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29-12-2007 | |
L’instrument utilisé est presque évident quoique non identifiable avec certitude. Le procédé du kamikaze bien aguerri désigne l’un des groupes militaires ayant été créé, coordonné, financé, entraîné par la CIA et les services secrets pakistanais au moment du Jihad anti-soviétique contre l’Afghanistan, Jihad plus que bilatéral car il avait impliqué l’Égypte et la Chine Populaire. Il peut s’agir aussi d’une milice autonome récemment constituée mimant le modèle précédent, échappant à tout contrôle tribal mais pas aux infiltrations des Agences étrangères et à très forte aspiration sociale. Le commanditaire du crime abject sera difficile à discerner parmi la foule des candidats qui ont intérêt à précipiter dans le chaos le Pakistan. Tout d’abord, il faut vite rétablir deux vérités essentielles la concernant. Si elle est l’amie du régime de Washington, c’est qu’elle en a fait le siège et cela pour obtenir le droit de retourner au pays. L’exil de huit années de Mme Buttho est plus un ostracisme et une relégation politique qu’elle doit à une accusation plus que fondée de corruption. Elle aurait dérobé à la nation pakistanaise pas moins d’un milliard de dollars, son mari qui a toujours fait partie de ses gouvernements et auquel elle ne refusait rien est couramment nommé Monsieur 10%. La Suisse a un mandat d’arrêt à son encontre pour blanchiment d’argent, et les Cours pénales britannique et espagnole s’apprêtaient à la poursuivre pour corruption. Huit années ont paru comme un délai de purgatoire raisonnable aux Maîtres étasuniens pour obtenir de Pervez Musharraf une loi « Ordonnance de Réconciliation Nationale » la graciant de ses actes de corruption aggravée. Ainsi « blanchie », elle pouvait être recyclée dans la grande parodie de la Démocratie à la mode étasunienne pour une partie de la planète, celle qui est gavée et perfusée aux drogues dures Murdocchiennes (Fox News, CNN et leurs avatars en toutes langues). Le peuple concerné a bien été payé en ayant subi deux fois sa gouvernance et ses alliances avec les partis religieux pour savoir qu’elle n’avait accompli aucune réforme qui eût pu être une avancée démocratique, ni sur le plan social, ni sur le plan économique. Ce peuple très mature a toujours exprimé son indifférence au changement des potentats -autorisés par les US(a) qui convoitent le pouvoir pour leurs stricts intérêts personnels- en n’allant pas voter. Le taux d’abstention est éloquent dans les villes. Pervez Moucharaf est complaisamment désigné par les aboyeurs de Fox News et assimilés comme un ennemi politique de Benazir Buttho. Faux. Dans les milieux urbains, l’ancien Parti Populaire du Pakistan du père Buttho est surnommé Parti Pervez du Pakistan, tant la frontière entre les deux personnalités politiques est ténue. L’ambition des décideurs étasuniens pour le monde était de promouvoir les deux pantins, Moucharaf (volontiers et assez justement appelé populairement Busharaf) et Buttho pour maîtriser cette partie du dispositif de l’étau sur la Chine et la Russie. En soixante ans d’existence, cet État artificiel issu d’une partition fortement suggérée par les Britanniques a connu treize fois l’état d’urgence. Cette dernière prononcée par Moucharaf l’est dans un contexte de difficultés sociales considérables assez banales quand sont appliquées sans discernement les recommandations du FMI et de la Banque Mondiale. Mais elles sont de plus inscrites dans le contexte très particulier d’une mise au chômage technique de toutes les bandes paramilitaires des années 80, de la situation de tension générée par le Cachemire avec l’Inde et de l’affrontement de basse intensité qui en résulte. L’Inde porte régulièrement au pouvoir des intégristes hindous. Enfin, l’occupation militaire par les US(a) de l’Afghanistan modifie la situation sociale, économique et idéologique des provinces frontalières. Elles se ressentent nécessairement dans la déstabilisation des voisins du fait de l’économie informelle du commerce de la drogue, des armes et de l’obligation traditionnelle de porter secours aux replis des Combattants contre l’invasion -vite appelés par l’Occident les Talibans-. L’enjeu pour les US(a) d’un pied-à-terre dans le pays des Purs -c’est le sens du mot Pakistan- est primordial en ces temps de retraits imminents des troupes d’Irak et de difficultés militaires en Afghanistan. Les négociations avec les Résistants Afghans entreprises depuis longtemps par les Britanniques sont désormais ouvertement appuyées par les US(a). Les Néocons voudraient imposer un droit de poursuite officiel au Pakistan de la résistance afghane. Moucharaf n’était pas exactement prêt à accepter en tant que dignitaire militaire et porte-parole de l’armée pakistanaise, véritable colonne vertébrale du régime, cette occupation à peine déguisée d’une bonne partie de son pays. Benazir Buttho, elle, l’aurait plus facilement concédé. Quand la question de la bombe nucléaire pakistanaise sécurisée est posée, le moindre journaliste qui ne s’efforce pas de jouer à l’amnésique pourrait rappeler l’épisode ahurissant des six ogives nucléaires qui ont parcouru ce mois d’août 2007 3000 kilomètres entre deux bases aériennes au-dessus du territoire des US(a) logées sous les ailes d’un avion de combat transporteur sans que les autorités militaires idoines n’aient apparemment été averties. Ce manquement à la discipline de manipulation d’un jouet plus que hautement destructeur fait pour dissuader, a eu lieu aux US(a) et nulle part ailleurs. C’est au sein de la démocratie la plus puissante du monde qu’une mutinerie a eu lieu, que les consignes de sécurité ont été abusées et que les US(a) même ont été mis en danger. Le chaos initié au Pakistan peut donc concerner la fraction du commandement militaire étasunien extrémiste qui voudrait faire main basse discrètement sur le Pakistan et prendre le contrôle des ses bombes nucléaires. Convergence des Causes 29 décembre 2007 |
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