacré un million d'enfants iraquiens afin de punir un homme, Saddam Hussein. Je ne peux non plus voir avec indifférence les politiques et les pratiques ressemblant à celles de la Gestapo de l’Usamérique envers mon peuple.

Le peuple n'aime pas ses bourreaux, et l'Usaméricain est le bourreau par excellence du peuple palestinien. L'Usamérique est l'auteur de 39 ans de mort, de deuil, de sauvagerie, de démolitions de maisons, de barrages routiers, de persécution et de répression de mon peuple. L'Usmérique est pour nous ce que fut le Troisième Reich pour les juifs. L'Usamérique et Israël sont les nazis de notre temps.

Pendant les fameuses années d'Oslo, l'Usamérique nous a donné un État policier sans État, et quand des élections ont finalement été tenues en Cisjordanie et dans le Bande de Gaza en janvier 2006 et que le Hamas a gagné les élections, l'Usamérique nous a soudain tourné le dos, en connivence avec les criminels de guerre israéliens pour imposer un siège hermétique à trois million et demi de personnes.

Aujourd'hui, Israël, avec l'enthousiaste appui usaméricain, refuse à trois million et demi de Palestiniens l'accès à la nourriture, à l'eau et au travail. Et qui plus est, la Wehrmacht israélienne a détruit, presque entièrement, l'infrastructure de Gaza et du Liban, y compris les ponts, les écoles, les universités, les centrales électriques, les rues et les immeubles, tout cela au nom du nationalisme juif. Si ce n'est pas du nazisme, alors qu'est-ce que le nazisme ?

L'Usamérique, où l’on enseigne aux enfants à « me donner la liberté ou à me donner la mort », a constamment fait obstacle à la justice pour mon peuple depuis presque soixante ans et activement soutenu des politiques et des pratiques qui vont à l'encontre des idéaux usaméricains les plus élémentaires de liberté et de fair-play
L'Amérique a soutenu et continue à soutenir le nettoyage ethnique, l'apartheid, et les plus grossières violations de nos droits de l'homme pour la raison que les victimes sont des enfants d’un Dieu inférieur et que les oppresseurs sont " « le peuple de l'ethnie de Dieu qui ne peut pas se tromper »

George Bush et ses cohortes peuvent prétendre être des disciples de Jésus-Christ. Cependant, un coup d'œil rapide sur l'homme, sa mentalité et son comportements, indique qu'il est éloigné de plusieurs années-lumière des sublimes enseignements de Jésus, que la paix soit sur lui.

En effet, un vrai disciple de Jésus n'adopterait pas ce discours criminel et meurtrier envers les peuples de Palestine et du Liban et d'autres musulmans.
Je suis sûr que le jour du Jugement Dernier, Jésus détournera la tête des meurtriers, des hypocrites et des menteurs comme Bush, qui au nom de Jésus commettent tous les crimes et les abominations concevables.



Original : http://umkahlil.blogspot.com/

 
  La derive totalitaire aux états unis (suite)



Les néo-cons et Léo Strauss


La plupart des néo-cons sont d’anciens trotskistes anti-communistes. Léo Strauss connaît un grand succès auprès d’eux et beaucoup d’entres eux le considèrent comme leur maître à penser.

Léo Strauss est un philosophe allemand qui a adhéré au sionisme puis s’en est séparé quelques années plus tard. Néanmoins il n’a jamais cessé de porter Israël dans son cœur « Eh bien, son cœur était à Jérusalem et sa tête à Athènes » a déclaré un membre de sa famille.

« Israël est le seul pays qui en tant que tel est un avant poste de l’Occident en Orient. De plus, Israël est entouré d’ennemis mortels en supériorité numérique écrasante » déclare Strauss lui-même « Israël est une bénédiction pour tous les juifs, où qu’ils soient, qu’ils l’admettent ou non » rajoute t-il.

Léo Strauss prône la démocratie libérale et le « droit naturel » ; il abhorre le multiculturalisme, l’état-providence et le relativisme. Selon lui, le relativisme conduit à l’affaiblissement moral des démocraties libérales « si toutes les valeurs sont relatives, alors le cannibalisme est une affaire de goût » précise t-il.

Les adeptes de Léo Strauss appliquent le principe du non relativisme et du droit naturel à la démocratie et à la liberté qui sont, selon eux, des valeurs immuables valables n’importe où et n’importe quand.

Léo Strauss défendait l’usage de la force ; il avait d’ailleurs rejeté le traité de non prolifération nucléaire qu’il considérait comme une faiblesse vis-à-vis de l’ex URSS.

De la même façon ses disciples légitiment le recours aux armes et trouvent en la stabilité un grand danger [3] : « nous voulons la révolution, nous ne voulons pas la stabilité et nous voulons faire tomber tous les tyrans ... nous sommes un pays messianique. Et notre message à l’adresse du monde est notre vision messianique : le triomphe de la liberté, partout dans le monde. C’est quelque chose qui fait partie de notre ADN » rapportent-ils dans le séminaire de l’AEI.

(A propos de l’ADN, un livre paru en septembre 2004 qui a fait la une du Time Magazine et une page entière lui était consacrée dans Washington Post prétend que la spiritualité est inscrite dans nos gènes et que seule notre culture déterminerait notre appartenance à telle ou telle religion. Ainsi, « les grandes valeurs américaines de liberté et de démocratie » sont-elles inscrites dans les gènes américains ?)

Les néo-conservateurs et les nazis

Adepte du nazi Carl Schmitt et de Heidegger, Léo Strauss et son disciple Allan Bloom diffusaient certaines doctrines de Schmitt. Ce qui ne veut pas dire que Strauss n’était pas critique vis-à-vis des textes de Schmitt mais ce qui est sûr c’est que ses critiques n’étaient pas prises en compte par ses disciples néo-conservateurs.

Les néo-conservateurs puisent l’essentiel de leurs idées dans les doctrines Schmittiens qui ont servi aux fondements de l’état nazi notamment en matière d’état d’exception et donc du droit public, de sécurité intérieur et de politique internationale [4]. L’état d’exception permanent préconise que l’exception peut devenir la règle permanente. En ce qui concerne l’état nazi, l’état d’exception a suspendu tous les articles de la Constitution de Weimar garantissant les libertés individuelles ; cette suspension fut reconduite de façon permanente et on peut considérer l’ensemble du IIIe Reich comme un état d’exception qui dura douze ans.

L’état d’exception permanent désigne la dictature comme seul moyen de sauver l’état en cas de menace interne, que cette menace soit réelle, imaginaire ou créée de toute pièce.

Au lendemain du 11 septembre, John Ashcroft, ministre de la justice, adopte la loi Patriot Act II qui répond aux objectifs et attentes du PNAC. C’est une loi d’exception à durée limitée mais à effet permanent. Cette mise en état d’exception s’inspire de la théorie de l’état d’exception citée ci-dessus. L’équivalent de cette loi fut appliquée par les autorités nazies au lendemain de l’incendie du Reichstag. Cet incendie criminel provoqué par les nazis eux même mais qualifiée « d’attentat terroriste perpétré par les communistes » (terme qui désignaient les juifs selon la terminologie nazie) a servi d’alibi à l’état d’exception.

Les néo-cons ne s’inspirent pas seulement des principes Schmittiens, ils puisent leurs idées aussi dans celles d’Hitler lui-même.

Ainsi Richard Perle et Frum de l’IAE ont publié un livre en décembre 2003 intitulé « An end to Evil : How to win the war on terror », « Les USA sont devenus la plus grande puissance des grandes puissances dans l’histoire du monde » et « Il n’y a pas de moyen terme pour l’Amérique : c’est l’holocauste ou la victoire. Ce livre est un manuel pour obtenir la victoire » peut-on lire dans les pages de ce livre.

Les néo-cons et les fondamentalistes chrétiens

Les Born Again Christian est une multinationale de la foi. Ces illuminés intégristes sont hostiles à toutes les religions que ce soit le judaïsme, l’islam ou le catholicisme.

Pourquoi les néo-cons, dont la plupart sont des ultra-sionistes, se sont alliés aux Born Again Christian qui eux sont des antisémites notoires ?

La réponse est que d’une part « Israël assiégé en a besoin de ce soutien (des fondamentalistes chrétiens) qui est à la fois énorme constant et inconditionnel » comme l’a déclaré un néo-con, et d’autre part ces fanatiques sont des islamophobes au langage cru et non alambiqué ; ils crient haut et fort leur haine de l’islam. Selon l’adepte de Born Again Christian, le musulman est Satan personnifié ; c’est lui qui se met sur la route de Dieu et empêche la réalisation des prophéties bibliques et le retour du messie. Ce retour qui selon ces fous paranoïaques n’aura lieu que lorsque tous les juifs de la terre retournent à la terre promise et que le grand Israël verra le jour.

La haine des musulmans et le soutien infaillible à Israël a permis l’union sacrée et contre-nature de ce mélange sulfureux.

Les néo-cons et le lobby sioniste américain

L’AIPAC et la Conference of Presidents of Major Jewish Organization comptent parmi les plus importantes organisations qui forment le lobby pro-israélien et qui veillent sur la bonne marche des relations entre les Etats-Unis et Israël. Leur grande influence sur le congrès américain a poussé le conservateur Patrick Buchanan à comparer ce dernier à « un territoire occupé israélien ».

Le lobby pro-sioniste hostile aux arabes et aux musulmans ne se limite plus aux seuls « Likoudniki », il est aussi présent dans toutes les sphères américaines politiques, médiatiques ... et même populaires [5].

Au nom de la nation et de la lutte contre la « terreur » la masse s’est fédérée contre l’ennemi musulman et a apporté son soutien infaillible à l’état hébreux ; elle a éliminé toute possibilité de non conformisme, de remise en cause du système ou de rupture des rangs. « chacun prend ses distances avec tout ce qui est arabe ou musulman » et aucun n’osera critiquer la guerre contre l’Irak ou ne réclamera quelques concessions que ce soit au gouvernement israélien.

Le lobby pro-likoud n’a plus besoin de se mobiliser. L’endoctrinement a solidement pris racine ; pour ceux qui restent conscients, la peur, l’opportunisme ou l’amour infini de l’argent et du pouvoir les poussent à un suivisme docile.

La masse s’est transformée en « d’affreuses marionnettes à face humaine » ; elle ne pense plus : elle se déploie spontanément.

Les néo-cons, les marchands de la mort et la globalisation

On retrouve des représentants de Lockheed Martin, un des premiers fournisseurs d’armes du département de la Défense, à la tête de plusieurs think tanks néo-conservateurs (PNAC, CLI, AEI) ; cette situation est symptomatique et montre le changement profond des mentalités de l’opinion publique qui d’habitude désignent les industries d’armements, discrètes dans leurs faits et gestes, comme les marchands de la mort comme l’explique Jim Lobbe, journaliste américain spécialiste des néo-cons.

Aujourd’hui, le complexe militaro-industriel, s’affiche fièrement et avec arrogance aux côtés des faucons de la Maison Blanche car le culte de la force est roi au pays des « Likoudniki ».

Les lobbies de la guerre participent à visage découvert au mouvement général de la mondialisation pour les intérêts des grandes entreprises (Corporate globalization).

Vu l’importance de ces deux derniers points, je ne m’étalerai pas car ils méritent une étude détaillée et très approfondie.

La néo-révolution médiatique

Une démocratie ne peut s’enraciner que dans une société libre et consciente de l’être. Or l’américain moyen est soumis en permanence à un matraquage médiatique implacable.

Fox News, la chaîne phare des néo-cons, et ses consoeurs utilisent des moyens d’endoctrinement très sophistiqués en vue de soumettre la population aux idées néo-conservatrices .

Abusé, l’américain moyen absorbe toutes les âneries, aussi grotesques les unes que les autres, dictées par les faiseurs d’opinions. Un sondage fait apparaître qu’une majorité d’américains qui regardent Fox News croient que c’est Saddam qui a commandité les actes du 11 septembre ! ! !

« si nos médias [américains] étaient attachés à la vérité, Georges Bush ne serait pas président, et nous, pas en guerre contre l’Irak » écrit John Nochols, journaliste qui dirige un mouvement pour la réforme des médias [6].

Actuellement la démocratie américaine se base sur une majorité qui ne pense plus et dont la volonté n’est plus autonome ; ce n’est plus qu’une démocratie de façade que certains surnomment « démocratie synthétique ».

La propagande, le mensonge, la manipulation du passé, du présent et du futur s’articulent autour d’une réalité fictive et prophétique. Les armes de destructions massives et les supposés liens de Saddam avec Al Qaida ont remplacé le mythe des « protocoles des sages de Sion » d’hier si utile aux nazis pour distiller la haine du juif.

Si hier la masse s’est fédérée contre le juif, elle s’unit aujourd’hui contre le musulman : Confondu avec le terrorisme l’islam devient l’axe du mal à éradiquer absolument.

Et des leitmotiv se répétant comme des refrains : « L’islam est tout simplement une religion de guerre » ou encore « nous devrions envahir leurs pays, tuer leurs leaders et les convertir au christianisme » ...

Si hier, la banalisation de la haine a légalisé le crime et a conduit à la solution finale où des millions d’innocents ont péri, aujourd’hui elle légalise le meurtre collectif de ces basanés en Irak, en Palestine, en Afghanistan et ailleurs.

Les néo-cons retranchés derrière leurs bureaux ont réussi à opérer une mutation du système démocratique en un système totalitaire.

« Certaines idées ont des conséquences inattendues » aiment répéter les intellos-Bushien. Pour une fois, ils ont raison ! Les conséquences inattendues de leurs idées à eux sera leur destruction car le système totalitaire ne peut-être réformé, il ne peut qu’être détruit.


[1] Hannah Arendt : Les Origines du totalitarisme, Le système totalitaire, traduction française J-L. Bourget, R. Davreu, P. Lévy, Seuil, 1972 réédité, Gallimard, collection Quarto, 2002.

[2] Committee for the liberation of Iraq, Irak Liberation Act, Heritage Foundation, Council on Foreign Relations, Le National Endowment for Democracy, le Manhattan institute, Cato Institute, Hoover Institution, RAND, Freedom house, Atlas Society, Mensa ...

[3] L’Amérique messianique Alain Frachon & Daniel Vernet Edition Seuil, septembre 2004.

[4] Etat d’exception permanent : la néorévolution américaine. Edition L’esprit des péninsules, 2004

[5] Ce pays où Sharon n’a que des amis, serge Halimi, Manière de voir 77, octobre-novembre 2004

[6] Révolte contre l’ordre médiatique, Eric Klinenberg Manière de voir 77, octobre-novembre 2004

 
samedi 28 avril 2007
  Dérive totalitaire aux Etats-Unis





Ecrit par leila salem
 Le totalitarisme selon Hannah Arendt

Selon Hannah Arendt [1], le totalitarisme est un régime qui vise, au nom d’une idéologie, à maîtriser totalement une société réduite à l’état de masse. Par masse, Hannah Arendt désigne ces personnes neutres et politiquement indifférents qui constituent la majorité d’une société.

Le système totalitaire, « porteur de vérité », manipule et utilise la propagande, le mensonge, la censure, les « visions » prophétiques de l’avenir, la manipulation de la mémoire pour soumettre les masses à son « pouvoir charismatique ». La banalisation de la haine, la création d’un ennemi objectif, intérieur ou extérieur, la conviction qu’on vit mal ailleurs et qu’on est menacé à l’intérieur permet à l’ensemble des personnes de se fédérer.

L’homme de masse devient alors un individu isolé où la dévotion au chef et à la nation devient son seul moyen d’exister.

Le but final est l’obtention de l’adhésion et du consentement total de la masse ; il s’agit aussi d’éliminer toute possibilité de non conformisme, de remise en cause du système ou de rupture des rangs. Une fois les masses contrôlées et organisées, la propagande est remplacée par l’endoctrinement et la société s’uniformise.

« les leaders des régimes totalitaires ne sont pas primordialement des menteurs, mais plutôt des manipulateurs, car ils réussissent à organiser les masses en unité collective qui soutiennent leurs mensonges » dit Hannah Arendt.

Laminées par la machine totalitaire, les masses se transforment en « d’affreuses marionnettes à face humaine » et l’homme devient « superflu » incapable de penser, n’absorbant que ce que l’appareil de propagande lui verse dans la tête.

Penser , c’est éviter de sombrer

Hannah Arendt explique que celui qui renonce à penser et s’en remet aux idées toutes faites est une proie pour les systèmes totalitaires.

Le nouveau chef totalitariste : le groupe des néo-conservateurs américains

« Si vingt-cinq personnes dont je connais les noms avaient été exilées sur une île déserte il y a un an et demi, la guerre en Irak n’aurait pas eu lieu », a écrit l’éditorialiste du New York Times Thomas Friedman à propos des néo-conservateurs.

Depuis 1990 une idée obsessionnelle d’attaquer l’Irak hante les néo-cons. Une machine formidable et une mobilisation permanente et continue utilisant tous les moyens de communication possibles pour appeler au renversement de Saddam Hussein ont été mises en marche dés le début des années 90.

On peut penser que les néo-cons voulait la tête de Saddam parce que ce dernier est un tyran impitoyable qui a plongé son pays dans une guerre avec l’Iran, a envahi le Koweït, a gazé les kurdes et a torturé les chiites et ses opposants ?

On peut aussi imaginer que les néo-cons sont attirés par les richesses pétrolières et les importantes capacités agricoles de l’Irak ?

Eh bien, non ! ni la première raison ni la seconde n’ont vraiment pesé dans la détermination des néo-cons à renverser Saddam.

La raison dominante de l’obsession irakienne est que Israël est au centre des préoccupations néo-conservatrices. L’ancien dictateur était notoirement anti-israélien et il n’avait jamais cessé d’appuyer et de financer les différents groupes de résistance palestiniens.

En dépit de la poignée de fer par laquelle il tenait son pays, l’ancien despote avait réussi dans les années 1980 à faire de l’Irak l’un des pays le plus avancé du Proche-orient et il avait réussi à s’acquérir des armes pouvant atteindre et frapper Israël. Il se voyait comme le nouveau Bismark de l’Irak. Les faucons Bushien ne l’ont pas entendu de cette oreille et ont décidé de le neutraliser !

En 1996, les néo-cons ont signé un document destiné à Benyamin Nétanyahou, chef du Likoud, sous le titre de « A clean Breaks : A New Strategy for Securiting the Realm : Un changement décisif : une nouvelle stratégie pour la sécurité du royaume[Israël] » et qui préconisait le renversement de Saddam.

Surnommés Likoudniki (agents américains du Likoud), les néo-cons se sont opposés au processus d’Oslo et ont alimenté la campagne menée par la droite israélienne avec à sa tête Benyamin Nétanyahou pour démolir le processus d’Oslo et discréditer Rabin.

Les néo-cons estiment que des états arabes plus démocratiques - traduction : plus obéissants à l’axe américano-sioniste - accepteront beaucoup plus facilement l’hégémonie(le Diktat) israélienne ; selon eux , l’opération de « démocratisation » combinant le « hard power » et le « soft power » doit précéder le règlement du conflit israélo-arabe.

D’après eux, ce n’est pas la colonisation et la répression israélienne qui empêchent le processus de paix mais c’est cet « espoir » que nourrissent les palestiniens et les arabes à voir « Israël disparaître » qui en est la cause et il faut tout faire pour tuer cet espoir.

« Je crois que les arabes dans leur ensemble n’accepteront pas Israël et ne font des concessions que dans le but de détruire un jour cet Etat. Ils veulent toujours qu’Israël disparaisse ; ils croient qu’il disparaîtra un jour. [...] La vraie source du problème n’est pas l’expansion des colonies, des implantations ; ce n’est pas la répression israélienne, c’est l’espoir qu’entretiennent toujours Arafat , les Palestiniens et les arabes de défaire Israël. Il n’y aura pas de paix tant que cet espoir survivra » déclare Muravchik, ancien trotskiste converti au néo-conservatisme.

Pour tuer cet espoir plusieurs think tanks (opinion makers : les faiseurs d’opinions) ont vu le jour. En 1997, le PNAC (Project for the New Americain Century : Projet pour le nouveau siècle américain) est né. Ce think tank néo-conservateur a proposé la domination militaire et économique de la planète par les Etats-Unis pendant au moins un siècle et a planifié une attaque contre l’Irak .

Le PNAC devient le porte parole de la droite israélienne. Il préconise d’éliminer politiquement Yasser Arafat, de supprimer toute aide financière à l’autorité palestinienne, de cesser toute pression sur Israël visant la reprise des négociations avec les palestiniens. Amalgamant Yasser Arafat et Ben Laden, l’OLP et Al Qaida, il prônait une guerre contre le terroristes en y incluant les groupes palestiniens.

Un autre think tank lié aux néo-cons est l’AEI. Ce laboratoire d’idées dont Richard Perle est l’éminence grise, est l’un des think tank les plus proches du gouvernement américain. L’AEI a édité en 1999 un livre écrit par le néo-con David Wurmser « Tyranny’s Ally : America’s Failure to Defeat Saddam Hussein » assimilant l’échec des Etats-Unis à se débarrasser de Saddam Hussein à une forme de complicité avec la tyrannie.

Les faiseurs d’opinions qui font la pluie et le beau temps aux Etats-Unis et qui façonnent le comportement des américains ne se limitent pas au PNAC et à l’IAE, on peut y inclure plusieurs autres non moins inquiétants [2].(à suivre.)


 
vendredi 27 avril 2007
  L'INTOX
Pause-Café

Vox Populi : "Je suis rassurée"

«J'ai souvent pensé à vous écrire sans pour autant m'y résoudre. Cependant, cette fois-ci je me devais de le faire parce que c'est effectivement ENORME et puis, pour une fois, quelqu'un, et un journaliste qui plus est, dit tout haut ce que je pense (pas forcément tout bas !) Quand j'essaie d'expliquer que le terrorisme existe, de même que les terroristes, on me prend pour une naïve, j'avais presque fini par y croire... Maintenant je suis rassurée et là, au moins, je sais que je ne suis pas seule.»Fella
Réponse : S’il n’existait pas, il faut nous dire alors pourquoi tant d’Algériens sont morts. Quand des gens montent au maquis et déclarent le djihad à leur peuple, quand ils considèrent que les musulmans qui ne suivent pas leur voie sont des infidèles et qu’il faut les tuer, pourquoi chercher, ailleurs, le responsable de toute cette violence extrémiste, du reste assumée et revendiquée ? maamarfarah@yahoo.fr
- «Qui sait endurer, aura la paix.» Proverbe arabe
Commentaire:
Voilà comment ces journaleux serviles de la junte ont sevit pendant toute la periode "rouge" à débiter leurs mensonges sur le peuple algérien,la supercherie et l'escroquerie de ce régime ont fini par être démasquée par ses propres serviteurs.Heureusement que cette presse aux ordres et néfaste ne touche que moins de 0,5% de la population !!!

 
  Les nouveaux désinformateurs
Entretien avec Guillaume Weill-Raynal




Comment pourrait-on définir la désinformation ?
C’est un mot qui fait « savant », qui fleure bon les techniques modernes de communication. Mais en fait, la désinformation n’est rien d’autre que la mise en œuvre, sur un plan collectif des procédés éternels de la mauvaise foi inhérente à la nature humaine. L’homme sait d’autant mieux mentir à ses semblables qu’il est avant tout doué d’une extraordinaire capacité à se mentir à lui-même, à confondre la réalité avec ce qu’il voudrait qu’elle soit.
Dans la vie de tous les jours et dans une relation entre deux ou trois individus, cela fonctionne déjà à merveille. Dans la pièce de Molière, Tartuffe réussi à phagocyter toute une famille parce qu’il a deviné chez le chef de cette famille - Orgon - une vision préconçue et rigide du monde qui ne demande qu’à être flattée. Orgon est dupé, il devient la marionnette de Tartuffe, c’est une victime, mais il se transforme en même temps en redoutable tyran familial, sans même s’en rendre compte.
Il est sincèrement persuadé d’être un « axe du bien » à lui tout seul. La désinformation repose sur le même principe, appliqué non plus aux relations individuelles mais aux masses. Lénine la résumait en une seule phrase : « Dites-leur ce qu’ils ont envie d’entendre ». Volkoff avait justement noté que la désinformation utilise, en fait, les mêmes techniques que celles du marketing moderne : que représente pour vous ce paquet de nouilles ? À quelle image l’associez-vous ? Quel discours dois-je vous tenir pour vous donner envie de l’acheter ? etc.
Il avait analysé avec la même perspicacité ce mécanisme de « vampirisation » qui permet à la désinformation de prospérer : chaque victime de la désinformation se fait à son tour désinformateur. C’est ce qu’on appelle la « caisse de résonance », la chaîne des « idiots utiles » qui relayent la désinformation sans toujours en avoir conscience, parfois de bonne foi, mais le plus souvent aveuglés par leur vanité. La désinformation exploite des vieux clichés qui correspondent généralement à des désirs plus ou moins conscients, enfouis en chacun mais universellement partagés.
Vous affirmez qu’une opération concertée de désinformation pourrait être à l’origine des conflits qui agitent la France ? Et pourquoi la France particulièrement ?
Je suis parti d’une réflexion sur cette concurrence mémorielle des souffrances identitaires qui, depuis quelques années, empoisonne notre vie intellectuelle. Aujourd’hui, le débat en France semble comme brouillé par ces querelles stériles autour du nouvel antisémitisme, de la souffrance noire, du racisme anti-blanc, de la mémoire coloniale etc. qui ont pour premier effet de dresser les gens et les communautés les uns contre les autres. Semer la discorde dans le camp adverse, c’est depuis la nuit des temps - de Sun Tzu à Goscinny et Uderzo, voyez Astérix et La Zizanie - un classique indémodable de la guerre psychologique.
Or, ces querelles apparaissent comme la conséquence et la suite logique de l’instrumentalisation et du dévoiement de la lutte contre l’antisémitisme que j’avais analysés et critiqués dans Une haine imaginaire. Cette instrumentalisation, déjà, apparaissait comme un efficace outil de désinformation destiné à empêcher tout débat rationnel sur le conflit du Proche-Orient. Ces querelles qui viennent à sa suite laissent penser qu’il ne s’agissait que d’une partie d’un ensemble plus vaste.
Toutes ces polémiques mêlent des thèmes qui peu ou prou renvoient à la question du choc des civilisations. La France constitue à cet égard une cible de choix. En tant que chef de file des pays qui se sont opposés à l’aventure américaine en Irak. Et aussi parce que c’est dans le monde occidental le pays qui voit cohabiter sur son sol les communautés juive et musulmane les plus importantes.
Dans l’affaire Charles Enderlin, journaliste à France 2, quel était l’objectif recherché par ceux qui ont tenté de faire croire que l’origine du tir qui a tué le petit Mohammed Al Dura en 2000 était d’origine palestinienne ?
Ils ont tenté bien plus ! Ils ont même réussi à faire croire à un large public que le film de France 2 était une falsification, une mise en scène. Que l’enfant serait encore en vie aujourd’hui. Cette affaire est un véritable cas d’école de désinformation. Car en combattant l’émotion ressentie devant les images de la mort d’un enfant par un sentiment artificiel de haine contre le journaliste qui avait diffusé ces images, on a réussi à faire passer à la trappe toute analyse rationnelle du conflit israélo-palestinien.
C’est cette polémique qui a permis aux médias de la communauté juive de passer totalement sous silence les livres de Charles Enderlin, publiés chez Fayard, qui se sont pourtant vendus à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires et qui constitueront à l’avenir des références incontournables pour les historiens. Je suis abonné à la newsletter du CRIF.
Ils n’ont pas omis de faire un article sur les mémoires de Rika Zarai ni sur un article du Point consacré à un viticulteur français installé en Israël. Pas un mot, pas une ligne sur Le rêve brisé, ni sur Les années perdues qui décrivent à partir de témoignages de première main, (notamment ceux des chefs des services secrets israéliens !) l’histoire précise et complète des douze dernières années du conflit israélo-palestinien…
C’est un peu triste pour la communauté juive qui se renferme sur elle-même et qui au bout du compte se retrouve plus ignorante que le grand public sur un sujet qui la concerne et sur lequel elle ne cesse de se mobiliser avec passion. La désinformation est un piège en miroir ou le désinformé se croit mieux informé que les autres. « La vérité est ailleurs ». L’affaire Enderlin est une théorie du complot qui ne dit pas son nom. Surtout, elle a été le point de départ d’une fantastique opération de désinformation.
Car ceux qui comme le journaliste Daniel Leconte ont monté de toutes pièces l’affaire Enderlin ont également monté en épingle une autre affaire où la théorie du complot apparaît, mais cette fois, de manière absurde et grotesque : L’effroyable imposture de Thierry Meyssan. Seulement, ils l’ont fait en sens inverse.
Ils se sont servi de Meyssan comme d’un épouvantail et de sa théorie du complot comme d’une caricature d’esprit critique pour ridiculiser et disqualifier tout esprit réellement critique. Bien entendu, ils ont amalgamé tout cela à l’antisémitisme en rattachant la théorie du complot aux Protocoles des Sages de Sion.
Ils ont amalgamé ensuite l’antisémitisme à l’antiaméricanisme, puisque Meyssan attente à la mémoire des victimes du 11 septembre ! Dans la foulée on attaque les altermondialistes, les intellectuels de gauche, les opposants à la guerre en Irak, les partisans d’une paix équitable au Proche-Orient qu’on traite d’antisémites, de Munichois, de complices des « nazislamistes », d’islamo-gauchistes etc.
C’est à la fois grossier et subtil. Tous ces thèmes s’agencent entre eux de manière parfaitement cohérente. Et tout cela s’est fait à partir d’un véritable réseau de sociétés de créations audio-visuelles et de maisons d’éditions où l’on croise toujours les mêmes personnes. Notamment Daniel Leconte.
Ajoutez pour finir que la théorie du complot que ces gens nous présentent comme un symptôme d’antiaméricanisme est en réalité un thème récurrent de la culture américaine, un pur produit d’importation ! Autre effet miroir : la désinformation participe de ce vieux vice humain qui consiste à projeter sur autrui ses propres tares…
Selon vous l’enjeu de l’affaire Redeker était celui d’une validation morale de propos susceptibles de poursuites pour incitation à la haine raciale et religieuse et simultanément d’une criminalisation de toute réponse aux idées soutenues par Redeker
L’affaire Redeker est exemplaire de l’effet de dégradation que la désinformation produit dans le débat. Tout le monde se réclame de la liberté d’expression, mais chacun cherche à faire taire le voisin. On a le droit de critiquer l’islamisme sous un angle politique et même l’islam sous l’angle de la philosophie athée.
On peut railler les curés, les rabbins et les imams au nom de l’anticléricalisme. On a le droit d’être impertinent, outrancier, et même de tourner le sacré en dérision. Mais Redeker est allé plus loin en affirmant que « tout musulman » est « élevé dans les valeurs de haine et de violence » qui sont « celles du Coran ».
Il faut être aveugle pour refuser de voir dans cette phrase une incitation flagrante à la haine ethnique ou religieuse. Un délit qui tombe sous le coup de la loi. Il fallait condamner les menaces dont Redeker a été victime car nul ne doit être menacé dans son intégrité physique pour quelque raison que ce soit et même pour des propos illicites.
Le seul « châtiment », c’est de s’en expliquer éventuellement devant un tribunal. Mais là où on inverse les rôles, c’est que ceux qui ont timidement assorti leur solidarité à l’égard du sort fait au « philosophe » d’une condamnation sur le fond des propos qu’il avait tenus ont été attaqués avec une violence inouïe comme des ennemis de la liberté d’expression.
Il était interdit de répondre. Comme si la liberté d’expression était à sens unique ! Je garde en mémoire un débat télévisé où Romain Goupil a littéralement empêché l’historien Jean Baubérot d’exprimer son point de vue, avec une incroyable agressivité. BHL a écrit dans Le Point que Redeker méritait un soutien « indiscuté, total et sans bémol » et que ceux qui le critiquaient lui donnaient « la nausée ».
Quant à Finkielkraut, il a écrit dans Le Figaro cette phrase que je trouve abominable : « Il est plus que temps de libérer le oui à Redeker du mais qui l’entrave ». Relisez attentivement cette phrase, elle fait froid dans le dos. De quelle libération nous parle-t-il, sinon de celle des instincts les plus bas, légitimée par une rhétorique de supérette. Et Finkielkraut enseigne la philosophie à nos polytechniciens…
La désinformation a-t-elle des effets à long terme ?
Oui. Il s’agit d’un véritable « désaprentissage » de la pensée. On ne raisonne plus. On ne réagit qu’émotionnellement, à partir d’associations d’images. Volkoff avait bien noté que la désinformation utilise les techniques du marketing. L’opinion publique devient aussi naïve et malléable face aux questions de société que la ménagère de moins de cinquante ans face au paquet de lessive. Le plus grave est de voir des « intellectuels » ayant pignon sur rue participer à ce mouvement. C’est l’éternelle trahison des clercs.
Peut-on lutter contre la désinformation ?
Il faut inlassablement en revenir au réel. Nul n’est besoin d’être expert pour juger honnêtement d’un problème dès lors qu’on accepte d’examiner les faits sans préjugés. Il faut savoir cultiver le doute, se méfier de soi-même et du désir enfoui en nous tous que la réalité soit autre qu’elle est. Pour cela, le meilleur outil rhétorique dont nous disposons reste la logique, qui est à la base de toute philosophie. Une notion que Finkielkraut semble avoir un peu perdu de vue.


 
mercredi 25 avril 2007
  La “menace islamiste” en Europe: des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Un rapport d’ Europol passé inaperçu



Kristoffer Larsson, 21 avril 2007

Traduit par Fausto Giudice


Certaines choses intéressent les médias, d’autres pas. Depuis la chute de l’URSS, les USA ont cherché une autre menace à désigner comme le mal suprême, une menace mondiale dont les Usaméricains ont un besoin désespéré. Les attentats du 11 Septembre leur ont donné cet ennemi. Et quand la Maison blanche parle, les médias écoutent docilement.
Ces dernières années, la « menace islamiste » est devenue l’un des thèmes favoris des médias. Ça fait la Une – des leaders musulmans qui formulent des menaces contre les pays qui participent à l’occupation de terres musulmanes.
Si les USA sont le pays occidental qui a le plus succombé à la peur de l’islamisme, l’Europe n’est pas beaucoup mieux lotie. Ses médias sont fortement usaméricanisés et donc enclins à reproduire les positions du gouvernement US vis-à-vis du monde non-occidental. Le terrorisme islamiste est en conséquence un thème tout aussi cher au cœur des journalistes européens.
On aurai pu donc penser que les journalistes se précipiteraient sur le premier rapport d’Europol, l’Office européen de police, sur le terrorisme dans l’Union européenne. Je peux vous assurer qu’ils ne l’ont pas fait. De fait, à ma connaissance, pas un seul journal ou canal télévisé suédois n’y accordé la moindre attention. Je n’ai pas non plus vu qu’il suscitait beaucoup d’intérêt dans les autres pays de l’UE (chapeau à l’EUobserver qui a eu la décence d’en rendre compte). C’est que ce rapport avait de quoi décevoir fortement ceux qui mènent la campagne anti-islamiste.
L’année dernière, il y a eu 498 incidents dans 11 pays de l’UE, désignés comme « attentats terroristes ». Le groupe séparatiste basque ETA est arrivé en seconde position avec 136 attentats terroristes et a été responsable du seul attentat ayant fait des morts (2, à Madrid). Les 497 autres n’ont heureusement pas fait de victimes.
Qu’en est-il donc des terroristes islamistes ? Vu les avertissements qui remplissent les colonnes de nos quotidiens, les résultats de l’étude d’Europol sont, pour le moins, surprenants. La vérité est que des islamistes ont commis UN des 498 attentats terroristes dans l’Union européenne en 2006. Vous ne me croyez pas ? L’intégralité du rapport est disponible sur le site web d’Europol (uniquement en anglais, NdT). Si des fondamentalistes islamiques avaient été à l’origine d’un grand nombre d’attentats – disons par exemple 136 – cela aurait fait la Une de tous les grands quotidiens. Un seul attentat, c’est simplement trop peu, ça ne colle pas avec l’image entretenue d’un « menace islamiste ».
Le rapport d’Europol consacre plusieurs pages au terrorisme islamiste, malgré ce chiffre extrêmement bas. À part l’unique attentat de l’année – qui aurait DU avoir lieu en Allemagne, mais n’a pas eu lieu – le Danemark et le Royaume-Uni ont aussi rapporté chacun un projet d’attentat sur leur sol (ces trois pays sont engagés, directement ou indirectement, dans l’occupation illégale de l’Irak). Quoiqu’il en soit, comme dans ces deux cas, les projets ont été dénoncés avant d’être mis à exécution, ils ne sont pas comptabilisés dans la liste des 498. Mais même en prenant en compte ces projets, le rapport montre bien que le « terrorisme islamiste » n’est pas la grande menace qu’il est censé être pour l’Europe.
Si l’on regarde le nombre de gens arrêtés comme suspects d’actes terroristes, les chiffres sont plutôt disproportionnés : environ la moitié d’entre eux étaient des musulmans. En clair, les musulmans sont un groupe causant très peu de terrorisme en Europe, mais beaucoup plus susceptibles d’être arrêtés comme suspects de terrorisme.
La couverture médiatique constante d’arrestations de musulmans crée la fausse image d’une menace sérieuse, de manière à avaliser la vision impérialiste du monde que Washington veut nous voir adopter. Pendant ce temps, les Usaméricains e leurs complices commettent un génocide en Irak. C’est clair, il faut faire quelque chose avec les médias.

NdT
Sur 498 actions terroristes enregistrées en 2006, 424 étaient ainsi en lien avec des mouvements séparatistes (essentiellement corse et basque) et 55 menées par des mouvements d'extrême-gauche ou anarchistes. 1 (un) seul était le fait d’islamistes. En revanche, sur les 706 personnes arrêtées au cours de l'année écoulée dans 15 pays en raison d'activités terroristes, la moitié environ étaient qualifiées d’islamistes.

 
mardi 24 avril 2007
  Luttes de clans sur fond de conflits géopolitiques
ALGERIA WATCH


Les attentats du 11 avril 2007 à Alger


par François Gèze et Salima Mellah,

Algeria-Watch, 21 avril 2007


Pour l'opinion algérienne comme pour tous ceux qui tentent de résister au rouleau compresseur de la désinformation produite par le DRS algérien (les services secrets de l'armée), l'attribution de la responsabilité des attentats du 11 avril 2007 à Alger à l'« Organisation d'Al-Qaida au pays du Maghreb islamique » (ex-GSPC) ne peut être prise pour argent comptant, comme le font la plupart des médias occidentaux. Dans cet article, qui se fonde quasi exclusivement sur une analyse rigoureuse de « sources ouvertes » – donc à la portée de tous les observateurs sérieux –, nous montrons que les commanditaires de ces attentats ne peuvent appartenir qu'aux plus hauts cercles du pouvoir algérien, aux mains d'une poignée de généraux.

Cet événement tragique constitue ainsi une étape importante dans l'exacerbation de la lutte de clans au sein de la « coupole » militaire maffieuse dirigeant le pays, qui a conduit certains « décideurs » à recourir à nouveau à l'instrumentalisation de la violence « islamiste ». Cette exacerbation s'explique par la conjonction de quatre facteurs principaux : a) la remise en cause de l'alliance stratégique avec les États-Unis, liée aux bouleversements des rapports de forces géopolitiques mondiaux (montée en puissance de la Russie et de la Chine, etc.) ; b) l'extraordinaire croissance de la rente pétrolière et gazière liée à la hausse des prix des hydrocarbures, qui a aiguisé les appétits financiers des clans en présence ; c) la profonde crise sociale qui ravage le pays (misère et chômage croissants, émeutes à répétition…) ; d) la maladie du président Abdelaziz Bouteflika, condamné à plus ou moins brève échéance, qui impose de renouveler la façade civile du pouvoir réel, selon de nouveaux équilibres difficiles à trouver.
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Les médias occidentaux brandissent depuis des années la menace d'un GSPC (« Groupe salafiste de prédication et de combat ») susceptible de frapper en Europe. Avec l'annonce de sa transformation, en janvier 2007, en « Organisation d'Al-Qaida au pays du Maghreb islamique », la perception de la dangerosité de cette étrange organisation ne pouvait que s'en trouver renforcée. Immédiatement revendiqués par le GSPC, les terribles attentats d'Alger du 11 avril 2007 ont relancé l'alarme : présentés comme des attentats suicide, ils ont ciblé le palais du gouvernement et le siège de la « Division est » de la Police à Bab Ezzouar, faisant trente morts et plus de deux cents blessés.

En France en particulier, journalistes, universitaires et experts du sécuritaire font alors de la surenchère : c'est à qui établira de la manière la plus probante des liens entre le GSPC et la nébuleuse internationale d'Al-Qaida. Si des nuances d'analyse sont perceptibles, la certitude que partagent tous ces « spécialistes » est qu'il s'agit bien d'une action terroriste commise par des islamistes opposés au régime algérien et obéissant aux instructions des chefs d'Al-Qaida. Les quelques éléments confortant cette thèse sont amplifiés, tandis que les nombreuses zones d'ombre sont sciemment occultées. Ce qui est érigé comme preuve irréfutable sont les communiqués du GSPC, alors que rien ne permet de certifier leur authenticité. Autre preuve tout aussi aléatoire : le mode opératoire. Attribuées à des « kamikazes », ces opérations, dit-on, ne feraient pas partie de la tradition djihadiste algérienne et prouveraient l'implication d'Al-Qaida.
En Occident, la prétendue affiliation du GSPC à Al-Qaida n'a suscité aucune interrogation depuis que le numéro deux d'Al-Qaida aurait invité le GSPC à rejoindre l'organisation et que ce dernier aurait renouvelé son allégeance à l'« Internationale djihadiste » en septembre 2006. En Algérie, depuis des années, la collusion entre ces deux entités a été très régulièrement évoquée par la presse. Et malgré les maigres indices, comme celui d'un supposé émissaire yéménite qui serait venu en Algérie en 2002 pour accorder la caution d'Al-Qaida à l'organisation locale avant de trouver la mort dans une embuscade 1 , une grande partie de la presse algérienne a continué depuis à colporter cette idée comme une évidence.

Une surprenante minimisation du « terrorisme islamiste »
Mais curieusement, depuis quelques mois, certains journaux algériens francophones, pourtant conditionnés par plus de quinze ans de propagande à dénoncer de façon virulente les « hordes islamistes » en Algérie, n'ont plus la même éloquence pour agiter la menace de l'apparition d'Al-Qaida en Algérie. Après chaque attentat perpétré ces derniers mois, des commentateurs s'interrogeaient sur les véritables commanditaires. Ainsi, Mohamed Zaaf, du Jeune Indépendant , constatait à la suite de la série d'attentats qui a touché le pays en février 2007 : « Mais, d'El-Qaïda nous ne connaissons de réel que les voix enregistrées. Depuis l'annonce du tutorat, le GSPC obéit donc aux voix et densifie ses activités avec l'ouverture du procès de la corruption. Le GSPC avait menacé de s'en prendre à la France et aux intérêts français. Il prit cependant tout son monde à contre-pied. Car les intérêts qui avaient été en réalité ciblés, ce sont les intérêts américains, près de Club des pins, et les intérêts russes à Hayoun 2 . »

Encore plus étonnant est le fait que certains dirigeants politiques algériens – qui, durant des années ont tenté de convaincre leurs partenaires occidentaux de la menace islamiste et de ses liens avec l'organisation internationale – ont plutôt réagi de manière frileuse aux derniers attentats commis par un GSPC dont l'allégeance à Al-Qaida ne faisait pas de doute en Europe. N'a-t-on pas vu un Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, déclarer à la suite de l'attentat commis le 10 décembre 2006 contre un bus transportant des travailleurs de l'entreprise algéro-américaine BRC (Brown Root and Condor), alors qu'un communiqué signé par le GSPC circulait sur Internet, qu'il ne s'agissait là que d'un « document » ? Il précisait que « l'enquête […] est en cours. Aucune piste n'est écartée pour le moment. Seules les investigations que mènent les services concernés peuvent affirmer avec précision les responsables de ce crime 3 ». Quant à l'attentat commis le 3 mars 2007 contre un bus transportant notamment des travailleurs russes de la compagnie Stroitransgaz, il n'a guère été médiatisé, alors qu'il s'agissait de la première attaque meurtrière contre des ressortissants étrangers depuis que le GSPC s'est transformé le 24 janvier 2007 en « Organisation d'Al-Qaida au pays du Maghreb islamique ».

Le 14 mars 2007, le président Bouteflika lui-même déclarait dans une interview : « Des actes terroristes sont encore commis de temps en temps. Ces actes sont le fait du grand banditisme. Ils n'ont rien d'idéologique. Nous nous attelons à les combattre pour y mettre un terme définitif. » Lorsque le journaliste lui demanda si les Européens devaient prendre au sérieux les menaces d'un GSPC affichant des ambitions régionales, le président algérien répondit : « Il faut faire la part des choses entre la réalité et la propagande, et restituer les choses dans leur juste proportion. Et les Européens le savent, eux, qui sont très bien renseignés sur ces questions 4 . » Loin de témoigner de la conviction du président de l'existence d'une menace excessive, ces propos laissent plutôt entendre qu'il soupçonnerait les Européens (ou d'autres ?) d'instrumentaliser celle-ci.
Relevons également qu'un journaliste algérien, Mounir B., « expert en terrorisme » réputé proche du DRS (les services secrets de l'armée), affirmait lui-même un peu plus d'un mois avant les attentats du 11 avril : « Les autorités algériennes ne se sont pas montrées particulièrement inquiètes jusqu'à la dernière série d'attentats en Kabylie. “Le GSPC a changé de nom, mais pour nous rien n'a changé”, a déclaré le ministre de l'Intérieur. Il n'a pas totalement tort. Le rapport de force sur le terrain n'a pas changé en faveur des groupes terroristes. Ils sont toujours faibles numériquement, ils éprouvent de grandes difficultés pour s'approvisionner et renouveler leur armement 5 . » Et d'ailleurs, la plupart des journaux algériens se font depuis des mois l'écho des succès des offensives militaires en cours dans différentes régions du pays, tandis que les difficultés d'action du GSPC version Al-Qaida sont sans cesse mises en relief. Les forces de sécurité auraient capturé de nombreux hommes armés, ce qui leur permettrait d'obtenir d'importantes informations sur l'évolution des groupes actifs. Pourtant, le décompte des attentats montre bien une recrudescence de l'activité de groupes armés ces derniers mois, mais son importance est souvent minimisée, en particulier son lien supposé avec Al-Qaida 6 .

Visées américaines sur les hydrocarbures d'Algérie et du Sahel
Alors pourquoi cet autre son de cloche venu d'Alger ? Pourquoi ce ton moins alarmiste ? Plus les Occidentaux amplifient leur perception de la menace, plus les officiels algériens la réduisent. Que suggère Yazid Zerhouni lorsqu'il déclare au lendemain des attentats d'Alger du 11 avril 2007 qu'« il ne faut pas exclure qu'il y ait d'autres intérêts ne voulant pas voir l'État algérien se ressaisir, se restructurer et fonctionner de manière plus efficace 7 » ? Et El Watan ne répond-il pas en partie à cette question en s'interrogeant, de façon très surprenante de la part d'un quotidien qui, jusque-là, n'avait eu de cesse de se féliciter du réchauffement des relations algéro-américaines : « Le Maghreb, notamment l'Algérie, est-il sur le point de faire les frais de luttes géopolitiques que se livrent les USA et la France au moyen du terrorisme islamique 8 ? » L'article concluait : « À ce jeu sournois semble parfaitement s'accommoder le réseau El-Qaida qui, en réalité, travaille, consciemment ou pas, pour les intérêts géopolitiques américains. Cette peur savamment entretenue du terrorisme islamiste, et notamment du réseau El-Qaida, leur permet de légitimer la nouvelle configuration du monde, notamment le Grand Moyen-Orient qu'ils viennent de décider. »

De fait, ce raisonnement a quelque raison d'être face à la volonté des Américains de renforcer leur présence économique et militaire en Afrique du Nord en général et en Algérie en particulier. L'intensification des relations entre les États-Unis et l'Algérie remonte à la période de la présidence de Liamine Zéroual (1994-1998), mais la « lune de miel » a connu son apogée en 2003-2006 avec de très nombreuses visites bilatérales à tous les niveaux de l'État et de la société, les plus en vue étant celles de Donald Rumsfeld en février 2006 et de Dick Cheney en avril de la même année. La coopération énergétique entre les deux pays a été qualifiée de « très dense », les États-Unis étant devenus le premier client de l'Algérie avec des achats de plus de 11 milliards de dollars en 2005, presque exclusivement constitués d'hydrocarbures 9 .

Mais l'Algérie n'est qu'un des pays visés par les firmes américaines et les immenses réserves d'hydrocarbures non exploitées dans le Sahel semblent bien dicter à Washington sa stratégie sécuritaire dans cette région. Là plus clairement qu'ailleurs, la « Global War on Terror » que mène l'administration Bush apparaît indissociable de la recherche d'un accès garanti aux ressources énergétiques locales. Et pour l'assurer, le Pentagone a affirmé son objectif d'implanter rapidement en Afrique un commandement régional de l'armée américaine (Africom), qui permettrait le contrôle des armées locales.
C'est à la suite de l'enlèvement de touristes européens début 2003 dans le Sahara algérien par un commando présenté comme étant du GSPC que les Américains, en vertu de leur nouvelle conception géostratégique du « Grand Moyen-Orient », ont prévu que l'Algérie deviendrait un « État pivot ». Non seulement l'armée algérienne participe depuis à différentes manœuvres militaires organisées par l'US Army et l'OTAN, mais l'existence d'une base militaire américaine secrète dans la région de Tamanrasset, malgré les démentis répétés des responsables politiques des deux pays, ne semble pas faire de doute 10 . Le pays a été aussi intégré à l'« Initiative Pan-Sahel », devenue début 2005 « Initiative transsaharienne de lutte contre le terrorisme (TSCTI) », destinée à inclure dans une stratégie militaire américaine des pays comme l'Algérie, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Maroc, le Niger, le Sénégal, le Nigeria et la Tunisie. Les visées américaines ont été concrétisées en juin 2005 lors des exercices conjoints baptisés « Flintlock 2005 », dirigés par le commandement des forces américaines basé en Europe.

« Lutte antiterroriste » et « bonne gouvernance » sont les slogans de l'heure. L'action militaire se dotant de son équivalent politique, le pays a été inclus dans l'« Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient » (MEPI), prévoyant notamment l'assistance aux réformes politiques, le renforcement du rôle des femmes, de la jeunesse et de la société civile. Coopération militaire et économique et programme d'assistance aux réformes politiques sont les deux faces d'une même médaille 11 .
Or, des neuf pays inclus dans la stratégie sahélienne, expliquait en juillet 2005 l'expert pétrolier algérien indépendant Hocine Malti, sept « possèdent des réserves plus ou moins importantes de pétrole. Le Nigeria possède des réserves prouvées de 31,5 milliards de barils, l'Algérie en a 11,8 milliards, celles du Tchad sont estimées, à ce jour, à 1 milliard (le pays en est à ses tout premiers débuts de l'aventure pétrolière), le Sénégal possède 700 millions de barils, la Tunisie 308 millions, le Niger 300 millions et la Mauritanie 200 millions. Tout autour de ces pays, on en trouve d'autres qui sont également riches en pétrole ; la Libye a des réserves prouvées de 39 milliards de barils, le Soudan en a 563 millions, tandis que le Sahara occidental a un sous-sol très prometteur 12 ».
Un GSPC épouvantail
La menace d'un GSPC non seulement actif en Algérie mais « étendant ses tentacules » aux confins du Sahara vers le Sud semblait donc depuis quelques années faire l'affaire de tous les pays concernés 13 . Du côté américain, cette menace constituait un prétexte rêvé pour justifier sa présence militaire dans la région. Du côté du pouvoir algérien, elle a justifié le développement de la coopération sécuritaire avec les États-Unis : celle-ci l'a considérablement aidé à sortir de son isolement des années 1990, à s'affranchir d'une France trop impliquée dans les trafics et manipulations algériennes, mais surtout à tourner la page des « années de sang », durant lesquelles les forces de l'ordre toutes composantes confondues ont commis des crimes contre l'humanité – dont les responsables se sont vus désormais absous de facto par la première puissance mondiale, car devenus un « modèle de la lutte efficace contre le terrorisme 14 ».
Mais alors, pourquoi le bizarre revirement depuis 2006 d'une partie de la presse algérienne face à la « menace du GSPC », à la veille d'attentats particulièrement meurtriers commis par ce dernier ? Pour répondre à cette question , il est indispensable de revenir d'abord sur la genèse de cette organisation, dont de nombreux indices concordants montrent qu'elle est en réalité un instrument du principal clan du pouvoir algérien – celui des chefs du DRS –, qui a été également le promoteur du rapprochement avec les États-Unis.

Bien sûr, cela n'exclut pas la persistance de petits groupes armés véritablement autonomes et se réclamant de l'islam pour combattre les forces de sécurité sous le « label GSPC », comme c'est sans doute le cas des « maquis » du Nord-Constantinois ou de l'Ouarsenis : même s'ils restent ultra-minoritaires, la situation sociale est si grave qu'il ne manque pas de jeunes désespérés pour choisir la lutte armée (tandis que beaucoup d'autres choisissent celle tout aussi aléatoire des harragas , les embarcations de fortune utilisées pour rejoindre l'Europe). Mais d'autres « maquis GSPC », notamment en Kabylie, s'ils attirent aussi – et de plus en plus en plus ces derniers mois – des jeunes prêts à sacrifier leur vie, semblent plutôt relever du « modèle GIA » de la fin des années 1990, où des « émirs » agents du DRS entraînaient des inconscients dans des actions terroristes contre la population. Quant au nouveau terrorisme urbain attribué au GSPC, vu l'extraordinaire prégnance du quadrillage policier, il est tout simplement inconcevable qu'il ne soit pas un instrument du DRS. Et bien d'autres éléments attestent que la transformation progressive du GSPC en « branche armée » d'Al-Qaida en Algérie (puis au Maghreb) est le fruit d'une pure construction des « services » algériens.

Selon les « sources sécuritaires » régulièrement citées par la presse algérienne (à savoir le DRS, source de fait exclusive de toutes les informations sur le « terrorisme islamiste » en Algérie), le GSPC a acquis une dimension régionale sous l'impulsion d'Amari Saifi, dit « Abderrezak El-Para », qui aurait organisé la prise d'otage des touristes européens en janvier 2003. Or, Amari Saifi, ancien parachutiste et ex-garde du corps du général Khaled Nezzar, n'avait été jusque-là actif que dans l'est du pays, dans la région de Tébessa, où le GSPC était notamment impliqué dans d'immenses trafics de contrebande et de drogue au même titre que – en collusion avec ? – de hauts responsables du DRS 15 . À l'issue d'une cavale de vingt mois, dont près de huit avec des otages, il a été remis fin octobre 2004 aux autorités algériennes, qui depuis le maintiendraient incarcéré.
Pourtant, très curieusement, c'est « par contumace » qu'Amari Saifi a été condamné en juin 1995 à la réclusion à vie par le tribunal criminel près la cour d'Alger pour « création d'un groupe terroriste armé » 16 . Et, de façon plus rocambolesque encore, alors qu'il était toujours sensé être détenu dans une prison algérienne, il devait être à nouveau jugé pour le même motif en mars 2007 par le même tribunal – lors d'un procès finalement reporté –, mais toujours… par contumace ! Le motif absurde officiellement avancé pour cette étonnante mascarade judiciaire était que « les procédures judiciaires engagées dans le cadre de cette affaire ont débuté avant que Aderrezak le Para ne soit remis aux autorités algériennes et, donc, considéré comme étant en fuite 17 ». Le plus étrange dans cette affaire, c'est qu'aucun des États européens dont les ressortissants avaient été kidnappés n'a demandé son extradition ou tout au moins son audition. Lors d'une visite en Algérie en janvier 2007, le secrétaire d'État allemand à la Sécurité, August Hanning, déclarait ainsi dans une interview : « Nous ne le [Abderrezak al-Para] réclamons plus. D'après mes informations, il est entre les mains des autorités algériennes. Il est jugé et condamné pour des actes qu'il a commis en Algérie 18 . » Propos des plus surprenants, puisque El Para n'avait pas encore été jugé pour le rapt des trente-deux touristes (dont l'une a succombé pendant sa séquestration).

Cet épisode invraisemblable n'a été relevé par aucun des grands médias français et occidentaux. Il atteste pourtant, ainsi que nombre d'autres indices 19 , que le « Para » ne peut être qu'un agent du DRS, propulsé par ses chefs à la tête du GSPC. Les autres « figures emblématiques » de ce groupe pour le moins énigmatique sont tout aussi évocatrices : Nabil Sahraoui, « émir » supposé du GSPC jusqu'à sa neutralisation en juin 2004, aurait fait partie des éléments du GIA ayant organisé la fameuse évasion de 1 200 détenus de la prison Tazoult en mars 1994, opération réputée avoir été commanditée par le DRS à la fois pour liquider des islamistes et pour infiltrer les maquis 20 . Selon le communiqué militaire faisant état de la mort de l'émir en juin 2004, plusieurs de ses adjoints les plus importants auraient eux aussi été tués en même temps que lui 21 . Or, huit mois plus tard, la presse algérienne annonçait que l'un de ces lieutenants tués, Abdelmalek Droukdel, aurait été désigné comme successeur de Nabil Sahraoui à la tête du GSPC 22 . En mai 2005, la même presse annonçait à nouveau l'élimination de Droukdel 23 . Peu après, il était à nouveau « ressuscité » à la tête du GSPC, poste qu'il occuperait toujours à ce jour… Ce cirque médiatique, qui ne sert qu'à alimenter la confusion, rappelle évidemment les cas des « émirs nationaux » du GIA Djamel Zitouni et Antar Zouabri, eux aussi tués et ressuscités plusieurs fois selon les « sources sécuritaires » et dont on a appris depuis qu'ils étaient des agents du DRS 24 .
Autre coïncidence remarquable : le 4 juin 2005, c'est à deux jours des manœuvres militaires « Flintlock » déjà évoquées, organisées dans le Sahel sous l'égide le l'US Army, que la caserne mauritanienne de Lemgheity, proche de la frontière avec l'Algérie, est attaquée par un commando présumé du GSPC. C'est le baptême du feu d'un certain Mokhtar Belmokhtar, présenté comme l'« émir » de la zone Sud, affilié à Al-Qaida. L'attaque du groupe armé a lieu dans la région même où, du 6 au 26 juin 2005, participeront aux exercices près de 3 000 soldats de huit pays africains, dont l'Algérie. Ce n'est certainement pas un hasard si la caserne de Lemgheity est située dans une zone censée receler d'importantes réserves de pétrole : dans le bassin de Taoudenni, les sociétés pétrolières se concurrencent pour l'obtention des droits, en particulier l'américaine Woodside et la française Total 25 .

Selon la presse algérienne de l'époque, toutes ces opérations seraient le fait du GSPC, groupe ayant pris en 1998 la succession des GIA après s'en être distancié en raison des massacres que ceux-ci commettaient contre des civils. Il est vrai que la majorité des actions attribuées au GSPC ont été dirigées contre des patrouilles militaires, des gardes communaux ou des miliciens. Mais, tandis que médias et politiques algériens s'entendent pour annoncer régulièrement la quasi déconfiture du groupe en raison des défections et des coups portés contre lui par l'armée 26 , c'est à partir du printemps 2006 que se répètent les annonces du ralliement du GSPC à Al-Qaida – toujours selon des « sources sécuritaires » ou selon des sites Web du GSPC, à l'authenticité invérifiable – et que des attentats spectaculaires à la bombe se multiplient contre des commissariats et des brigades de gendarmerie, mais aussi contre des cibles civiles.
C'est ce qui conduisait la revue Risques Internationaux à écrire en décembre 2006 : « Hier comme aujourd'hui, la plupart des groupes affiliés au GSPC ont été infiltrés par le DRS. Le commandement du GSPC, bien connu du DRS selon les déserteurs des services algériens, évolue sans inquiétude, surtout dans la Mitidja Est, à Mizrana, à Khemis Khechena et à Boumerdès. Longtemps, la plupart des réunions des membres influents du GSPC ont été organisées à Sid Ali Bounab, un lieu bien connu du DRS, mais rien n'a été fait pour décapiter ce groupe armé, bien au contraire. Selon l'un de nos interlocuteurs : “Ce qui se passe actuellement en Algérie, notamment la multiplication des attentats, des embuscades dirigées contre les militaires, est révélateur des objectifs et des intentions du DRS. La provocation opérée par le DRS est maintenant en route pour ramener l'Algérie aux sanglantes années 1990” 27 . »
L'affiliation du GSPC à Al-Qaida est scellée par les propos filmés d'Ayman Adh-Dhawahiri, réputé être le numéro deux de cette dernière, qui à l'occasion du 11 septembre 2006, déclare l'union entre les deux organisations. Laquelle sera suivie, le 24 janvier 2007, de l'annonce du changement de dénomination du GSPC en « Organisation d'Al-Qaida au pays du Maghreb islamique ».

L'hégémonie des chefs du DRS ébranlée
À quelles logiques répond cette instrumentalisation d'un tel groupe terroriste par les chefs du DRS ? Avant de tenter de répondre à cette question, il est important de rappeler que, depuis les années 1980, la réalité du pouvoir en Algérie est aux mains des généraux qui contrôlent l'armée et les services secrets (Sécurité militaire, devenue DRS en 1990) et que le président et les civils du gouvernement ne constituent qu'une façade pseudo-démocratique, sans pouvoir réel. Depuis cette période, les généraux membres de cette « coupole » étaient affiliés à différents clans aux contours variables. Parfois opposés entre eux dans de sourdes luttes pour le contrôle des richesses du pays, ils n'ont toutefois jamais remis en cause leur unité, comme en a témoigné de 1992 à 1998 leur engagement sans faille dans la « sale guerre » d'« éradication de l'islamisme », conduite en réalité contre l'immense majorité de la société 28 .
Or, et c'est là un point essentiel dont sont à juste titre convaincus la plupart des Algériens, il s'est agi d'une guerre très singulière, marquée par l'instrumentalisation de la violence islamiste par les chefs du DRS. Contrôlant dès 1995 l'essentiel des fameux GIA (grâce à des « émirs » retournés ou des agents infiltrés), ils les ont utilisés à la fois pour terroriser la population et pour adresser, par massacres de civils interposés, des « messages » à leurs adversaires au sein du pouvoir qu'ils cherchaient à affaiblir. Ce fut le cas lors des années 1996-1998 : les grands massacres perpétrés par les « groupes islamiques de l'armée » servirent alors à déstabiliser le clan du président Liamine Zéroual 29 .
Après la démission contrainte de ce dernier, l'intensité du « terrorisme islamiste » a brutalement diminué, car les conflits internes au sein du pouvoir se sont beaucoup apaisés : de nombreux éléments indiquent en effet que le clan contrôlé par le chef du DRS, le général de corps d'armée Mohamed « Tewfik » Médiène (67 ans), et son adjoint le général-major Smaïl Lamari, l'a alors durablement emporté. À ce jour, ces deux hommes occupent toujours leur poste depuis… septembre 1990 (près de dix-sept ans !), alors que la plupart des autres chefs de l'armée ont été mis à l'écart 30 . Et au début des années 2000, ils ont verrouillé les postes clés du DRS en y maintenant ou y plaçant leurs hommes, dont certains ont été à la pointe de la « gestion » de la torture et de la terreur au cours des années de la « sale guerre ». Pour n'en citer que quelques-uns : la DCSA (Direction centrale de la sécurité de l'armée) est désormais dirigée par le général Mhenna Djebbar, dont la terrible réputation à la tête du CTRI de Blida (principal centre de torture du DRS) de 1990 à 2001 lui permet de « tenir » les officiers de l'ANP ; le général Athmane « Bachir » Tartag, ancien chef d'un autre centre de torture, le CPMI, de 1990 à 2001, a lui aussi été promu ; et le général Rachid Laalali, alias « Attafi », dirige toujours la DDSE (Direction de la documentation et de la sécurité extérieure), chargée notamment de la gestion de l'action psychologique et de la désinformation, en Algérie comme à l'étranger.
C'est aussi sous le contrôle étroit du chef du DRS que le président Bouteflika a été « élu » en avril 1999 et « réélu » cinq ans plus tard. C'est également sous leur contrôle que s'est opérée la stratégie de rapprochement avec les États-Unis (au détriment de la France), stratégie qui a permis à ces deux généraux et à leurs affidés de réaliser de fructueuses affaires secrètes avec certains grands groupes pétroliers américains. Et ce sont aussi – rappelons-le – les convergences d'intérêts entre les deux pays en matière de lutte contre le terrorisme qui ont permis à l'Algérie de sortir de son isolement.
Mais, depuis 2006, il semble bien que cette hégémonie des généraux du « clan Tewfik » se soit fragilisée. Sur le plan interne, ils n'ont pu atteindre leur objectif d'une « sortie de crise » qui aurait permis d'instaurer durablement un nouveau mode de pouvoir et de « gouvernance sociale », leur assurant à la fois l'impunité de leurs crimes contre l'humanité commis au cours des années 1990, une relative paix sociale et la certitude de maintenir (à leur profit et à celui de leurs enfants) le pillage organisé des ressources naturelles du pays (notamment par le biais des commissions occultes sur les échanges commerciaux).
Certes, l'« autoamnistie » organisée par les textes d'application (adoptés en février 2006) de la « Charte pour la paix et la réconciliation nationale » a assuré provisoirement l'impunité des chefs de l'armée : elle a été admise sans contestation par la « communauté internationale », alors même qu'elle viole ouvertement tous les textes de droit international en la matière et la Constitution algérienne elle-même 31 . Mais cette impunité reste fragile, dès lors que des familles des victimes – à l'image des « folles de Mai » argentines – continuent à se mobiliser pour la vérité et la justice, malgré toutes les persécutions et manipulations. Quant au front social, l'échec est absolu : la dégradation des conditions de vie d'une grande majorité d'Algériens est telle que les émeutes sont devenues quasi quotidiennes depuis 2003 ; et le maintien d'un « terrorisme résiduel » du GSPC pour y faire face en terrorisant les populations ne semble plus suffire.
La stabilité économique enfin, garante des rentes de la corruption, n'est pas plus assurée : l'économie réelle est sinistrée, en dehors du secteur des hydrocarbures, où se concentrent les investissements étrangers. Et de ce point de vue – c'est là l'élément nouveau et essentiel –, l'intérêt de l'alliance stratégique avec les États-Unis pour les généraux de la coupole militaire (et leurs alliés civils), tous clans confondus, s'est nettement amoindri et celle-ci a été remise en cause.
Remise en cause de l'alliance stratégique avec les États-Unis
La première raison de ce tournant est l'explosion des prix des hydrocarbures, qui ont augmenté de façon vertigineuse les ressources de l'Algérie, laquelle dispose désormais de quelque 100 milliards de dollars de réserves de change. L'énormité de ce « gâteau » a exacerbé l'appétit des clans de la coupole : certains d'entre eux, à l'évidence liés aux réseaux de la « Françalgérie » et utilisant la figure déclinante du président Bouteflika (plus marionnette que jamais) ont commencé à contester la domination du « clan Tewfik ». Seconde raison : tous les clans ont pris en compte la nouvelle donne que représentent les débâcles américaines en Irak, en Afghanistan et au Liban, le refus de pays comme le Venezuela ou l'Iran de se plier aux règles du gendarme mondial, ainsi que la montée en puissance de la Russie et la Chine ; autant d'éléments qui montrent que la subordination à la politique américaine n'est pas nécessairement la seule option possible.
D'où, au terme de rudes débats, le revirement des « décideurs » de l'ombre, actée par le gouvernement en juillet 2006, par rapport à la « loi sur les hydrocarbures » adoptée en avril 2005. Celle-ci était considérée par nombre d'observateurs comme une véritable braderie des richesses naturelles nationales : elle prévoyait d'accorder aux grandes compagnies pétrolières, américaines en particulier, des avantages considérables, allant jusqu'à abandonner en pratique la propriété du sous-sol au plus offrant. Hocine Malti s'interrogeait alors fort justement sur l'annulation (très mal accueillie à Washington) des clauses les plus litigieuses de cette loi : « Quel a été le rôle de la mafia politico-financière dans cet embrouillamini ? Il se dit, dans les milieux d'affaires, qu'à partir du moment où la loi 05-07 garantissait aux entreprises étrangères une participation minimum de 70 % sur toute parcelle qu'elles convoiteraient, le rôle des parrains algériens, ceux qui depuis très longtemps déjà ont fait main basse sur le secteur pétrolier, ceux qui considèrent ce secteur comme leur propriété personnelle, ceux qui ne permettent la participation des sociétés lambda ou oméga que si elles viennent “cracher à leur bassinet”, ces parrains verraient leurs rôles s'amenuiser considérablement, voire disparaître totalement. Ils auraient alors, sous couvert de patriotisme économique, mené campagne pour un retour au système qui leur a permis d'introduire en Algérie telle ou telle compagnie pétrolière et accumuler ainsi des fortunes considérables 32 . »

Et sur le plan militaire également, ces « décideurs » ont commencé à prendre leurs distances par rapport à la superpuissance mondiale. Les spéculations autour de l'aménagement officiel d'une base militaire américaine ou de l'OTAN ont ainsi été coupées court avec le refus clair du ministre des Affaires étrangères – exprimé à la radio algérienne le 3 mars et réitéré quelques jours plus tard devant le général Raymond Hénault, président du Comité militaire de l'Alliance atlantique. Cette déclaration ne contredit pas nécessairement la réalité de l'existence d'une telle base. Mais elle montre que ceux qui tirent les ficelles du gouvernement cherchent désormais majoritairement à se démarquer – au moins verbalement – d'une orientation clairement proaméricaine. Cette position concorde avec le rejet exprimé d'une intégration de l'Algérie au projet de mise en place d'un commandement général en Afrique (Africom) prévu pour septembre 2007. (L'Algérie n'aurait, selon une déclaration du ministère de la Défense, envoyé qu'un cadre supérieur de l'armée – et non pas son chef d'état-major – à la rencontre organisée début mars à Dakar par le commandement en chef des forces américaines en Europe 33 .)

Enfin, depuis 2005, on a assisté à un spectaculaire resserrement des relations avec la Russie, redevenue sur le plan militaire, avec le dernier contrat d'achats d'armes d'un montant de 15 milliards de dollars, le premier partenaire stratégique de l'Algérie 34 . Un scandale (non médiatisé celui-là) a par ailleurs contribué au resserrement des relations militaires avec la Russie, au détriment des États-Unis : au cours de l'été 2006, les services de renseignement militaire russes ont révélé aux chefs du DRS le trucage par les services américains des systèmes de communications sophistiqués achetés aux États-Unis par la firme Brown & Roots Condor pour le compte de l'état-major général. Selon le journaliste indépendant Madjid Laribi, qui a révélé l'affaire, ces « valises de commandement » permettant de sécuriser et contrôler toutes les communications militaires étaient en réalité « connectées en permanence sur les systèmes d'intelligence électronique américains et israéliens 35 » !
Mais le rapprochement avec la Russie – discrètement approuvé par la France – est également manifeste sur le plan économique : les grandes compagnies pétrolières et gazières russes (Gazprom, Lukoil, Rosneft, Stroytransgaz...) ont développé (ou projettent de le faire) des partenariats avec la Sonatrach pour l'exploitation des hydrocarbures algériens, jusque-là chasse (presque) gardée des firmes américaines 36 . Et le projet d'une « OPEP du gaz » autour d'une alliance algéro-russe a défrayé la chronique ces derniers mois (notamment lors de la réunion du Forum des pays exportateurs de gaz qui s'est tenue à Doha en avril 2007), même s'il reste encore à concrétiser 37 .

L'exacerbation de la lutte des clans
Ce contexte explique l'exacerbation au sein du pouvoir algérien des luttes de clans pour le partage des richesses. Depuis 2006, elle s'est manifestée de nombreuses manières. En témoigne par exemple la ténébreuse « affaire Zendjabil » – restée évidemment sans suite –, qui a défrayé la chronique algéroise à l'automne 2006. À la suite de la reddition de ce « baron de la drogue » responsable d'importants trafics dans l'Oranais, on verra ainsi, chose extraordinaire, la journaliste Salima Tlemçani – réputée proche du général Tewfik et, plus récemment, du chef de la police, Ali Tounsi – mettre en cause dans El Watan l 'ancien chef de la 2 e région militaire, le puissant Kamel Abderrahmane, comme étant le véritable commanditaire de ces trafics 38 .
Mais c'est bien le GSPC, ou du moins l'étiquette commode qu'il représente, qui a été depuis 2006 l'instrument privilégié des « messages » plus ou moins sanglants que s'adressent les différents clans du pouvoir, renouant ainsi avec les « habitudes » de gestion de crise des années 1990, sans qu'il soit toujours possible de discerner quel clan est derrière telle ou telle action – celui du général Tewfik disposant sans aucun doute d'une longueur d'avance grâce au contrôle qu'il exerce de longue date sur les « troupes » du GSPC.
Un cas exemplaire est celui de l'attentat commis le 10 décembre 2006 à Bouchaoui (près d ' Alger) contre un bus transportant des travailleurs de la société Brown Root & Condor (BRC). Le lieu (ultra-sécurisé) et les circonstances de cette attaque indiquent que ses commanditaires sont à chercher ailleurs que dans les maquis de Boumerdès (fief prétendu du GSPC). Créée en 1994, BRC est une joint-venture entre Sonatrach (51 %) et l'américaine Kellogg Brown & Root (49 %, filiale « engineering » de Halliburton), dans laquelle serait fortement impliqué le haut commandement du DRS. Elle faisait parler d'elle dans la presse depuis quelques mois par le biais de fuites orchestrées par des proches de la présidence à propos de surfacturations de ses prestations : « Elle s'est vue octroyer les plus importants projets sans soumissionner, comme le stipule la loi, à des appels d'offres. C'est ainsi que BRC s'est vu adjugé illégalement la plupart des marchés, qui ne sont pas des moindres, de la Sonatrach, de la Défense nationale, du ministère de l'Énergie et des Mines et autres projets industriels et immobiliers puisque la société en question fait tout en Algérie 39 . »
L'attentat du 10 décembre a été revendiqué par le GSPC – qui a même diffusé sur Internet une vidéo de l'action. Mais s'agit-il bien du « vrai GSPC », celui contrôlé par les hommes du général Tewfik ? Certains journaux ont répercuté sans distance cette revendication. Mais elle a été curieusement mise en doute par d'autres, comme El Watan sous la plume de la même Salima Tlemçani : « Cet attentat a suscité de nombreuses interrogations sur les circonstances troublantes dans lesquelles il a eu lieu. L'objectif recherché à travers cette attaque est visiblement l'impact médiatique qu'elle engendrera, notamment sur le plan international. La société BRC, faut-il le rappeler, fut, cet été, au centre d'un grand scandale ayant alimenté la presse nationale. Une action en justice a été engagée, sur instruction de la présidence, au parquet de Bir Mourad Raïs. La décision a été prise après les conclusions de deux missions de contrôle, l'une de l'inspection des finances et l'autre de la cour des comptes. L'instruction judiciaire sur cette affaire se poursuit toujours, mais rien n'a filtré officiellement. Autant de raisons qui font craindre que l'attentat puisse porter l'empreinte de la mafia politico-financière 40 . »

Conséquence de ces luttes intestines : il est depuis question de dissoudre la BRC et en mars 2007, son président aurait été inculpé d'« intelligence avec une puissance étrangère » et incarcéré à la prison militaire de Blida 41 – sachant qu'il s'agit là d'un proche du général Tewfik, on mesure la dimension du conflit. Les tenants et les aboutissants de l'affaire BRC sont loin d'être élucidés. Mais sa médiatisation surprenante et l'attentat dont la firme a été l'objet doivent être vus comme un symptôme de la crise du pouvoir : ce bastion notoire du « clan Tewfik » n'est plus invulnérable.
C'est aussi que, aux facteurs structurels de sa fragilisation que l'on vient d'évoquer, s'en ajoute un autre plus conjoncturel, mais pas moins décisif : la maladie du président Bouteflika. Depuis son hospitalisation au Val de Grâce en novembre 2005, sa santé est fragile et sa survie incertaine. D'où la préoccupation, depuis lors, de ses mentors militaires de lui trouver un successeur à même d'assurer la crédibilité de leur façade civile, essentielle à leurs yeux. La solution est loin d'être évidente et constitue une autre source des conflits au sein des clans de la « coupole » militaire : qui sera demain la nouvelle « marionnette » à même de garantir leurs intérêts face à la communauté internationale, tout en disposant d'un semblant de crédibilité au plan interne ?
« Tout changer pour que rien de change » ?
C'est à la lumière de cette succession d'événements que doivent être analysés les attentats du 11 avril et le rôle qu'y aurait joué le GSPC. La multiplication, dans les jours qui ont suivi, de déclarations inhabituelles de certains responsables politiques et d'« articles codés » souvent contradictoires dans une presse algérienne toujours étroitement contrôlée par les différents « cercles du pouvoir » témoigne à tout le moins, par leur caractère exceptionnel, que ces attentats constituent une phase aiguë de la lutte des clans au sommet. Et qu'ils ont été commandités, pour atteindre comme à l'habitude plusieurs objectifs à la fois dans un jeu complexe de billard à moult bandes, par l'un des clans du pouvoir – très probablement par celui qui reste le plus puissant, même s'il est affaibli, celui du général Tewfik.
Premier indice de la manipulation : le rôle prétendu des trois « kamikazes » qui auraient conduit les véhicules piégés. Quelques heures après les attentats, un communiqué d'Al-Qaida au Maghreb les revendiquait et diffusait les photos de ces « kamikazes ». Mais six jours plus tard, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, proche de Bouteflika, déclarait : « La piste du kamikaze qui a visé notamment le Palais du gouvernement n'est pas plausible. […] Moi, je pense qu'on les a chargés d'une mission et puis on les a fait exploser pour ne laisser aucune trace 42 . »

Il en veut pour preuve que les « kamikazes » n'auraient aucun lien avec la religion (selon la presse, cela vise surtout Merouane Boudina, responsable de l'attaque du Palais du gouvernement) et qu'un mécanisme de commande à distance aurait été trouvé dans la voiture ayant servi dans l'attentat du Palais du gouvernement (où se trouvent les bureaux du ministre Zerhouni lui-même et du chef de gouvernement Abdelaziz Belkhadem, successeur possible de Bouteflika, tous les deux directement visés 43 ). Le second « kamikaze », Mouloud Ben Chihab, aurait été identifié comme « disparu » (sous-entendu : enlevé par le DRS) en 1995 44 . Enfin, « l'un des trois kamikazes présentés par l'organisation El-Qaïda du Maghreb islamique […] comme étant les auteurs des attentats suicides […], Abou Doudjana en l'occurrence, était un compagnon d'Amari Saifi, alias Abderrazak El Para, “émir” de la zone 9 de cette organisation terroriste 45 ». Peu de temps après, comme pour discréditer les cercles à l'origine de ces informations, l'opinion publique apprend que « des sources sécuritaires en relation avec les enquêtes sur les explosions du 11 avril dans la capitale, ont exclu l'identification des deux kamikazes qui ont fait exploser le commissariat de Bab Ezzouar 46 ».
Le « message » délivré par toutes ces informations, peut-être exactes mais impossibles à vérifier, est en tout cas aisément décodable par les habitués du sérail algérien : c'est le DRS qui est derrière les attentats du 11 avril. Ce qui est très probablement la vérité, distillée notamment par… les chefs du DRS eux-mêmes, pour « signer » leur crime aux yeux de leurs adversaires au sein de la coupole.
Autre indice évident de la manipulation : les manifestations « populaires » organisées dans tout le pays par le pouvoir le 18 avril 2007 et annoncées dès la veille comme le fruit de « calculs politiques inavoués 47 ». Soigneusement encadrées, en présence d'une grande partie des barons civils inféodés aux décideurs militaires, ces manifestations aux mots d'ordres convenus (« Non au terrorisme ! », « Oui à la réconciliation ! ») ont été présentées comme un hommage (empoisonné) à la « politique du président Bouteflika », objet d'une terrible « agression » de l'étranger.
Cette confusion est tout à fait typique des situations troubles de recomposition « à l'algérienne » des alliances sur fond de violences orchestrées. À maints égards, l'opération du 11 avril rappelle celle des émeutes sauvagement réprimées d'octobre 1988, fruit d'une manipulation particulièrement tordue du clan du général Larbi Belkheir pour assurer son hégémonie 48 . L'objectif de cette manœuvre, on le sait aujourd'hui, était clair : donner un « coup de pied dans la fourmilière » du système, afin de « tout changer pour que rien de change ». Elle rappelle aussi la période particulièrement douloureuse des massacres de populations civiles des années 1996-1998, qui a permis au commandement militaire de l'époque d'exclure définitivement toute solution pacifique, comme celle préconisée par les partis d'opposition réunis autour de la plate-forme de Rome de janvier 1995. Par leur retentissement médiatique, tout en sacrifiant à nouveau cyniquement des vies innocentes, les attentats du 11 avril semblent bien relever de la même logique, même si le « succès » de cette opération est loin d'être assuré, tant le « système » est à bout de souffle.

Notes
1 Voir Omar Benderra, François Gèze, Salima Mellah, « L'“ennemi algérien” de la France : le GSPC ou les services secrets des généraux ? », 23 juillet 2005, http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/ennemi_algerien.htm .
2 « Le GSPC de nouveau une menace ? », Le Jeune Indépendant , 6 mars 2007.
3 L'Expression , 20 décembre 2006.
4 Liberté , 14 mars 2007.
5 La Croix , 8 mars 2007.
6 « Les limites de la stratégie d'Al-Qaida en Algérie », Liberté , 12 mars 2007.
7 Jeune Indépendant , 14 avril 2007.
8 El Watan , 15 avril 2007.
9 « Des compagnies US s'intéressent aux mégaprojets pétrochimiques de Sonatrach », Liberté , 25 septembre 2006.
10 « Une base militaire américaine installée dans le Sud », Liberté , 1 er août 2005.
11 Voir l'interview avec M. Peter F. Mulrean, directeur du Bureau régional « Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient » (MEPI), Le Quotidien d'Oran , 23 octobre 2004.
12 Hocine Malti, « De la stratégie pétrolière américaine et de la loi algérienne sur les hydrocarbures », Le Quotidien d'Oran , 9-10-11 juillet 2005, http://www.algeria-watch.org/fr/article/analyse/malti_strategie_petroliere.htm .
13 Voir en particulier la bonne synthèse de Jeremy Keenan, « Waging War on Terror : the Implications of America's “New Imperialism” for Saharan Peoples », The Journal of North African Studies , vol. 10, n° 3-4, sept.déc. 2005.
14 Tribune , 5 mars 2005.
15 Djamaledine Benchenouf, « Kif, pouvoir et trabendo », Algeria-Watch, 27 mai 2006, http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/benchenouf_kif.htm .
16 « El Para condamné... par contumace », El Watan , 26 juin 2005.
17 Le Jour d'Algérie , 1 er avril 2007.
18 Liberté , 30 janvier 2007.
19 Voir notamment Omar Benderra, François Gèze, Salima Mellah, « L'“ennemi algérien” de la France : le GSPC ou les services secrets des généraux ? », loc. cit.
20 Voir Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie, crimes et mensonges d'États. Histoire secrète, de la guerre d'indépendance à la « troisième guerre » d'Algérie , La Découverte, Paris, 2004, p. 365-367.
21 Mounir B., « Nabil Sahraoui et trois de ses adjoints abattus », Le Quotidien d'Oran , 21 juin 2004.
22 « Favorable au projet d'amnistie générale, Hassan Attab exclu du GSPC », El Watan , 13 février 2005.
23 « L'“émir” national du GSPC abattu par ses rivaux », Le Jour d'Algérie , 31 mai 2005.
24 Voir notamment : Mohammed Samraoui, Chronique des années de sang. Algérie : comment les services secrets ont manipulé les groupes islamistes , Denoël, Paris, 2003.
25 Pour une analyse des ressorts de cette manipulation, voir : Observatoire mauritanien des droits de l'homme, « Impasse politique et réflexes sécuritaires en Mauritanie », juillet 2005, p. 16-17 et 25, http://www.conscienceresistance.org/memo_rim_terrorisme.pdf ; et aussi Salima Mellah, « Terrorismus im Dienste der Großmächte ? », septembre 2005, http://www.algeria-watch.org/de/infomap/32/aw_mellah.html .
26 Alors qu'à la suite du rapt des touristes dans le Sahara et les offensives militaires déployées au Nord du pays, les autorités algériennes avançaient le chiffre de 250 éléments activant en son sein ( Le Quotidien d'Oran , 20 mars 2004) , plus tard, le ministre de l'Intérieur annonçait qu'environ 500 hommes armés étaient encore actifs. Fin mai 2006 encore, l'élimination d'une quinzaine des chefs du GSPC était annoncée ( El Watan , 30 mai 2006).
27 « Qui contrôle réellement le GSPC, Al-Qaida ou le DRS ? », Risques Internationaux , 11 décembre 2006.
28 Voir notamment la somme de Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie, crimes et mensonges d'États , op. cit .
29 Voir Salima Mellah, Les massacres en Algérie, 1992-2004 , http://www.algerie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_2_massacres.pdf ; et Y. Bedjaoui, A. Aroua, M. Ait-Larbi, An Inquiry into the Algerian Massacres , Hoggar, Genève, 1999.
30 Pour une analyse détaillée, voir François Gèze, « Armée et nation en Algérie : l'irrémédiable divorce ? », Hérodote , n° 116, « Armées et nations », 1 er trimestre 2005.
31 Voir Algeria-Watch, « L'autoamnistie des généraux criminels est inconstitutionnelle et illégale », http://www.algeria-watch.de/fr/aw/autoamnistie_generaux.htm .
32 Hocine Malti, « Exit la loi sur les hydrocarbures ? », Algeria-Watch, 16 juillet 2006, http://www.algeria-watch.org/fr/article/analyse/exit_loi_hydrocarbures.htm .
33 Le Quotidien d'Oran , 4 mars 2007.
34 El Watan , 1 er avril 2007.
35 Madjid Laribi, « Brown & Root Condor : une holding “militaro-énergétique” », Le Maghrébin , 13 novembre 2006 (consultable à l'adresse : http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/corruption/brc_holding.htm ).
36 Safia Berkouk, « Après le renforcement des relations énergétiques avec la Russie : l'Algérie déterminée à maintenir son influence sur le marché mondial du gaz », Le Jeune Indépendant , 4 février 2007.
37 Safia Berkouk, « L'idée d'une OPEP du gaz débattue hier à Doha », Le Jeune Indépendant , 10 avril 2007.
38 Salima Tlemçani, « Cinq ans après, Kada Hazil demande toujours une enquête », El Watan , 30 octobre 2006. Pour plus de détails sur cette affaire scabreuse, voir les articles de Djamaleddine Benchenouf, notamment : « Affaire Zendjabil : le juge d'instruction demande des instructions », Algeria-Watch, 11 septembre 2006, http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/zendjabil_juge.htm .
39 Madjid Laribi, « Que cache le dossier Brown Root & Condor », Le Maghrébin , 9 octobre 2006 (consultable à l'adresse : http://www.algeria-watch.org/fr/article/mil/sale_guerre/dossier_brc.htm ).
40 Salima Tlemçani, El Watan , 11 décembre 2006.
41 « Le P-DG de BRC sous mandat de dépôt », Le Jour d'Algérie , 1 er avril 2007.
42 Le Jeune Indépendant , 17 avril 2007.
43 Ibid .
44 Ech-Chourouk , 17 avril 2007.
45 « L'un des kamikazes était un compagnon d'El Para », Le Jour d'Algérie , 14 avril 2007.
46 El Khabar , 19 avril 2007.
47 Omar Berbiche, « Marches et meetings à travers l'Algérie. La société face au péril terroriste », El Watan , 17 avril 2007.
48 Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie, crimes et mensonges d'États , op. cit ., p. 116-134.
 
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