Attaque virulente de l'Iran contre Sarkozy et Kouchner
Teheran
L'agence de presse officielle iranienne Irna a lancé lundi une attaque virulente contre les dirigeants français au lendemain de propos du chef de la diplomatie française Bernard Kouchner évoquant un risque de guerre avec l'Iran à cause de son programme nucléaire. «Le nouveau locataire de l'Elysée (le président Sarkozy, ndlr) veut aujourd'hui copier la Maison-Blanche», a écrit Irna en ajoutant que «cet Européen s'est mis dans la peau des Américains et imite leurs hurlements».
M. Kouchner a estimé dimanche que le monde devait se «préparer au pire», c'est-à-dire à la possibilité d'une «guerre» avec l'Iran, si ce dernier persistait dans son refus de suspendre son programme nucléaire.
Les États-Unis ont insisté le même jour sur le fait qu'ils privilégiaient toujours la voie diplomatique, par le biais de sanctions, mais sans retirer de la table l'option militaire.
Pour l'agence Irna, l'organe officiel de la République islamique, les propos des dirigeants français en font des «traducteurs de la volonté de la Maison-Blanche».
Elle les accuse d'avoir adopté «un ton encore plus dur, plus enflammé et plus illogique que celui de Washington».
Jusqu'ici les autorités iraniennes avaient toujours ménagé Paris dans la crise sur le dossier nucléaire.
Elles réservaient leurs attaques verbales aux États-Unis et à la Grande-Bretagne, alors même que la diplomatie française multipliait ses critiques du programme iranien et les appels à un renforcement des sanctions.
Téhéran a paru prendre initialement l'arrivée de M. Sarkozy à l'Elysée en mai comme un signe de continuité plutôt que de rupture dans la position française.
La charge du nouveau président contre le programme nucléaire iranien cet été avait simplement provoqué une remarque ironique de son homologue Mahmoud Ahmadinejad.
M. Sarkozy avait appelé le 27 août l'Iran à accepter les obligations du Conseil de sécurité de l'ONU sur son programme nucléaire, en estimant que c'était le seul moyen d'échapper à une alternative «catastrophique: la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran».
M. Ahmadinejad avait minimisé la portée de ces propos, en les attribuant au «manque d'expérience» de l'intéressé et à son souhait de «se frayer une place sur la scène mondiale».
Mais depuis la France a enchaîné les appels à une plus grande fermeté de la communauté internationale, et particulièrement de l'Union européenne, envers l'Iran.
Paris a ainsi demandé des sanctions supplémentaires contre Téhéran s'il persistait dans son refus de suspendre son enrichissement d'uranium.
Dimanche, M. Kouchner a expliqué que les autorités françaises avaient déconseillé aux entreprises nationales d'engager des investissements en Iran.
Il a surtout souhaité que l'Union européenne (UE) prépare des sanctions contre Téhéran en dehors du cadre de l'ONU.
Une telle démarche représenterait une rupture avec celle poursuivie par le prédécesseur de M. Sarkozy, Jacques Chirac, qui privilégiait des sanctions dans le seul cadre onusien.
Ce qui a amené l'agence Irna à regretter l'époque où, selon elle, la France «résistait face aux États-Unis impérialistes et critiquait leur position».
Cette «volonté d'indépendance face à la première puissance de l'Occident n'était pas limitées à une personne ou un parti, et il n'y avait pas de différence si le président était socialiste, gaulliste, communiste ou extrémiste de droite», a encore déploré l'agence iranienne.
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