Ecrit par leila salem Le totalitarisme selon Hannah Arendt Selon Hannah Arendt [1], le totalitarisme est un régime qui vise, au nom d’une idéologie, à maîtriser totalement une société réduite à l’état de masse. Par masse, Hannah Arendt désigne ces personnes neutres et politiquement indifférents qui constituent la majorité d’une société. Le système totalitaire, « porteur de vérité », manipule et utilise la propagande, le mensonge, la censure, les « visions » prophétiques de l’avenir, la manipulation de la mémoire pour soumettre les masses à son « pouvoir charismatique ». La banalisation de la haine, la création d’un ennemi objectif, intérieur ou extérieur, la conviction qu’on vit mal ailleurs et qu’on est menacé à l’intérieur permet à l’ensemble des personnes de se fédérer. L’homme de masse devient alors un individu isolé où la dévotion au chef et à la nation devient son seul moyen d’exister. Le but final est l’obtention de l’adhésion et du consentement total de la masse ; il s’agit aussi d’éliminer toute possibilité de non conformisme, de remise en cause du système ou de rupture des rangs. Une fois les masses contrôlées et organisées, la propagande est remplacée par l’endoctrinement et la société s’uniformise. « les leaders des régimes totalitaires ne sont pas primordialement des menteurs, mais plutôt des manipulateurs, car ils réussissent à organiser les masses en unité collective qui soutiennent leurs mensonges » dit Hannah Arendt. Laminées par la machine totalitaire, les masses se transforment en « d’affreuses marionnettes à face humaine » et l’homme devient « superflu » incapable de penser, n’absorbant que ce que l’appareil de propagande lui verse dans la tête. Penser , c’est éviter de sombrer Hannah Arendt explique que celui qui renonce à penser et s’en remet aux idées toutes faites est une proie pour les systèmes totalitaires. Le nouveau chef totalitariste : le groupe des néo-conservateurs américains « Si vingt-cinq personnes dont je connais les noms avaient été exilées sur une île déserte il y a un an et demi, la guerre en Irak n’aurait pas eu lieu », a écrit l’éditorialiste du New York Times Thomas Friedman à propos des néo-conservateurs. Depuis 1990 une idée obsessionnelle d’attaquer l’Irak hante les néo-cons. Une machine formidable et une mobilisation permanente et continue utilisant tous les moyens de communication possibles pour appeler au renversement de Saddam Hussein ont été mises en marche dés le début des années 90. On peut penser que les néo-cons voulait la tête de Saddam parce que ce dernier est un tyran impitoyable qui a plongé son pays dans une guerre avec l’Iran, a envahi le Koweït, a gazé les kurdes et a torturé les chiites et ses opposants ? On peut aussi imaginer que les néo-cons sont attirés par les richesses pétrolières et les importantes capacités agricoles de l’Irak ? Eh bien, non ! ni la première raison ni la seconde n’ont vraiment pesé dans la détermination des néo-cons à renverser Saddam. La raison dominante de l’obsession irakienne est que Israël est au centre des préoccupations néo-conservatrices. L’ancien dictateur était notoirement anti-israélien et il n’avait jamais cessé d’appuyer et de financer les différents groupes de résistance palestiniens. En dépit de la poignée de fer par laquelle il tenait son pays, l’ancien despote avait réussi dans les années 1980 à faire de l’Irak l’un des pays le plus avancé du Proche-orient et il avait réussi à s’acquérir des armes pouvant atteindre et frapper Israël. Il se voyait comme le nouveau Bismark de l’Irak. Les faucons Bushien ne l’ont pas entendu de cette oreille et ont décidé de le neutraliser ! En 1996, les néo-cons ont signé un document destiné à Benyamin Nétanyahou, chef du Likoud, sous le titre de « A clean Breaks : A New Strategy for Securiting the Realm : Un changement décisif : une nouvelle stratégie pour la sécurité du royaume[Israël] » et qui préconisait le renversement de Saddam. Surnommés Likoudniki (agents américains du Likoud), les néo-cons se sont opposés au processus d’Oslo et ont alimenté la campagne menée par la droite israélienne avec à sa tête Benyamin Nétanyahou pour démolir le processus d’Oslo et discréditer Rabin. Les néo-cons estiment que des états arabes plus démocratiques - traduction : plus obéissants à l’axe américano-sioniste - accepteront beaucoup plus facilement l’hégémonie(le Diktat) israélienne ; selon eux , l’opération de « démocratisation » combinant le « hard power » et le « soft power » doit précéder le règlement du conflit israélo-arabe. D’après eux, ce n’est pas la colonisation et la répression israélienne qui empêchent le processus de paix mais c’est cet « espoir » que nourrissent les palestiniens et les arabes à voir « Israël disparaître » qui en est la cause et il faut tout faire pour tuer cet espoir. « Je crois que les arabes dans leur ensemble n’accepteront pas Israël et ne font des concessions que dans le but de détruire un jour cet Etat. Ils veulent toujours qu’Israël disparaisse ; ils croient qu’il disparaîtra un jour. [...] La vraie source du problème n’est pas l’expansion des colonies, des implantations ; ce n’est pas la répression israélienne, c’est l’espoir qu’entretiennent toujours Arafat , les Palestiniens et les arabes de défaire Israël. Il n’y aura pas de paix tant que cet espoir survivra » déclare Muravchik, ancien trotskiste converti au néo-conservatisme. Pour tuer cet espoir plusieurs think tanks (opinion makers : les faiseurs d’opinions) ont vu le jour. En 1997, le PNAC (Project for the New Americain Century : Projet pour le nouveau siècle américain) est né. Ce think tank néo-conservateur a proposé la domination militaire et économique de la planète par les Etats-Unis pendant au moins un siècle et a planifié une attaque contre l’Irak . Le PNAC devient le porte parole de la droite israélienne. Il préconise d’éliminer politiquement Yasser Arafat, de supprimer toute aide financière à l’autorité palestinienne, de cesser toute pression sur Israël visant la reprise des négociations avec les palestiniens. Amalgamant Yasser Arafat et Ben Laden, l’OLP et Al Qaida, il prônait une guerre contre le terroristes en y incluant les groupes palestiniens. Un autre think tank lié aux néo-cons est l’AEI. Ce laboratoire d’idées dont Richard Perle est l’éminence grise, est l’un des think tank les plus proches du gouvernement américain. L’AEI a édité en 1999 un livre écrit par le néo-con David Wurmser « Tyranny’s Ally : America’s Failure to Defeat Saddam Hussein » assimilant l’échec des Etats-Unis à se débarrasser de Saddam Hussein à une forme de complicité avec la tyrannie. Les faiseurs d’opinions qui font la pluie et le beau temps aux Etats-Unis et qui façonnent le comportement des américains ne se limitent pas au PNAC et à l’IAE, on peut y inclure plusieurs autres non moins inquiétants [2].(à suivre.)
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